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Message Publié : 21 Mars 2006 21:12 
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Plutarque
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Laissons le facteur humain et l'excès d'amour propre de côté.

Pour ce qui est de la pensée et de la conscience de soi, je ne vois pas ce qui permettrait d'évaluer sa genèse alors qu'il s'agit d'un élément totalement abstrait.

Merci pour les conseils de lecture. Pour ma part, je vous conseille une autre lecture sur l'état des connaissances en ce qui concerne le cerveau et ses différents mécanismes théorisés mais dont on connaît peu de choses en réalité.

Cf "L'Homme neuronal" de JP Changeux professeur émérite au Collège de France.

Cf "L'Homme de vérité" du même auteur

A+


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Message Publié : 21 Mars 2006 21:52 
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Pierre de L'Estoile
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Il a pu y avoir des civilisations, ou tout au moins des établissements, qui se sont formés et ont disparus sans laisser de trace avant la venue de l'écriture.

L'écriture n'apparaît pas toute seule : les premières écritures ne sont pas des inscriptions religieuses, mais des relevés de comptes. Elle devient nécessaire lorsque l'agriculture se met à produire des surplus, qu'il faut engranger, répartir, et commercialiser.

Si elle marque le début de l'histoire, c'est que c'est le premier système connu permettant aux populations de garder leur mémoire.

Il ne faut pas s'imaginer que la vie des hommes préhistoriques était simple. Au contraire, chaque évènement de la vie quotidienne comportait des risques : rencontrer tel ou tel animal, escalader telle ou telle montagne, manger telle ou telle plante. La sanction est souvent fatale : la maladie ou la blessure ne peuvent pas être soignée efficacement.

Rien que la taille des silex demande des heures - qui ne sont pas employées à chasser - et demandent un grand savoir-faire : chaque caillou est différent, et un mauvais éclat peut le rendre inutilisable.

Tout cela demandait une masse de connaissances, dont une grande partie n'était pas transmissible. De plus, en cas de catastrophe, elles étaient irrémédiablement perdues.

Ce n'est qu'après de multiples tâtonnements que l'humanité mettra au point l'agriculture, qui permet de dégager des surplus de nourriture, plus l'écriture, afin de garder sa mémoire, et ainsi réfléchir à son avenir.

_________________
Qui contrôle le passé contrôle l'avenir.
George Orwell


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Message Publié : 21 Mars 2006 22:40 
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Plutarque
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Nebuchadnezar a écrit :
Elle devient nécessaire lorsque l'agriculture se met à produire des surplus, qu'il faut engranger, répartir, et commercialiser.


Au nom de quel principe une agriculture a besoin d'écriture pour se structurer ? Il s'agit d'un raisonnement discutable à mon sens car comment ce raisonnement est né ?

Aussi simple que cela puisse paraître, on part des faits. Quels sont ces faits ? On découvre des traces d'agriculture élaborée et sophistiquée. On se demande comment cette agriculture a pu être conçue ? On découvre des traces décrivant comment cette agriculture a été pensée et comment en assurer la pérénité.

L'écriture ne sert à mon sens qu'à l'entretien d'une mémoire mais la mémoire existe sans écriture et même sans parole.

L'écriture ne sert en réalité qu'à transmettre une culture. Une culture sert à différencier des peuples ou des ethnies leur offrant une conscience de groupe. Conscience susceptible de faire naître des conflits au nom de la préservation de ce qui a été couché par écrit faisant partie du patrimoine de ce groupe social.

Est-il utile d'avoir une écriture quand on a une forte tradition orale ?

Prennons le support "moderne" par excellence des connaissances qu'est le multimédia (voix, texte, images). Le texte ou la voix sur support numérique (cd, dvd, etc ...) ne se base sur AUCUNE écriture et pourtant ce sont des média de transmissions de savoir. ne peut-on pas apprendre, mémoriser sans écriture ? Bien sûr que si, donc l'écriture est loin d'être le début de l'Histoire, ce n'est qu'une terminologuie de supposés spécialistes.

