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L'universitaire est automatiquement disqualifié
Je pense plutôt que l'universitaire, sans être disqualifié, joue sur un autre terrain. Le spectateur moyen, c'est-à-dire celui qui regarde une émission d'histoire pour se divertir tout en voulant en apprendre un peu, ne se moque pas de lui puisqu'il n'y pense certainement même pas !
Les lecteurs de ce forum sont plus ou moins passionnés par l'histoire et consomment pour une bonne partie d'entre eux des ouvrages strictement universitaires. Nous avons donc conscience des différentes approches de l'histoire. Il faut bien voir que pour une majorité des spectateurs, il n'existe pas cette vigilance face à la manière de faire de l'histoire: au mieux, il y a d'un côté, Franck Ferrand, Stéphane Bern pour les présentateurs, et de l'autre Max Gallo et Emmanuel Le Roy Ladurie (pour Montaillou !; j'aurais pu choisir Duby aussi) pour les historiens sérieux. Bref, ils n'ont pas le recul leur permettant de mépriser les universitaires.
Cela m'étonnerait que le téléspectateur de Franck Ferrand, après avoir regardé ses émissions, soit tout content d'avoir appris des choses que les historiens ne lui disent pas. Décidément, c'est pire encore, les historiens n'existent pas. Mais cette histoire n'est pas nouvelle et je ne suis même pas certain qu'elle soit dommageable. Les lectures sont différentes, certaines plus pointues que d'autres. C'est souvent un désert que l'on traverse avec des travaux historiques. Certes, pour nous qui maîtrisons plutôt bien les cartes historiques et la boussole, il nous arrive peu de nous perdre. Mais considérez bien l'aridité du lieu pour celui qui veut modestement goûter à l'histoire. En quelques mots, ne demandons pas aux historiens de s'adapter, ne blâmons pas davantage ce public qui aspire à un divertissement culturel. Mais nous sommes en droit d'exiger, je crois, des vulgarisateurs de qualité (la bonne vulgarisation est tout à fait admirable). C'est là seulement qu'un manque est ressenti. A la place, nous avons de beaux sourires lecanuetiens et une détestable tendance à faire le
show (j'emploie volontairement cet anglicisme: allez voir le site de Franck Ferrand, et la colonne de droite tristement intitulée "New"), à tomber dans le
sensas'. C'est la commercialisation de l'histoire. L'histoire est une marchandise comme les autres, et toutes ont un goût bien fade.