Nous sommes actuellement le 29 Avr 2024 4:12

Le fuseau horaire est UTC+1 heure




Publier un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 18 message(s) ]  Aller vers la page 1, 2  Suivant
Auteur Message
 Sujet du message : Disparition de l'art gothique
Message Publié : 02 Déc 2005 11:12 
Hors-ligne
Jean Froissart
Jean Froissart
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 28 Nov 2005 23:03
Message(s) : 1018
Localisation : Galaxie d'Andromède, Système solaire Zeta
Le grand siècle voit la disparition partout en Europe de l'art gothique.
Connaissez vous les raisons de la disparition de ce style d'architecture ?


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Message Publié : 02 Déc 2005 12:35 
Hors-ligne
Pierre de L'Estoile
Pierre de L'Estoile
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 19 Mars 2005 18:17
Message(s) : 2159
Localisation : Paris
Romeo a écrit :
Le grand siècle voit la disparition partout en Europe de l'art gothique.
Connaissez vous les raisons de la disparition de ce style d'architecture ?


... parce que trop démodé, trop archaîque, trop vieux et trop hideux ... aux gouts de l'époque. :lol: :lol: :lol:
Depuis la redécouverte à la renaissance de l'architecture antique, les gens n'avaient d'yeux que pour l'architecture romaine.
Tout ce qui rappelait le monde médiéval faisait de plus en plus horreur.
Au siècle des lumières, si les architectes en avaient eu les moyens, ils auraient fait raser toutes les cathédrales gothiques.

Beaucoup d'édifices médiévales ont été rasé à ce moment, à commencer les fortifications. Les vieux chateaux forts étaient abondonnés. Les nobles n'ont pas attendu la révolution pour faire détruire leur vieille demeure familiale.


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Message Publié : 12 Août 2006 20:59 
Hors-ligne
Salluste
Salluste
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 25 Juil 2006 22:07
Message(s) : 202
Localisation : Paris
évidemment cette conversation s'est éteinte depuis longtemps, mais je ne peux que m'insurger!!!!

Châtillon a écrit :
Romeo a écrit :
Le grand siècle voit la disparition partout en Europe de l'art gothique.
Connaissez vous les raisons de la disparition de ce style d'architecture ?


... parce que trop démodé, trop archaîque, trop vieux et trop hideux ... aux gouts de l'époque. :lol: :lol: :lol:
Depuis la redécouverte à la renaissance de l'architecture antique, les gens n'avaient d'yeux que pour l'architecture romaine.
Tout ce qui rappelait le monde médiéval faisait de plus en plus horreur.

FAUX! L'ART GOTHIQUE FLAMBOYANT PRODUIT SES PLUS GRAND CHEFS-D'OEUVRES JUSQU'AU DEBUT DU XVIè, ALORS MEME QUE LA RENAISSANCE ITALIENNE A DEJA UN SIECLE... EN FRANCE IL Y AVAIT UN SORTE DE FRACTURE ENTRE ARCHITECTURE RELIGIEUSE ET ARCHITECTURE CIVILE...

Au siècle des lumières, si les architectes en avaient eu les moyens, ils auraient fait raser toutes les cathédrales gothiques.



ce magnifique escalier XVe, à la cathédrale de Rouen a été restauré à l'identique, pour ses deux tiers supérieurs au XVIIIe siècle!!!!
Image

_________________
"Bienheureux les fêlés, car ils laisseront passer la lumière" (Michel Audiard)


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
 Sujet du message :
Message Publié : 12 Août 2006 21:14 
Hors-ligne
Salluste
Salluste
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 25 Juil 2006 22:07
Message(s) : 202
Localisation : Paris
la prise en considération, ou non, du patrimoine national par les hommes des lumières est un phénomène riche et complexe, très intéressant à étudier...

_________________
"Bienheureux les fêlés, car ils laisseront passer la lumière" (Michel Audiard)


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
 Sujet du message :
Message Publié : 13 Août 2006 8:50 
Hors-ligne
Modérateur Général
Modérateur Général
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 13 Mars 2006 10:38
Message(s) : 2476
Localisation : Lorraine
Question très intéressante ! La sensibilité envers le patrimoine au XVIIIème siècle est en effet très contrastée.
Première constatation qui concerne le patrimoine religieux : le début de déchristianisation que connaît cette époque en fait une période de transition entre le respect dû au sacré, qui avait assuré la conservation scrupuleuse des bâtiments et de leurs trésors, et le sentiment esthétique qui guidera les efforts de conservation du XIXème siècle, d'où un certain flou sur l'attitude à adopter envers ce patrimoine, et qui explique peut-être en partie le dégoût vis-à-vis du gothique.

