Alain.g a écrit :
Il y a beaucoup de confusion dans ce raisonnement.
C'est bien, vous pourrez dire à Coquerel, Lugan et autres historiens spécialistes de l'Afrique du sud que leur raisonnement est confus... En attendant, à part votre définitif et pourtant peu étayé "Ceci est mon avis sur le sujet", vous avez peut-être une petite source à proposer, un travail d'historien à mettre en avant?
Citer :
Chaque peuple est centre du monde, nous l'avons souvent constaté dans ce forum. Il n'y a pas que les calvinistes et Israel avec leur peuple élu qui se croient uniques. Et ce sentiment d' être unique, d' avoir une mission, que les autres soient des barbares, apanage des grecs, des romains, des chinois, des allemands, de chaque peuple indien et de tant d'autres peuples, n'a rien à voir avec le racialisme qui est une théorie d'étude, description et comparaison des races au 19è siècle.
Vous ferez l'effort de lire la deuxième page où le racialisme est abordé et où je précise que pour ma part, j'employais ce terme peut-être improprement pour désigner le différentialisme, la séparation entre peuples et ethnies.
Le sujet, que je n'ai d'ailleurs personnellement pas posté, essaie de comprendre pourquoi les pays/entités/groupes humaines protestants avaient beaucoup plus tendance que les catholiques à faire du différentialisme, à séparer les groupes sur des bases ethniques. Plusieurs exemples sont donnés, qui sont difficilement contestables.
Mais ce qui est sujet à débat, c'est le pourquoi de la chose. Est-ce que c'est vraiment dû à la religion, entre un protestantisme plus "fermé", plus centré sur de petites communautés, face au grand moule catholique? Est-ce dû à la structure des sociétés anglo-saxonnes?
Les Romains ou les Grecs que vous citez considéraient peut-être les autres comme des barbares mais ils se mélangeaient à eux. Ce qu'on ne retrouve pas ou très peu dans les exemples donnés dans ce fil et qui concerne des populations anglo-saxonnes protestantes. Pourquoi?
Alain.g a écrit :
J'essaye de comprendre le calvinisme et suis étonné de lui voir accolée la notion de peuple élu.
Vous allez trop vite en besogne; je m'interrogeais sur ce phénomène, je n'affirmais rien. Pour les Boers/Afrikaners, le calvinisme a effectivement induit cette conception de soi-même en tant que peuple élu en terre d'Afrique australe. On retrouve cette idée dans tous les travaux historiens sur la question, elle n'est pas contestable.
Mais peut-on généraliser cela à toutes les communautés calvinistes et, plus globalement, à toutes les communautés protestantes? Ca, je n'en sais rien, je ne connais bien que le cas des Afrikaners... C'est Jean-Claude et ses connaissances approfondies du protestantisme qu'il nous faudrait, mais il n'intervient malheureusement pas.
Je voudrais faire quelques remarques, qui vont d'ailleurs dans un sens ou dans l'autre.
- J'ai recopié le texte de Koestler qui, sans être évidement spécialiste de la question, a quand même écrit quelque chose de fort intéressant et pertinent sur l'aspect "national", tribal, exclusif de l'Ancien Testament. On sait tous que le Nouveau Testament est, par contraste, beaucoup plus ouvert sur le monde et d'abord sur les Gentils qu'il se charge de convertir. Il n'est donc pas inutile de se demander si les protestants - en général très portés sur l'AT, donc sur cet aspect tribal, fermé d'un peuple élu - n'auraient pas plus tendance à concevoir l'exclusion ou du moins la séparation d'avec d'autres population que les catholiques - nourris de pensée néo-testamentaire et donc presque par nature ouverts au monde et aux autres (je ne fais aucun jugement de valeur ici). Peut-être n'est-ce pas vérifié ou vérifiable, mais il est en tout cas intéressant de se poser la question.
- Il faut également préciser que le calvinisme des Boers était un peu particulier dans le sens où il était coupé des courants de pensée européens des XVIIIème et XIXème siècles et donc de l'Eglise calviniste hollandaise. La pensée boer s'est forgée au sein des communautés de
trekboers - presque complètement coupés du monde - qui nomadisaient et s'installaient dans les plaines du Karoo puis qui s'enfonçaient dans les profondeurs de l'intérieur après le débarquement des Britanniques. Est-ce que cette particularité du développement intellectuel des Boers les a conduit à concevoir le monde différemment des autres communautés calvinistes?
Citer :
Cependant, les religieux chrétiens et juifs considèrent ce statut uniquement comme porteur de responsabilité et générateur de sacrifice. Le vrai sens d'élection divine n'est pas la supériorité d'un peuple, mais la responsabilité du déposit d'un message de paix à transmettre. L'erreur volontaire est très souvent liée à une forme de calomnie antisémite, alors que le message à transmettre est universel et pacifique, notamment par la preuve dans le texte biblique que les Israélites ont été choisis pour être le peuple élu, en raison de leur insignifiance en nombre. La signification biblique véritable du peuple élu est donc d'ordre inverse à l'accusation antisémite : rester humble et responsable d'un message d'amour universel. L'interprétation juive est qu'il s'agit là d'un fardeau, une mission difficile et primordiale, et non de la moindre signification de supériorité. "
Ca, c'est la théorie, avec violons et ballons roses... Dans la pratique, on ne voit pas que les Hébreux aient été portés à répandre le message monothéique de paix et d'harmonie universelle. D'ailleurs, les conditions dans lesquelles a été rédigée la Bible hébraïque (en gros, entre le VIIIème et le Vème siècle avant notre ère) expliquent en partie l'aspect quasi "nationaliste" de l'Ancien Testament. Il y a plusieurs fils en histoire ancienne sur ce sujet. l'AT est avant tout un livre d'histoire "nationale", pas un message universel et prosélyte. Il faudra attendre les Chrétiens pour trouver une portée universelle et prosélyte du message religieux...