Voici des reproductions qui me semblent plus fidèles que les précédentes, surtout pour l’Erection de la Croix, qui est en fait un triptyque.
Vous devez trouver des concordances, des points communs entre ces 2 oeuvres et organiser votre plan en fonction de ces relations, en suivant le schéma : observation, analyse, signifié.
D’abord, je pense, expliquer les liens entre Rubens et les Jésuites, qui sont bien documentés et que vous trouverez facilement sur Internet ; Rubens fut par exemple préfet d'une congrégation de Marie.
Ensuite développer la parenté stylistique évidente qui lie les 2 tableaux, dans la composition (par exemple, la diagonale qui structure l’espace, et la composition de cet espace, qui est inversé de l’un à l’autre, mais qui relève du même schéma : espace fermé sur un côté, ouvert sur l’autre : voir le point de fuite sur une abside percée de fenêtres sur l’un et vers un ciel tourmenté sur l’autre). Cette fermeture crée une impression étouffante d’entassement des personnages. On retrouve le même impression d’absence de profondeur dans les 2 tableaux (regardez les efforts des bourreaux qui les entraînent vers le bord inférieur du cadre, et le corps rejeté en arrière au premier plan du St Ignace)
Observez aussi le point de vue, en légère contre-plongée dans les 2 tableaux ; je ne sais pas où devait être placé le St-Ignace, mais je peux vous expliquer comment ce procédé était étroitement lié au site pour l’Erection : l’Eglise Ste-Walburge avait été surélevée au XVIème siècle, et l’autel était lui-même surélevé d’une vingtaine de marches, ce dont Rubens tira parti en imaginant ce triptyque d’une verticalité impressionnante, qui se trouvait derrière l’autel (le triptyque se trouve aujourd’hui dans la cathédrale de Bruxelles, aussi on ne s’en rend plus compte). L’effet visuel devait être saisissant pour les fidèles, et Rubens a calculé l’angle d’élévation de la croix pour qu’elle semble pencher vers l’avant lors de son érection.
Parallèle aussi dans le traitement des groupes : il y en a 4 dans chaque tableau, qui semble respecter (enfin selon moi, c’est peut-être subjectif) une correspondance.
1. St Ignace – Le Christ, par la détente du corps, détaché des choses de ce monde, le regard tourné vers Dieu
2. Les témoins des miracles du saint –les bourreaux : tensions des corps, efforts violents, grimaces anxieuses ; sont-ils attirés ou repoussés par la figure centrale ?
Ces bourreaux semblent lever une voile ; il faut savoir que cette église sainte Walburge, proche du port d’Anvers, était l’église des marins et pêcheurs ; il y a une identification plus que probable entre les marins et les bourreaux.
3. Le groupe des femmes éplorées (Erection) ou bouleversé (St-Ignace) qui comprennent la signification mystique de la scène, mais appartiennent encore à la sphère terrestre.
4. Par contre, la douce résignation du groupe Vierge et St Jean l’évangéliste (Erection) et des moines jésuites derrière St Ignace sont les seules zones de calme des 2 tableaux. Ils participent tous deux du mystère de la Passion (Erection) ou de la Grâce (St ignace).
Un peu plus osé (encore subjectif...) : la correspondance entre le ciel de l’abside (qui n’est donc pas humain) et ses deux médaillons circulaires, et le ciel naturel (Erection), où le rapprochement improbable de la lune et du soleil crée un climat d’apocalypse.
C’est sous ces deux ciels que 2 autres groupes s’agitent : les démons chassés par St Ignace sur l’un, les soldats romains (leur chef signifiant par son bâton de commandement l’érection de la croix) et le mauvais larron tiré par les cheveux pour aller au supplice, sur l'autre.
Il faut enfin établir des liens signifiants entre les 2 tableaux, en se servant de vos connaissances sur les dogmes de la Contre-réforme, qui doivent maintenant vous être familiers, si j’en juge par le sujet de votre devoir précédent sur la mort baroque.
Ici, par exemple semblent s’imposer les thèmes de la lutte du bien et du mal, du céleste et du terrestre, et de la nécessaire intervention des intercesseurs entre ces deux domaines (essentiel pour les catholiques tridentins) dans l’optique du Salut (le Christ d’abord dont la passion rachète les péchés des hommes, St Ignace ensuite dont les miracles prouvent la sainteté et valident le rôle d’intermédiaire entre la terre et le ciel)