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Message Publié : 05 Fév 2010 14:34 
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Salluste
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Bouillon a écrit :
Un haplogroupe particulier entraîne-t'il des caractéristiques physiques particulières ? C'est à dire visible à l'oeil nu comme Durand semble vouloir le démontrer.


Non , l'apparence physique est la conséquence de plusieurs branches de l'ADN.
L'haplogroupe n'est qu'UNE branche de l'ADN et permet de retracer votre lignée paternelle et donc techniquement grâce à des statistiques l'origine ethnique ou geographique supposée de celle-çi.

Certains haplogroupes sont trouvés plus que chez d'autres.
l'haplogroupe J par exemple est à la fois trouvé au Moyen-Orient , en Europe
en Afrique du nord et dans le Caucause..on suppose que son origine se situe au Moyen-Orient , par exemple , car c'est la région qui possède le plus au taux en % et la plus grande variété de sub-clades de l'haplogroupe J. Pour autre , exemple la lignée paternelle des Juifs est surtout J (dûe à leurs origines proche-orientales).


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Message Publié : 05 Fév 2010 15:01 
si on reprends la carte trois postes avant, on peut se demander si la différence visuelle globale entre un groupe de Marocains et un groupe d'Algériens ne tient pas du J2 ? Ou alors certains pensent qu'il n'y a pas de différence ?. Idem entre les italiens du Nord et ceux du Sud ?


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Message Publié : 05 Fév 2010 16:47 
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Salluste
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Flandrin a écrit :
si on reprends la carte trois postes avant, on peut se demander si la différence visuelle globale entre un groupe de Marocains et un groupe d'Algériens ne tient pas du J2 ? Ou alors certains pensent qu'il n'y a pas de différence ?. Idem entre les italiens du Nord et ceux du Sud ?


Techniquement , les Tunisiens et les Algériens ont un % de l'haplogroupe J plus élévé que les Marocains , c'est de l'ordre de 40% pour la Tunisie et l'Algérie , mais seulement de 20% au Maroc. Le J2 est surement d'origine majoritairement juive au Maroc (notament d'après les rapports espagnols témoignant que des habitants de l'Espagne de sud-est sont apparentés au J2 ). Après pour les Italiens du nord/sud , c'est surement lié aux Etrusques-Italiques , Il semble que les Etrusques étaient surtout J , or la population italienne habitant la région dite "etrusque" de l'antiquité sont majoritairement possèsseurs de l'haplogroupe R1b , ce qui laisse à penser plusieurs hypothèses ^^.


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Message Publié : 11 Mars 2010 9:31 
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Bonjour,
Je ne suis qu'archéologue, mais à ce titre je vous signale qu'il y a deux problèmes à faire coïncider cartes archéologiques et cartes génétiques :
- les cartes de distribution du Campaniforme sont actuellement toutes fausses (même les miennes !) certaines sont largement sous-évaluées (la plupart, parce qu'il est difficile de prendre en compte les nouvelles données apparaissant en nombre dans certaines régions où la recherche est très active (avec l'archéologie préventive par exemple) - et cela évolue assez vite... beaucoup de cartes sont à l'inverse exagérées à force de tracer des "patates" autour de quelques sites... Nous sommes toujours en attente d'une vraie carte "à points", bon j'y bosse et pas tout seul, mais cela prendra du temps... Un atlas du Campaniforme européen est actuellement en chantier sous l'égide de l'association "Archéologie et Gobelets" qui regroupe les chercheurs spécialistes du Campaniforme en Europe.
- Le processus de diffusion du Campaniforme ne peut en aucun cas se résumer à une diffusion massive de population. Même si je pense que ce type de processus s'est effectivement produit pour une partie de la diffusion, il y a des régions où le Campaniforme ne correspond probablement qu'à des diffusions restreintes (hommes/femmes, mobiliers, idées, techniques...) sans un nécessaire renouvellement massif de population. C'est bien ce qui fait la difficulté (et/ou l'intérêt) de l'analyse de ce phénomène (je n'aime pas l'expression "énigme", sauf dans les romans policiers).
Evidemment la génétique contribuera à terme à la compréhension de ce phénomène, mais seulement alliée à d'autres approches (archéologique, anthropologique) sinon elle racontera n'importe quoi.
Le grand chantier sera de faire des analyses des individus du 3e millénaire avant notre ère eux mêmes et non simplement à partir des populations actuelles... Cela est déjà commencé (mais ponctuellement sur certaines régions et pas encore engagé à grande échelle...).
Il nous faudra donc des moyens (comme souvent) du temps et du boulot !
Très cordialement.

