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Message Publié : 05 Juil 2019 17:47 
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Jean Froissart
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Il n'y a pas d'évolution. Seulement des adaptations ou des disparitions.

Nous ne sommes pas plus "évolués" qu'Homo Erectus. Nous sommes adaptés à notre milieu - enfin, ça dépend de quel point de vue on se place, vu qu'on est en train de scier joyeusement la branche sur laquelle nous sommes assis (mais c'est un autre sujet).

Quand le milieu ne change pas pendant des millénaires ou des milliers d'années, les modes de vie ne changent pas. Mais qu'une variation intervienne, et une partie du vivant s'adapte (l'homme, notamment, avec des innovations techniques), une autre périclite et de nouvelles espèces apparaissent même. Il n'y a eu que cinq périodes au cours de l'histoire de la terre où ça ne s'est pas produit comme ça (bien avant l'apparition de l'homme) : les cinq extinctions de masse où tout le vivant a failli disparaître. D'une certaine manière, nous vivons durant une période "intéressante" de ce point de vue puisque la sixième est en cours...


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Message Publié : 05 Juil 2019 19:03 
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Adaptés à notre milieu ? Des millénaires d'évolution ont fait de nous des gens dont la réponse au stress consiste à mettre les muscles sous tension, à stopper la digestion, à augmenter la vigilance...

Et donc l'homo bureauticus a un problème avec ça : stressé par un patron tyrannique, il éprouve des troubles digestifs, des douleurs dans le dos et fait de l'insomnie. Sauf à affronter ce patron l'épieu à la main, mais l'occasion est rare... :wink:

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Message Publié : 05 Juil 2019 19:51 
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Pierma a écrit :
Adaptés à notre milieu ? Des millénaires d'évolution ont fait de nous des gens dont la réponse au stress consiste à mettre les muscles sous tension, à stopper la digestion, à augmenter la vigilance...

Et donc l'homo bureauticus a un problème avec ça : stressé par un patron tyrannique, il éprouve des troubles digestifs, des douleurs dans le dos et fait de l'insomnie. Sauf à affronter ce patron l'épieu à la main, mais l'occasion est rare... :wink:


Je ne vais pas prétendre le contraire. Ceci étant, je ne suis pas certaine que les hommes du passé étaient moins stressés que nous, principalement parce que leur angoisse existentielle principale (qui demeure toujours chez certains) était de savoir s'ils auraient de quoi manger le lendemain... Et côté tyrannie... ben ils étaient servis aussi !


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Message Publié : 06 Juil 2019 0:01 
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Pierma a écrit :
Adaptés à notre milieu ? Des millénaires d'évolution ont fait de nous des gens dont la réponse au stress consiste à mettre les muscles sous tension, à stopper la digestion, à augmenter la vigilance...

Et donc l'homo bureauticus a un problème avec ça : stressé par un patron tyrannique, il éprouve des troubles digestifs, des douleurs dans le dos et fait de l'insomnie. Sauf à affronter ce patron l'épieu à la main, mais l'occasion est rare... :wink:


Je ne vais pas prétendre le contraire. Ceci étant, je ne suis pas certaine que les hommes du passé étaient moins stressés que nous, principalement parce que leur angoisse existentielle principale (qui demeure toujours chez certains) était de savoir s'ils auraient de quoi manger le lendemain... Et côté tyrannie... ben ils étaient servis aussi !

Je ne cherche pas à faire une comparaison des niveaux de stress, et encore moins de l'angoisse du lendemain. De ce point de vue les conditions ont tellement évolué que cette comparaison n'aurait pas de sens.

Je dis simplement que l'évolution a conditionné l'homme pour qu'il réagisse de façon physique à une menace, et que ce conditionnement est de moins en moins adapté à la vie urbaine qui est le lot de la majorité des humains. A l'échelle de l'évolution, le monde a changé trop vite.

On parle de troubles psychosomatiques - c'est exact, d'ailleurs, c'est le cerveau qui mobilise le corps - mais on oublie toujours de faire le lien avec la réponse programmée par l'évolution. De ce point de vue, d'ailleurs, des pratiques comme le yoga, la méditation et d'autres peuvent être vues comme un moyen d'atténuer les effets de cette mise en tension physique et mentale, qui n'est plus adaptée à notre mode de vie.