Pour preuve, l'écriture lybique remonte des temps immémoriaux et sont un média de transmission de connaissances tout comme les peintures rupestres.

C'est l'idée de mémoire qui est importante et non pas les différentes manières de l'entretenir (langue ou écriture) et d'ailleurs on ne sait pas avec certitude qui de l'écriture ou de la langue est appru en premier. On se construit encore et encore des schémas mentaux où l'écriture est le prolongement de la langue or on n'en n'est pas certain. Ce sont les deux faces d'une même pièce et les élucubrations sur la phonation ou la position du larynx n'y apporte rien car c'est le cerveau le siège de l'intelligence humaine.

A+[/quote]


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Message Publié : 21 Mars 2006 23:18 
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sam_ a écrit :
L'écriture ne sert en réalité qu'à transmettre une culture.

La culture se transmet très bien sans écriture. De nombreuses sociétés qui ne possèdent pas l'écriture ont une culture très riche qui se transmet oralement.
Dans la plupart des exemples que l'on connait, on se sert de l'écriture d'abord pour des raisons pratiques et ensuite on l'utilise pour transcrire des oeuvres culturelles.


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Message Publié : 22 Mars 2006 5:32 
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sam_ a écrit :
Pour ma part, je vous conseille une autre lecture sur l'état des connaissances en ce qui concerne le cerveau et ses différents mécanismes théorisés mais dont on connaît peu de choses en réalité.

Surtout Changeux. Il n'a étudié que la transmission d'influx au niveau musculaire (en fait, la libération d'acétyl-choline au sein des synapses) et brode sur ce qui pourrait se produire dans un cerveau humain devant une oeuvre d'art.


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Message Publié : 22 Mars 2006 11:09 
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Mouais, limiter les ouvrages de JP Changeux aux hormones que sont l'acétylcholine ou encore la dopamine est à mes yeux fort réducteur.

Le premier ouvrage cité s'attache surtout à TENTER de décortiquer le mécanisme de formation de la pensée en prennant soin de bien distinguer l'acquis du spontané (inné pour faire court) et ce, au regard des dernières connaissances en la matière (fort fort limitée)

Ce qui m'étonne surtout, c'est qu'avant tout, ce qui nous différencie de l'ANIMAL, c'est notre besoin de VERITE qui est le soubassement de la culture et donc de l'Humanité au sens stricte.

Perso, au vu de ce qui est dit, l'être humain est vraiment un être à part et je ne me hasarderais pas à le considérer comme proche de n'importe quel singe au prétexte que le singe est fait de la même matière car à ce compte-là nous sommes proches aussi de la bactérie pluricellulaire.

Ce n'est qu'une opinion personnelle ...

A+

_________________
« Il extrait de terre de l'huile pour faire resplendir son visage » (Psaumes 104)


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Message Publié : 25 Mars 2006 11:28 
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charles martel a écrit :
Peut être que s'ils ont mis autant de temps à inventer l'écriture, c'est tout simplement parce qu'ils n'en avaient pas besoin avant.


Comme vous, je pense qu’on ne peut pas dissocier l’apparition des premières écritures du contexte économique, social et politique dans lequel elles sont nées et qui les rendaient nécessaires, qui les a fait naître, pourrait-on dire.

D’abord la spécialisation des tâches entre paysans, éleveurs, artisans, soldats, en marche depuis la révolution néolithique, qui crée une nécessaire solidarité et des échanges commerciaux ; on peut ajouter que l’agriculture initie les premières accumulations de biens donc les nécessités d’inventaire et de preuves de propriété. L’écriture répond donc à un besoin.

On constate bien d’ailleurs que la première écriture est plutôt un système de calcul : passage de la sphère d’argile sumérienne et élamite contenant des jetons, les « calculi » correspondant par exemple au nombre de têtes d’un troupeau, à la tablette aplatie ou figurent la quantité (encoches) et la nature du bien (pictogramme) concerné.

