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Message Publié : 16 Sep 2005 14:45 
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Jean-Pierre Vernant
Jean-Pierre Vernant

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Là, j'aimerais que l'on m'explique quel était l'intérêt, pour les Inuit, d'aller vivre sur la banquise pendant plusieurs générations. Plus agréable? Plus de nourriture? Trop chaud ailleurs? Goût pour risquer sa vie à chaque débâcle, et d'ailleurs aussi entre temps?

Suivre les grands mammifères, éventuellement sous pression d'autres groupes bien installés sur les secteurs plus favorables ?
Souvent, on a du mal à comprendre pourquoi des espèces animales ou des groupes humains sont allés coloniser des milieux fort peu avenants... et pourtant ç'a été fait...


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 Sujet du message : Inhospitaliers?
Message Publié : 16 Sep 2005 16:31 
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Hérodote
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Que, pour suivre les rennes, les esquimaux se soient installés dans un milieu peu hospitalier, d'accord. Mais justement, les grands mammifères n'allaient pas sur la banquise, à quelques phoques près (pas de quoi manger!), et il n'était pas nécessaire pour les phoques de s'y installer à demeure.
Quand à la colonisation de milieux inhospitaliers... s'ils ont été colonisés, c'est qu'à un moment, ils ont été hospitaliers, ou en tout cas préférables, au pire de même qualité que ceux habituellement pratiqués. Si les hommes nés sous les tropiques sont montés vers le nord proche-oriental et européen, c'est lors d'un réchauffement qui faisait migrer leur gibier habituel aussi d'ailleurs, et transformait certainetment le climat entre les tropiques, pas pour y affronter un froid polaire, à quelques mois d'hiver véritable près, et avec le feu.
La colonisation de milieux inhospitaliers a une raison, toujours. Une route de l'ambre, par exemple. Elle ne se fait pas par hasard.


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Message Publié : 16 Sep 2005 18:48 
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Grégoire de Tours
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Ces premiers Inuits ou Eskimaux à accéder aux rives polaires trouvèrent sans doute des ressources animales considérables. Des troupeaux de phoques géants, aujourd'hui disparus, qu'on abattait d'un coup de gourdin bien appliqué et qui ne s'enfuyaient pas devant les hommes ... exactement comme le Dodo de l'Île Maurice ou ceux de Madagascar.

Il devait y avoir des troupeaux infinis de palmipèdes, de baleines, dont le Narval presque disparu aujourd'hui. Puis ils ont mangé les derniers mammouths et les derniers bisons géants peut-être même les derniers rhinocéros laineux?

Les Inuits contemporains sont peut-être les vestiges de cette époque glorieuse d'abondance et de bombance ?

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Spartacus avait raison ...


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Message Publié : 16 Sep 2005 19:17 
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Jean-Pierre Vernant
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Que, pour suivre les rennes, les esquimaux se soient installés dans un milieu peu hospitalier, d'accord. Mais justement, les grands mammifères n'allaient pas sur la banquise, à quelques phoques près (pas de quoi manger!), et il n'était pas nécessaire pour les phoques de s'y installer à demeure.

Non, mais quelle était la distance réelle de banquise à franchir, sans côte "vraie" ?

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Quand à la colonisation de milieux inhospitaliers... s'ils ont été colonisés, c'est qu'à un moment, ils ont été hospitaliers, ou en tout cas préférables, au pire de même qualité que ceux habituellement pratiqués.

Pas forcément du tout. Il suffit qu'il y ait concurrence trop sévère qui oblige à aller plus loin. C'est d'ailleurs une donnée d'écologie, pas seulement d'anthropologie - et les chasseurs-cueilleurs sont à bien des égards soumis aux règles classiques de l'écologie. Prenez un jeune Pic noir qui quitte le nid, il va se faire virer manu militari in summa diligentia de chaque quartier de forêt où il va tenter de s'établir et finalement s'installer dans un parc urbain où il survivra en se serrant la ceinture. C'est là un milieu pire que toutes les forêts à Pic noir connus. Je pourrais vous donner des tas de tels exemples.
Si en supportant le froid, on avait pu suivre certains mammifères "migrateurs" là où personne d'autre n'allait, ou découvrir des colonies de phoques ?