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Message Publié : 06 Juil 2019 20:34 
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Pierma a écrit :
Adaptés à notre milieu ? Des millénaires d'évolution ont fait de nous des gens dont la réponse au stress consiste à mettre les muscles sous tension, à stopper la digestion, à augmenter la vigilance...

Et donc l'homo bureauticus a un problème avec ça : stressé par un patron tyrannique, il éprouve des troubles digestifs, des douleurs dans le dos et fait de l'insomnie. Sauf à affronter ce patron l'épieu à la main, mais l'occasion est rare... :wink:


Je ne vais pas prétendre le contraire. Ceci étant, je ne suis pas certaine que les hommes du passé étaient moins stressés que nous, principalement parce que leur angoisse existentielle principale (qui demeure toujours chez certains) était de savoir s'ils auraient de quoi manger le lendemain... Et côté tyrannie... ben ils étaient servis aussi !

Je ne cherche pas à faire une comparaison des niveaux de stress, et encore moins de l'angoisse du lendemain. De ce point de vue les conditions ont tellement évolué que cette comparaison n'aurait pas de sens.

Je dis simplement que l'évolution a conditionné l'homme pour qu'il réagisse de façon physique à une menace, et que ce conditionnement est de moins en moins adapté à la vie urbaine qui est le lot de la majorité des humains. A l'échelle de l'évolution, le monde a changé trop vite.

On parle de troubles psychosomatiques - c'est exact, d'ailleurs, c'est le cerveau qui mobilise le corps - mais on oublie toujours de faire le lien avec la réponse programmée par l'évolution. De ce point de vue, d'ailleurs, des pratiques comme le yoga, la méditation et d'autres peuvent être vues comme un moyen d'atténuer les effets de cette mise en tension physique et mentale, qui n'est plus adaptée à notre mode de vie.


C'est un vaste sujet. Mais je ne suis pas certaine que les troubles psychosomatiques épargnaient nos ancêtres, même s'il est assez difficile de les détecter. J'ai même tendance à penser qu'ils étaient beaucoup plus répandus, et encore plus dans les campagnes, justement. La vie urbaine (tout au moins telle que nous l'entendons) conditionnait beaucoup moins les populations, mais d'autres choses les conditionnaient dès le berceau et les conditions de vie inimaginables dans lesquelles ils vivaient n'arrangeaient pas les choses. On aurait tort de penser que nos prédécesseurs, même au fond de leurs campagnes en apparence paisibles et soumis à des rythmes de vie extrêmement réguliers, étaient des exemples de zénitude... Dès lors que l'on gratte un peu dans les archives, au-delà des registres paroissiaux, on tombe sur des choses... y compris des cas de cerveaux qui mobilisent le corps, comme vous dites ! Et ce ne sont pas des exemples isolés.

Si c'est valable pour la période "moderne" (grosso modo, l'Ancien Régime), ça l'est aussi pour les périodes antérieures, jusqu'aux temps les plus reculés. Malheureusement pour nous, nous sommes encore les héritiers de ces troubles plurimillénaires. Le monde a évolué très vite (trop vite), comme vous le soulignez, bien plus vite que les mentalités humaines qui, pour la majorité, ne se sont pas encore débarrassées de cet héritage encombrant. Ceci dit, il y a du progrès, même si certaines choses sont désespérantes. Le prisme des médias, hélas, nous donne une vision très noire de notre environnement. Mais elle n'est pas forcément très juste.


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Message Publié : 06 Juil 2019 21:49 
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Atlante, j'aurais tendance à vous accorder le point : des périodes où la possibilité de manger à sa faim n'était pas garantie devaient connaître leur lot de problèmes psychosomatiques liés à l'angoisse.

Mais notez tout de même que l'évolution ne nous a absolument pas préparés à cette inactivité inattendue : passer huit heures assis en classe sur une chaise. (Je ne sais pas si vous avez vécu l'expérience de retrouver cette épreuve alors que votre métier - d'enseignant, typiquement - est autrement plus mobile : d'expérience je vous garantis que c'est une dure épreuve, au début.)

Cette discussion est intéressante, mais nous comparons des conditions vraiment trop différentes. (Et on s'éloigne un peu du sujet.)

