A 25 a écrit :
Il ne faudrait pas oublier que le mur de Berlin n'était pas un arrière plan mais un système qui tuait .
https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Victime ... 0personnes.
Imaginez simplement que le fait de passer la Seine à la nage entre la place de la Concorde et le palais Bourbon soit puni de mort : comment le verriez vous?
Au début il y a eu une politique destinée à dissuader les volontaires, qui consistait à laisser mourir sur place les fugitifs gravement touchés par une balle.
Je me souviens d'un article de journal de l'ouest étudié au lycée en 74 :" Hilfe ! Ich verblute !" (Au secours je perds tout mon sang !) L'opinion de l'ouest était évidemment révulsée.
Si je comprends bien l'article de Wiki cette politique a été suivie par des dispositions moins visibles, visant à bien prendre son temps avant d'apporter les premiers soins aux blessés ramassés dans le no man's land. (Sachant que tout était fait pour que le fait divers ne soit pas connu des habitants de la RDA, et donc la Stasi se chargeait d'inventer et d'imposer à la famille un conte de fée pour la cause du décès.)
J'ai quelques doutes sur les chiffres donnés par Wiki, parce qu'il y a eu toute la période de construction du Mur où les tentatives étaient nombreuses, certains endroits étant mal verrouillés. Et puis le Mur dans sa première version permettait des tentatives par des tunnels ou autres, dont je doute qu'elles aient toutes été répertoriées.
Enfin il ne faut pas oublier que le Mur encercle Berlin Ouest, mais qu'il était possible de franchir ailleurs la frontière entre les deux états : le Rideau de Fer au départ était assez rudimentaire. Sans parler des filières de passage entretenues par les services de l'Ouest, pour lesquels c'était une nécessité.
Une anecdote : Alors qu'il se battait en menant une campagne médiatique d'envergure européenne, dans les années 70, pour faire sortir de Pologne Léopold Trepper, ancien chef de l'Orchestre Rouge, à qui on refusait à Varsovie un visa vers Israël, Gilles Perrault s'entendit proposer platement par des militants d'extrême-gauche :"Et le faire évader, vous y avez pensé ? " Non, personne n'avait envisagé l'idée.
Cette petite organisation envoya sur place un militant chevronné, pour voir la faisabilité de l'idée et revint avec la conclusion suivante : entrer et sortir de Pologne n'était pas un problème, chaque week-end des ferrys pleins de joyeux fêtards arrivaient de Suède, la vodka étant pour rien (entre autres distractions) et les contrôles policiers plutôt relâchés. Le Rideau de Fer montrait quelques craquelures... L'idée fut abandonnée parce que Trepper, au centre de toutes les attentions internationales, était surveillé jusque sur son palier, sans parler des micros. "Quand on a survécu à la Gestapo et au NKVD, on ne va pas se faire prendre bêtement par un képi polonais !"
En dehors des ports, où une surveillance totale est difficile, je suis bien persuadé qu'il y avait d'autres trous dans le Rideau de Fer. (Dans le film
"L'affaire Farewell", inspiré de faits réels, on voit par exemple un jeune cadre français de Thomson, dont le contact dans le KGB vient d'être arrêté, faire immédiatement 800 km de route avec sa famille depuis Moscou pour aller passer la frontière avec la Finlande, où l'alerte n'a pas encore été donnée.)