Ces pictogramme sont d’abord des signes-images, suffisants pour les échanges de base, puis évoluent par combinaison vers des signes-idées (idéogrammes) et prennent enfin une valeur phonique (signe-son). Pourquoi ? Cette abstraction s'est produite parce que l'homme avait un problème, et que cette solution apportait des réponses à un contexte économique et social de plus en plus sophistiqué :

1) Faciliter et diversifier les opérations économiques (ex :contrats, cadastres)
2) Accompagner la centralisation politique qui exige des administrateurs et des échanges d’informations entre centre et périphéries.
3) Accessoirement, et presque incidemment, permettre la transcription de la langue qui devient aussi véhicule culturel (poésies, épopées, prières).

Un autre intervenant s'étonnait de la simultanéité presque miraculeuse de l'apparition de l'écriture en Mésopotamie et en Egypte (en vérité, les hiéroglyphes sont une évolution des idéogrammes), mais à bien y regarder, à même contexte, même solution: une société agricole, dans un empire centralisé uni par un vecteur de communication semblable (Tigre-Euphrate, Nil)

Il en a d’ailleurs souvent été ainsi dans l’évolution des sociétés humaines : le besoin suscite le concept ou l’objet, et si les conditions techniques sont remplies, il y a réalisation :
Ex :
- L’accroissement démographique du XIe au XIIIe siècle oblige à défricher, mais les nouvelles terres lourdes ne peuvent être labourées sans la charrue à versoir et soc en fer, qui est alors mise au point.
- Toujours dans l’Occident médiéval, l’essor des échanges permet l’amélioration des techniques commerciales (comptabilité double, sociétés à commandite, assurances..)
- La nécessité de vaincre dans les grands conflits sont à l’origine de nombreuses découvertes ( la bombe atomique évidemment).

Evitons cependant le schématisme : ces avancées se seraient de toutes façons probablement produites, mais c’est la convergence entre le besoin et le niveau technique qui les ont concrétisées à ce moment là qui est remarquable.


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Message Publié : 16 Avr 2006 15:02 
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Jean Froissart
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Inscription : 14 Avr 2006 21:21
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Citer :
On constate bien d’ailleurs que la première écriture est plutôt un système de calcul : passage de la sphère d’argile sumérienne et élamite contenant des jetons, les « calculi » correspondant par exemple au nombre de têtes d’un troupeau, à la tablette aplatie ou figurent la quantité (encoches) et la nature du bien (pictogramme) concerné.


C'est vrai si on considère les écritures mésopotamiennes comme les plus anciennes. Mais j'ai lu dans Sciences et Avenir il y a deux ou trois ans qu'on avait retrouvé en Chine des pictogrammes vieux de 8 000 ans, ce qui en fait les plus anciens connus.

D'autre part, les symboles étranges gravés dans la roche rouge de la Vallée des Merveilles, dans le Mercantour, et vieux au bas mot de 10 000 ans, ne peuvent être raisonnablement interprétés comme un système de calcul.

N'est-ce pas plutôt notre capacité à "reconnaître" l'écriture qui est subjective ?

Par ailleurs, j'ai une question à poser : j'ai lu quelque part que l'un des taureaux peints dans les grottes de Lascaux présente une particularité ; sept points noirs auraient été peints au-dessus de l'une de ses épaules. Certains chercheurs y voient d'ailleurs une représentation de l'amas des Pléïades dans la constellation... du Taureau, justement. Si leur théorie est vraie, cela signifie que nos ancêtres de l'époque avaient des connaissances scientifiques bien plus étendues qu'on ne l'imagine...