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Message Publié : 07 Juil 2019 11:11 
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Pierma a écrit :
Atlante, j'aurais tendance à vous accorder le point : des périodes où la possibilité de manger à sa faim n'était pas garantie devaient connaître leur lot de problèmes psychosomatiques liés à l'angoisse.


Je ne pense pas qu'à l'angoisse de manger à sa faim. C'était certes la plus omniprésente, mais il n'y avait pas que ça.

J'ai eu à me pencher (ça ne concerne pas du tout la Préhistoire, mais je pense que ça touche à peu près toutes les époques) sur le cas d'une "miraculée" dans un bled paumé en pleine Beauce, avec tout une bataille religieuse autour (ça tombe en plein dans les rivalités Catholiques / Jansénistes... et je vous assure que pour se fader Les Nouvelles Ecclésiastiques, ce n'est plus du courage, qu'il faut, mais de l'abnégation). Question troubles psychosomatiques, il y a vraiment de quoi faire toute une étude. Les médecins de l'époque ont conclu à de "l'hystérie". Ce qui est assez amusant, si l'on peut dire, c'est qu'un médecin bien de notre époque, lui, vu les éléments, en est arrivé au même diagnostic. Évidemment, les mesures de prophylaxie envisagées sont radicalement différentes... Bref, si cette "miraculée" avait été guérie par l'intercession d'une relique agréée par les autorités ecclésiastiques, elle aurait été aussitôt reconnue comme une héroïne, voire une sainte. Manque de bol, la relique en question (et quelle relique !) ne l'était pas et la pauvre femme a subi des pressions psychologiques épouvantables. Quant aux conditions de vie décrites et à la nature de ses maux, je vous fais grâce des détails, c'est tout bonnement répugnant.

Vous me direz : c'est un exemple et ça ne vaut pas pour la majorité. C'est vrai. Sauf qu'elle n'est ni la première, ni la seule (il y en a même beaucoup), et que le culte des reliques (et leurs prétendus miracles) ne concerne pas que les mouvements dissidents, mais aussi la religion officielle. Et ça ne s'arrête pas à ça. J'ai eu l'occasion d'étudier, il y a longtemps, un sujet plutôt soporifique intitulé "mystique rhéno-flamande" qui comprenait, entre autres choses, les mouvements de béguines à l'époque médiévale. Toutes ces femmes qui racontent leurs "visions" dans des textes parfois magnifiques seraient automatiquement classées comme démentes aujourd'hui.

On a du mal à se représenter que les pressions "morales" étaient constantes (et la mort omniprésente, aussi), que tous ces gens vivaient dans la terreur du Jugement Dernier, du Purgatoire, de l'Enfer... Que beaucoup connaissaient des enfances et des adolescences épouvantables (pas de protection de l'enfance, des conditions de vie inimaginables, des parents qui disparaissent tôt, des travaux quotidiens harassants...). Tout cela laissait des traces profondes et indélébiles. Il n'y a d'ailleurs pas besoin de remonter aussi loin, même sur le XXe siècle on en trouve encore.

Pierma a écrit :
Mais notez tout de même que l'évolution ne nous a absolument pas préparés à cette inactivité inattendue : passer huit heures assis en classe sur une chaise. (Je ne sais pas si vous avez vécu l'expérience de retrouver cette épreuve alors que votre métier - d'enseignant, typiquement - est autrement plus mobile : d'expérience je vous garantis que c'est une dure épreuve, au début.)


Nous ne sommes pas préparés et s'y retrouver brutalement confronté, je vous l'accorde, est éprouvant. Mais l'être humain s'adapte vite et trouve des parades lorsqu'il est confronté à des difficultés. Ce sont les contraintes, d'ailleurs, qui le rendent ingénieux. Nous avons l'avantage non négligeable, à notre époque, d'avoir le choix et l'exercice de notre libre-arbitre. A l'exception de quelques catastrophes météo ponctuelles, nous ne "subissons" plus les éléments qui ne nous condamnent plus au spectre de la famine si quelques années de mauvais temps s'enchaînent. Et côté spirituel, nous avons aussi le choix (même s'il reste quelques poches d'embrigadement et de fanatisme). Même du côté de l'éducation et des familles, globalement (il y a toujours hélas des exceptions et des faits divers qui font froid dans le dos), les choses n'ont plus rien à voir. Ça enlève quand même pas mal de pressions psychologiques.