Citer :
Si les hommes nés sous les tropiques sont montés vers le nord proche-oriental et européen, c'est lors d'un réchauffement qui faisait migrer leur gibier habituel aussi d'ailleurs, et transformait certainetment le climat entre les tropiques, pas pour y affronter un froid polaire, à quelques mois d'hiver véritable près, et avec le feu.

Rien ne le garantit ! Imaginons l'Europe accueillante : ce n'est pas tout, il faut encore avoir une raison de quitter l'Afrique... pour les hommes comme pour les mammifères avant eux. Pour cela, il faut qu'il ne soit plus possible de rester. C'est le cas de nos hirondelles : quelle idée saugrenue ont-elles de revenir en Europe au printemps ? Et bien, il y a plusieurs dizaines d'espèces africaines qui les concurrencent au point qu'à la saison des nids, il n'y a plus assez de proies pour tous. Alors, on "se décide" à prendre le risque mortel de migrer, rejoindre des réservoirs de proies inaccessibles à ceux qui ne le prennent pas. Même topo pour les chasseurs-cueilleurs d'Afrique. S'ils partent, c'est que la viande manque en Afrique et pas seulement qu'il y en a ailleurs -sinon, aucun intérêt.
Raison probable de ce manque de proies à l'échelle d'un groupe : la concurrence.
Un prédateur ne quitte son territoire que lorsqu'il n'a plus le choix. Et dans ce cas, il peut être amené à errer jusqu'à un coin qui sera rien moins qu'un paradis terrestre, mais qui lui offre des ressources, même si c'est au prix d'efforts ou de souffrances.
Pourquoi nos anciens Sibériens ou nos anciens chasseurs d'Afrique auraient-ils obéi à un autre schéma ? Ils ont pris des risques pour manger.

Citer :
La colonisation de milieux inhospitaliers a une raison, toujours. Une route de l'ambre, par exemple. Elle ne se fait pas par hasard.

Cf ci dessus. Trouver un territoire libre avec des ressources auxquelles on a suffisamment accès pour survivre et se perpétuer.
C'est même la loi d'or du monde vivant :wink:


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Message Publié : 17 Sep 2005 23:55 
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Ces premiers Inuits ou Eskimaux à accéder aux rives polaires trouvèrent sans doute des ressources animales considérables. Des troupeaux de phoques géants, aujourd'hui disparus, qu'on abattait d'un coup de gourdin bien appliqué et qui ne s'enfuyaient pas devant les hommes ... exactement comme le Dodo de l'Île Maurice ou ceux de Madagascar.
Il devait y avoir des troupeaux infinis de palmipèdes, de baleines, dont le Narval presque disparu aujourd'hui. Puis ils ont mangé les derniers mammouths et les derniers bisons géants peut-être même les derniers rhinocéros laineux?

Citer :
Non, mais quelle était la distance réelle de banquise à franchir, sans côte "vraie" ?