_________________
Olivier Lemercier
Université de Bourgogne
UMR 5594 - ARTeHIS
Dijon - France


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Message Publié : 31 Mars 2010 14:37 
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Salluste
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Inscription : 23 Nov 2008 17:17
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Bonjour à tous,

Et bien Bellbeaker, nous vous sommes reconnaissant de nous ouvrir les yeux...car une vie est trop courte pour devenir spécialiste en tout.

Je me risque quand même :

Concernant le campaniforme, ce qui m’intrigue le plus est de discerner à quel commerce relier cette culture et aussi comprendre ce qui s’est passé aux alentours de –2300 ( J’utilise ici des dates C14 recalibrées et moyennées ).

-En effet beaucoup d’évènements paraîssent se rejoindre vers cette date.

1) les circuits commerciaux auraient changés. Le campaniforme disparaît d’Europe centrale et de Méditerranée. En fin de parcours, il sera remplacé par la culture d’Unetice ou encore par celle de Polada en Italie du nord...et bien d’autres.

2) du coté de l’ouest, les dolmens sont abandonnés, rituellement condamnés à la même date sur de nombreux sites : Des tumulus sans couloirs vont leur succéder. Les populations, plus mobiles sans doute, auraient fait le choix de sépultures plus simples à réaliser ( Mais aussi destinées a un nombre de plus en plus réduit d’individus. Après les monstrueuses allées couvertes qui devaient coûter une énergie considérable, la population se disperse peut-être et les sépultures sont ainsi plus faciles à protéger du pillage ).

3) Le plein âge du bronze à étain va commencer. Le métal n’a plus besoin d’être recherché en Méditerranée. A ce sujet, c’est encore à la même époque que semble s’éteindre la culture des tholos sur la partie ouest de l’île de Crête. A l’est, les minoens des palais vont imposer peu à peu une culture très différente. Il est remarquable que d’environ –3000 à –2300, l’évolution des objets en métal ( lames, poignards, haches...) suit strictement la même évolution sur le littoral atlantique et dans cette culture crétoise des tholos. On trouve aussi des deux cotés des influences plus spécifiques tels que des motifs décoratifs ( Ex. ce motif armoricain en « empreinte digitale" existant a la même époque sur des poteries crétoises ). De plus, cette culture des tholos de Crête pourrait bien trouver son origine dans celle du sud de l’Espagne.

-Après cette date, le campaniforme continue d’évoluer et ne semble survivre que du sud de la Scandinavie jusqu’à certaines régions de l’Espagne ( Portugal, Andalousie, Meseta ).
En –1500, il sera remplacé en Espagne par la culture du bronze final atlantique. Il s’agit d’installations nouvelles, stèles, architectures circulaires ( cabanes ou autres usages ? ), guerriers à casques à cornes ( on en trouve aussi plus tard chez les mycéniens ou les hittites ). L’exploitation de nombreuses mines d’étain d’Espagne pourraient dater de cette époque.
-Et finalement, seule l’Andalousie paraît conserver une continuité culturelle jusqu’à environ –700. Partout ailleurs, l’influence phénicienne puis carthaginoise et sa « période orientalisante », ou encore la progression de la culture des champs d’urnes effacent la culture du bronze final atlantique. ( même chose d’ailleurs sur le latium en Italie : si le campaniforme avait disparu très tôt, c’est encore une culture des champs d’urnes qui succède au bronze final atlantique ).

Pourquoi cette irruption de nouveaux peuples en Méditerranée ? Il semblerait que ce soit en lien direct avec la progression de la culture des champs d’urnes bouleversant les circuits commerciaux établis auparavant ( campaniforme puis culture du Rhône ). Mais ces nouveaux peuples paraissent justement issus des cultures ayant conservé assez tard la culture campaniforme.

Une fois ce tableau dressé ( qui n’engage bien sûr que moi ) de la fin du campaniforme et de ce qui lui a succédé, je reviens sur mon interrogation de départ : Quest-ce qui a bien pu changer avec cette culture ?

