Atlante a écrit :
Mais tout cela n'explique pas vraiment pourquoi la Préhistoire a duré si longtemps...
Recentrons donc le problème sur la durée de la préhistoire en évacuant les circonstances de son terme, si bien analysé grâce à l’intérêt et la qualité de toutes les interventions précédentes.
Je précise cependant que la Préhistoire ne m’est pas très familière et que des spécialistes pourront aisément reprendre mes propos ; mais de la confrontation naît la lumière, et c’est justement la problématique de ce que je vais avancer..
Une réflexion de
Lamy le 22 décembre, n’a pas été commentée, car la question (légitime) de l’écriture a surgi et mobilisé aussitôt toute notre attention, mais je pense que c’est dommage, car il a selon moi tout à fait raison :
Citer :
Je crois qu'il y a deux choses a dire en plus :
- 1° : Une découverte en entraine souvent une autre, plus y il a de découvertes faites, plus "la découverte" va vite, d'ou un début tres lent, et une accélération qui a encore lieu a l'haure ou je vous parle : regardes l'informatique par exemple !
- 2° :Les découvertes sont aussi le fruit du partage des conaissances, il fallait donc que la population atteigne un certain nombre pour que les échanges soient possibles et assez fréquents pour "mutualiser" certaines inventions ...
Très peu d’hommes, des distances énormes, une paire de jambes comme tout moyen de communication... Peut-on considérer comme valide l’idée que le progrès et l’innovation naissent en grande partie des échanges économiques (le commerce) ou militaires (la guerre, les alliances), et que les avancées technologiques, les échanges culturels, n’en sont que les conséquences fortuites ?
Pour ma part, j’y suis assez tenté. On ne se déplace pas avec le but a priori de faire part d’une trouvaille aux autres (ce serait plutôt le contraire, on veut la garder pour soi).
Or, pendant des millénaires, malgré les grandes migrations (grandes en extension, mais en masse ? j’avoue mon ignorance...), l’innovation technologique a probablement eu du mal à s’intensifier en raison de la pauvreté de ces échanges.
Un des indices de cette possibilité serait a contrario l’accélération que l’on note à l’âge du bronze, par exemple en Europe Occidentale (XIVème à IXème siècles), comme le prouve l’étude sur la similitude des épées retrouvées dans les régions de l’arc atlantique (voir ce site ici :
http://mappemonde.mgm.fr/num8/articles/art05405.htmlJ’en cite ici seulement l’introduction et la conclusion :
Citer :
Les épées en bronze trouvées dans différentes régions d’Europe occidentale et fabriquées du XIVe au IXe siècle avant notre ère se ressemblent de manière évidente. On déduit généralement de cette observation, bien connue des archéologues, l’existence de contacts entre des populations vivant dans des régions parfois très éloignées. Mais que peut-on dire de la nature de ces échanges (politiques, sociaux, artisanaux, culturels)?
Il existe donc en Europe occidentale, dès la préhistoire, des groupes qui, sans être forcément proches les uns des autres, ont des pratiques communes. Même dans les régions les plus éloignées, les hommes ont des habitudes culturelles ou artisanales très similaires, ce qui montre l’existence de circulations sur de très longues distances, sans qu’il y ait nécessairement des intermédiaires. Les mers et les fleuves ne sont pas des contraintes géographiques, mais bien des voies naturelles de circulations, depuis longtemps couramment utilisées.
Pour représenter l’intensification de ces échanges générateurs de progrès et d’innovation, je vais utiliser deux images audacieuses peut-être, mais selon moi assez correctes :
Les cellules nerveuses de notre organisme (les neurones) échangent de nombreuses informations entre elles au moyen de synapses. La synapse est la zone de jonction entre deux neurones : c'est le lieu de passage du message nerveux cheminant d'une cellule à l'autre. Dans notre cerveau, les synapses sont innombrables : des milliards de neurones établissent chacun plusieurs milliers de contacts, réalisant ainsi un véritable réseau de communication.
Voyons les microsociétés préhistoriques comme les neurones : plus elles se multiplient, plus elles se renforcent, plus les relations entre elles se développent, accélérant ainsi les possibilités d’innovation.
L’autre exemple est actuel : dans les technopôles, chacun sait que le regroupement sur une zone réduite de sociétés innovantes est en lui-même facteur d’innovation ; on ne se donne pas rendez-vous pour se communiquer ses travaux (s’ils sont complémentaires bien sûr, sinon bouche cousue !), mais on se rencontre dans les restaurants, les salles de sport, les terrains de tennis ou les piscines de ces espaces clos ; cela porte même un nom : « l’effet cafétéria ».
Tout se passerait donc comme si l’intensification des contacts provoqués par l’augmentation des populations, leur plus grande mobilité, mais aussi par le rayonnement naissant des premiers empires fassent « boule de neige ». Mais, pendant des millénaires, cette sorte de « masse critique » n’a pas été atteinte pour permettre le déclenchement de cette réaction en chaîne.
Notez que ce schéma peut être validé pour n’importe quelle époque, en particulier à la nôtre, expliquant l’accélération inouïe de l’évolution technologique (je n’ai pas dit progrès, ce qui serait jugement de valeur). Si nous sommes là à nous nourrir les uns les autres de nos compétences et opinions, grâce à l’informatique, n’est-ce pas la reproduction actuelle de ce processus permanent ?
Changeons d’échelle temporelle et rêvons un peu : dans quelques milliers (millions?) d’années, des internautes (?) s’interrogeront peut-être sur un réseau de communication (?) : « Pourquoi la Préhistoire, c’est-à-dire l’âge pré-informatique a-t-il duré si longtemps, alors que tout à coup, les hommes ont pu passer presque simultanément (5000 ans) de l’écriture à la télématique ?