Je voudrais qu'on précise bien ceci: si l'on sous-entend qu'il n'était pas très difficile d'y aller par pirogue, par exemple, ou le temps d'un trajet rapide, cela se discute, mais le débat est différent et les arguments le seront. Vivre sur la banquise, c'est très différent, et je considère cette proposition comme plutôt "ridicule".
Vivre sur une côte hors banquise, même par temps très froid, c'est bien différent de la banquise tout court. Pour aller chasser les troupeaux de baleines, il fallait déjà une bonne technique de chasse, et elle n'a pas été inventée si facilement, sans morts. Quant aux mammouths et aux bisons géants et autres rhinocéros laineux, au pied du glacier, oui, mais sur la banquise, non. Avez-vous vu quelque herbage pour eux sur la banquise? Sans parler des autres conditions de vie.
Il reste cependant de la viande, le phoque, et bien sûr le poisson. C'est peu par rapport à l'abondance des régions plus tempérées. Et surtout cela ne suffit pas. Vivre sur la banquise, à cette époque, c'est vivre sans matières premières rocheuses, sans peaux, sans ivoire, sans rien pour faire des filets, sans bois à brûler, sans herbes qui servaient à autre chose qu'à la salade; à l'exception de quelques phoques et des poissons, les sources de matière sont rares, très rares. Les esquimaux ont pu s'en tirer grâce aux troupeaux de rennes, mais sans eux, qui ne vont pas sur la banquise? Bref, envisager comme évidemment facile un saut dans le changement des modes de vie aussi complet, sur tous les plans à la fois, et pas seulement techniquement, du pied du glacier à la banquise, est naïf. Qu'on ait envie de le faire pour quelque raison que ce soit est très peu crédible.

Un voyage par pirogue, faisable en quelques mois, à l'aide de courants, pour des populations habituées à voyager en famille par mer, une fois le chemin reconnu par des voyages antérieurs, semble plus envisageable, sous réserve de choisir une période où, historiquement, les glaciers ont fondu beaucoup; mais les mêmes questions se posent: pourquoi déménager? Comment voyager nombreux ainsi? Un tel voyage ne se fait pas sans morts. Et il est de toute façon bien plus facile côté Pacifique, car toutes les raisons présentées sont valables pour l'Alaska, et combien plus facilement côté Alaska.

Citer :
Il suffit qu'il y ait concurrence trop sévère qui oblige à aller plus loin. C'est d'ailleurs une donnée d'écologie, pas seulement d'anthropologie - et les chasseurs-cueilleurs sont à bien des égards soumis aux règles classiques de l'écologie.
...
Imaginons l'Europe accueillante : ce n'est pas tout, il faut encore avoir une raison de quitter l'Afrique... pour les hommes comme pour les mammifères avant eux. Pour cela, il faut qu'il ne soit plus possible de rester. C'est le cas de nos hirondelles : quelle idée saugrenue ont-elles de revenir en Europe au printemps ? Et bien, il y a plusieurs dizaines d'espèces africaines qui les concurrencent au point qu'à la saison des nids, il n'y a plus assez de proies pour tous. Alors, on "se décide" à prendre le risque mortel de migrer, rejoindre des réservoirs de proies inaccessibles à ceux qui ne le prennent pas. Même topo pour les chasseurs-cueilleurs d'Afrique. S'ils partent, c'est que la viande manque en Afrique et pas seulement qu'il y en a ailleurs -sinon, aucun intérêt.

Mais pourquoi voulez-vous réduire les conditions de vie aux proies pour se nourrir? Le climat est une condition bien plus essentielle. C'est vrai en particulier pour les migrations d'oiseaux. En hiver: on ne reste pas là où il fait trop froid pour survivre. En été: on part de là où il fait trop chaud. Résultat: on vit à peu près dans les mêmes températures toute l'année, celles auxquelles on est bien adapté. S'il s'agissait de suivre les proies, pourquoi traverser une mer où il n'y en a pas pour de nombreuses espèces? Les mammouths se sont réfugiés au pied du glacier lors du réchauffement, parce que c'est le seul endroit où persistaient les conditions climatiques auxquelles ils étaient adaptés, pas en raison d'une concurrence; et de même pour d'autres espèces. Les mammouths s'y sont éteints quand même dans ces régions les conditions climatiques ne leur ont plus convenu. (Et ils n'ont pas essayé de vivre sur la banquise!) Les rennes et les rhinocéros ne s'orientent pas vers le nord en raison de la concurrence, mais parce qu'ils fuient les moustiques des terres chaudes et humides du sud ou ne veulent pas s'enliser dans les fondrières boueuses (problème du mammouth aussi d'ailleurs).

