Attila le Hun et l'empire bysantin
Attila, " le fléau de Dieu ", était monté sur le trône des Huns en 434. Après plus d'un demi-siècle de contacts avec les Romains, son peuple était sans doute devenu un peu moins bestial, mais il vivait et dormait toujours dehors, dédaignant toute agriculture et même toute nourriture cuite, attendrissant la viande crue en la plaçant entre les cuisses du cavalier et les flancs de son cheval. Attila était un parfait exemple de ses semblables : petit, trapu, le nez épaté, les yeux petits dans un visage trop large pour son corps et une barbe clairsemée en broussaille. Après sept ans de règne, il s'était approprié un vaste empire barbare allant des Balkans au Caucase et au-delà, mais grâce au tribut annuel que lui versait Théodose, il ne causa pas de graves soucis à l'empire avant 447. Son armée avançait simultanément dans deux directions : vers le sud en Thessalie, et vers l'est en direction de Constantinople. Il semblait bien que le mur de Théodose avait été construit juste à temps : les Huns firent demi-tour à la recherche de pillages plus accessibles. Mais ils infligèrent une cuisante défaite à l'armée byzantine à Gallipoli, et ne se retirèrent qu'après que l'empereur eut accepté de tripler le tribut annuel. À partir de ce moment, des messagers circulèrent constamment entre Attila et Théodose. Attila croyait à juste titre que l'empereur était terrifié par lui ; quant à Théodose, il ne connaissait que la politique de l'apaisement pour laquelle il était prêt non seulement à épuiser sa propre trésorerie, mais à saigner à blanc ses sujets. Un certain Priscus a décrit en détail une de ses ambassades envoyées à Attila en 448. Grâce à ce témoin direct, nous avons un portrait inoubliable de la cour des Huns et de leur roi :
Tandis que pour nous il y avait de somptueux mets cuisinés et servis sur des plateaux d'argent, pour Attila il n'y avait que de la viande sur une planche... On tendit aux convives des gobelets d'or et d'argent, tandis qu'il buvait dans un bol en bois. Il était vêtu simplement, comme tous les autres, mais lui était propre. Ni l'épée qu'il portait au côté, ni les boucles de ses bottes, ni la bride de son cheval n'étaient ornées, comme celles d'autres Scythes, d'or, de pierres précieuses ou de toute autre chose de valeur.
Nul ne sait combien de temps Attila aurait continué à s'approprier les richesses de l'empire d'Orient si Théodose ne s'était pas tué, le 28 juillet 450, en tombant de cheval. Il ne laissait pas d'héritier mâle, mais le problème de la succession fut résolu par Pulchérie. En dépit de son vœu de virginité, elle contracta un mariage blanc avec un sénateur de Thrace, un ancien soldat du nom de Marcien. Elle le fit promptement Auguste et le plaça avec elle sur le trône, en affirmant qu'il y avait été nommé par Théodose sur son lit de mort.
Un des premiers actes de Marcien fut de refuser au roi des Huns son tribut annuel. Sachant qu'Attila préparait une vaste opération contre l'empire d'Occident, il paria qu'il ne retarderait pas son projet pour une expédition punitive en Orient. Il gagna son pari, et tous se réjouirent à Constantinople quand on annonça que l'armée des Huns était partie vers l'Italie et la Gaule. Mais, le danger immédiat écarté, Marcien se retrouva confronté à une autre menace : la fracture de plus en plus profonde qu'occasionnait cette fois dans la société byzantine l'hérésie monophysite.
_________________ Le sage n'affirme rien qu'il ne puisse prouver. proverbe latin
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