Bon, je ne voulais pas répondre parce qu'en général, les discussions comme celles-ci tournent souvent au vinaigre, mais comme les messages se multiplient...
Si je résume, vous estimez que Jésus est une femme. Que cette femme est Marie-Madeleine. (qui, au passage, est un condensé traditionnel et précoce de trois personnages féminins de la Bible, Marie de Béthanie la soeur de Lazare, l'anonyme qui oint les pied du Christ lors du repas chez Simon et Marie de Magdala). Soit. Ca demanderait évidemment une petite argumentation à partir des textes, mais admettons.
Maintenant, quand vous voyez sur l'évangéliaire de Lorsch, qui date du début du IXe s., soit 800 ans à peu près après la vie du Christ, à un moment où les évangiles canoniques sont bien établis, réalisé de plus dans un milieu de cour où l'Eglise et le pouvoir civil sont intimement liés, un personnage barbu, vous estimez pour une raison inconnue que cette barbe est une marque évidente de la féminité du personnage qui ne peut être que Marie-Madeleine, donc le Christ, qui se rend évidemment hommage a lui même enfant puisqu'au centre de l'évangéliaire de Lorsch se trouve quand même une Vierge à l'Enfant.
Pour accréditer vos dires (quelques peu étranges, vous en conviendrez), vous vous appuyez - sur un machin (gravure ?) sans source, sans date, représentant selon vous le "Baphomet", dont la proximité avec la représentation de l'évangéliaire de Lorsch est quelque peu difficile à établir - sur une représentation "égyptienne" (j'ai un léger doute sur l'origine étant donné la non-application totale des conventions de style, mais enfin acceptons, on peut imaginer une représentation tardive, il a quelques exemples de représentations de face à la période romaine), donc nécessairement antérieure d'au moins 500 ans avant la reliure, provenant d'une aire géographique complètement différente et dont on peut pour le moins douter que l'artiste en ait eu connaissance. Cette représentation montre une déesse (?) à barbe (droite !), ce qui n'est pas complètement absurde dans un contexte égyptien où la barbe postiche est un symbole soit de divinité, soit de royauté (cf. les représentations d'Hatschepsout). Et vous reliez cette représentation et celle d'une hypothétique Marie-Madeleine à barbe. Le rapport entre les deux ? - sur une soit disant "vierge forte", de date et de provenance évidemment inconnues, qui aurait évidemment été "maquillée" pour des raisons qui échappent au commun des mortels - sur une miniature visiblement bien plus tardive où une des trois Saintes Femmes porte un encensoir (l'iconographie est quand même un peu différente...) - sur un triptyque daté 1480, probablement d'Hans Memling (qui vit aux Pays-Bas), qui aurait un rapport avec la "Vierge forte" précédemment citée en raison de son "corsage" semblable (???). (Au fait, elle n'avait été maquillée, l'autre ?) - Sur un vitrail de Saint-Denis (vraiment l'un des très rares conservés de l'époque de Suger ? L'usage du violet, qui n'apparaît qu'au XVe s., permet d'en douter...) représentant le Christ crucifié sur les genoux de Dieu le Père. Je suppose que ce qui a éveillé votre huitième sens est la marque sur la poitrine, que vous avez lu comme des seins. Marie-Madeleine-le Christ portait donc un 110E, dans une période où la beauté féminine était justement la possession d'une poitrine menue. Sur tout ça, vous ajoutez pour faire bonne mesure un petit peu de templiers et de cultes mystérieux. En mélangeant le tout, vous obtenez une merveilleuse petite théorie du complot.
Mais expliquez-moi quand même (le Da Vinci Code fermé) comment vous pouvez tirer quoique ce soit d'un tout petit peu historique avec ce fatras d'oeuvres et de trucs sans aucun rapport l'un avec l'autre, que ce soit du point de vue de l'époque, de la région, de la destination ou du commanditaire, et en quoi cela apporte quelque chose à la compréhension de la reliure de l'évangéliaire de Lorsch. Si vous avez vraiment besoin d'autant d'imagination pour apprécier une oeuvre aussi belle, je vous plains sincèrement.
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