Le risque de migration est mortel sur la banquise, pas d'Afrique en Europe en passant par le Proche-Orient, les conditions de vie sont excellentes sur ce chemin jusqu'à la fin aux époques de réchauffement climatique, et ce chemin est emprunté par les proies habituelles en même temps que par les hommes. Par contre, un réchauffement entraînant un changement de paysage entraîne, sans concurrence, la disparition des espèces animales qui recherchent un type de paysage particulier et suivront leur chemin selon les conditions climatiques, et d'autres restent. Mais le réchauffement ne convient pas non plus aux hommes, adaptés à un climat particulier au long des siècles: en fait, dans ce chemin vers l'Europe, ils n'ont fait que voyager à climat à peu près constant, dans un environnement tout aussi accueillant que leur environnement originel, avec les mêmes espèces animales, les mêmes conditions de vie. C'est rester dans un climat très différent, avec l'adaptation indispensable, qui exigerait le plus d'effort. Dans ces conditions, pourquoi ne pas voyager, plutôt? Les clans humains étaient de toute façon au moins semi-nomades, et peu attachés à leurs demeures, avec très peu d'outils permanents qui auraient alourdi le bagage, utilisant les laines, herbes, peaux, bois et pierres sur place et se déplaçant là où l'on trouvait des ressources au lieu de stocker beaucoup. Ce qui comptait pour eux sur cette route, c'était qu'elle reste abondante en ressources tout au long. Et elle l'était d'Afrique en Europe. Elle l'était de moins en moins sur place avec le réchauffement, qui exigeait par ailleurs toute une adaptation. Donc pourquoi rester dans un lieu moins hospitalier? Il ne s'agit pas de concurrence.


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Message Publié : 18 Sep 2005 10:24 
Les Inuits et autres peuples qui vivent de la banquise vivent mieux justement sur la cote, c'est à dire là où ils peuvent acceder facilement aux ressources de la mer: poissons, phoques et autres mammiferes marins.

Dans le contexte d'un hemisphère nord en pleine glaciation, la dernière, on néglige trop souvent de telles population qui déjà avaient les moyens et les connaissances techniques pour vivre de la même manière. C'es un mode de vie et non pas de survie extrème.

Les inuits, n'ont pas besoin de bois pour faire du feu et contrairement à ce que vous dites, n'utilisent pas en priorité le caribou (le renne).

Considérant que sous cette dernière glaciation la banquise dont on ne connait pas le tracé exact pouvait relier les differents continents, il n'y a absolument rien d'extraodinaire à penser que des groupes humains aient pu ici comme ils l'ont fait dans d'autres circonstances et d'autres lieux et d'autres climats, effectuer de longs trajets sur plusieurs générations avec des techniques de vie en un milieu qui pour nous est hostile mais qui a déjà donné la preuve qu'il peut être nourricier pour peu que l'on sache s'y adapter par des techniques allimentaires, de chasse, de peche.


Seule une barriere intellectuelle basée sur le dogme de l'emigration d'orgine asiatique exclusivement par berhing nous empeche de l'envisager.

la glaciation se terminant il y 10 000 ans, seules ces dernières auraient pu continuer à "passer" d'Asie aux Ameriques puisque la banquise a retrécis.


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Message Publié : 18 Sep 2005 10:33 
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Jean-Pierre Vernant
Jean-Pierre Vernant

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Je voudrais qu'on précise bien ceci: si l'on sous-entend qu'il n'était pas très difficile d'y aller par pirogue, par exemple, ou le temps d'un trajet rapide, cela se discute, mais le débat est différent et les arguments le seront. Vivre sur la banquise, c'est très différent, et je considère cette proposition comme plutôt "ridicule".

