Aymont a écrit :
Selon les juristes c'est beaucoup moins simple qu'il n'y paraît, et sur tout le territoire français, car la définition de blasphème (non punissable, donc) est hautement sujette à interprétation, comme l'on s'en doute. La définition du dictionnaire est largement insuffisante ! Qu'est-ce qu'un blasphème en pratique ? Est-ce la même chose pour toutes les religions ? Pour chacune d'entre elles, où commence et où finit le blasphème ? Comment le distinguer des multiples outrages à autrui possibles, parfaitement punissables ? Epineuses questions ! Simples exemples : si, dans une galerie d'art, un artiste montre un crucifix qui trempe dans une cuvette d'excréments, et qu'un chrétien s'en trouve profondément outragé dans ses convictions philosophiques intimes, et se plaint, sa plainte est-elle recevable, bien qu'il ne s'agisse pas d'un blasphème ? Et si un mauvais plaisant distribue des pieds de porc à l'entrée d'une mosquée (ce que la loi n'interdit pas), les musulmans disposent-ils du droit de se plaindre ? A quel titre, puisqu'il n'existe plus de délit de blasphème, envers Allah ou tout autre Dieu ?
Vous me direz qu'un bon coup de pied dans les fesses... D'accord, mais juridiquement rien ne serait réglé pour autant.
Selon quels juristes ? On doit pouvoir les compter sur les doigts de la main. Un blasphème est par définition dirigé contre un culte. L'Etat ne reconnaît aucun culte. Il ne peut donc reconnaître le blasphème dans sa législation et, de fait, les dispositions pénales en voie d'abrogation étaient tombées en désuétude.
La définition du blasphème peut être une question d'ordre sémantique, théologique, sociologique ou autre, ce n'est pas une question juridique. La question de savoir où, pour une religion donnée, commence et finit le blasphème est juridiquement non seulement sans aucun intérêt mais surtout vide de sens.
Lorsque, dans une galerie d'art, a été exposée une photo intitulée
Piss Christ représentant un crucifix plongé dans un flacon d'urine, aucune plainte n'a été déposée, ni à titre individuel ni à titre collectif, parce que tous ceux qui auraient souhaité le faire savaient très bien qu'une telle plainte n'aurait pas abouti.
Distribuer des pieds de porc à la porte d'une mosquée est une provocation et incitation publique à la haine sanctionnée par la loi du 29 juillet 1889 sur la liberté de la presse. Mais exploiter une charcuterie en face d'une mosquée est parfaitement légal. Qualifier Mahomet de porc n'est pas répréhensible tandis que qualifier les Musulmans de porcs est puni par la loi. Dans les cas douteux, ce sont les tribunaux qui tranchent. Leurs instruments sont la loi sur la liberté de la presse sanctionnant les injures publiques et le code pénal sanctionnant les discriminations.