Pour recentrer un peu le débat sur le sujet d'origine (les chants protestants pendant les guerres de religion), j'ai trouvé un document intéressant sur Internet : il s'agit de la revue
Terrain (revue d'ethnologie) n°41 septembre 2003. L'article est signé Tatiana Debbagi Baranova
http://terrain.revues.org/pdf/1610Je vous en livre un morceau choisi :
Citer :
L’influence du modèle de prédication est évidente dans le cas de Christophe de Bordeaux, marchand bourgeois de Paris et auteur du Beau Recueil de plusieurs belles chansons spirituelles (1570 ?) dirigées aussi bien contre des ministres que contre des gentilshommes engagés dans l’armée du prince de Condé. En 1562, il a déjà édité la Déploration sur la mort et trepas de… frère Jehan de Ham [Hans], le frère minime célèbre par ses propos particulièrement séditieux, qui, comme il le rappelle avec admiration, n’épargnait ni les grands ni les dames dans ses prêches. Le chansonnier qui se nomme « l’enfant de Paris » est pénétré de l’idée qu’en écrivant il accomplit, à l’image de Hans, son devoir civique, qu’il confirme la foi et le courage dans le cœur de ses confrères. Il semble aussi croire au pouvoir magique de l’injure, car dans un récit du miracle, imprimé en 1613, il met en scène une femme, abandonnée par son mari dans une situation critique et dont les injures entendues par Dieu attirent la juste vengeance sur le coupable. Sa violence poétique n’était-elle pas censée appeler la colère de Dieu sur la tête des infidèles ?
Cette idée de devoir religieux et politique du poète est également proclamée pendant la Ligue, comme nous l’apprend un quatrain du Faux Visage découvert du fin Renard de France qui représente la composition d’un poème contre Henri de Valois comme un acte de foi : « Et vous divins ésprits, zèles pour Jésus Christ / Faites fondre sur lui vos carmes satiriques / En érnissant son nom de plus creux des chroniques. »
Je trouve cet article intéressant car il montre que, non seulement il est difficile de savoir quels chants étaient utilisés pour s'approprier l'espace sonore du champ de bataille, mais également l'existence et l'emploi de recueils "parallèles" à ceux utilisés pour la liturgie et comprenant visiblement des chants beaucoup plus engagés politiquement.
[edit] Le document original numérisé est disponible sur Google books =>
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