A ses débuts vers –2700, l’avènement du campaniforme ne paraît rien modifier du coté de l’Atlantique. Cela se voit par exemple dans la culture portugaise VNSP ( Fort préhistorique de Vila Nova de Sao Pedro ) : Quand le campaniforme s’y introduit, le même commerce ( albâtre, ivoire, callaïs, or, cuivre...) se poursuit qui existait déjà auparavant. Seule différence, le bronze à étain apparaissant peu à peu, sur le tard.

Le campaniforme aurait-il eu un rôle important pour la diffusion de la métallurgie ? Cela n’apparait pas particulièrement avec les sites qu’il aurait fréquenté. Enfin la métallurgie ( il faudrait multiplier les analyses de métaux...) paraît bien être venue au départ de méditerranée : Elle a peut-être commencée très tôt au sud-ouest de l’Espagne, mais ça reste à démontrer. Avant même le campaniforme, les dolmens se sont multipliés dans les causses et le midi de la France, apparement dans la plupart des cas a proximité de sites miniers.

Une autre idée me viens à l’esprit :

-les vases campaniformes ( outre leur usage funéraire qui n’était pas leur fonction principale ), seraient apparu après une phase de refroidissement climatique. Ce fait aurait pu susciter des besoins nouveaux en calories ? Le campaniforme véhiculait-il des denrées périssables ? N’y aurait-il pas un lien, par exemple, avec la diffusion de l’apiculture ?

Nul ne sait semble-t-il où l’apiculture a commencée. Si l’usage est apparu spontanément ou non dans diverses régions ( Europe, Crête, Egypte...) Mais une chose est certaine, c’est qu’elle était particulièrement utile pour augmenter ne serait-ce que la production de cire de plus en plus nécessaire à l’artisanat ou la médecine. L’apiculture aurait-elle été transmise du monde égéen à l’Espagne ?. L’apiculture ittinérante le long des fleuves a été attestée comme un des modes les plus anciens de transport de ruches.

Le circuit maritime emprunté ( apparement la période la plus ancienne ) était vraisemblablement en place avant le campaniforme. Mais cela paraît moins certain pour les routes vers l’Europe centrale.

Si les femmes présenteraient plus de variété génétique, on pourrait supposer que les marchands, exilés loin de chez eux pour faire marcher leur commerce ambulant, avaient besoin de se marier sur place. De toute façon, ils n’apparaissent pas comme des colonisateurs agressifs, mais plutôt comme une population bien accueillie partout où elle se présentait..De plus, le mode de sépulture varie selon la région et ne paraît pas commandé par une tradition rigide : Les sépultures individuelles en fosse concernent presque essentiellement l’Europe centrale.

Bref, les résultats des travaux de Jocelyne Desideri sont particulièrement attendus pour y voir plus clair.


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Message Publié : 06 Avr 2010 10:59 
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Bonjour Nérée,
Beaucoup d'idées et de questionnements dans votre message et je ne saurais répondre à tout... beaucoup de ces questions ne connaissent pas de réponses actuellement et je ne suis pas moi même spécialiste en tout, même sur cette courte période....
Il me semble néanmoins qu'il n'est pas opportun de ramener l'ensemble des phénomènes de cette période à des considérations "commerciales" (le terme étant par ailleurs anachronique, il vaut mieux parler d'échanges et encore en l'absence de contreparties évidentes, seules des diffusions peuvent le plus souvent être montrées).

Le phénomène campaniforme débute sans doute dès avant 2500 Cal BC. Son origine est encore discutée. Je fais partie de ceux qui plaident pour le sud-ouest de l'Europe (Péninsule Ibérique, peut-être le Portugal à partir de l'examen des mobiliers de la phase ancienne du Campaniforme et de des origines possibles, des datations etc.). D'ailkleurs si le Campaniforme ne semble pas transformer radicalement les grands sites portugais, c'est peut-être parce qu'il s'y développe... Mais d'autres théories existent (qui ne sont pas forcément à rejeter)...

