Celle que j'ai est une traduction de Joseph Charles Mardrus aux éditions Robert Laffont. Dans ce même ouvrage, il est dit :
Citer :
Exemple curieux de la déformation que peut subir un texte en traversant le cerveau d'un lettré au siècle de Louis XIV, l'adaptation de Galland, faite pour la Cour, a été systématiquement émasculée de toute hardiesse et filtrée de tout le sel premier. Même comme adaptation, elle est incomplète, car elle comprend à peine le quart des contes : les contes qui forment les trois autres quarts, et non les moins intéressants, sont inconnus en France. De plus, les contes mêmes qui ont subi l'adaptation de Galland ont été écourtés, déformés, expurgés de tous les vers, poèmes et citations de poètes ; les sultans et les vizirs et les femmes de l'Arabie ou de l'Inde s'y expriment comme à Versailles et à Marly. En un mot, cette adaptation surannée n'a rien à voir, d'aucune manière, avec le texte des contes arabes.
La Pléiade a aussi recemment édité une nouvelle traduction de Jamel Eddine Bencheikh et André Miquel, dans laquelle il est dit :
Citer :
En France, réserve faite de l'entreprise de René Khawan, c'est Joseph-Charles Mardrus qui domine le paysage littéraire. [...] Fort agréable à lire, son texte aura finalement livré au public moins les Nuits en tant que telles que Les Mille et Une Nuits de Mardrus écrivain. Et cela sous deux visages : un certain orientalisme alors à la mode le pousse à rehausser de-ci, de-là tel trait particulier dans le sens de la surprise exotique, ou à traduire en français des noms de héros ou héroïnes, des noms qui, en arabe, ont perdu toute valeur sémantique : un peu comme si, en français, nous disions "Homme" au lieu d'"André", "Forestière" pour "Sylvaine", ou, pour "Christophe", "Porte-Christ"...
Surtout, J.-C. Mardrus force dans le sens d'un érotisme lui aussi à la mode, dont il prend l'air auprès de Pierre Louÿs ou d'autres.