Pierma a écrit :
Oulligator a écrit :
J'ai un ami spécialiste plutôt d'Histoire militaire qui a acheté très récemment un ouvrage sur Barbarossa et qui doit faire 1000 pages et qui est sorti il n'y a pas longtemps, il doit s'agir de celui-là...
Oui, je pense.
Il y a un fil sur le forum beige consacré à cet ouvrage monumental de Jean Lopez. (il commence par 300 pages de description de la situation des deux adversaires, et de leur préparation, avant le lancement de l'opération !)
Je ne veux pas aller y piocher des citations, donc je fais un peu de pub pour un forum ami : on trouve sur ce fil des extraits saisissants sur des faits qu'on ignorait à propos de Barbarossa.
Un sujet intéressant concerne la logistique : les Allemands comptaient s'emparer rapidement du matériel et des voies soviétiques (dont l'écartement, c'est une précaution stratégique, est différent du reste de l'Europe) hors non seulement ils vont échouer sur ce point, non seulement les Soviétiques opèrent des destructions massives - de ponts, entre autres - mais les Allemands ont deux mauvaises surprises : ils s'aperçoivent qu'ils ont gravement sous-dimensionné les effectifs prévus pour passer les voies à l'écartement standard (ils vont rameuter tous les travailleurs possibles, y compris des prisonniers de guerre polonais) et en prime, ils constatent que le charbon soviétique se révèle inutilisable dans leurs locomotives. (il faut y ajouter de l'huile pour qu'il ait la puissance suffisante.)
Le résultat : plus ils progressent loin en Union Soviétique, plus le nombre de trains atteignant leur première ligne diminue et finalement s'effondre. "C'est une armée ramenée au cheval, sous alimentée et mal ravitaillée en munitions et carburant - pour les chars - qui se présente devant Moscou."
(CEN_EMB, peux-tu me rappeler le proverbe : le tacticien pense combats, mais le stratège pense logistique ?)
Je suis arrivé à la 200ème page : effectivement, à ce stade de la lecture, on en est encore à la phase de préparation... Et c'est incroyable de constater le fantasme associé à l'opération Barbarossa : la Wehrmacht, Hitler sont persuadés de vaincre l'Urss en 4 mois ; ils prennent incontestablement leurs désirs pour la réalité. Il faut se rendre compte qu'ils vont envahir un territoire immense mais sans les moyens nécessaires (il aurait fallu plus d'hommes, plus de divisions). Il y a une méconnaissance ahurissante de l'adversaire et de ses forces (ils ne connaissent pas l'existence des blindés russes !).
Ces préjugés seront notamment renforcés par la vision désastreuse de l'Armée rouge lors de l'invasion soviétique en Finlande (hiver 39/40), dont les débuts furent une véritable catastrophe (il n'y avait même pas de cartes, ni de boussoles !). De plus, lorsqu'il y eut cette "rencontre" entre la Wehrmacht et l'Armée rouge suite à l'attaque soviétique (Pologne, 17.09.39), Guderian fit part à Hitler de l'état de démembrement du soldat "russe". Pour Hitler, il sera temps de lancer sa "croisade", la guerre de la race contre la masse.
Bon, le bouquin est génial.