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Message Publié : 16 Avr 2006 16:35 
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Plutarque
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Citer :
Ces pictogramme sont d’abord des signes-images, suffisants pour les échanges de base, puis évoluent par combinaison vers des signes-idées (idéogrammes) et prennent enfin une valeur phonique (signe-son)
En linguistique, le terme idéogramme a un sens un peu différent du sens commun : un idéogramme est un symbole qui représente une idée abstraite ou bien un objet de manière abstraite, par opposition au pictogramme qui représente (de manière plus ou moins stylisée) par un dessin un objet concret de la réalité. Par exemple un dessin d'un cheval est un pictogramme, tandis qu'un groupe de 3 traits "III" pour le chiffre "3" est un idéogramme. Contrairement à la croyance répandue, les caractères chinois ne sont donc par exemple pas tous des idéogrammes.

Les systèmes d'écritures se développent en général effectivement à partir de pictogrammes et d'idéogrammes, qui en viennent à ne plus représenter les objets et idées eux-mêmes mais les mots de la langue les désignant. On obtient alors des logogrammes, des signes qui représentent des unités linguistiques (mots ou morphèmes), qui se simplifient à mesure que le lien entre la chose représentée et le "dessin" s'atténue.
Mais comme il est impossible de représenter chaque mot de la langue (trop nombreux) par un signe différent, le principe phonographique se développe : on se met notamment à noter des homophones avec le même signe (ex: en chinois "venir" se note avec le dessin d'une céréale, car les 2 mots se prononcent de la même manière), on crée de nouveaux signes dont une partie donne une idée du sens et l'autre la prononciation du mot (cas de la plupart des caractères chinois, ex: "nuage" se note par un caractère qui combine le signe de la pluie et celui pour "dire", qui se prononce comme "nuage"). Il n'y a à ma connaissance aucun système d'écriture pleinement développé qui soit entièrement logographique : il y a toujours une part de représentation sonore. En revanche, de nombreux systèmes graphiques ont totalement abandonné le sémantisme originel des caractères pour ne retenir qu'un petit nombre de phonogrammes : c'est le cas des alphabets.

Enfin, quand on parle d'écritures anciennes, il me semble qu'il faudrait toujours s'interroger sur la limite entre le dessin et l'écriture. Pour moi la véritable limite se joue sur le plan linguistique : quand les dessins ne représentent plus des choses mais des mots ou des sons, et qu'on alignent ces signes-mots pour faire des phrases, alors on est clairement passé dans l'écriture.
Par contre mettre un dessin d'une tête de taureau et 10 petits bâtons en dessous pour signifier "10 taureaux", ça n'est pas clairement de l'écriture (si l'on s'accorde pour dire que l'écriture est forcément linguistique). La limite est claire à partir du moment où l'on a des phrases, c'est-à-dire où les signes sont organisés en fonction de la langue du scribe et non en fonction de la réalité extérieure, ou bien qu'on voit des usages phonographiques. Bref, quand on voit se refléter une des composantes de base de la langue : phonologie et morphosyntaxe.
Même si l'on est moins strict dans sa définition de l'écriture que moi, il me semble important de bien faire cette distinction.


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Message Publié : 16 Avr 2006 17:34 
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Jean Froissart
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Inscription : 14 Avr 2006 21:21
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Là-dessus, je ne puis qu'acquiescer.

Mais est-ce que la séparation entre dessin et écriture intervient 3 500 av. JC, là est la question. C'est le plot de départ officiel de l'Histoire, certes, mais ce jalon est purement arbitraire.

La véritable question serait plutôt : quand pouvons-nous considérer que l'écriture a commencé ?

Mais tout cela n'explique pas vraiment pourquoi la Préhistoire a duré si longtemps...


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Message Publié : 16 Avr 2006 21:48 
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Atlante a écrit :
Par ailleurs, j'ai une question à poser : j'ai lu quelque part que l'un des taureaux peints dans les grottes de Lascaux présente une particularité ; sept points noirs auraient été peints au-dessus de l'une de ses épaules. Certains chercheurs y voient d'ailleurs une représentation de l'amas des Pléïades dans la constellation... du Taureau, justement. Si leur théorie est vraie, cela signifie que nos ancêtres de l'époque avaient des connaissances scientifiques bien plus étendues qu'on ne l'imagine...