Tout le monde a bien compris. C'est pour cela qu'on ne peut pas examiner les hypothèses sans une carte. Il faut se mettre les pieds dans les bottes, si j'ose dire, de ces ancêtres et se poser leur problème.

Citer :
mais les mêmes questions se posent: pourquoi déménager? Comment voyager nombreux ainsi? Un tel voyage ne se fait pas sans morts. Et il est de toute façon bien plus facile côté Pacifique, car toutes les raisons présentées sont valables pour l'Alaska, et combien plus facilement côté Alaska.

Quand pour une raison X, on y est contraint.

Citer :
Mais pourquoi voulez-vous réduire les conditions de vie aux proies pour se nourrir? Le climat est une condition bien plus essentielle. C'est vrai en particulier pour les migrations d'oiseaux. En hiver: on ne reste pas là où il fait trop froid pour survivre. En été: on part de là où il fait trop chaud.

Non, non et non ! Je suis désolé, mais c'est faux. Un peu de biblio sur les oiseaux migrateurs vous le confirmera facilement, par exemple le livre consacré aux hirondelles de nos régions chez Delachaux (Sériot & Alvès). D'ici là, je vous demande de me croire, faute de mieux :wink: cela touche directement mon métier. Les oiseaux migrent quand les proies se raréfient. Sauf vague de froid vraiment extrême, un oiseau qui se nourrit correctement ne meurt pas de froid. Les hirondelles suivent très exactement le déplacement de l'isotherme 8°C, limite en-dessous de laquelle les insectes volants disparaissent. Et le Faucon hobereau fait de même car il prédate les hirondelles. Le Faucon crécerelle, chasseur de petits rongeurs, de calibre identique à celui du Hobereau, reste, car ses proies restent. Il affronte l'hiver sans broncher tant qu'il peut se nourrir. C'est la ressource en nourriture, la ressource en énergie accessible qui commande. Le climat n'intervient que par cet intermédiaire. Vous en trouverez force confirmations et illustrations dans un livre d'écologie.

Citer :
Les mammouths se sont réfugiés au pied du glacier lors du réchauffement, parce que c'est le seul endroit où persistaient les conditions climatiques auxquelles ils étaient adaptés, pas en raison d'une concurrence

Parce qu'ils y trouvaient de quoi se nourrir, et aussi qu'ils étaient moins... pourchassés par l'homme.

Citer :
et de même pour d'autres espèces. Les mammouths s'y sont éteints quand même dans ces régions les conditions climatiques ne leur ont plus convenu.

Parce que le radoucissement global permettait l'apparition de la forêt, à laquelle les grands animaux sont peu adaptés. Mais nous ne sommes plus dans le cas des migrations dont nous parlions précédemment.

Citer :
Les rennes et les rhinocéros ne s'orientent pas vers le nord en raison de la concurrence, mais parce qu'ils fuient les moustiques des terres chaudes et humides du sud ou ne veulent pas s'enliser dans les fondrières boueuses (problème du mammouth aussi d'ailleurs).

Ils fuient la forêt qui ne leur convient pas du tout. Il y a bien plus de moustiques dans la toundra que sous nos latitudes !

Citer :
C'est rester dans un climat très différent, avec l'adaptation indispensable, qui exigerait le plus d'effort. Dans ces conditions, pourquoi ne pas voyager, plutôt?

Ce sont des chasseurs nomades qui suivaient les grands troupeaux, oui...

Citer :
Donc pourquoi rester dans un lieu moins hospitalier? Il ne s'agit pas de concurrence.

Vous prenez le problème à l'envers en affirmant l'impossibilité de passer aux temps où le détroit était gelé et en postulant que par définition, il est impensable que des groupes humains aient dû abandonner les territoires faciles sous la pression d'autres groupes, jusqu'à devoir se risquer plus loin... Forcément, "ça marche". :roll:


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Message Publié : 18 Sep 2005 17:18 
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Cuchlainn a écrit :
Citer :
Les mammouths se sont réfugiés au pied du glacier lors du réchauffement, parce que c'est le seul endroit où persistaient les conditions climatiques auxquelles ils étaient adaptés, pas en raison d'une concurrence

Parce qu'ils y trouvaient de quoi se nourrir, et aussi qu'ils étaient moins... pourchassés par l'homme.

