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i il y aura plus de sprinters noirs originaire de populations qui ont vécu en Afrique de l'Ouest, pourquoi il y aura plus de coureurs de fonds originaires des hauts plateaux de l'Afrique du nord-est et pourquoi pour la nage, se sont les européens occidentaux qui sont privilégiés. A la base, pour la course et la nage, c'est une simple histoire de position relative du nombril. Après, le cas de Lemaitre montre qu'il y a toujours des exceptions.
Tu le dis toi-même: ils sont limités, et surtout, apparemment, leurs auteurs seraient très prudents dans les conclusions qu'ils en tirent (le racisme ne consistant pas à établir l'existences de certaines différences biologiques mais à en extrapoler des conclusions d'ordre social impliquant des jugements de valeur: ce que fait littéralement la sociobiologie ).
Prudence dans les conclusions peu respectée lorsqu'on discute des différences entre les sexes, sans doute parce que certaines notions stéréotypiques sur ces différences font encore l'objet d'un large consensus dans l'opinion commune.
Pourtant, il y a 100 ans dans les pays occidentaux, l'existence de certaines différences psychologiques/fonctionnelles entre groupes ethniques avait aussi le statut d'évidence de sens commun: dans ma famille américaine, j'ai connu des personnes âgées, décédées maintenant, pour qui l'infériorité générale des noirs allait de soi, ne se discutait même pas, et qui me riaient au nez si j'essayais simplement d'avancer que ces notions étaient loin de reposer sur des éléments non seulement démontrés mais même démontrables.
Ces histoires de rôles de sexe, ou d'ailleurs de race autrefois, reposent sur un certain nombre de prémisses invisibles qui, intellectuellement, posent problème: par exemple, celui selon lequel une aptitude physique serait ce qui déterminerait prioritairement le choix d'une activité/fonction, voire la prééminence dans cette activité.
C'est assez vrai pour certaines d'entre elles--comme le sport, il est évident que certaines morphologies sont pratiquement indispensables pour exceller dans tel ou tel sport--mais pas pour le pratiquer.
Mais ce n'est pas vrai du tout pour nombre d' activités professionnelles: je citais cette étude récente faite sur plusieurs centaines de taxis londoniens, selon laquelle les aptitudes spatiales de ces individus seraient plus développées que la moyenne, ce qui entrainerait un volume de l'hippocampe également supérieur à la moyenne.
Ces chauffeurs de taxi n'ont pas choisi cette activité parce qu'ils avaient au départ des aptitudes spatiales plus développées, ils ont choisi ce métier pour des raisons socio-économiques (ils sont immigrants, et c'est un des jobs typiques des immigrants de fraîche date, leur père/famille/copain est déjà dans cette activité, ils n'ont pas de diplomes, ils parlent mal la langue, etc).
Ce genre de considérations socio-économiques joue un rôle majeur, voire exclusif dans le choix d'une activité dans les sociétés traditionnelles : vous faites ce que fait votre père/famille/ font depuis des générations, et plus généralement, vous ne vous engagez que dans les professions qui sont ouvertes aux individus de votre sexe et de votre classe.
En fait, dans le choix d'une activité, les individus se conforment d'abord à des normes sociales plus ou moins explicites dont souvent ils ne comprennent même pas la raison, et qu'ils acceptent sans se poser de questions: c'est comme ça, c'est tout.
Les individus des castes ou sous castes vouées au ramassage des ordures , à l'abattage des animaux, au tannage des peaux, ou autres activités considérées comme impures dans certaines cultures ne sont pas cantonnés dans ces activités parce qu'ils ont des aptitudes physiologiques spéciales pour elles, mais parce que leurs traditions et normes sociales les leur prescrivent. De même pour les individus des classes supérieures.
Même en Europe, cela reste en partie vrai: le plus souvent, vous ne devenez pas notaire parce que vous avez des aptitudes spéciales pour cela, vous le devenez parce que vous êtes d'origine bourgeoise et qu'il y a déjà dans votre famille des gens qui sont dans ces types de profession.
D'ailleurs, si les différences physiologiques déterminaient lourdement la division sexuée du travail, les tâches assignées à chaque sexe seraient pratiquement immuables, puisque la physiologie des deux sexes n'a pas radicalement changé dans les derniers millénaires, ou même dans les 60 dernières années; or, la division sexuée du travail a pourtant considérablement changé dans les pays occidentaux durant ces 60 dernières années.
Pour revenir à cette question de division sexuée du travail dans les sociétés préhistoriques et claniques/tribales modernes, on constate que la division du travail, sexuée ou par classe, s'accentue en fonction de leur importance démographique et de leur complexité culturelle et technologique.
Le caractére patriarcal de ces sociétés semble aussi s'accentuer en fonction des mêmes facteurs, et en retour, il tend à accentuer encore davantage la division du travail.
Autrement dit, les peuples à culture complexe, expansionnistes/belliqueux/conquérants sont par définition patriarcaux et nativistes, car pour faire la guerre et assurer leur expansion, ils ont besoin d'une démographie forte.
Et donc, à un moment de leur évolution vers ce type de fonctionnement, ils sont amenés à privilégier le rôle reproductif des femmes aux dépens de leurs activités économiques (telles que pêche, chasse,artisanat, etc,) car ce rôle reproductif, condition d'une démographie dynamique, est jugé plus important que l'autre pour le développement de leur peuple: "croissez et multipliez".
On note d'ailleurs que, le plus souvent (mais pas toujours), le contact de sociétés tribales contemporaines de culture matrilinéaire/matrilocale avec la culture occidentale, encore relativement influencée par sa tradition patriarcale, se traduit pas une disparition progressive (parfois rapide) de ces traditions matrilinéaires/matrilocales.