Deuxième constatation : la notion de patrimoine national, commun n’existe pas : au gré des besoins, on transforme, on aliène, on détruit ; quelques exemples :
- La vaisselle d’or ou d’argent fondue à plusieurs reprises quand les besoins financiers sont trop pressants. Les révolutionnaires qui fondent les bronzes des statues ou récupèrent comme métaux les cuivres et plombs des cercueils de Saint-Denis y ajoutent la dimension idéologique, mais au fond, ils reproduisent une attitude banale au XVIIIème, et ce qui nous semble aujourd’hui inadmissible n’était pas ressenti comme tel alors.
- La monarchie elle-même n’hésite pas à vendre ses châteaux (Chambord au maréchal de Saxe), ou à carrément les abandonner à la ruine ou à les détruire (château de Madrid au bois de Boulogne en 1787 par exemple). Versailles est transformé en permanence, au besoin en sacrifiant de véritables joyaux (l’escalier des Ambassadeurs sous Louis XV).
Comment alors s’étonner du sort de Cluny, qui sert de carrière de pierre sous le Consulat ?

Inversement, des précurseurs étaient déjà très sensibles à la nécessité de préserver le patrimoine, comme François-Roger de Gaignières (1644-1715). Son rôle est admirablement relevé par Laure Beaumont-Maillet, dans le texte ci-dessous, à l’occasion de la présentation du projet de numérisation de sa collection par la BNF, présenté aux Journées professionnelles des 24 et 25 janvier 2002.
Citer :
Depuis son âge le plus tendre, Gaignières s’intéressait à l’histoire en général, et à la généalogie des grandes familles en particulier. Il acquit rapidement une solide réputation d’érudit, réunissant ou faisant copier des documents, des sceaux, tout ce qu’il pouvait découvrir de monuments funéraires et de vitraux dans les églises, de tapisseries dans les châteaux, de blasons dans les chartriers. Habitué à vivre dans le grand monde [...], il utilisait ses relations pour constituer sa collection. Il partait en campagne avec son valet de chambre paléographe [...] et avec son dessinateur, Louis Boudan. Chaque fois qu’il repérait un monument, un vitrail, un tombeau, une vue de ville ou de château qui lui semblait de quelque intérêt, il en faisait faire une esquisse sur le lieu même, que Boudan mettait au net en rentrant à Paris. Afin de rendre ses voyages plus fructueux, Gaignières se munissait de recommandations ministérielles auprès des intendants de provinces. Mais ceux qui comprirent le mieux les services que Gaignières pouvait rendre à l’histoire et à l’archéologie furent les Bénédictins de Saint-Maur. Ils lui apportèrent le concours le plus empressé en recueillant pour lui gravures, jetons, documents… Gaignières fréquentait assidûment les réunions savantes des Bénédictins de Saint-Germain-des-Prés, et y rencontrait Mabillon, qui en était l’âme. Gaignières réussit à rassembler dans son logement de l’hôtel de Guise [...] puis dans sa maison de la rue de Sèvres, une collection considérable, qui se divisait en plusieurs branches : costumes, portraits tapisseries, sceaux, mais surtout tombeaux, vues de monuments et de villes.

On ignore quel était son but profond. L’hypothèse a pu être avancée qu’il rêvait d’écrire une histoire des rois de France, composée non seulement de textes, mais aussi de documents figurés, et que la difficulté matérielle de mener à bien un tel projet le fit renoncer à Bibliothèque nationale de France l’entreprendre. Il est à signaler l’usage que fit Bernard de Montfaucon de ses recueils : les trois quarts des planches de ses Monuments de la monarchie française (1729) en sont tirés.
A défaut de laisser un ouvrage fondamental, Gaignières avait réussi à constituer un vaste musée à la disposition du public, parisien ou de passage. Quiconque avait besoin de consulter ses portefeuilles était accueilli avec bienveillance et courtoisie. La réputation de ce musée était très étendue, et les guides de voyageurs en recommandaient la visite.