Les mammouts ont passé facilement plusieurs périodes inter-glaciaires et on les trouve même dans des plaines qui à l'époque étaient tempérées. Il semblerait qu'ils se soient trop spécialisés et n'aient pas survécus au dernier réchauffement. Pour ce qui est de l'extinction si elle etait de la main de l'homme, il faudrait expliquer comme une population de plusieurs milliers d'animaux pesant plusieurs tonnes aurait pu disparaitre sous les coups de la chasse humaine. Il faut se souvenir qu'à l'époque la population humaine mondiale est estimée à quelques centaines de milliers d'humains. Celle de l'Europe aurait été de 5 à 6000 individus. Donc, comment 1000 ou 1500 chasseurs auraient pu éliminer en peu de temps quelques 3 à 4000 mammouths ? Ils en tuaient un chaque fois qu'ils voulaient deguster un steack ? De plus, les mammouths disparaissent aussi d'endroits ou la présence humaine n'est pas avérée. Je sais que pour beaucoup de personne l'humanité est mère de tous les maux, mais ne pousse-t-on pas le vice un peu loin ?


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Message Publié : 18 Sep 2005 18:07 
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Grégoire de Tours
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En Amérique, les pointes de Clovis ne servaient pas à chasser l'écureuil préhistorique. De plus Mammouth et Mastodontes avaient survécu à toutes les époques interglaciaires précédentes ... jusqu'à l'arrivée des premiers hommes qui ont tué TOUTE la Mégafaune d'Amérique: chevaux, bisons géants, castors géants, paresseux géants, cerfs mégacérops, lions géants, tigres à dents de sabre, la liste est TRÈS longue ...

C'était la deuxième extinction de masse produite par notre Espèce. La première se passa en Australie vers 40,000 avant JC. Le troisième de ces massacres est l'extinction de masse survenue à Madagascar au début de notre Ère.

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Message Publié : 18 Sep 2005 20:34 
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Jean-Pierre Vernant
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Citer :
Je sais que pour beaucoup de personne l'humanité est mère de tous les maux, mais ne pousse-t-on pas le vice un peu loin ?

Attention, on parle bien de la période où l'essentiel du territoire disponible pour les mammouths se boise, et où l'Europe devient peu accueillante. Ce sont les populations qui ont tenté de chercher au Nord les milieux prairiaux qui leur conviennent, très réduites, qui auraient fini par être détruites par des chasseurs-cueilleurs qui, eux aussi, les ont pourchassés pour ne pas changer de mode de vie. Sans ce facteur humain, il pourrait sans doute rester quelques populations relictuelles comme l'ont été un temps les mammouths taille jivaro de l'île Wrangel.


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Message Publié : 19 Sep 2005 17:08 
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Toute la méga-faune disparait en même temps, sur pratiquement toutes les terres du globe. Les éléphants sont les animaux les plus grands qui survivent, il ne reste plus qu'environ 150 gros mammifères (150 espèces, pas animaux). Que les hommes en chassant les derniers exemplaires aient précipités la fin d'accord. Mais de là à tenir les hommes commes seuls responsables de cette extinction de masse, il y a un pas que je refuse de franchir. Cette démarche d'accuser systèmatiquement les humains de tous les malheurs subvenus à la faune depuis leur apparition me parait peu scientifique et plus idéaliste qu'autre chose. Les chasseurs humains sont un facteur parmis d'autres; pas le facteur.
Pour la science a sorti il y a 2 ans un spécial "Mammouth", ils y parlent des extictions massives de la fin de l'Ordovicien.
Citer :
Que nous apprennent tous ces témoignages sur les causes probables de l'extinction du mammouth ? D'abord, les changements du climat et de la végétation modifièrent sans aucun doute les territoires et entraînèrent le déclin du mammouth laineux, ainsi que celui d'autres espèces de la mégafaune d'Eurasie septentrionale. Toutefois, ce changement environnemental fut-il le seul responsable ? Probablement non.
Par exemple, pourquoi le mammouth s'est-il retiré d'Europe méridionale après 16 000 ans, et pourquoi n'a-t-il pas recolonisé qu'une fraction limité du vaste habitat steppique froid durant le Dryas récent ? Les humains ont-ils joué un rôle ? On l'ignore encore, mais nos connaissances des archives archéologiques et de l'histoire de la faune s'améliorent chaque jour : la réponse sera peut-être bientôt en vue.