Pierma a écrit :
Cette discussion est intéressante, mais nous comparons des conditions vraiment trop différentes. (Et on s'éloigne un peu du sujet.)


Pas tout-à-fait. Il est difficile de faire des comparaisons avec un monde (la Préhistoire) totalement éteint, dans la mesure où les quelques cultures tribales encore subsistantes n'ont rien à voir elles-mêmes avec cette période révolue. Mais l'homme "moderne" (actuel) est "né" à cette période charnière, encore trouble, où se répandent les croyances primitives, puis lors de la sédentarisation et des premières civilisations qui concentrent et "organisent" des systèmes de vie et de pensée. Nous en sommes les lointains héritiers... pour le meilleur et pour le pire. Il faudra encore quelques décennies avant que certaines choses disparaissent totalement. Mais quelques décennies en regard d'une cinquantaine de millénaires, ce n'est rien.


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Message Publié : 07 Juil 2019 12:45 
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C'est une bonne synthèse sur ce sujet. On pourrait dire qu'à toutes époques, l'individu a eu à faire face. L'évolution - globale, au niveau de l'espèce - ne garantit rien à l'individu.

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Message Publié : 07 Juil 2019 13:34 
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Jean Froissart
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Pierma a écrit :
C'est une bonne synthèse sur ce sujet. On pourrait dire qu'à toutes époques, l'individu a eu à faire face. L'évolution - globale, au niveau de l'espèce - ne garantit rien à l'individu.


Absolument. Ne rien tenir pour acquis.

Il y a aussi une discipline actuelle sur laquelle il est intéressant de se pencher : l'épigénétique. En gros, ni l'inné, ni l'acquis ne sont déterminants, ils le deviennent l'un par l'autre. Ce qui ouvre la porte à bien des perspectives. C'est d'ailleurs peut-être ce qui nous différencie foncièrement du reste du règne animal.


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Message Publié : 09 Juil 2019 13:34 
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Pierma a écrit :
C'est une bonne synthèse sur ce sujet. On pourrait dire qu'à toutes époques, l'individu a eu à faire face. L'évolution - globale, au niveau de l'espèce - ne garantit rien à l'individu.


Absolument. Ne rien tenir pour acquis.

Il y a aussi une discipline actuelle sur laquelle il est intéressant de se pencher : l'épigénétique. En gros, ni l'inné, ni l'acquis ne sont déterminants, ils le deviennent l'un par l'autre. Ce qui ouvre la porte à bien des perspectives. C'est d'ailleurs peut-être ce qui nous différencie foncièrement du reste du règne animal.


J'ai envie de dire qu'il y a l'inné, l'acquis et l'intelligence!
L'intelligence, serait le fruit de notre réflexion, et pas celle des autres (acquis), ni de celui de notre héritage génétique (inné)...


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Message Publié : 10 Juil 2019 19:57 
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Jean Froissart
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Tolan a écrit :
Atlante a écrit :
Pierma a écrit :
C'est une bonne synthèse sur ce sujet. On pourrait dire qu'à toutes époques, l'individu a eu à faire face. L'évolution - globale, au niveau de l'espèce - ne garantit rien à l'individu.


Absolument. Ne rien tenir pour acquis.

Il y a aussi une discipline actuelle sur laquelle il est intéressant de se pencher : l'épigénétique. En gros, ni l'inné, ni l'acquis ne sont déterminants, ils le deviennent l'un par l'autre. Ce qui ouvre la porte à bien des perspectives. C'est d'ailleurs peut-être ce qui nous différencie foncièrement du reste du règne animal.


J'ai envie de dire qu'il y a l'inné, l'acquis et l'intelligence!
L'intelligence, serait le fruit de notre réflexion, et pas celle des autres (acquis), ni de celui de notre héritage génétique (inné)...


Hum... Ça se discute, quand même. La réflexion n'est pas livrée avec les gènes, mais les capacités, si. Tous (ou presque), nous sommes capables de réfléchir. Les différences proviennent quand même de l'éducation, de l'apprentissage, de l'influence de l'entourage... ce qui est de l'acquis. La curiosité personnelle joue un rôle aussi, bien sûr, mais elle aussi procède d'une stimulation extérieure.