Aujourd’hui la démarche de Gaignières, qui a dressé en quelque sorte un état du patrimoine de la France autour de 1700, nous paraît d’une incroyable modernité : elle préfigure ce qu’est l’Inventaire des monuments et richesses d’art de la France. Il fit à Louis XIV, en 1703, par l’intermédiaire de Pontchartrain, cette proposition surprenante : créer un office royal d’inspecteur des monuments historiques. Pénétré de douleur à la vue de l’état d’abandon dans lequel se trouvaient les vestiges du passé (y compris, fait tout à fait inhabituel pour son siècle, les témoins de l’art médiéval, qu’on regardait alors comme le produit de l’ignorance et de la barbarie) il rédigea un mémoire dans lequel il exposait tout un plan de conservation pour les monuments remarquables. Il préconisait de convertir en un service public pérenne, nanti de la protection officielle et, cela va sans dire, de moyens accrus, la mission qu’il avait accompli en simple amateur, avec des ressources bornées. Mais la rigueur des temps (on était alors en pleine guerre de Succession d’Espagne) anéantit ce rêve. Il fallut attendre le XIXe siècle pour voir se créer, en 1837, un Comité historique des Arts et Monuments. On ne pourra que constater le caractère prémonitoire du projet de Gaignières, qui occupe donc une place éminente dans l’histoire de notre patrimoine.


A l’autre extrémité de la période, Antoine Quatremère de Quincy participe à la campagne pour sauver la Fontaine des Innocents lors de la fermeture du cimetière parisien, en 1787 :
Citer :
Que deviendrait l’histoire des arts si les édifices dépositaires du génie de chaque siècle, au lieu d’acquérir en vieillissant cette vénération publique qui doit les rendre sacrés, se trouvaient condamnés, comme les productions éphémères de la mode, à ne paraître un jour que pour faire place à ceux du lendemain ?
(Cité par A Chastel, La notion de patrimoine, in Les lieux de mémoire, La Nation, tome II, pages 405-450, dir. P. Nora, Gallimard, 1986)

Idée qu’il reprend en 1815 dans Considérations morales sur la destination des ouvrages de l’art :
Citer :
« L’idée de l'ancienneté imprime aux monuments, comme aux hommes, un caractère de respect et de vénération. Nous admirons en eux celle prédilection du sort qui les a sauvés de la main du temps ; ils nous semblent privilégiés ; le fait seul de leur conservation les rend pour nous des objets merveilleux ».

C’est lui qui est chargé de transformer l’église Sainte-Geneviève en Panthéon ; heureusement, pourrait-on dire, car aujourd’hui encore, beaucoup de visiteurs la prennent pour une église, hommage posthume quoiqu’inconscient à son action.

_________________
Tous les désespoirs sont permis


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
 Sujet du message :
Message Publié : 13 Août 2006 9:26 
Hors-ligne
Salluste
Salluste
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 25 Juil 2006 22:07
Message(s) : 202
Localisation : Paris
Plantin-Moretus a écrit :
Question très intéressante ! La sensibilité envers le patrimoine au XVIIIème siècle est en effet très contrastée.
Première constatation qui concerne le patrimoine religieux : le début de déchristianisation que connaît cette époque en fait une période de transition entre le respect dû au sacré, qui avait assuré la conservation scrupuleuse des bâtiments et de leurs trésors, et le sentiment esthétique qui guidera les efforts de conservation du XIXème siècle, d'où un certain flou sur l'attitude à adopter envers ce patrimoine, et qui explique peut-être en partie le dégoût vis-à-vis du gothique.


je crois qu'il faut être prudent sur le terme de "dégout" .... Soufflot, pourtant un des représentants du retour à l'antique, admirait les ouvrages gothiques... non pour leurs ornements, mais pour le savoir des constructeurs mis en oeuvre dans la structure même des édifices... il s'est d'ailleurs inspiré du principe de la voûte d'arrête à Sainte-Geneviève :D

vos trois constatations sont très interessantes

à Gaignières (magnifiques dessins, qui ne sont pas de lui d'ailleurs), j'ajouterai le travail des érudits ecclésiastiques de Saint-Germain-des-Prés à Paris, notamment Michel Félibien qui rédige une histoire de Saint-Denis en 1706, et Bernard de Montfaucon qui fait dessiner la tapisserie de Bayeux, ce qui permis de la sauver à la Révolution, car elle était connue... enfin Michel Germain réalise un répertoire illustré des grands couvents français d'origine médiévale (document aujourd'hui encore très important pour les restaurateurs)

le souci de préserver la mémoire et le patrimoine passe plus par l'image et le texte que par la conservation réelle des édifices, mais c'était déjà vrai des oeuvres antiques à la Renaissance... et avant de fustiger le non respect des hommes des lumières, on devrait peut-être regarder un peu ce qui ce passe de nos jours dans le monde... :wink:

_________________
"Bienheureux les fêlés, car ils laisseront passer la lumière" (Michel Audiard)


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
 Sujet du message :
Message Publié : 13 Août 2006 9:45 
Hors-ligne
Modérateur Général
Modérateur Général
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 13 Mars 2006 10:38
Message(s) : 2476
Localisation : Lorraine
Citer :
le souci de préserver la mémoire et le patrimoine passe plus par l'image et le texte que par la conservation réelle des édifices, mais c'était déjà vrai des oeuvres antiques à la Renaissance

Oui, cette attitude nous paraît étonnante: au XXIème siècle, on a du mal à comprendre cette démarche plus intellectuelle que matérialiste, car à côté de cette insouciance pour le patrimoine architectural par exemple, on prend un soin extrême des livres et des archives, et pas seulement pour des raisons de mémoire administrative (ex: le Trésor des Chartes ou la bibliothèque royale).
Vous évoquez la Renaissance; à Rome par exemple, on n'hésitait pas à raser de nombreux monuments antiques, mais en ayant pris grand soin auparavant de recopier les inscriptions qui les ornaient...

_________________
Tous les désespoirs sont permis


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
 Sujet du message :
Message Publié : 13 Août 2006 10:29 
Hors-ligne
Salluste
Salluste
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 25 Juil 2006 22:07
Message(s) : 202
Localisation : Paris
Plantin-Moretus a écrit :
Citer :
le souci de préserver la mémoire et le patrimoine passe plus par l'image et le texte que par la conservation réelle des édifices, mais c'était déjà vrai des oeuvres antiques à la Renaissance

Oui, cette attitude nous paraît étonnante: au XXIème siècle, on a du mal à comprendre cette démarche plus intellectuelle que matérialiste, car à côté de cette insouciance pour le patrimoine architectural par exemple, on prend un soin extrême des livres et des archives, et pas seulement pour des raisons de mémoire administrative (ex: le Trésor des Chartes ou la bibliothèque royale).
Vous évoquez la Renaissance; à Rome par exemple, on n'hésitait pas à raser de nombreux monuments antiques, mais en ayant pris grand soin auparavant de recopier les inscriptions qui les ornaient...


oui, c exactement à ça que je pensais... finalement à Rome à la renaissance, on a beaucoup plus détruit ces antiquités que l'on admirait tant qu'on ne l'a fait au Moyen age.... paradoxe des activités humaines... :roll:

enfin il ne faut pas oublier le contexte intellectuel des destructions au XVIIIe siècle... les travaux d'"urbanisme" visaient non à détruire les traces d'un âge barbare mais à améliorer les conditions d'hygiène et de vie du peuple afin de permettre le progrès de l'homme et de la société... un projet fort louable donc... bien qu'utopique, mais c le propre des idées de l'époque!

_________________
"Bienheureux les fêlés, car ils laisseront passer la lumière" (Michel Audiard)


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
 Sujet du message :
Message Publié : 15 Août 2006 8:05 
Hors-ligne
Modérateur Général
Modérateur Général
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 13 Mars 2006 10:38
Message(s) : 2476
Localisation : Lorraine
L’émergence timide de l’idée de patrimoine au XVIIIème siècle doit aussi certainement à deux évènements majeurs de cette époque : le tremblement de terre de Lisbonne en 1755, et la découverte des ruines de Pompéi et d’Herculanum un peu avant, qui ont fait prendre conscience de la fragilité des réalisations humaines.

Cette sensibilité se marque par exemple dans la méditation sur le temps à travers les peintures de ruines de Hubert Robert (voir ici Le Pont du Gard avec le beau commentaire de Manuel Royo). L'esthétique de la ruine dans l'imaginaire des Lumières, tiens, voilà encore un sujet très intéressant à développer... Qui s'y colle ? :P

Voir sur cette histoire de la conservation du patrimoine l’article de E. Lever, La folle passion du patrimoine, L’Histoire, n° 181, oct.1994.