Le Campaniforme ne peut pas être considéré comme un tout unique et univoque... Il faut distinguer le premier phénomène de diffusion à grande échelle le long des côtes méditerranéennes et atlantiques puis à l'intérieur du continent... suivi d'une phase de régionalisation (acculturation des populations indigènes dans certaines régions - pas toutes) correspondant à une phase récente avec la mise en place de réseaux de relations privilégiées entre ces régions (avec parfois des apports de population ?) Une Europe campaniforme se met alors en place avec des objets/idées/individus/groupes ? qui circulent probablement en tous sens - compliquant beaucoup le travail des archéologues... et une phase à la transition avec l'âge du Bronze et des traditions campaniformes qui vont subsister pendant un temps variables selon les régions (longtemps semble-t-il en Grande-Bretagne). Cela veut dire que :
- "Le campaniforme" ne se diffuse sans doute pas de la même façon partout.
- "Le campaniforme" ne produit pas le même effet partout.
- "Le Campaniforme ne dure pas le même temps partout...
Ce qui ne contribue pas à simplifier les choses...
Qu'est ce qui se diffuse ?
- Sans doute pas les gobelets eux-mêmes (qui ne présentent pas grand chose de particulier ou qui sont le reflet d"une pratique particulière : consommation d'une boisson ?), ils ne sont le plus souvent que le révélateur de la présence campaniforme... ou du contact avec les campaniformes lorsque des gobelets campaniformes sont découverts isolés dans des contextes strictement indigènes
- Des individus de façon certaine (mixité technique / transferts techniques dans certaines régions entre productions campaniformes et productions indigènes) mais peut-être pas dans toutes les régions...
- Des populations peut-être, dans certaines régions, mais pas en général et pas partout...
- La métallurgie, oui sans doute dans certains cas, mais peut-être moins que je n'ai pu l'écrire antérieurement... Des travaux sont en cours sur le sujet.
- D'autres pratiques économiques ? je ne sais pas... Rien ne peut pour le moment mettre en relation campaniforme et apiculture à ma connaissance. Concernant l'apiculture, certaines pratiques très anciennes sont révélées dans l'art selon comment on interprète certaines scènes dans le Néolithique et sans doute le Méso... et cette pratique existait peut-être antérieurement.

L'origine de la métallurgie est clairement antérieure au Campaniforme même en Europe occidentale (sans considérer les premiers développements en Bulgarie, Roumanie etc). Indépendamment des traces peu nombreuses dans le sud-est de la Péninsule ibérique, un certain nombre de choses en Italie au 4e millénaire, et dans le Midi de la France à l'extrême fin du 4e millénaire, et dans la Péninsule ibérique peut-être au 4e millénaire et de façon certaines au 3e sont antérieures strictement au phénomène campaniforme. Le Campaniforme apporte sans doute la pratique métallurgique dans certaines régions où le métal n'était connu que par des objets diffusés... dans certaines régions de France sans doute, dans les îles britanniques encore plus surement... Mais cela n'explique pas le phénomène.

Si le Campaniforme emprunte déjà des routes existantes (maritimes le long des côtes et fluviales pour entrer à l'intérieur des terres) ce n'est sans doute pas le marqueur de quoi que ce soit, dans la mesure où il s'agit des voies de déplacement privilégiées... ce qui est sur c'est que le Campaniforme va ouvrir certaines de ces voies à des échanges bilatéraux dans certaines régions.

Le lien avec le climat : il a été tenté par des collègues il y a quelques années. Il n'est pas forcément à rejeter mais n'est pas encore concluant et surtout il n'explique rien...

La question de l'insertion du Campaniforme dans les communautés de la fin du Néolithique dans chaque région demeure ouverte, il existe peu d'études sur ces insertions, comme celle que j'ai tenté dans ma thèse pour le sud-est de la France... On peut quand même imaginer que cela ne s'est pas produit de la même façon partout... Même à l'échelle du sud-est, il existe de grandes différences entre la situation en Provence occidentale et en Languedoc oriental de l'autre côté du Rhône... (de façon évidente : ces peuples ont une "histoire"). Les mariages exogames peuvent expliquer effectivement l'insertion culturelle et les transferts techniques observés... c'est à l'heure actuelle, l'hypothèse la moins mauvaise.

Enfin je ne sais pas si on peut évoquer une vraie rupture à 2300 Cal BC... Cela ne peut être bon que pour certaines régions précises... pas en général pour l'Europe de l'Ouest. Les situations sont très différentes d'une région à l'autre... L'apparition du bronze à l'étain par exemple s'étale vraiment sur plusieurs siècles en Europe occidentale selon les régions.

