Jerôme a écrit :
Je connais très mal la religion des Romains mais je suis étonné par deux initiatives majeures de l'empereur Hadrien : la construction du sublime panthéon de Rome (toujours debout) et du gigantesque temple de Vénus et Rome (1er sanctuaire voué à la déesse Rome situé dans la Ville ).
Tout d'abord, pour le Panthéon, ce n'est que très indirectement une oeuvre d'Hadrien. Rappelons d'abord qu'il s'agit d'une reconstruction. Le Panthéon existait déjà depuis 150 ans, il avait été construit par Agrippa au début du règne d'Auguste. Il a brûlé en 110 ou 111 lors d'un incendie. Sa reconstruction, on le sait désormais, a commencé sous Trajan et a été achevée sous Hadrien. Est-ce aux architectes de Trajan ou d'Hadrien qu'on doit cette coupole? On l'ignore.
Enfin, le Panthéon est le monument de Rome le mieux conservé aujourd'hui, mais il est en fait très méconnu. Presque aucun texte antique n'en parle, sauf un célèbre passage de Dion Cassius mais qui s'intéresse au Panthéon construit par Agrippa. Des milliers et des milliers de pages ont été écrites sur l'idéologie politique d'Hadrien qui se voit dans le Panthéon, mais ce sont des pures conjectures et même, très souvent, du vent.
Le temple de Vénus et de Rome, pour le coup, est bien une initiative d'Hadrien. Dans ce cas, il est sans doute plus facile de la relier à une idéologie universalisante qui se développe sous son règne. C'est en effet la première fois qu'un temple de Rome est construit à Rome même (il en existait beaucoup dans les provinces). A cette époque, le qualificatif (déjà existant) de
Roma aeterna se répand vraiment en lien avec l'exaltation du régime impérial. Le fait d'honorer ensemble Rome et Vénus, divinité protectrice de la famille impériale depuis César, va clairement dans ce sens.
Le temple de Vénus et de Rome est par ailleurs un temple sans podium, donc sur un plan clairement grec, à relier au philhellénisme d'Hadrien et à ses voyages en Orient.
Enfin, je précise que les historiens de l'Antiquité ne parlent jamais de "foi" pour qualifier les religions grecque et romaine. Elles ne reposent pas sur le fait de croire, ce que suppose le terme de foi, mais sur la bonne exécution d'un certain nombre de rites, ce qui n'empêche bien sûr pas une adhésion personnelle des pratiquants.
Construire un temple à Rome est toujours un acte à la fois religieux (remercier une divinité pour un bienfait et s'assurer sa protection pour l'avenir) et politique.