En ce qui concerne les hommes préhistoriques, l'évolution de l'intelligence ou plutôt de leur réflexion (notamment en ce qui concerne l'abstraction) n'est pas arrivée ex nihilo. Un peu comme pour la construction des pyramides égyptiennes, il y a eu des essais et des étapes avant d'en arriver au Sapiens d'il y a 50 000 ans, et encore d'autres ensuite pour en arriver à la sédentarisation, à la civilisation, à l'écriture et à une spiritualité complexe. Ces essais et ces étapes forment le substrat sur lequel s'est bâti le "progrès intellectuel" de ceux qui sont venus ensuite. Un peu comme nous qui lisons, en matière d'initiation à la littérature, des œuvres qui remontent parfois à l'Antiquité et qui sont censées nourrir notre intellect. Évidemment, ce n'est partout ni pour tout le monde en même temps (ce qui expliquerait, par exemple, que l'agriculture ou l'écriture ne soient pas "nées" partout à la même époque, ni de la même façon), mais le fait est que ça a lieu. Et qu'une infime variation puisse changer le court des choses : imaginez un enfant (il y a plusieurs cas dans ma famille, c'est ce qui m'a permis cette observation) né tout ce qu'il y a de plus régulièrement d'un père et d'une mère. L'un des deux disparaît de façon précoce (l'enfant est encore bébé ou vraiment tout petit) et le survivant retrouve un conjoint qui va élever l'enfant selon ses propres valeurs. Au bout du compte, on observe que l'enfant, en grandissant, utilise des schémas qui, à l'origine, n'étaient pas ceux de son géniteur (ou sa génitrice) disparu(e), mais de la personne rapportée qui l'a élevé. Et que ces schémas, il va non seulement les garder, mais les transmettre à son tour à ses enfants, biologiques ou non. Ce cas de figure était certainement encore plus fréquent en des temps plus anciens, où l'espérance de vie était courte.


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Message Publié : 21 Juil 2019 14:24 
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Directement en lien avec le questionnement initial, un article de Science & Avenir : Cerveau humain : sa grande taille serait due à des défis environnementaux et non sociaux

Citer :
La grande taille de notre cerveau ne proviendrait pas de la complexité de nos relations sociales, mais de l'hostilité de l'environnement auquel l'être humain a fait face pendant les millions d'années qu'ont duré son histoire.

...

La taille du cerveau humain a triplé par rapport aux australopithèques (comme Lucy) qui vivaient il y a environ 4 millions d'années. Notre cerveau est ainsi "presque six fois plus grand" qu'il ne devrait l'être pour un mammifère placentaire (dont la gestation implique un placenta) de notre taille, expliquent les auteurs de la publication. Certains scientifiques pensent que la croissance de notre cerveau est si longue et coûteuse en énergie que la croissance du corps s'en trouve ralentie jusqu'à ce qu'elle s'achève, vers l'âge de 10 ans. "La croissance du cerveau n'est pas prioritaire de la sorte chez les autres singes, et le schéma humain est déroutant car il garde nos corps plus petits, plus vulnérables et moins productifs plus longtemps", commente Richard McElreath, du Département du comportement humain, de l'écologie et de la culture, à l'Institut Max Planck d'anthropologie évolutive de Leipzig en Allemagne. Il faut donc, pour expliquer cela, que la taille de notre cerveau ait favorisé la survie de nos ancêtres d'une quelconque manière.

....

Pour résoudre ce mystère, les Drs González-Forero et Gardner de l'Université de St Andrews ont créé un modèle mathématique qui modélise les coûts énergétiques de la croissance et de la maintenance du cerveau, ainsi que sa capacité à permettre à son propriétaire de résoudre les problèmes environnementaux et sociaux. Les auteurs ont exploré quatre types de défis : environnementaux ("moi contre la nature"), coopératif face à l'environnement ("nous contre la nature"), entre les individus compétitifs ("moi contre toi"), et entre les groupes compétitifs ("nous contre eux"). Ils ont déterminé quelle combinaison de ces défis prédisait une croissance hypothétique du cerveau et du corps qui correspondait le mieux à ce qui a été réellement observé au cours de l'histoire de l'humanité.
Notre cerveau grossit face à un environnement difficile, et rétrécit lors d'une coopération sociale

...