_________________
Tous les désespoirs sont permis


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
 Sujet du message :
Message Publié : 15 Août 2006 10:41 
Hors-ligne
Salluste
Salluste
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 25 Juil 2006 22:07
Message(s) : 202
Localisation : Paris
dans la bibliographie sur la prise en compte du patrimoine, la référence incontournable est sans conteste Françoise Choay, "l'Allégorie du patrimoine"... qui traite de ce phénomène de l'Antiquité à nos jours... et permet justement de comprendre que cette émergence n'est pas si timide au XVIIIe, les travaux des érudits sont nombreux en Angleterre et dans toute la France, dans toute l'Europe en fait, depuis le XVIIe, voire même depuis le Renaissance avec Poldo d'Albénas à Nîmes au XVIe...

En fait on peut considérer que le sentiment patrimonial nait avec Pausanias dans "La Périégèse", premier à sembler avoir réellement conscience de la perte irrémédiable du patrimoine...

Puis à cette phase de prise de conscience, succède une phase d'identification du patrimoine, avec toutes les études érudites déjà évoquées qui fleurissent au XVIIIe ( c un véritable boum éditorial plus qu'une apparition timide)...

mais en effet la troisième phase, celle de la conservation effective, apparaît bien tardivement au XIXe siècle... voire même au XXe car les premières entreprises des inspecteurs des monuments historiques n'étaient pas accompagnées de réelles lois de protections si je ne m'abuse (il faudrait que je vérifie dans mes sources)

et quand bien même de nos jour une loi existe, le patrimoine est-il vraiment considéré comme quelque chose d'important? le magazine Que Choisir vient de publier un article intitulé "chefs-d'oeuvre en péril" sur les budgets consacrés au patrimoine.... certe on aime le patrimoine, on le protège à tour de bras, on classe, on inscrit... et après??? on laisse pourir car pas rentable.... personnellement je trouve que parfois on ne vaut pas mieux que nos prédécesseurs... car on détruit aussi le patrimoine en le laissant mourir... mais en plus quelle mauvaise fois!!! il y a de quoi pleurer!!!!!

Plantin-Moretus a écrit :
Cette sensibilité se marque par exemple dans la méditation sur le temps à travers les peintures de ruines de Hubert Robert (voir ici Le Pont du Gard avec le beau commentaire de Manuel Royo). L'esthétique de la ruine dans l'imaginaire des Lumières, tiens, voilà encore un sujet très intéressant à développer... Qui s'y colle ? :P


à noter une expo au Louvre jusqu'au 16 octobre sur des dessins d'Hubert Robert (pas encore eu le temps d'aller la voir :cry: )
et je trouve votre idée de sujet merveilleuse!!! on pourrait même remonter avant les lumières et l'illustrer de plein de belles images!!!!!!! :D

_________________
"Bienheureux les fêlés, car ils laisseront passer la lumière" (Michel Audiard)


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
 Sujet du message :
Message Publié : 20 Août 2006 13:02 
Hors-ligne
Jean-Pierre Vernant
Jean-Pierre Vernant

Inscription : 17 Oct 2003 18:37
Message(s) : 5364
Notre époque, comme les précédentes, mais dans des proportions différentes, mêle l'indifférence face aux vestiges du passé (qui n'a pas entendu certains s'insurger contre "ces vieilles pierres qu'on sauvegarde avec nos impôts" ?), le souci de protection et la difficulté financière et technique de protéger tout ce qui le mérite - et de le faire sans encourir la critique de "fossilisation", "ville musée" etc.
Dans cinquante ans, on s'offusquera peut-être, voire probablement, de l'abandon ou de la défiguration, sous prétexte de mise aux normes, de l'abondant et magnifique patrimoine constitué par le bâti rural ancien, comme ces granges de pierre aux toits d'énormes lauzes, aux linteaux sculptés de dates bicentenaires du pays de Mauriac.

