Andros a écrit :
L'ascèse dans les religions de l'Inde (védisme, brahmanisme, hindouisme, excepté le bouddhisme) est interprété de façon ambivalente.
En effet, les renonçants (samnyasin) bien qu'étant brahmanes avant leur décision, ont des idéaux qui sont en contradictions avec l'orthodoxie et le système religio-social brahmanique.
La marque la plus significative du renonçant est l'abandon de ses feux extérieurs par intériorisation de ses feux. Non seulement, il abandonne les feux signe de culte dans une société pour laquelle le sacrifice est important, mais il quitte également ses attributs et fonctions brahmaniques.
En affirmant un mode de vie "hors du monde" qu'il interprète comme salvateur par rapport au monde "réel" mauvais, il remet en cause la plupart des cultes divins qui avaient comme but justement d'améliorer la condition "terrestre" de l'homme dans le védisme.
Pour ces raisons et d'autres, les ascètes sont décrits de façon ambigü et parfois très négative dans les textes anciens. Ainsi le dieu Indra n'hésite pas à tuer des ascètes.
Vous racontez vraiment n'importe quoi!
Déjà l'ascète est loin d'être forcément un brahmane, les mythes fondateurs tels le Râmayâna citent nombre d'ascètes qui n'ont rien à voir avec la classe des prêtres:
Baghiratha, le plus illustre, est un Ksatriya, dont 40 000 de ses ancêtres doivent être purifiés par l'eau du Gange pour trouver le repos et pouvoir sainement continuer leur cycle de réincarnations (Je raconterai les évènements dramatiques qui ont conduit à cette situation une autre fois, c'est un mythe védique important). Or à cette époque, le Gange était dans le ciel, c'était la voie lactée. Baghiratha dû donc effectuer des ascèses très dures en abandonnant ses privilèges de souverain de la caste des Ksatriya afin d'implorer la descente du Gange sur la Terre. Il fut si acharné qu'Indra, qui est toujours sensible aux efforts des hommes en matière d'ascétisme s'adressa à lui pour s'enquérir de ses doléances, après quoi il lui conseilla de continuer son ascèse jusqu'à ce que Siva s'occupe de son cas. Ce qui fut fait peu de temps après, Siva acceptant de recueillir le Gange dans son chignon le temps que son flot soit moins impétueux, car s'il était descendu directement du ciel il aurait détruit toute vie sur terre. Ce qui fut fait, le Gange fut ralentit dans la jata de Siva qui la relâcha au bout d'un certain temps et le fleuve pu, après quelques autres péripéties, purifier les cendres des 40 000 ancêtres de Baghiratha.
Autre exemple, toujours dans le Râmayâna, dans le chant II, lors de la mort du roi d'Ayodhya, Dasharatha, celui ci explique la raison de sa mort cruelle loin de son fils exilé pour quatorze ans dans la forêt par sa faute (car croyance de rétribution des actes obliges, si l'on pêche à un moment, on le paiera un jour ou l'autre, dans cette vie ou dans l'autre):
Le futur roi, lorsqu'il était jeune, avait appris de nouvelles techniques de chasse dont il usait et abusait:tirer sur sa proie en se dirigeant uniquement à l'aide du son. Alors qu'il croyait avoir entendu le bruit d'un éléphant, il blessa mortellement un jeune ascète, qui lui demanda tout d'abord d'aller prévenir ses vieux parents, ascètes dans la forêt eux aussi, et dont il était le seul soutien. Il lui demanda également d'abréger ses souffrances, ce que fit Dasharatha malgré une hésitation que rassura le jeune ascète qui l'informa qu'il n'était pas brahmane. Le jeune prince héritier alla ensuite prévenir les parents du jeune homme qui de chagrin, se jetèrent ensemble sur le bucher funéraire de leur fils.
Si ces exemples ne sont pas parlant sur "l'universalité" de l'ascètisme dans l'hindouisme...
Par ailleurs votre définition de l'ascétisme est absolument incompréhensible.
Un ascète, c'est simplement un homme qui par des pratiques extrêmes, lave son Karma, et se fait bien voir des dieux, qui leur accordent des privilèges, des sortes de pouvoirs magiques... et qui leur permet sinon d'accéder à la fin de leur réincarnation, du moins à une existence plus haute, plus pure, plus proche du dieu... et plus confortable... Toujours est-il que même sans envisager immédiatement sa prochaine réincarnation, l'ascète est considéré encore actuellement comme un saint homme, possiblement capable de faire des miracles.
En outre je ne comprend rien à votre histoire d'Indra hostile aux ascètes, vous mélangez tout!
Aucun dieu ne s'amuserait à tuer un brahmane! c'est très grave, c'est un crime effroyable d'en tuer un! D'autant plus d'Indra et Siva sont des dieux particulièrement sensibles aux prouesses ascètiques.
Pour vous donner un exemple, c'est grâce à de durs ascèses que le démon Ravana a obtenu d'Indra l'invulnérabilité face à toute sorte d'êtres (sauf, par orgueil face aux humains, d'où l'incarnation de Visnu sous sa forme humaine de Râma), et la possession de Lanka (ancienne ville de Kubera, démon de la richesse, qu'il a réussi a détrôner grâce à ses nouveaux pouvoirs). Choix bien peu judicieux parceque le même Ravana se met par la suite à attaquer les armées d'Indra, qui ne peut pas le tuer, d'une part parcequ'il est invulnérable face aux dieux et que d'autre part, tuer un ascète qu'on a récompensé pour ses actes, ça ne fait pas sérieux... d'où le besoin de faire appel à Visnu, sous un nouvel avatar pour réparer l'erreur...
Et là encore, si l'ascète se fait éliminer, c'est qu'il devient aggressif, mais quand un ascète est dangereux, mais pacifique, hors de question d'y toucher! C'est le cas de Ryshyashgringa, autre ascète mythyque du Râmayâma (une vraie mine d'or en la matière, comme vous avez pu le remarquer), qui possédait une telle force de concentration que les dieux, du haut de leurs célestes demeures, avaient les fesses qui commençaient à roussir. Pour éviter cet inconfort, Indra decida à dessein de ne plus faire pleuvoir sur le royaume d'à côté mais s'arrangea pour leur faire comprendre que l'ascète Ryshyashringa possédait ce pouvoir (ce qui est vrai puisqu'il était très puissant). Le roi du royaume voisin décida donc de faire venir l'ascète dans son royaume, mais connaissant le père de l'ascète qui avait un caractère irascible, il décida de provoquer le mouvement de l'ascète de lui même. Pour cela il envoya une courtisane, déguisée en ascète, qui convaincu Ryshyashringa de se rendre dans le royaume, ce qu'il fit, et la pluie se mit à tomber immédiatement après son arrivée, ce qui eut pour effet de détourner son attention de son ascèce et de laisser le postérieur des dieux tranquille.
Je pense donc qu'avec votre histoire d'Indra tueur de brahmane, vous confondez avec Parashurama, l'avatar de Visnu tueur de Kshatriya, autre histoire, qui n'a strictement rien à voir avec le sujet des ascètes ici posé.
Sinon pour les Fakir, ce me semble effectivement être l'équivelent musulman des saddhu, de part leur pratiques en tout cas, parceque les croyances diffèrent tout de même fondamentalement. Le fakir est une sorte de pratique synchrétique, héritée de la tradition des acètes indiens, appliquée dans le cadre de la religion musulmane.