L'étude conclut que selon leur modèle, si ce sont surtout les environnements difficiles qui ont entrainé l'augmentation de la taille de nos cerveaux, cela ne s'est fait qu'à la condition que les individus puissent continuer à améliorer leurs compétences tout au long de leur jeunesse à un coût énergétique qui diminue le moins possible. Cette optimisation du coût énergétique peut être facilitée par la fameuse intelligence culturelle, c’est-à-dire apprendre des choses que les générations précédentes ont apprises plutôt que de les comprendre par elles-mêmes. "Notre modèle indique que l'expansion du cerveau chez Homo était motivée par des défis environnementaux plutôt que sociaux et qu'elle était probablement fortement encouragée par la culture", concluent les auteurs.


Bref, c'est assez en phase avec le constat que la taille de notre cerveau ne cesse de diminuer depuis que nous sommes devenus des êtres sociaux ... Ou plutôt, vivants au sein de sociétés complexes et relativement peuplées.


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Message Publié : 12 Août 2019 14:42 
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Je me permet de signaler un Hors-série de La Recherche :

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Le génie de l'animal : intelligence, empathie, habileté

Citer :
Communication et empathie. Bien qu'ils ne parlent pas, la plupart des animaux communiquent par d'autres moyens. Ainsi, les grands singes possèdent un répertoire gestuel très flexible - entreinte, pianotage, pointage...- et utilisent de préférence leur main droite. Les petits singes vervets poussent différents cris d'alarme en fonction du danger. Les dauphins s'identifient par des signatures sifflées. Les abeilles dansent en faisant des huit pour signaler une source de nourriture. Ces moyens de communication leur servent à exprimer des émotions dont on commence à explorer la richesse à la suite de l'éthologue Frans de Waal.

Habileté et adaptation. Hiberner pendant quatre mois en dormant 99% de son temps, choisir les fleurs les plus nutritives pour les butiner, se diriger dans le noir sans se cogner contre les murs ou se fondre dans un décor naturel en en adoptant la couleur et la texture, telle cette vipère des sables (ci-contre)... Les animaux n'ont pas fini de nous étonner par leurs incroyables capacités d'adaptation à leur environnement. Et aussi par leur habileté à se servir d'outils. Comme ce poulpe qui transporte une demi-noix de coco au fond de la mer pour mieux s'abriter dessous afin d'échapper à ses prédateurs. Une inventivité qui prouve leur génie !

Expansion et colonisation. Les hommes ne sont pas les seuls à avoir colonisé la planète. Certains animaux, souvent dans leur sillage, empruntant leurs moyens de transport, se sont aussi éparpillés autour du globe. Le chien par exemple qui, il y a 36 000 ans, est devenu le meilleur compagnon des chasseurs-cueilleurs en les accompagnant à la chasse. Mais aussi le chat, qui s'est répandu en Europe vers 1600 avant J.-C. sur les traces des premiers agriculteurs. Ou encore les fourmis qui ont suivi les deux grandes vagues de mondialisation humaine de l'ère industrielle, au milieu du XIXe siècle et à partir des années 1970.


Je pense que parfois, pour bien comprendre l'homme, il faut se comparer à ce que font les animaux. La comparaison n'est pas toujours flatteuse pour nous, humains. Dans cette revue on apprend que certains traits, présentés comme spécifiquement humains" dans de nombreuses publications ne sont pas notre apanage exclusif, bien au contraire. Alors, à certaines époques, il y a eu un fort parti-pris pour séparer l'homme de l'animal. Nous sommes actuellement dans une époque où certains rêvent de nier des éventuelles différences entre les humains et les animaux. Les 2 démarches sont excessives, et donc vouées à l'échec. L'homme est un animal comme les autres, et comme tous les animaux, il a ses spécificités. Et ce comparer peut nous inciter à être un peu plus modeste. Car l'homme n'est que rarement exceptionnel. Par exemple, voici le [ur=https://fr.wikipedia.org/wiki/Geai_des_ch%C3%AAnes]geai des chênes.[/url]

Image

Un corvidé qui pèse de 140 à 190 gr, et donc le cerveau doit pèse une vingtaine de grammes. Hé bien, le geai des chênes est capable de mémoriser 2000 sites de cache où il cache des réserves de nourriture... Oui, je sais, il y a des humains capables de se rappeler les 15 000 vers de l'Illiade avec notre cerveau de 1400 gr. Bref, je conseille la lecture de cette revue, surtout si vous voulez comprendre quelle est la vraie place de l'homme en terme de capacités cognitives.