Je croyais que l'on était ici pour cerner la réalité, j'ignorais que c'était pour la couvrir de nos oripaux idéalistes.


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Message Publié : 19 Sep 2005 19:13 
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Jean-Pierre Vernant
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Citer :
Mais de là à tenir les hommes commes seuls responsables de cette extinction de masse, il y a un pas que je refuse de franchir.


Je ne crois pas que grand-monde le franchisse. La perte d'habitat engendrée par le radoucissement de grande ampleur, qui remplace les vastes prairies par la forêt (ou la mer du Nord...) est très certainement le facteur prépondérant. Les zones restées ouvertes se réduisaient à des contrées très nordiques, peu hospitalières. Difficile de survivre pour l'essentiel de cette faune.
Cependant, on sait que des hommes ont poursuivi les populations de plus en plus relictuelles, et c'était tout à fait logique : c'était leur mode de vie depuis des millénaires. Combien ont suivi cette logique et porté le coup de grâce à des populations fortement réduites par ailleurs ? Pour le savoir, il faudrait des vestiges attribués à des chasseurs-cueilleurs contemporains des derniers spécimens de grande faune de climat froid.

On n'a pas non plus à rejeter d'un revers de main ces hypothèses, en particulier celle que l'homme ait pu faire franchir le seuil fatal de la population relique à l'extinction dans tel ou tel cas, sous prétexte qu'elle ferait trop écolo. :roll: Que l'homme ait ou non exterminé de sa main le dernier mammouth, cette époque a dû être difficile à vivre pour lui : c'est son monde qui s'écroulait.


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Message Publié : 19 Sep 2005 22:24 
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Grégoire de Tours
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Narduccio a écrit :
Toute la méga-faune disparait en même temps


mais vous devriez ajouter, il me semble, "au fur et à mesure de l'arrivée de l'Homme" ...

Par exemple, Madagascar comptait dans sa 'Mégafaune' des spécimens de Lémuriens qui dépassaient 200 kgs chacun.... Cependant la Microfaune de Madagascar fut elle aussi exterminée à l'apparition de l'Homme sur son sol, au début de notre Ère, comme les éléphants ou les hippopotames nains ...

Toutes ces vies, en Australie, en Amérique, et à Madagascar, avaient perduré des MILLIONS d'années mais disparurent totalement en quelques siècles ou millénaires dès en contact avec notre Espèce ...

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Message Publié : 20 Sep 2005 5:54 
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D'un côté, les arguments climatiques existent et je penche plutôt en leur faveur :
Citer :
En fait, les mammifères herbivores sont plus sensibles aux changements dans la composition de la flore dus à un bouleversement climatique qu’aux variations de températures elles-mêmes. […]
De même, et contrairement à une idée reçue, un réchauffement peut être aussi dommageable pour la faune qu’un refroidissement. […] le mammouth, le rhinocéros laineux, les ancêtres du bison, etc. ont disparus à la fin de la dernière glaciation et non au début. […] La hausse conjointe des températures et de l’humidité a couvert de forêts des régions où dominaient préalablement la steppe et la toundra. […] avec ses bois de 2,50 m d’envergure, le mégacéros, par exemple, devait éprouver les pires difficultés à évoluer dans des taillis ou des futaies denses. […]
On sait, à l’inverse, que l’apparition d’un climat froid et sec engendre la disparition des forêts et le développement de steppes arbustives ou de savanes recouvertes de graminées. Or, les herbivores forestiers, comme le cerf, le chevreuil et le tapir, dont le menu se compose habituellement de feuilles et d’écorce, finissent par perdre leurs dents s’ils sont soumis à un tel régime.

