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Et je pense qu'il faut voir ces chiffres, en ce qui concerne la France comme une certaine victoire de l'Histoire
Si la question posée ne comportait pas l'adjectif de "supérieur", je ne penserais pas ainsi.
D'ailleurs, "la victoire de l'Histoire" dans le cas français me semble constituer une affirmation soumise à caution, surtout en fonction de l'époque.
En effet, la discipline s'est institutionnalisée au XIXème siècle en France alors même que ses dirigeants avaient cruellement besoin d'une caisse à outils nécessaire pour enraciner les valeurs de la Révolution, le régime républicain et achever la construction de la nation.
Une caisse dans laquelle le "hussard noir" puisa, ensuite, pour construire son enseignement devant les élèves de la "communale", au moment où il fallait trouver un ciment à la communauté nationale, qui n'ait plus de rapport avec l'Eglise catholique, ennemie du régime.
Le "roman national" - conceptualisé par P. Nora à la fin des années 1980 - a justement été fabriqué pour cela.
Autres époques, autres finalités, autre(s) histoire(s) ?
La discipline étant toujours en quelque sorte le miroir de la société du moment, il est difficile de dire qu'elle est victorieuse plus à une époque qu'à une autre, d'autant plus que ses rapports avec le politique ne sont jamais neutres. En quelque sorte l'Histoire ne dispose pas d'un sens qui lui serait propre, elle se contente avant tout d'expliquer et de questionner les faits. Elle ne juge pas, car lorsqu'elle se met à agir ainsi, c'est qu'on lui demande de tenir un rôle qui n'est pas par essence le sien.
Cela dit, les historiens français de la fin du XIXème siècle n'ont jamais été suspects, dans leurs écrits et dans leurs paroles, d'un nationalisme outrancier, c'est-à-dire orienté par des velléités belliqueuses à l'encontre des autres nations du monde et de leurs cultures.