Méfiez-vous de 2 travers.
Le premier, tiens dans cette phrase :
Atlante a écrit :
Certains chercheurs y voient d'ailleurs une représentation de l'amas des Pléïades dans la constellation... du Taureau, justement.

Les différentes cultures ne voient pas les constellations comme nous. Là où nous voyons un taureau, ils voient autre chose. Donc, une telle affirmation à 99% de chances de n'être qu'une affubulation invérifiable. Ca fait très bien dans une discussion, mais personne n'arrivera jamais à en établir la réalité.
Le second, dans celle-ci :
Atlante a écrit :
Si leur théorie est vraie, cela signifie que nos ancêtres de l'époque avaient des connaissances scientifiques bien plus étendues qu'on ne l'imagine...

Il est difficile de parler de connaissances scientifiques, ils avaient une meilleure compréhension des choses de la nature que nous puisqu'ils vivaient plus en contact avec elle. Mais là où nous voyons une série d'étoiles avec tout ce qui en découle, eux ne voyaient que des points lumineux dans le ciel.
Quand on cherche à se mettre dans la peau ou plutôt l'esprit de nos ancêtres, il faut tenir compte que leurs capacités cérébrales étaient très proches des notres, mais ils n'avaient pas la somme de connaissance que nous avons accumulées depuis.


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Message Publié : 17 Avr 2006 6:06 
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Atlante a écrit :
Mais tout cela n'explique pas vraiment pourquoi la Préhistoire a duré si longtemps...

Recentrons donc le problème sur la durée de la préhistoire en évacuant les circonstances de son terme, si bien analysé grâce à l’intérêt et la qualité de toutes les interventions précédentes.
Je précise cependant que la Préhistoire ne m’est pas très familière et que des spécialistes pourront aisément reprendre mes propos ; mais de la confrontation naît la lumière, et c’est justement la problématique de ce que je vais avancer..
Une réflexion de Lamy le 22 décembre, n’a pas été commentée, car la question (légitime) de l’écriture a surgi et mobilisé aussitôt toute notre attention, mais je pense que c’est dommage, car il a selon moi tout à fait raison :
Citer :
Je crois qu'il y a deux choses a dire en plus :
- 1° : Une découverte en entraine souvent une autre, plus y il a de découvertes faites, plus "la découverte" va vite, d'ou un début tres lent, et une accélération qui a encore lieu a l'haure ou je vous parle : regardes l'informatique par exemple !
- 2° :Les découvertes sont aussi le fruit du partage des conaissances, il fallait donc que la population atteigne un certain nombre pour que les échanges soient possibles et assez fréquents pour "mutualiser" certaines inventions ...

Très peu d’hommes, des distances énormes, une paire de jambes comme tout moyen de communication... Peut-on considérer comme valide l’idée que le progrès et l’innovation naissent en grande partie des échanges économiques (le commerce) ou militaires (la guerre, les alliances), et que les avancées technologiques, les échanges culturels, n’en sont que les conséquences fortuites ?
Pour ma part, j’y suis assez tenté. On ne se déplace pas avec le but a priori de faire part d’une trouvaille aux autres (ce serait plutôt le contraire, on veut la garder pour soi).
Or, pendant des millénaires, malgré les grandes migrations (grandes en extension, mais en masse ? j’avoue mon ignorance...), l’innovation technologique a probablement eu du mal à s’intensifier en raison de la pauvreté de ces échanges.
Un des indices de cette possibilité serait a contrario l’accélération que l’on note à l’âge du bronze, par exemple en Europe Occidentale (XIVème à IXème siècles), comme le prouve l’étude sur la similitude des épées retrouvées dans les régions de l’arc atlantique (voir ce site ici : http://mappemonde.mgm.fr/num8/articles/art05405.html
J’en cite ici seulement l’introduction et la conclusion :

Citer :
Les épées en bronze trouvées dans différentes régions d’Europe occidentale et fabriquées du XIVe au IXe siècle avant notre ère se ressemblent de manière évidente. On déduit généralement de cette observation, bien connue des archéologues, l’existence de contacts entre des populations vivant dans des régions parfois très éloignées. Mais que peut-on dire de la nature de ces échanges (politiques, sociaux, artisanaux, culturels)?

