Geopolis a écrit :
Moi, je vois tellement de rationalistes s'accrocher irrationnellement à leurs théories, particulièrement en paléontologie, que j'y vois plutôt l'excitation et l'erreur d'un homme voyant une thèse qu'il défend (le multirégionalisme), broyée médiatiquement par les généticiens et leur Eve africaine (déniant irrationnellement toute possibilité de croisement avec les erectus locaux et passionnellement applaudis par le politiquement correct parce qu'ils rendent les hommes uniformément cousins, pour ce que ça représente), et soudain soulagé de voir qu'un savant réputé accorde du crédit aux ascendances locales des sapiens.
http://www.passion-histoire.net/n/www/viewtopic.php?f=73&t=21264&p=375128#p375128En fait tout cela est bien plus complexe qu'une histoire de chapelle.
Résumons les faits :
- le génome humain est bien singulier. Malgré le grand nombres d'humains, il y a très peu de divergences sur la masse des génomes. Bien moins que ce qu'on pourrait s'attendre sur de telles populations.
- mais, dans plusieurs lieux, les fossiles se rassemblent étrangement entre erectus régionaux et sapiens régionaux.
Pour répondre au premier fait, il y a 2 solutions :
- il y a un goulet d'étranglement évolutif qui fait que seuls un faible nombre d'humains ont survécus à une période donnée. Pour donner un ordre de grandeur, on parle de 100 à 200 humains à un horizon d'environ 100 000 ans. Un ou plusieurs goulets. En fait, un goulet expliquerait assez bien l’homogénéité du génome humain.
- ou alors, il y a eu des contacts répétés tout au long de l'évolution et cela sur au moins 1 million d'années. S'il y a eu des contacts incessants, on peut expliquer que les populations n'aient pas divergé. Mais, on ne peut pas expliquer qu'il n'y ai pas plus de diversité génétique.
Là, il nous faut tenir compte de 2 autres faits :
- dans toutes les populations animales, il y a une formule qui relie la diversité génétique, la taille de la population, l'aire de répartition et le temps écoulé depuis lequel l'espèce existe. Or, cette loi ne correspond pas à ce qu'on trouve sur le génome humain. Et sauf erreur de ma part, nous sommes le seul cas connu de non-respect de cette règle.
- c'est en Afrique qu'il y a le plus de divergence génétique. Plus on s'éloigne de l'Afrique et plus la diversité génétique diminue. Ce qui donne du poids à l'idée d'une naissance de sapiens en Afrique avec une sortie de groupes humains réduits qui vont plus ou moins loin.
La thèse du berceau unique répond bien à toutes ces données ... sauf la régionalisation des fossiles d'erectus et de sapiens. La thèse régionaliste répond bien sur ce dernier point seulement. Elle est en contradiction avec tout le reste des données. A moins de penser qu'il s'est passé quelque chose qui a tué presque tous les humains sur la terre, sauf 2 ou 3 dans chacune des régions et une population africaine qui aurait reconquis le monde tout en étant inter-féconde avec les populations résiduaires dans les autres régions du monde ... En fait, personne n'ose présenter une telle solution.
Mais, on commence seulement à comprendre comment les mâles et les femelles se répartissaient entre les divers groupes de pré-humains puis d'humains. Le soucis est simple, pendant longtemps on n'a pu avoir accès qu'à des données provenant des 2 extrémités de la chaine. D'un coté, les hommes avec de fortes divergences culturelles lorsqu'il s'agit de choisir la provenance des époux. Dans certains groupes on privilégie des épouse provenant de l'intérieur du groupe, dans d'autres, des épouses provenant de l'extérieur (parfois même, les femmes faisaient l'objet de razzias ...).
De l'autre coté de l'échelle on a les chimpanzés. Comme leur capacité crânienne est proche de celle des australopithèque de nombreux spécialistes ont postulé qu'il est possible de ces 2 groupes aient des comportements similaires. Et justement, une étude récente vient de démontrer que les comportements sont proches : les mâles restent dans leurs groupes d'origines, tandis que les femelles sont chassées et recueillies par d'autres groupes. Il y a donc des échanges perpétuels entre les divers groupes. Oui, mais voilà : là on parle de groupes d'animaux regroupant plusieurs dizaines d'individus sur des territoires relativement réduits. Et pourtant, en 4-5 millions d'années, les chimpanzés ont réussi à se scinder en 2 espèces qui ne sont plus inter-fécondes. Alors que tous les humains appartiennent à la même espèce, voire même à la même sous-espèce.
Pour ce qu'on en sait, les erectus et les premiers sapiens vivaient en clans familiaux de moins d'une dizaine d'adultes, avec un nombre d'enfants réduits, sur de grandes surfaces. A certaines périodes, en Europe, la concentration est estimée à moins de 10 individus par kilomètres-carrés ! Bref, pour se rencontrer fallait le vouloir.
Pour répondre à la problématique d'un génome "compact", il faut que les liens aient toujours existé entre tous les groupes humains et que jamais un groupe ne s'est retrouvé séparé assez longtemps pour que la spéciation ne joue son œuvre.
Les généticiens prennent en compte l'intégralité du génome humain et pas seulement la signature de quelques régions réduites comme celle qui a conduit à l’Ève africaine. Et quelque soit le gène étudié, on retrouve presque toujours la même histoire : peu de divergences, plus de divergences en Afrique et de moins en moins de divergences dès qu'on s'éloigne de l'Afrique. Mais, il y a les dents en pelle, il y a des similitudes entre les squelettes de sapiens et de populations établies dans la même région avant l'arrivée des sapiens et il y a, maintenant, les analyses qui démontrent que les sapiens européens et asiatiques descendent partiellement des néandertaliens. En tout cas, bien plus de questions qu'il n'y a de réponses.