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Bonjour à tous.
Ceci pour Cuchlainn: quand on parle de l'invention du feu, de la poterie, du métal, de la maçonnerie... on les attribue "aux préhistoriques" comme un grand vrac, alors que ce furent des inventions de civilisations bien précises à partir desquelles ces inventions se diffusèrent. Rendons-leur ce qui leur appartient. Tous les préhistoriques d'une même époque n'ont pas même niveau de civilisation (art, science, religion, avant tout). C'est telle civilisation préhistorique qui eut sur nous cette influence et pas une autre.
Bien sûr, mais encore faut-il réussir à le savoir... et j'ai croisé, parfois, des ouvrages qui tentent de le faire. On sépare bien les divers courants, les époques dans l'art préhistorique : aux Magdaléniens revient ceci, aux Aurignaciens ceci...
Je précise - je ne suis pas du tout historien ni étudiant en histoire. Je serais donc bien incapable de juger de l'importance que l'on accorde et du temps que l'on consacre à tel ou tel thème. Mais sur la question de distinguer quelque chose dans "les préhistoriques" et pour les inventions sus-citées, il y a une certaine quantité d'info même dans des livres qui me sont accessibles à moi, quidam lambda, c'est déjà ça. Est-ce qu'elle pourrait, devrait être plus approfondie ? qu'il y a un manque de prospection plutôt que de matériel ? c'est ce que j'ignore tout à fait, moi
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Et qui osera me faire croire que l'on définit la civilisation à partir de l'écrit?
Idem : j'ai toujours cru comprendre qu'on parlait de civilisations quand on était dans le domaine de l'histoire, ce qui implique écriture - mais comme je vous l'ai dit, n'étant pas historien, je peux commettre des erreurs qui vaudraient un lynchage public dans n'importe quel amphi de première année
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cette définition erronnée de l'histoire qu'on veut continuer à nous faire avaler aujourd'hui encore! et c'est en son nom qu'on réduit à néant dans notre culture les civilisations dignes de notre attention. Il y a heureusement un salut hors de l'écrit, et c'est pourquoi l'on fouille en archéologie d'ailleurs.
Ben justement : toujours en tant que quidam, il me semble à moi, qu'on étaie quand même pas mal l'étude des sources écrites par les fouilles. A voir, par exemple, comment on nous présente aujourd'hui les Celtes par rapport au temps de l'école laïkérépublicaine, on ne peut pas parler de réduction à néant. (je sais, les Celtes écrivaient, mais on n'a aucun texte d'eux, très peu de textes sur eux, ce n'est pas une civilisation bien accessible par les sources écrites, vous voyez ce que je veux dire).
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On ne peut reconstituer le savoir druidique, mais on en sait beaucoup. On ne sait pas grand'chose sur les chamans de Lascaux, mais on sait déjà beaucoup compte tenu de la faible durée d'étude des grottes ornées. Et en particulier, on sait qu'il y a une civilisation riche autour d'eux, même si l'on est loin de pouvoir en parler vraiment.
Encore que si on suit Emmanuel Anati, par exemple, le message a l'air beaucoup plus complexe qu'on l'a longtemps pensé, et qu'il y a encore du boulot... voire des choses totalement perdues...
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Ce qui fait l'histoire pour les historiens, en gros: une puissance politique centralisée dans un grand empire militaire dominant des peuples asservis au profit d'un monarque, voilà ce qu'est une civilisation. L'art, la science, la religion, ça a moins d'importance, on le voir à la portion congrue dans les études. Mais l'armée! la politique de conquête et de colonisation! Ah, ça c'est l'essentiel. On ne fait l'histoire que des grands empires
C'est spectaculaire, ça en impose, et c'est toujours plus classieux de fouiller un rempart médiéval qu'une ferme néolithique. Pourtant, moi, en restitution, c'est la ferme néolithique que je préfèrerais voir, parce que ça, c'est un monde que je ne visualise pas...
Et puis vous le dites vous-même, il ne faut pas être "défaitiste", on fait appel à de plus en plus de sciences pour traquer le plus petit matériel (miettes de charbon de bois, pollens...) et ramener à la lumière ce pourquoi l'écrit ne nous sert à rien, et ça marche. Un bouquin comme "Lyon avant Lugdunum", voilà un livre d'archéologie, grand public, étayé par une expo, tout entier consacré aux pages de l'histoire d'une ville et d'un site oubliées par l'écriture. N'a-t-on pas là un exemple de remise en cause de la prépondérance de l'Ecrit, justement ? en abandonnant le sacro-saint mythe de la ville fondée ex nihilo par Munatius Plancus... Voilà, c'est toujours mon point de vue très extérieur et imprécis : mais moi, je vois une science qui me met dans les mains, bien des informations sur "ce qui était là où il n'y avait pas d'écriture" - que je ne vois donc pas une tentative de réduire tout cela à néant.
Est-ce que tout ça ne dépend pas aussi de la connotation positive que l'on donne au mot civilisation - et en retour, de la connotation péjorative à ne pas employer ce mot à propos de telle ou telle culture ? Pour moi, il y a longtemps que le mot "civilisé" n'a plus rien de positif - ou alors par dérision - et que je ne mettrais pas de jugement de valeur dans l'emploi du mot "civilisation"... Est-ce que nos descendants nous jugeront civilisés ou barbares ?
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Ne m'en veuillez pas, mais nous avons tendance à confondre "l'histoire" avec celle de notre partie du monde.
Là, je suis entièrement d'accord.