Fylgia a écrit :
Je persiste et signe, le reflet dans le miroir est celui de la scène actuelle.
Tatata, pas du tout de ton avis Fylgia ! Je persiste et signe itou !
Fylgia a écrit :
Vulcain a les jambes pliés dans la scène et sur le reflet.
Sur la scène, la cuisse gauche de Vulcain est dans la continuité de la courbe du dos. Sur le reflet, il y a nettement rupture au niveau des fesses, puis des genoux, et les mollets sont presque parallèles.
Fylgia a écrit :
En outre, regarde les cheveux du reflet, je ne pense pas que Mars ait les cheveux d'un vieillard.
C’est discutable : la nuance n’est pas du tout la même sur le modèle et le reflet ; l’un (Vulcain) a les cheveux nettement gris, aux reflets argentés ; l’autre (le reflet), a des reflets bruns dorés. Le détail est flou a dessein, puisque Le Tintoret joue sur l’ambiguïté de la représentation.
Fylgia a écrit :
Sous son armure, je doute qu'il ait le même "pagne" que Vulcain.
Comme pour les cheveux, il joue l’ambiguïté. Il ne pouvait tout de même pas le peindre en vert, et donner d’entrée la clé de lecture du tableau !!
A l’inverse, comment expliques-tu les pièces cuivrées que je soupçonne être son armure : il n’y aucun élément sur la scène qui donne ce reflet !
Sans oublier la main droite qui s’apprête à caresser la belle, contrairement à "l'original".
Fylgia a écrit :
Vénus aussi est dans la même position que ce soit dans la scène ou sur le reflet.
Pas du tout, regarde mieux : normalement, près de la main de Vulcain, le pied de Vénus devrait apparaître, puisque ses jambes sont écartées, l’une sortant au niveau du poignet de son mari, l’autre sortant au coin opposé du lit. Sur le reflet, les (et surtout la) jambes de la déesse disparaissent.
Citer :
Sur le croquis […], il est clair que Tintoret a représenté le reflet de Vulcain dans le miroir.
Ah non, il n’est pas clair du tout ! Par contre, il montre clairement que tout le tableau a été construit autour du miroir. C’est lui le héros de la scène où doivent se porter les regards du spectateur. Il s’est même arrangé, entre le croquis et le tableau définitif, pour le placer à moitié sur une fenêtre, rajoutant ainsi de nouvelles lignes de convergence droit sur lui, horizontales et verticales cette fois !
Considérer ce miroir comme un banal élément de décor et un artifice (maladroit vu le nombre "d’erreurs") pour montrer son talent dans les raccourcis (Le Tintoret aime bien les positions tordues, penchées, etc. de ses personnages, c’est sa marque de fabrique) est à mon avis passer complètement à côté du sel du tableau et ne rend pas hommage à son talent !
Donc de deux choses l’une :
- soit le Tintoret est un peintre très maladroit qui accumule les erreurs grossières
- soit il les fait volontairement, comme autant de clins d’œil savoureux.
Evidemment, j’opte pour le second choix !
D’ailleurs, en parlant d’erreur grossière : le sol. Un carrelage blanc carré qui abrite un rond noir. Foutrement mal fait, la perspective n’est pas du tout respectée, le cercle noire est complètement écrasé avec l’apparition d’angles. Encore une maladresse ?
Meuh non ! Il offre au sol carrelé,
là où le soleil l’éclaire, la forme d’un œil ! Tout comme les carreaux sont sciemment formés de « cul-de-bouteille » formant autant d’iris, alors que l'esquisse montrait un banal vitrage. Je suis convaincu que là encore, Le Tintoret se fait plaisir en ajoutant un nouveau personnage à la scène, Hélios, le Soleil, celui qui voit tout et qui fut témoins des frasques de Vénus qu’il a dénoncé au mari !
Et justement, quelle est l’action ? Vulcain vient juste de rentrer chez lui (la charrette apparaît abandonnée telle quelle au milieu de la rue à travers la porte ouverte) et se précipite (dynamisme du mouvement, il se jette littéralement ; porte laissée ouverte ; gêne de la femme qui amorce un mouvement pour se couvrir, et de son piteux amant; et peut-etre même Amour qui fait semblant de dormir: n'a-t-il pas les yeux entreouverts ?
) dans la chambre de sa femme… pour vérifier son entrejambe ! Moralité, Hélios vient d’avertir le Forgeron, qui se précipite chez lui pour vérifier de visu et chercher à confondre la coupable !
Il est entièrement fidèle à l’Odyssée, et met en scène toute la succession des évènements à grands coups de clins d’œil malicieux.
J’adore !