Et oui la publication de la thèse de ma collègue Jocelyne est très attendue.

Je ne pense pas avoir réussi à répondre à tout, mais pour en savoir plus sur le Campaniforme consultez la littérature scientifique disponible en ligne gratuitement, que j'ai recensée à cette page :
http://ubprehistoire.free.fr/Liens-Campaniforme.html

Très cordialement.

_________________
Olivier Lemercier
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Message Publié : 10 Avr 2010 12:56 
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Bonjour Bellbeaker,

Un archéologiste, Kristian Kristiansen, a écrit récemment dans le dernier numéro des dossiers d'archéologie sur les Indo-Européens, ceci:

Citer :
A partir du milieu du IIIè millénaire, la rencontre entre les cultures des tombes individuelles/culture de la céramique cordée au nord, et les cultures Campaniformes au sud, entraina l'apparition des langues proto-celtiques qui s'étendirent de la péninsule ibérique aux Iles Britanniques et devinrent ainsi les principales langues de la côte atlantique. Elles ne diffusèrent en Europe centrale qu'au début de l'âge du fer.


Cette hypothèse est intéressante. D'abord elle va a l'encontre de ce que je pensais auparavant. Je croyais en effet que la culture celtique avait émergé au début de l'âge du fer, dans la culture de Hallstatt, et s'était propagé ensuite notamment dans une bonne partie de l'Europe occidentale, notamment la Gaule, l'Ibérie et les îles brittaniques.
D'après Kristiansen, elle part de l'Ibérie et s'étend dans toute l'Europe occidentale avec la culture campaniforme, puis se diffuse en Europe centrale au début de l'âge du fer.
Ensuite, elle semble accorder une part importante aux migrations campaniforme, puisque ces dernières seraient responsable de la celtisation de l'Europe occidentale.

Cordialement


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Message Publié : 06 Juin 2010 18:38 
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Inscription : 23 Nov 2008 17:17
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Une des dernières moutures des théoriciens de la celtitude ou des indo-européens : Vouloir expliquer l’émergence d’une culture celtique avec la culture campaniforme.

-> Primo, je poserai que rien de solide ne permet d’établir une arrivée de locuteurs de l’indo-européen par l’est de l’Europe et avec une culture néolithique : Il est tout aussi plausible de penser qu’à l’inverse, les néolithiques se seraient progressivement imprégnés d’indo-européen en progressant vers l’ouest. De plus, l’avenir le dira, mais les origines du campaniforme apparaissent de plus en plus débuter du côté occidental ( Selon les dates les plus anciennes, dans une phase dite « maritime » et non continentale ).

-> Secundo, j’objecterai que c’est une bien étrange idée de vouloir faire concorder l’émergence d’une culture campaniforme ( Qui pourrait bien ne pas être une culture unifiée mais seulement un aspect accessoire ayant fait « florès » dans un ensemble de cultures divergentes ), avec une supposée culture celte ( Elle-même définie par le territoire présupposé d’un ensemble de langues baptisé « celtique » sans certitude ).

-> Tercio, cette vision des choses est terriblement contradictoire avec les celtes historiques, sachant pour ne prendre qu’un petit exemple, que la culture campaniforme était fortement implantée et très précoce au Portugal. Cependant, selon les témoignages de l’antiquité, les celtes n’auraient pas atteint le Portugal avant –500 ! En plus il est intéressant de noter qu’a la fin du laténien, il y avait un gros barrage au niveau de la Garonne entre les celtes et les aquitains : Or un telle frontière culturelle existait déjà bien avant le campaniforme, dès l’époque du néolithique chasséen. Le campaniforme, quant à lui, n’a semble-t-il pas tenu compte de cette frontière.Il faudra aussi expliquer pourquoi les latins n’étaient pas des celtes, étant donné que le latium a connu une culture campaniforme. Même chose pour la Sicile, etc…

Donc, en fait j’interpréterai plutôt pour ma part le phénomène campaniforme non pas comme la formation d’une « culture celtique » mais plutôt comme le résultat d’une incursion des occidentaux de l’ouest à l’intérieur de l’Europe. Incursion ayant entrainé une progression des langues indo-européennes de l’ouest vers l’est.

