Mugan a écrit :
Les Ottomans ont rivalisé uniquement les cités états italiens, et ce pour une courte durée (jusqu'au désastre de la Lépante en 1571) et limité dans l'espace, donc en Méditérannée.
De 1522 à 1571, me concernant et vu les imbrications politiques etc. ceci est déjà un temps long. Avec la prise de Rhodes, la Méditerranée devient un lac ottoman tout au long du règne de Suleyman II. Malte se réveille à la fin du règne du sultan.
Le but n'est pas -en Méditerranée- de construire des monstres mais de gagner des batailles, ce qui fut face à l'Espagne de Charles Ier ayant pourtant à ses côtés un homme tel Doria. Ce qui montre que les gros bateaux ne font pas les grandes victoires.
Au XVIe, l'Est n'est pas -je me répète- le centre d'intérêt du sultan mais quelques points demeurent.
Le sujet est le blocage de l'Est par les Ottomans : il faudrait mettre des balises temporelles parce-que les Ottomans ne se sont tout simplement pas donné les moyens d'un blocage à l'Est : ce n'était pas leur priorité au XVIème, époque des grands axes maritimes (voyez Clot et son
Soliman).
Le problème n'est pas la technologie mais un choix politique (voyez "
L'Empire ottoman du XVe au XVIIIe" d'Hitzel). Bon ou mauvais, ceci est un autre problème, toujours est-il qu'au XVIe le choix s'impose moins que les réalités.
Lépante s'inscrit dans une toute autre conjoncture politique, tomber dans le piège du "
tant qu'on y est, on ne va pas passer à côté" est une erreur. Sélim II a perdu ses meilleurs capitaines et l'Espagne en a d'excellents à ce moment où, pour le coup, la dynamique "croisade" va animer la bataille.
Citer :
Ce qui allait ensuite donner un répit aux ottomans dans leur chute inéluctable, c'était la montée des puissances Protestantes contre les Catholiques.
Le mot "
inéluctable" me gêne un peu car il embrasse beaucoup sans trop creuser.
J'ai du mal à voir en quoi les problèmes confessionnels sont un atout pour les Ottomans ; est un atout la constance des conflits franco-Habsbourgeois et ces conflits ne prennent pas racine dans les problèmes confessionnels. Ils seront réglés au sein du SERG (Paix d'Augsbourg en 1555) quand la France en sera franchement importunée.
Il est faux de croire que les princes réformés (luthériens et calvinistes) vont jouer la carte ottomane (Cf. : Brandi ou Chaunu & Escamilla pour Charles Quint // Bogdan pour les Habsbourg // Nicollier pour le SERG de 1495 à 1648). Ils joueront la carte "chrétienne" et sauront faire taire les rivalités confessionnelles bien conscients que si le verrou de Vienne saute, on ne pourra plus endiguer l'avance osmanienne.
Citer :
Les Catholiques portugais et espagnols qui avaient lancé l'ère des explorations européennes se sont fait avoir par les Anglais et Néerlandais, des Protestants qui ont d'abord rivalisé et ensuite battu les Catholiques dans les océans.
En vous lisant, j'ai l'impression que le fait d'être de la religion réformée ou anglican est un moteur qui éveille soudain le besoin de conquêtes de nouveaux horizons. Ce fut d'abord des choix puis les comptoirs établis ont servi les nouveaux arrivants et là, oui, le problème confessionnel a joué mais il faut attendre la fin du XVIème.
Personne ne s'est "
fait avoir" par les Anglais (le côté "
perfide Albion" devient lassant) : ils ont mené une politique avec les choix qui s'offraient à eux (un moment avec les Espagnols contre la France, un moment avec la France contre l'Espagne, un moment bien seuls, le Portugal neutre le plus souvent etc.) et tôt ont pu passer des traités commerciaux (capitulations) avec la Porte quant à certaines provinces "
par deça", ceci fait belle lurette que la mer et le commerce maritime est une option optimisée. Le passage à la religion réformée ne sera pas une dynamique.
Le sera la brutalité de la Contre Réforme philipinne, non pour les échanges commerciaux mais pour le choix de s'installer dans les colonies du Nouveau Monde.
Le "blocage de l'Est par les Ottomans ?" (forme interrogative), la réponse est non pour ce qui me concerne. Certaines choses ont été tentées mais ont avorté et le XVIe n'a pas vu de sultans intéressés à décider d'optimiser cette voie tout simplement parce-que les principaux : Sélim Ier et Suleyman II ont pour objectif une implantation durable sur le vieux continent, le pourtour méditerranéen et Rome, le tout sur fond de conflits internes et voisins. Dire qu'ils ont "raté" quelque chose n'est pas compréhensible si l'on se penche sur leurs souhaits et volontés politiques. Qu'ensuite ceci ait eu des répercussions, c'est un autre problème.
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