ThierryM a écrit :
Je vais remettre une troisième couche mais je rejoins les deux intervenants précédents pour souligner que l'opposition littérature/sous-culture est assez factice. Les écrivains, mais comme la plupart des autres artistes (peintres, compositeurs, sculpteurs, tragédiens, etc.), les auteurs de mangas espèrent bien vivre de leur création, ce qui sous-tend un aspect commercial de leur production. Hugo, Zola, Balzac, pour rester à la France du dix-neuvième, écrivaient dans l'espoir de vendre leurs oeuvres ; les grands peintres de la Renaissance avaient le même objectif. Pour autant, je ne pense pas que quiconque contesterait que Hugo, Zola ou Balzac relèvent de la littérature et opterait pour les classer dans une sous-culture commerciale.
Complètement, cette volonté "mercantile" atteignait même parfois des proportions assez troublantes quand on parle de peinture, regardez par exemple ces tableaux de Jean-Marc Nattier :
Quatre jeunes femmes différentes mais un même motif, des couleurs similaires... on est davantage dans l'oeuvre de commande produite en "quantité" que dans l'expression artistique pure.
ThierryM a écrit :
Si je connais peu les mangas, un constat assez semblable peut être fait pour les comics américains. L'essentiel de la production relève du roman de gare oubliable ; mais, une petite partie de cette production est clairement une production artistique culturelle de très haute qualité. Des auteurs comme Will Eisner, Art Spiegelman, Neil Gaiman, Robert Crumb pour m'arrêter là ont créé des oeuvres qui valent largement certaines productions romanesques, que ce soit par les thèmes abordés que par les références culturelles qui s'y trouvent.
Et d'ailleurs des auteurs de comics ne s'arrêtent pas au seul scénario de bande dessinée ; Alan Moore (V pour vandetta, From Hell, Watchmen...) ou Neil Gaiman écrivent également des romans de belle tenue qui se signalent pas une extraordinaire inventivité qui renouvelle pas mal les genres dans lesquels ils officient. Pour Gaiman American gods discute de façon très fine la notion de "divinité" entre les époques ancienne et contemporaine.