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Message Publié : 15 Mai 2008 17:23 
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Localisation : Alsace, Zillisheim
A la lecture d'un certain nombre d'articles dans les médias spécialisés ou pas, à l'écoute d'interventions à la télé, j'ai l'impression que le monde de l'archéologie est en train d'évoluer en France.
J'ai l'impression, moi qui en suis plutôt en dehors, que les données accumulées en quelques années par l'archéologie préventive sont en train de renouveler nos connaissances sur l'évolution des diverses sociétés qui vécurent sur notre sol au fil des âges. Cela ne se limiterait d'ailleurs pas seulement aux sociétés premières, mais même à des époques bien plus récentes.

J'aurai aimé savoir si cette impression recouvre une réalité perceptible sur le terrait ou bien n'est ... qu'une impression du à un marketing efficace de la part de l'Inrap.

Citer :
L’ouvrage qui vient de paraître aux éditions Hazan montre comment l’archéologie a bouleversé notre connaissance du passé ces vingt dernières années...
Les vingt dernières années ont représenté une explosion des données. Des années 1940 à 1970, tous les grands travaux d’aménagement se sont faits sans fouilles préventives. Les années 1980 ont fourni une masse d’information qu’on ne soupçonnait pas. D’autant plus que les travaux d’aménagement concernent des surfaces de plus en plus importantes – c’est le cas par exemple des autoroutes – qui permettent de traiter l’ensemble d’un paysage. Dans le cas de la zone industrielle d’Arras, nous avons ainsi réussi à reconstituer l’évolution des fermes et exploitations agricoles sur un millénaire (de 500 avant à 500 après J.-C.), de la construction des premiers villages à la naissance de la ville moderne, en passant par la romanisation brutale et la guerre des Gaules. Ce genre de découverte est rendue possible par l’étude de centaines de milliers de mètres carrés.


http://www.artclair.com/jda/archives/e-docs/00/00/5F/0B/document_livre.php

Citer :
L’Inrap de 2002 à 2007
Au terme de son second mandat, Jean-Paul Demoule, président de l’Inrap, dresse avec Nicole Pot, directrice générale de l’institut, le bilan des six premières années d’existence de l’Inrap, créé par la loi de 2001 sur l’archéologie préventive.
L’Inrap intervient depuis 2004 dans un paysage stabilisé, après une grave crise financière, politique et sociale fin 2002, et des évolutions législatives en 2003 et 2004. Au cours de ces six années, les superficies diagnostiquées ont progressé de 7 700 à 11 400 hectares par an, soit, de 2002 à 2007, près de 11 000 diagnostics représentant l’étude de plus de 62 500 hectares avant leur aménagement. Depuis 2004, il en est issu près de 1 100 chantiers de fouilles, qui enrichissent de façon considérable la connaissance des sociétés passées, dont l’étude a longtemps été le parent pauvre de la recherche archéologique française, plus portée vers l’étranger.
L’Inrap, pendant cette période, s’est structuré autour d’une politique scientifique ambitieuse, notamment dans le domaine de la programmation scientifique, des séminaires méthodologiques, des coopérations avec l’université et le CNRS, de la politique documentaire, des publications… Il prépare l’ouverture d’un portail scientifique à l’automne 2008.
Parallèlement, il a développé une politique culturelle active, avec la multiplication des ouvertures de sites au public, des expositions temporaires, le lancement de plusieurs collections d’ouvrages destinés à un large public et aux enfants, mais aussi une politique de coproductions audiovisuelles, qui ont fait progresser très sensiblement la connaissance de l’archéologie par un large public. Son site Internet, riche de très nombreux documents, reportages vidéos, expositions virtuelles, dossiers pédagogiques, reçoit plus de 20 000 visites par mois.


http://www.inrap.fr/upload/c_bloc/6038_fichier_Dossier_de_presse_bilan.pdf

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Message Publié : 16 Mai 2008 10:14 
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Salluste
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Inscription : 12 Avr 2008 11:34
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Localisation : Paris
J'ai un peu la même impression que vous, je l'ai ressenti de façon importante l'été dernier quand je me suis attelé à une réactualisation de mes faibles connaissances en préhistoire et que je me suis rendu compte que tout ce que j'avais appris étant petit comme par exemple l'évolution linéaire de l'humanité (les singes, puis les australopithèques, puis les homo erectus, puis sapiens, puis sapiens sapiens) (et ça ne renvoie pas aux calendes grecques : j'avais 13 ans il y a 10 ans...) était aujourd'hui obsolète et qu'on n'avait plus du tout la même connaissance de la préhistoire (on considère aujourd'hui que l'évolution des premiers hommes serait plutôt foisonnante, avec des coexistences, des branches qui s'éteignent, etc. ; et avec un foisonnement des branches et des sous-branches bien plus important qu'on n'en connaissait il y a dix ans). Je voulais juste partager cette impression, je n'ai pas moi non plus de données particulières sur la réalité de ce phénomène.

