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La république se sépare de l'église
Attention : en 1905, il s'agit de la séparation des Eglises et de l'Etat, c'est-à-dire de la fin de la reconnaissance officielle de 3 cultes, catholique, réformé (calviniste) et luthérien (ce qu'on appelait les "confessions reconnues"). Le cas du judaïsme est encore à part. Mais dire "la séparation entre l'Eglise et l'Etat" laisse à croire qu'il ne s'agit que d'une guerre entre les laïcs et les catholiques. C'est bien plus profond que ça.
Il ne s'agit pas d'éradiquer la religion mais de créer un Etat neutre. Les fêtes religieuses sont un état de fait, pas des fêtes officielles. L'Etat est neutre, cela ne veut pas dire qu'il est anti-religieux : si les fidèles veulent fêter Noël, qu'ils le fassent. De même, on ne va pas détruire les cathédrales ou en faire des hangars : c'est bien l'Etat qui prend en charge leur entretien (les communes pour les Eglises paroissiales) et les laisse à la disposition des fidèles. L'important, c'est que l'Etat soit libre de toute attache à une métaphysique quelconque, et non d'empêcher la pratique religieuse. Rien à voir avec une politique de déchristianisation ; il s'agit de privatiser la religion. Du reste, à la génération précédente, Ferry ne parle pas de laïcité mais de neutralité. Mais lui voulait garder le concordat pour des raisons très politiques (contrôler la désignation des évêques...). Les protestants ont bien accepté la séparation car ils y voyaient une grande liberté, contrairement au concordat. Quelques évêques aussi étaient favorables à la séparation mais l'ensemble et surtout le pape ont poussé à 'affrontement devant la crainte de voir naître un monde athée. L'Eglise a finalement bien accepté cette situation (à partir des années 1930, mais surtout après 1905).