De plus, concernant la thèse de Kristian Kristiansen, elle fait fi des populations telles que les hallstattiens. Ces derniers ne paraissent pas trouver leur racines dans la population occidentale, et moins encore leur culture des sépultures à chars dont l’origine ne peux provenir que du cours inférieur du Danube à une époque plus ancienne.
Au début de l’âge du fer les hallstattiens s’emparent de l’est de la Gaule et repoussent la culture des champs d’urnes qui cependant continue à survivre à leur périphérie : il n’y a pas de diffusion vers l’Europe centrale mais l’inverse.


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Message Publié : 08 Juin 2010 9:38 
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Nérée a écrit :
Une des dernières moutures des théoriciens de la celtitude ou des indo-européens : Vouloir expliquer l’émergence d’une culture celtique avec la culture campaniforme.

-> Primo, je poserai que rien de solide ne permet d’établir une arrivée de locuteurs de l’indo-européen par l’est de l’Europe et avec une culture néolithique : Il est tout aussi plausible de penser qu’à l’inverse, les néolithiques se seraient progressivement imprégnés d’indo-européen en progressant vers l’ouest. De plus, l’avenir le dira, mais les origines du campaniforme apparaissent de plus en plus débuter du côté occidental ( Selon les dates les plus anciennes, dans une phase dite « maritime » et non continentale ).


Il est fortement admis que les locuteurs indo-européens sont arrivés de l'est et bien après l'arrivée des néolithiques. Ils sont arrivés au début de l'âge des métaux en provenance des Steppes Pontiques. Justement à l'époque où s'est développée la culture campaniforme. Celle-ci a effectivement débutée du côté occidental par une pĥase maritime. D'après Laure Salanova: "La Question Du Campaniforme En France Et Dans Les Îles Anglo-Normandes - Productions, Chronologie Et Rôles D'un Standard Céramique" ce standard maritime est décoré au peigne ou au coquillage avec parfois des impressions de cordelette horizontales pour séparer les différentes zones décorées.
D'après David Anthony: "The Horse, the Wheel, and Language: How Bronze-Age Riders from the Eurasian Steppes Shaped the Modern World" les poteries de la culture Yamnaya sont décorées au peigne avec des impressions de cordelettes.
D'après Richard Harrison and Volker Heyd: "The Transformation of Europe in the Third Millennium BC: the example of ‘Le Petit-Chasseur I + III’" le package Campaniforme est fortement influencé par ce qu'ils appellent le package Yamnaya.

Nérée a écrit :
-> Secundo, j’objecterai que c’est une bien étrange idée de vouloir faire concorder l’émergence d’une culture campaniforme ( Qui pourrait bien ne pas être une culture unifiée mais seulement un aspect accessoire ayant fait « florès » dans un ensemble de cultures divergentes ), avec une supposée culture celte ( Elle-même définie par le territoire présupposé d’un ensemble de langues baptisé « celtique » sans certitude ).


Cela n'a rien d'étrange. Au contraire les deux zones géographiques représentées par la culture campaniforme, et par le territoire où était parlé un langage celtique se recouvrent fortement.

Nérée a écrit :
-> Tercio, cette vision des choses est terriblement contradictoire avec les celtes historiques, sachant pour ne prendre qu’un petit exemple, que la culture campaniforme était fortement implantée et très précoce au Portugal. Cependant, selon les témoignages de l’antiquité, les celtes n’auraient pas atteint le Portugal avant –500 ! En plus il est intéressant de noter qu’a la fin du laténien, il y avait un gros barrage au niveau de la Garonne entre les celtes et les aquitains : Or un telle frontière culturelle existait déjà bien avant le campaniforme, dès l’époque du néolithique chasséen. Le campaniforme, quant à lui, n’a semble-t-il pas tenu compte de cette frontière.Il faudra aussi expliquer pourquoi les latins n’étaient pas des celtes, étant donné que le latium a connu une culture campaniforme. Même chose pour la Sicile, etc…

Les celtes de l'antiquité ne sont connus que par leur contact avec les peuples méditerranéens: grecs, étrusques puis romains. Il est normal que les témoignages de l'antiquité sur les celtes commencent à l'âge du fer dans les zones voisines. Cela ne veut pas dire que la culture celte n'a pas existé auparavant et plus loin vers l'ouest.
A l'époque des campaniformes on ne parle pas encore le celte ou le latin. On parle un proto italo celtique. Il n'y a donc aucune contradiction au fait qu'il y ait eu des campaniformes dans la péninsule italique ou en sicile.