Il existe donc en Europe occidentale, dès la préhistoire, des groupes qui, sans être forcément proches les uns des autres, ont des pratiques communes. Même dans les régions les plus éloignées, les hommes ont des habitudes culturelles ou artisanales très similaires, ce qui montre l’existence de circulations sur de très longues distances, sans qu’il y ait nécessairement des intermédiaires. Les mers et les fleuves ne sont pas des contraintes géographiques, mais bien des voies naturelles de circulations, depuis longtemps couramment utilisées.

Pour représenter l’intensification de ces échanges générateurs de progrès et d’innovation, je vais utiliser deux images audacieuses peut-être, mais selon moi assez correctes :
Les cellules nerveuses de notre organisme (les neurones) échangent de nombreuses informations entre elles au moyen de synapses. La synapse est la zone de jonction entre deux neurones : c'est le lieu de passage du message nerveux cheminant d'une cellule à l'autre. Dans notre cerveau, les synapses sont innombrables : des milliards de neurones établissent chacun plusieurs milliers de contacts, réalisant ainsi un véritable réseau de communication.
Voyons les microsociétés préhistoriques comme les neurones : plus elles se multiplient, plus elles se renforcent, plus les relations entre elles se développent, accélérant ainsi les possibilités d’innovation.
L’autre exemple est actuel : dans les technopôles, chacun sait que le regroupement sur une zone réduite de sociétés innovantes est en lui-même facteur d’innovation ; on ne se donne pas rendez-vous pour se communiquer ses travaux (s’ils sont complémentaires bien sûr, sinon bouche cousue !), mais on se rencontre dans les restaurants, les salles de sport, les terrains de tennis ou les piscines de ces espaces clos ; cela porte même un nom : « l’effet cafétéria ».
Tout se passerait donc comme si l’intensification des contacts provoqués par l’augmentation des populations, leur plus grande mobilité, mais aussi par le rayonnement naissant des premiers empires fassent « boule de neige ». Mais, pendant des millénaires, cette sorte de « masse critique » n’a pas été atteinte pour permettre le déclenchement de cette réaction en chaîne.
Notez que ce schéma peut être validé pour n’importe quelle époque, en particulier à la nôtre, expliquant l’accélération inouïe de l’évolution technologique (je n’ai pas dit progrès, ce qui serait jugement de valeur). Si nous sommes là à nous nourrir les uns les autres de nos compétences et opinions, grâce à l’informatique, n’est-ce pas la reproduction actuelle de ce processus permanent ?
Changeons d’échelle temporelle et rêvons un peu : dans quelques milliers (millions?) d’années, des internautes (?) s’interrogeront peut-être sur un réseau de communication (?) : « Pourquoi la Préhistoire, c’est-à-dire l’âge pré-informatique a-t-il duré si longtemps, alors que tout à coup, les hommes ont pu passer presque simultanément (5000 ans) de l’écriture à la télématique ?

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Tous les désespoirs sont permis


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Message Publié : 17 Avr 2006 9:22 
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Jean Froissart
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Inscription : 14 Avr 2006 21:21
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En somme, la Préhistoire devient progressivement Histoire à partir du moment où l'humanité passe de la nomadisation à la sédentarisation, donc de l'échange sporadique entre groupuscules disséminés à des contacts permanents entre "cités" de quelques milliers d'âmes.
C
e qui change véritablement, dans ce contexte, ce n'est pas tant la découverte de l'écriture qui découle d'une conceptualisation plus ou moins abstraite des anciennes peintures rupestres. C'est une réalité bien plus pragmatique : la découverte qu'on pouvait assurer sa subsistance en enfouissant des graines dans la terre et en élevant de la viande sur pied dans des enclos (et non plus en étant soumis aux aléas de la cueillette et de la chasse). Reste tout de même un mystère : il a fallu près de 100 000 ans pour aboutir à cette découverte. Certes la période glaciaire n'a pas été favorable à ces innovations, mais les rudesses du climat n'ont pas affecté toutes les régions terrestres... en particulier celles qui voient l'émergence des premiers peuples agraires.