Et justement, quelle est cette place ? Concernant nos capacités cognitives, les scientifiques se sont rendus compte depuis longtemps que l'on pouvait placer les différents animaux sur un graphique si on tient compte du rapport du poids du cerveau par rapport au poids de l'animal. Et on obtient le graphique suivant :

Image

https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/1/1b/Brain-body_mass_ratio_for_some_animals_diagram.svg/1920px-Brain-body_mass_ratio_for_some_animals_diagram.svg.png

Globalement, il y a le trait qui représente la moyenne ou la "norme". Les animaux situés sous la droite auraient un cerveau plus petit que la normale, les animaux situés au-dessus de la droite ont un cerveau plus grand, de là à dire qu'ils sont plus intelligents .... il y a un pas que tout le monde ne franchit pas. Le podium est partagé entre 3 espèces : certaines souris, les dauphins et les humains. On peut constater que certaines espèces très proches n'occupent pas la même place dans le graphique. Il y a une espèce de souris qui est très au-dessus du graphique, les rats sont sur la ligne et une autre espèce de souris qui a un petit cerveau...

L'autre constations, c'est que les animaux domestiqués ont souvent un cerveau plus petit. Au fait, nous ne sommes pas la seule espèce animale qui en a domestiqué des animaux, il y a un article là-dessus dans la revue. Mais, d'après certains spécialistes, il est possible que nous soyons la seule espèce qui se soit "auto-domestiquée".... ;)


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Message Publié : 12 Août 2019 14:47 
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PS, en ce qui concerne les humains, il y a un article intéressant à lire sur wikibooks : [url]Neurosciences/Le cerveau dans le règne animal[/url]

Image

https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/3/31/Hominins_2002.png?uselang=fr


Et en fait, le plus important pourrait être : La répartition des neurones : l'importance du cortex cérébral

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La répartition des neurones dans le cerveau est aussi à prendre en compte. Par exemple, les éléphants ont beaucoup plus de neurones que les humains, mais la répartition n'est pas la même. Les éléphants ont beaucoup de neurones dans leur cervelet, mais peu dans le cortex cérébral. Par contre, c'est l'inverse chez les humains et les oiseaux, qui ont un cortex bien plus développé. Fait intéressant, le nombre de neurones dans le cortex semble corrélé à l'intelligence, dans les comparaisons inter-espèces. Cela semble assez clair dans les comparaisons entre singes, par exemple : plus une espèce de singe a de neurones dans le cortex, plus ses capacités cognitives semblent évoluées. Même chose si on compare l'ensemble des mammifères. Par exemple, les baleines, puis les humains, suivis par les singes et les oiseaux, ont beaucoup plus de neurones corticaux que les autres espèces. Pour comparer, les éléphants n'ont que 3 fois de neurones corticaux par rapport aux humains. Ajoutons enfin que des paramètres comme la densité de neurones peut aussi jouer (des neurones proches mettent moins de temps à se transmettre des influx nerveux, d'où un traitement plus rapide). Voilà de quoi comprendre un peu mieux les faibles corrélations entre taille du cerveau et intelligence...


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Message Publié : 12 Août 2019 18:33 
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Jean Froissart
Jean Froissart
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Hum... J'ai lu quelque part (mais dans quoi et quand !) que ce qui a tout changé, chez l'homme par rapport aux animaux, c'est la station verticale. En changeant son centre de gravité, il a aussi changé l'organisation de son cerveau (même si ça n'a pas du être à effet immédiat, j'imagine !...). Donc, aux origines, ses capacités cognitives étaient identiques (avec des + et des - selon le graphique ci-dessus) aux autres espèces : s'adapter pour survivre, communiquer d'une façon ou d'une autre pour prévenir d'un danger ou d'une source de nourriture, etc. Puis station debout, centre de gravité qui change, cerveau qui s'organise différemment, neurones dans la foulée... et l'animal-homme devient plus homme qu'animal.

Ceci dit, avoir de telles capacités cognitives et un tel nombre de neurones pour inventer la télé-réalité et le hamburger... c'est quand même à pleurer !


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