Nérée a écrit :
Donc, en fait j’interpréterai plutôt pour ma part le phénomène campaniforme non pas comme la formation d’une « culture celtique » mais plutôt comme le résultat d’une incursion des occidentaux de l’ouest à l’intérieur de l’Europe. Incursion ayant entrainé une progression des langues indo-européennes de l’ouest vers l’est.

Cela n'a rien de contradictoire. Je pense pour ma part, que l'indo européanisation de l'Europe s'est faite en tenaille entre d'une part des migrations venant de l'est et se dépaçant vers l'ouest, à l'est de l'Europe, et un mouvement campaniforme orginaire de l'ouest et se déplaçant vers l'est.

Nérée a écrit :
De plus, concernant la thèse de Kristian Kristiansen, elle fait fi des populations telles que les hallstattiens. Ces derniers ne paraissent pas trouver leur racines dans la population occidentale, et moins encore leur culture des sépultures à chars dont l’origine ne peux provenir que du cours inférieur du Danube à une époque plus ancienne.
Au début de l’âge du fer les hallstattiens s’emparent de l’est de la Gaule et repoussent la culture des champs d’urnes qui cependant continue à survivre à leur périphérie : il n’y a pas de diffusion vers l’Europe centrale mais l’inverse.

La thèse de Kristian Kristiansen ne fait pas fi des hallstattiens. AU contraire il les explique très bien. La culture Hallstattienne est révélée par ses contacts avec les peuples méditerranéens, mais bien après l'arrivée de la langue celte en Europe occidentale.


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Message Publié : 08 Juin 2010 15:32 
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secherbernard a écrit :
Il est fortement admis que les locuteurs indo-européens sont arrivés de l'est et bien après l'arrivée des néolithiques. Ils sont arrivés au début de l'âge des métaux en provenance des Steppes Pontiques. Justement à l'époque où s'est développée la culture campaniforme.


A ma connaissance, le débat est loin d'être clos, contrairement à ce que clament les tenants de l'une ou l'autre thèse. Et il y a eu peu de découvertes récentes qui permettraient de trancher. Il y a 2 ou 3 thèses sur les origines des pré-indos-européens. Et presque autant sur les origines du mouvement qui va entrainer "l'indo-européinisation", au moins linguistique, de notre continent.

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Une théorie n'est scientifique que si elle est réfutable.
Appelez-moi Charlie


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Message Publié : 08 Juin 2010 15:37 
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Narduccio a écrit :
A ma connaissance, le débat est loin d'être clos, contrairement à ce que clament les tenants de l'une ou l'autre thèse. Et il y a eu peu de découvertes récentes qui permettraient de trancher. Il y a 2 ou 3 thèses sur les origines des pré-indos-européens. Et presque autant sur les origines du mouvement qui va entrainer "l'indo-européinisation", au moins linguistique, de notre continent.


Le débat n'est peut-être pas clos, mais ce n'est pas un hasard si 80 ou 90% des archéologues penchent en faveur d'une origine dans les steppes pontiques. Le nombre d'arguments qu'ils soient linguistiques, archéologiques ou mythologiques penchent nettement en faveur de cette théorie.


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Message Publié : 09 Juin 2010 13:09 
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Bonjour,

pour côtoyer régulièrement des archéologues spécialisés dans le peuplement occidental durant la Préhistoire récente/la Protohistoire, ils se fichent comme d'une guigne de la question indo-européenne, laissant les théories à ce sujet aux seuls linguistes.

Quant à des rapprochements stylistiques sur le seul registre du décor à la cordelette (on pourrait en dire tout autant du décor au peigne), ça n'a aucun sens au regard des nombreuses variantes en la matière du néolithique final au Premier Age du Fer dans de nombreuses régions européennes (jusqu'à l'époque antique pour le décor au peigne dans des productions de céramiques communes non tournées), apparaissant et disparaissant indépendamment de tout schéma diffusioniste perceptible.