Ne peut-on envisager l'hypothèse que l'homme ait "quitté" son mode de vie nomade parce qu'il y a été contraint ? Contraint par des réalités naturelles, par exemple, comme la raréfaction des proies ou quelque chose comme ça ?


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Message Publié : 18 Avr 2006 5:34 
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Jean Froissart
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Inscription : 28 Nov 2005 23:03
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Localisation : Galaxie d'Andromède, Système solaire Zeta
Ne peut-on envisager l'hypothèse que l'homme ait "quitté" son mode de vie nomade parce qu'il y a été contraint ? Contraint par des réalités naturelles, par exemple, comme la raréfaction des proies ou quelque chose comme ça ?[/quote]

Peut-être aussi qu'un excédent démographique a entrainé la nécessité de trouver de nouveaux modes de subsistance.

_________________
"L'histoire me sera favorable car j'ai l'intention de l'écrire". Winston Churchill.


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Message Publié : 18 Avr 2006 8:30 
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Jules Michelet
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Atlante a écrit :
En somme, la Préhistoire devient progressivement Histoire à partir du moment où l'humanité passe de la nomadisation à la sédentarisation, donc de l'échange sporadique entre groupuscules disséminés à des contacts permanents entre "cités" de quelques milliers d'âmes.

Et l'utilisation de l'écriture a dû naître du besoin de tracer par écrit les achats et ventes lors des échanges commerciaux... Ainsi, l'on sait que si les gaulois n'ont pratiquement pas utilisé l'écriture ils l'ont surtout utilisés pour les noter leurs échanges commerciaux...

Atlante a écrit :
C'est une réalité bien plus pragmatique : la découverte qu'on pouvait assurer sa subsistance en enfouissant des graines dans la terre et en élevant de la viande sur pied dans des enclos (et non plus en étant soumis aux aléas de la cueillette et de la chasse). Reste tout de même un mystère : il a fallu près de 100 000 ans pour aboutir à cette découverte. Certes la période glaciaire n'a pas été favorable à ces innovations, mais les rudesses du climat n'ont pas affecté toutes les régions terrestres... en particulier celles qui voient l'émergence des premiers peuples agraires.

Je pense que le chasseur-cueilleur d'alors connaissait déja le principe d'enfouir des graines pour récolter plus tard lors d'un prochain passage du groupe... En amazonie de nombreux amérindiens chasseurs-cueilleurs sément des graines avant de quitter leurs campements pour revenir quelques mois plus tard lorsqu'il est temps de récolter.

Atlante a écrit :
Ne peut-on envisager l'hypothèse que l'homme ait "quitté" son mode de vie nomade parce qu'il y a été contraint ? Contraint par des réalités naturelles, par exemple, comme la raréfaction des proies ou quelque chose comme ça ?

C'est bien l'hypothèse communément admise. Dans un environnement riche les chasseurs-cueilleurs n'avaient pas d'intérêt à se fatiguer avec l'agriculture alors que le mode de vie chasseurs-cueilleurs leurs étaient plus profitable... Par contre, avec la fin de la période glaciaire il semblerait que les perturbations climatiques qui eurent lieu ont dû bien bouleverser leurs modes de vie... Le gibier devenait rare, la mégafaune a disparut des régions où on la trouvait encore (il est vrai déja plus dans les régions où sont nées l'agriculture), la flore a été modifiée.

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