Dédé a écrit :
(Il se trouve que je vis très près de Lourdes).
...
... les bidons vides (made in Taïwan) que le pèlerin remplit, en période de sècheresse (là où il est le plus nombreux, le pèlerin, le 15 aout), avec l'eau du Gave de Pau, spécialement déclarée miraculeuse, pour cet usage, par l'évêque de Tarbes, et redirigée vers la vraie source par un tuyau
Permettez-moi de réagir tout en restant dans le sujet qui est un sujet d'histoire.
L'eau de la Grotte est captée en continu à sa source même, dans la grotte, stockée dans deux grands réservoirs (remontée par pompes). L'un situé sous la basilique supérieure, occupe un grande partie du soubassement de celle-ci. Il a été construit en 1879 en remplacement d'un premier datant de 1872, puis modifié et agrandi en 1880 et 1884. Le deuxième est creusé près du chalet épiscopal en 1956. L'eau est ensuite redistribuée vers les piscines et les robinets. Le surplus rejoint alors le Gave de Pau, et non l'inverse.
Mes sources (c'est le cas de le dire) : Histoire des Sanctuaires de Lourdes, NDL éditions, T.2, 1870-1908, La vocation de la France, Chantal Touvet, 2008, et T.4, 1947-1988, Evolutions et réalisations, Henri Branthomme et Chantal Touvet, 2005.Le deuxième est, je le reconnais plus ambigu.
Je vous mets au défi de trouver, au cours des 150 ans écoulés, l'expression "eau miraculeuse" dans le discours des évêques successifs de Tarbes et Lourdes (c'est désormais leur titre exact) et dans celui des recteurs et chapelains des Sanctuaires. En revanche, il est parfaitement exact que
l'expression populaire d'eau miraculeuse est fréquemment employée, avec une confusion certaine. Et vous trouverez par voie de conséquence dans les discours ecclésiaux des réfutations récurrentes de cette expression jugée erronée par le clergé. Ce qui paradoxalement prouve le succès populaire de l'expression.
J'en veux pour preuve les mises en garde qu'on trouve dans les manuels ou les comptes-rendus de pèlerinage. J'en ai parcouru pour ma part un bon paquet, datant d'entre 1873 et 1948, et le mode opératoire de la réfutation est toujours le même : ce n'est pas l'eau qui est miraculeuse, seule la Foi ..., seule la Grâce de Dieu ....
Dédé a écrit :
Une version qui court en Bigorre, pas forcément vraie, mais bien plus vraisemblable que la version officielle
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Vous qui connaissez Lourdes, vous vous imaginez faire la culbute dans une grotte comme celle-là, au petit matin, en février ?
D'autant que le lieu est connu à l'époque sous le nom de la "Tute à cochons", un abri naturel pour les bêtes, je vous laisse imaginer la fange... Bernadette vient avec sa soeur et son amie y ramasser du bois et des os. Comme nid d'amour, et même comme lieu de rendez-vous galant, il y a mieux.
Si une tradition orale est, par principe, une pièce à verser au dossier de l'historien, celle-ci ne me semble pas pesr bien lourd devant la confrontation avec les réalités géographiques : topographie, climat, état des sols, ...
Alors, qu'est-ce que Bernadette a vu dans le creux du rocher ? Le croyant peut se prononcer. L'historien ne peut que conclure : voilà ce que les témoins rapportent...
Foi et raison ne s'opposent pas. Croyant ou mécréant, comme vous dites, cher Dédé, cela n'ôte rien, je l'espère, à la rigueur de notre analyse.