Bonjour,
*Beloved* a écrit :
J'ai vu il y a quelques temps un reportage très intéressant sur les différentes migrations, en Amérique, des européens au cours de la préhistoire. En effet, ils expliquaient qu'une partie de l'atlantique était à différentes périodes recouvert de glace et qu'il pouvait être un point de passage évident des européens.
Pour ma part, je suis très dubitatif sur les explications de passage d'un continent à un autre par les voies "glaciaires". Je m'explique :
De tout temps les glaciers et calottes ont toujours constitué des obstacles quasiment infranchissables. Même de nos jours il convient d'être super-équipé pour ne pas risquer de pépin.
Imaginez à l'époque préhistorique :
- glacier = crevasses, dégels locaux, terrain tout sauf uniforme, blizzards, ours, etc. Froid intense permanent de -20, -30°
- inlandsis : se termine quasiment toujours en falaise sur la côte. Il faut grimper pour arriver sur le plateau. Dangereux et réservé aux super-motivés. En outre, la calotte est toujours précédée d'une zone plus ou moins large de banquise, obstacle redoutable que l'on ne franchira vraiment qu'au XIXe.
- déplacements à pied. On va dire 20 kms/jour au mieux
- abris : aucun. Sauf à faire des igloos (minimum d'outils)
- nourriture : aucune. Nécessité d'emporter des tonnes de nourriture pour espérer survivre. Rappelons nous la tragédie de Scott en 1911 au Pôle Sud
- chauffage : aucun arbre, aucune bouse, rien qui puisse brûler
- longueur à couvrir entre Europe et Amérique sur glacier : 3000 kms au minimum. Plusieurs mois de traversée.
- individus : pour créer un noyau en Amérique, il aurait fallu que cela concerne au départ une tribu de plusieurs dizaines d'individus.
Autre variante liée aux ponts glaciaires : le cabotage en bordure. Mais là encore, même au Moyen Age les navires ne s'aventuraient pas aux abords des zones glaciaires compte tenu au premier chef des dangers absolus de la navigation dans ces zones. Sans parler de la raison profonde : pour y chercher quoi ?
Autant le cabotage en lisière du pont du détroit de Béring entre Asie et Amérique me parait plausible, du fait que l'arc méridional de la côte d'Alaska et du Canada semble avoir toujours été, plus ou moins, libre de glaces, et donc les distances à parcourir au travers de secteurs galcés sont finalement assez courtes, autant dans l'Atlantique Nord cela me parait relever de la pure théorie.
La différence avec l'exemple des inuits réside dans le fait que, même s'ils parcourent régulièrement l'inlandsis ou la banquise (avec des chiens, soit dit au passage, dont la domestication semble remonter au début du néolithique), en réalité leur mode de (sur)vie est lié aux zones rocheuses littorales et aux ressources de la mer.
Bruno