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Le judaïsme et le christianisme antique deSimon et Benoit et justement les auteurs ont abordé cette question. Je vous le restitue tel que,
p. 67 :
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A défaut de certitude sur ce point précis, il est assuré du moins que les Juifs ne s'en sont pas tous tenus à la conception d'un Messie davidide purement humain. On voit se développer, vers le début de l'ère chrétienne, un courant de pensée apocalyptique, influencé une fois de plus par l'Iran, où la figure centrale du drame ultime est celle du Fils de l'Homme. L'expression ne signifie rien de plus, dans son sens primitif, que 'l'homme". Mais dans son contexte apocalyptique elle prend valeur de nom propre et désigne une figure mystérieuse dont la caractéristique essentielle est précisément d'être supra-humaine. Le point de départ scripturaire de cette notion se trouve dans le livre de Daniel (7, 13 ss.) où le Fils de l'Homme semble être à la fois un individu et une sorte de figure collective, personnification du peuplé élu appelé à régenter les Gentils. Dans le livre d'Hénoch, expression d'un judaïsme plus ou moins ésotérique, apparenté aux Esséniens, où le Fils de l'Homme prend tout son relief, c'est sans conteste une figure individuelle, céleste, supérieure même aux anges, préexistant à la création du monde, participant de la sagesse de Dieu, et qui se situe en quelque sorte à mi-chemin entre l'humanité et la divinité. Descendu sur les nuées à la fin des temps, il exercera sur terre une royauté que certains conçoivent comme éternelle, tandis que pour d'autres, plus nombreux semble-t-il et plus fidèles à l'esprit d'un judaïsme strictement théocentrique, elle doit faire place, à l'issue de la révolution cosmique mentionnée plus haut, au règne de Dieu en personne. Cet exemple de spéculation a été d'un importance considérable pour les premiers développement du christianisme.
p. 87-88 :
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Cependant, si importante que soit la figure du Serviteur pour expliquer celle de Jésus, c'est à une autre figure encore qu'il recourt habituellement pour se définir : celle du Fils de l'Homme. On en a noté plus haut (p.67) l'origine et les caractéristiques. Elle est au cœur de la prédication de Jésus, telle que les Évangiles l'ont consignée. Alors que la figure du Serviteur représente, dans l’Église naissante, l'un des points d'appui majeurs de la christologie, le terme Fils de l'Homme ne désigne explicitement Jésus qu'une seule fois en dehors des Évangiles (Actes, 7, 56). L'usage qu'en font les Évangélistes n'en est que plus caractéristique. Il est clair qu'il s'agit pour eux d'une autodésignation de Jésus : " le Fils de l'Homme" et "je" alternent parfois, comme termes interchangeables, dans des passages parallèles des Synoptiques. L'expression s'applique tantôt à la vie présente et humiliée et à la Passion de Jésus (Marc, 10, 45; Matth. 8, 20 ; Luc, 22, 48) tantôt à son exaltation future (Marc, 10, 45 ; Matth. 19, 28). C'est évidemment à la littérature apocalyptique, Daniel et peut être Hénoch, que Jésus a emprunté ce titre, moins précis et moins susceptible de contresens et plus chargé de mystère que celui de Messie, mais aussi plus riche de signification théologique, malgré les apparences, que celui de Fils de Dieu dans son acception juive, sinon dans celle que lui a donnée la spéculation chrétienne ultérieure. Car si le terme de Fils de l'Homme n'est au départ qu'un sémitisme, synonyme de homme, il désigne, dans son usage spécifique, fixé par l'apocalyptique juive et précisé par Jésus, tout autre chose que la simple humanité ; il n'y a qu'un Fils de l'Homme, qui se sent lié par un lien de filiation particulier au Père Céleste. Du fils de l'Homme évangélique au Fils de Dieu tel que l'a défini la théologie trinitaire la transition était naturelle.