Yongle a écrit :
Isidore a écrit :
Enfin vous sous entendez que le renoncement au pouvoir temporel de la part de l'Eglise est une chose normale et qui devait advenir. Pourquoi ?
J'attends la réponse avec impatience...
Mais tout simplement parce que l'église n'a pas vocation à la théocratie.
Il me semble que le message de l'évangile ne va absolument pas dans ce sens. "Mon royaume n'est pas de ce monde".
Vous déterrez une ancienne exégèse pour la citation "Rendez à César ce qui appartient à César", c'est pourtant à mon avis un message assez clair.
L'exemple des Etats Pontificaux se joignant à une coalition militaire contre Napoléon me laisse perplexe : on verra plus tard le pape refuser d'appliquer le blocus continental au motif parfaitement valable sur le plan religieux que son rôle n'était pas de favoriser un belligérant plutôt qu'un autre. Que ne l'a-t-il pas fait plus tôt !
Pour le reste rassurez-vous, je ne prétends pas que la religion soit à l'origine de toutes les guerres. Elle a souvent été instrumentalisée en ce sens, mais ça n'en fait pas par essence une source de guerre.
Citer :
Une société peut tout à fait choisir de mêler intimement temporel et spirituel et donc de ne pas séparer. C'est un choix politique, un choix de société.
Tout à fait. C'est un choix de société réactionnaire.
Je ne vois pas d'exemple historique récent où ce choix ait donné de bons résultats. Pour moi la religion et le pouvoir n'ont pas le même objet et ne servent pas les mêmes buts.
Gouverner au nom de Dieu est une posture qui rend illégitime toute opposition : s'opposer au pouvoir revient alors à s'opposer à Dieu. La théocratie est incompatible avec la démocratie.
il existe certes quelques exemples de chefs d'état démocratiques qui sont également dirigeants en titre de la religion de leur pays. Mais pour cela ils séparent clairement leur rôle spirituel de leur rôle temporel et ne prétendent pas que leurs décisions politique soient d'origine divine. Je pense au roi d'Angleterre chef de l'église anglicane, en particulier. Le cas du roi du Maroc, commandeur des croyants, est plus ambigu : c'est une démocratie encore en construction, et qui montre des limitations évidentes dans le respect des libertés individuelles, à commencer forcément par la liberté religieuse.
On vient d'avoir un bon exemple de confusion entre le spirituel et le temporel conduisant à la négation de la démocratie : la confiscation du printemps égyptien par les Frères Musulmans. Il s'est trouvé heureusement une majorité du peuple pour dénoncer l'imposture.
A l'inverse, un chef d'état religieux aussi respectable que le Dalaï-Lama a fait le choix de renoncer à son pouvoir temporel et de le confier à un parlement élu désignant un premier ministre.
Ma vision du progrès est évidemment orientée : je considère qu'il n'y a pas de progrès sans liberté de pensée. Je ne fais pas dans le relativisme culturel.
(ça vaut d'ailleurs pour les religions athées comme le communisme et le nazisme, dont on a vu les dégâts qu'ils pouvaient produire. Là on tombe dans la folie religieuse la plus délirante qui soit : celle de l'homme qui prétend se substituer à Dieu.)