Sur la communication et la mise en valeur, par l'Inrap par exemple, des nouvelles découvertes, j'ai l'impression cependant qu'il y a bien une part de "marketing efficace" comme vous dites. Les prémisses de l'anglo-saxonisation de la recherche, où il faut sans cesse se justifier de l'intérêt de sa recherche et où il faut sans cesse défendre sa ligne de crédit en rendant "vendeur" son projet et en mettant en valeur ceux qui ont été menés à bien ? Le petit historique dithyrambique extrait du site de l'Inrap me fait penser à une anecdote d'un jeune chercheur de mon université (en histoire romaine, pour sa part), qui remplissait un dossier de demande de financement pour un projet qu'il souhaite lancer, et l'un des points majeurs du dossier à remplir était le choix... d'un titre qui accroche, sous forme de joli sigle imagé, ou de référence littéraire incisive et percutante, etc. Autrement dit, il importait autant de défendre scientifiquement la validité du projet, que de le rendre attirant, vendeur, identifiable, comme le font les entreprises commerciales avec leur logo et leur slogan... Peut-être que l'Inrap elle aussi est obligé d'en faire beaucoup (sur la "révolution des connaissances", sur l'ampleur du travail accompli, sur l'importance de celui-ci, etc.) pour défendre sa légitimité et ses moyens...

Si ça ne va pas trop loin, si ça ne va pas jusqu'à dénaturer les projets et les résultats par du marketing exagéré, si cela mène la recherche à descendre toujours plus de sa tour d'ivoire et à communiquer sur ses résultats et ses projets auprès de tous, c'est plutôt bien après tout. Ca me fait penser à la statue de César découverte dans le Rhône : apparemment, elle a été trouvée il y a de longs mois, mais ils n'ont pas communiqué sur cette découverte tout de suite afin d'éviter l'afflux de curieux plus ou moins bien disposés et de mener à terme dans des bonnes conditions le chantier de fouilles. Comme quoi, même avec une découverte majeure, la publicité de celle-ci peut attendre sans que les moyens ne soient bloqués.

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« Que de choses ont été vécues sans avoir été dites ! » Paul Veyne.


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Message Publié : 16 Mai 2008 14:31 
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Inscription : 15 Avr 2004 23:26
Message(s) : 15857
Localisation : Alsace, Zillisheim
Apparemment, les archéologues ont très mal vécu certaines crises médiatiques ou ils ont bloqué des gros chantiers.
Ils pensent que le meilleur moyen de justifier ces blocages, c'est de médiatiser très vite la découverte de manière à ce que les citoyens comprennent pourquoi ils devront attendre pour bénéficier de tel ou tel équipement.

Voici une table ronde sur la question des relations entre archéologues et médias :

http://www.inrap.fr/via_podcast/p-1951-Table_ronde.htm

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Message Publié : 16 Mai 2008 14:43 
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Philippe de Commines
Philippe de Commines
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Inscription : 05 Jan 2008 17:29
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Localisation : France
Shinji a écrit :
on considère aujourd'hui que l'évolution des premiers hommes serait plutôt foisonnante, avec des coexistences, des branches qui s'éteignent, etc. ; et avec un foisonnement des branches et des sous-branches bien plus important qu'on n'en connaissait il y a dix ans)


J'avais lu avec grand intérêt l'article suivant à ce sujet, il y a quelques années :
Bernard Dutrillaux "Origines et position de l'homme dans l'évolution : la connexion chromosomique", donnée à l'Université de Tous les Savoirs le 5 janvier 2000

J'avais trouvé cette approche beaucoup plus crédible et pertinente, intellectuellement, que l'approche classique des évolutions successives et nettes, qui m'avait toujours semblée un peu "abracadabrantesque"...

http://telechargeu.cines.fr/3517/load/d ... 050100.pdf

_________________
Les facultés de conceptualisation de l'empereur Constantin paraissent avoir été très limitées ; malgré de longues séances, les évêques ne semblent pas avoir réussi à lui faire bien comprendre la différence qui séparait l'orthodoxie de l'arianisme. (Y. Le Bohec)

Bref, un homme "au front étroit mais à la forte mâchoire" (J.P. Callu)


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Message Publié : 16 Mai 2008 17:21 
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Jean-Pierre Vernant
Jean-Pierre Vernant

Inscription : 17 Oct 2003 19:37
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C'est hors du champ de cette section du forum, mais l'introduction de l'ouvrage "Lyon avant Lugdunum" explique que l'archéologie préventive pratiquée ces trente dernières années a complètement renouvelé la connaissance de l'histoire pré-romaine du site de Lyon, qui était auparavant tout à fait embryonnaire.


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Message Publié : 16 Mai 2008 18:49 
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Inscription : 15 Avr 2004 23:26
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Localisation : Alsace, Zillisheim
Cuchlainn a écrit :
C'est hors du champ de cette section du forum, mais l'introduction de l'ouvrage "Lyon avant Lugdunum" explique que l'archéologie préventive pratiquée ces trente dernières années a complètement renouvelé la connaissance de l'histoire pré-romaine du site de Lyon, qui était auparavant tout à fait embryonnaire.


J'ai hésité à mettre dans histoire transversale puisque l'archéologie préventive a même apporté des précisions sur des évènements qui datent du XIXème siècle.

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