Je pense que nous sommes très loin de connaître parfaitement la culture matérielle des populations protohistoriques et en cela, il paraît très imprudent de vouloir ethniciser tel ou tel trait de cette culture matérielle. D'ailleurs, en archéologie, il est un fait qui est souvent oublié des non spécialistes qui se réapproprient certaines constatations de terrain (tels les linguistes) : ce n'est jamais dans la zone de production d'un objet que l'on retrouve celui-ci en grand nombre, mais dans la zone cliente. Cette zone cliente finit par imiter et réinterpréter ce modèle qu'elle diffuse à son tour à d'autres zones etc. Cela fausse complètement le rapport ethnique à l'objet s'il n'y a pas de traces évidentes de production de l'objet dans une zone donnée. Hélas, certains protohistoriens de bureau en viennent à l'oublier aussi (cf la question celtique).
cordialement

Hervé

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"L'histoire, qui est le juge du monde, a pour premier devoir de perdre le respect" Michelet (J.)


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Message Publié : 10 Juin 2010 13:12 
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Eginhard
Eginhard

Inscription : 18 Fév 2010 22:31
Message(s) : 743
A Archeolandes

Votre message m’inspire les réflexions suivantes :

Heureusement qu’il existe des experts en archéologie de la Protohistoire, et il est normal qu’ils se concentrent sur leur domaine d’expertise,
Heureusement qu’il existe des experts en linguistique, et il est normal qu’ils se concentrent sur leur domaine d’expertise,
On pourrait évidemment en dire de même pour les spécialistes en histoire, ethnologie, sociologie, génétique,…

Mais la Protohistoire est un domaine qui par excellence nécessite le rapprochement des connaissances des différentes spécialités, leurs avancées nous aidant petit à petit à progresser dans la connaissance de la globalité de ces populations protohistoriques, dont chacune de ces spécialités permet d’en découvrir une des facettes.

Si cela était vrai, il serait particulièrement dommageable que les « archéologues spécialisés dans le peuplement occidental durant la Préhistoire récente / Protohistoire, se fichent comme d’une guigne de la question indo-européenne, laissant les théories à ce sujet aux seuls linguistes ».

L’expérience a montré que les spécialistes à œillères, quelle que soit leur discipline (protohistoire, histoire, sciences, économie,…), ont souvent conduit leur recherche, et malheureusement bien plus que cela, à une impasse voire à une catastrophe.

Je ne vois pas l’intérêt qu’il y a à opposer les protohistoriens de bureau aux protohistoriens de terrain, ni ceux-là aux linguistes ou autres spécialistes.

Le progrès naît de la confrontation d’idées, et la Protohistoire n’appartient pas aux archéologues.

L’amélioration des connaissances de la Protohistoire a besoin de tous, car elle nécessite l’élaboration de théories (par définition souvent imprudentes) qui sous les critiques intra et inter disciplinaires finissent pas se corriger et s’affiner.

Le grand défi de la Protohistoire est d’arriver à construire des modèles globaux, cohérents avec les connaissances des diverses spécialités. Cet objectif ne peut être atteint que par l’ouverture de chacune des spécialités à ses voisines et à la confrontation constructive des idées inter disciplines.


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Message Publié : 10 Juin 2010 18:59 
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Jules Michelet
Jules Michelet
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Inscription : 15 Mai 2005 12:40
Message(s) : 3419
Diviacus a écrit :
il serait particulièrement dommageable que les « archéologues spécialisés dans le peuplement occidental durant la Préhistoire récente / Protohistoire, se fichent comme d’une guigne de la question indo-européenne, laissant les théories à ce sujet aux seuls linguistes ».

Je crois sur tout que le terme "Indo-européen" est devenu trop teinté de racisme... suite aux dérives du XIXe et XXe siècle... Les historiens et archéologues délaissent la question IE de peur des dérives... Et certains linguistes eux même vont jusqu'à renommer le terme "Indo-européen" par "Eurindien"... C'est comme si en Europe le terme Indo-Européen était limite devenu péjoratif...

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Skipp


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Message Publié : 10 Juin 2010 19:06 
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Jean-Pierre Vernant
Jean-Pierre Vernant
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Inscription : 08 Juin 2009 10:56
Message(s) : 5718
Localisation : Limoges
Bernard Sergent a fait quelque peu le point sur cette question : http://www.persee.fr/web/revues/home/pr ... 7_4_282879

_________________
Scribant reliqua potiores, aetate doctrinisque florentes. quos id, si libuerit, adgressuros, procudere linguas ad maiores moneo stilos. Amm. XXXI, 16, 9.


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