"Et il viendra après nous des jeunes gens qui nous trouveront bien arriérés et qui composeront pour nous abominer des ballades; et il n'y a pas de raison pour que cela finisse." (A.Jarry)


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
 Sujet du message :
Message Publié : 20 Août 2006 14:45 
Hors-ligne
Salluste
Salluste
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 25 Juil 2006 22:07
Message(s) : 202
Localisation : Paris
on néglige en effet souvent le patrimoine rural, alors qu'il est justement celui du plus grand nombre!!
à ce titre je tiens à faire l'éloge de cette vaste entreprise de sauvegarde de la mémoire qu'est l'Inventaire Général, hélas trop méconnu!!!
sa revue "In Situ" disponible uniquement en ligne consacre son dernier numéro au patrimoine rural...

http://www.culture.gouv.fr/culture/inventai/presenta/invent.htm

_________________
"Bienheureux les fêlés, car ils laisseront passer la lumière" (Michel Audiard)


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
 Sujet du message :
Message Publié : 20 Août 2006 22:13 
Hors-ligne
Jean-Pierre Vernant
Jean-Pierre Vernant

Inscription : 17 Oct 2003 18:37
Message(s) : 5364
Citer :
on néglige en effet souvent le patrimoine rural, alors qu'il est justement celui du plus grand nombre!!


De plus, on découvre l'intérêt de sauvegarder des édifices de l'ère industrielle, mais qui sait que la majorité du bâti de nos campagnes est antérieur à 1830, avec notamment une vague de constructions entre 1750 et cette date ?


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
 Sujet du message :
Message Publié : 21 Août 2006 9:45 
Hors-ligne
Salluste
Salluste
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 25 Juil 2006 22:07
Message(s) : 202
Localisation : Paris
Cuchlainn a écrit :
Citer :
on néglige en effet souvent le patrimoine rural, alors qu'il est justement celui du plus grand nombre!!


De plus, on découvre l'intérêt de sauvegarder des édifices de l'ère industrielle, mais qui sait que la majorité du bâti de nos campagnes est antérieur à 1830, avec notamment une vague de constructions entre 1750 et cette date ?


je pense que les professionnels des Monuments historiques et de l'Inventaire, qui étudient quotidiennement ce patrimoine le savent... mais il y a un réell problème de communication au grand public.... qui connaît par exemple les nombreuses publications de l'Inventaire sur tous les types de patrimoine???

sinon il me semble que la magnifique ferme de Juif, en Bresse bourguignone a été récemment classée MH et restaurée!!!

_________________
"Bienheureux les fêlés, car ils laisseront passer la lumière" (Michel Audiard)


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
 Sujet du message :
Message Publié : 21 Août 2006 9:51 
Hors-ligne
Jean-Pierre Vernant
Jean-Pierre Vernant

Inscription : 17 Oct 2003 18:37
Message(s) : 5364
Citer :
je pense que les professionnels des Monuments historiques et de l'Inventaire, qui étudient quotidiennement ce patrimoine le savent


Bien entendu, les professionnels sont au courant. Je faisais plutôt allusion au grand public. Ce n'est pas tout d'inventorier, il faut aussi protéger et valoriser - sachant que ce n'est pas facile pour des bâtiments d'exploitation, obsolètes, souvent propriété d'agriculteurs pas précisément millionnaires. Je reviens de vacances dans le Cantal, j'y ai trouvé abondance de documentations et de circuits voués aux églises romanes, aux châteaux... on vante (parfois à l'excès) le moindre bourg doté de trois vieilles maisons à tourelle, mais rien, ou presque, sur les magnifiques ensembles de bâtiments agricoles fin XVIIIe-début XIXe que peuvent offrir d'humbles hameaux. C'est là, il me semble, un patrimoine presque aussi oublié et méprisé du plus grand nombre et des décideurs/financeurs qu'a pu l'être l'art gothique entre le XVIe et le XIXe...


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Afficher les messages publiés depuis :  Trier par  
Publier un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 18 message(s) ]  Aller vers la page 1, 2  Suivant

Le fuseau horaire est UTC+1 heure


Qui est en ligne ?

Utilisateur(s) parcourant ce forum : Aucun utilisateur inscrit et 29 invité(s)


Vous ne pouvez pas publier de nouveaux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas éditer vos messages dans ce forum
Vous ne pouvez pas supprimer vos messages dans ce forum
Vous ne pouvez pas insérer de pièces jointes dans ce forum

Recherche de :
Aller vers :  





Propulsé par phpBB® Forum Software © phpBB Group
Traduction et support en françaisHébergement phpBB