1990, S&V 877, 48-49

De l'autre côté, ces espèces avaient traversé quelques déglaciations. La seule différence avec la dernière déglaciation était l'omniprésence de sapiens.


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Message Publié : 20 Sep 2005 6:01 
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Hérodote a écrit :
mais vous devriez ajouter, il me semble, "au fur et à mesure de l'arrivée de l'Homme" ...


Ben non, justement, ce serait trop simple.
Prenons l'ours des cavernes, disparu, il y a 23 000 ans. Il a cohéxisté avec l'homme pendant des dizaines de milliers d'années, sans trop de problème. Au XIXème siècle, quand on a retrouvé les premières grottes emplies d'empilements d'ours des cavernes ont a tout de suite pensé que seul l'homme avait pu tuer tous ces ours. Ces grottes étaient donc des répères de chasseurs du paléolithique. Des chercheurs ont montré qu'en fait, il ne semble pas y avoir justaposition de la présence des ours et des hommes. De plus, la plupart des squelettes d'ours ne sont pas démembrés, la nouvelle explication c'est que des générations d'ours ont vécu et sont morts dans ces cavernes, et qu'ils sont morts naturellement. De temps en temps, quand pour une raison inconnue les ours désertaient ces cavernes, des humains en profitaient pour y vivre. Mais apparemment, les squelettes ne sont pas les reliefs de nos aieux.
De plus, la disparition des espèces de la méga faune semblent plus correspondre à des exigences écologiques.
je me permet de citer à nouveau l'article de pour la science:
Citer :
d'abord, les espèces ont chacunes disparu à une époque différente : chaque animal réagit différemment, du moins partiellement en fonction de ses éxigences propres.
Pour la plupart, les espèces de la mégafaune furent profondément affectées par le dernier maximum glaciaire, entre 20 000 et 16 000 ans. Les territoires de certaines d'entre elles, tels le mammouth et le cerf géant, se réduisent spectaculairement, se retirant totalement de l'Europe occidentale, tandis que l'ours des cavernes et la hyène des cavernes disparaissaient de l'Eurasie septentrionale. A cette époque, plusieurs lacunes dans les archives archéologiques de nombreuses régions montrent que la majeure partie de l'Europe centrale et méridionale devint également inhospitalière pour les humains. Ces évènements sont corrélés avec le froid intense, la glaciation étendue et la détérioration de la végétation survenues durant le dernier interglaciaire.

Donc, dans certaines zones, les humains et les animaux constituant la méga-faunes disparaissent en même temps. Les humains sont revenus, pas les animaux de la méga-faune.
Les humains ont peut-être donné le "coup de grace fatal", mais n'ont surement pas été la cause principale.
Hérodote a écrit :
Toutes ces vies, en Australie, en Amérique, et à Madagascar, avaient perduré des MILLIONS d'années mais disparurent totalement en quelques siècles ou millénaires dès en contact avec notre Espèce ...

Pour certaines espèces, il est a peu près sur que l'arrivée de l'homme fut l'élément perturbateur, pour d'autres le débat est ouvert. Certaines étaient déjà en voie d'extinction. dans certaines iles, il fut démontré que ce n'est pas l'homme qui fut la cause; mais les animaux qui l'ont accompagné: chien, chat, voire même les rats amenés dans les cales des bateaux.


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