Félicie a écrit :
Une personne que j'apprécie beaucoup pour sa finesse et pour sa culture et qui par ailleurs a eu une formation musicale me disait récemment que pour elle, l'oeuvre de Delumeau, la Peur en Occident était composée comme une symphonie.
Ce doit être Delumeau lui-même
, car c'est ce qu'il écrit dans son introduction générale, où il file la métaphore, de l'"ouverture" au "finale" (je cite ses propres mots).
Félicie a écrit :
Est-ce que cette deuxième étape du travail, indispensable à mon sens, je le répète, si l'historien veut rendre accessible son "message" nécessite des qualités littéraires particulières qui ne seraient l'apanages que de quelques uns ?
Bah, je crois bien que la première qualité du style, c'est la simplicité et la clarté d'énonciation. Pas besoin de phrases alambiquées, même pour dire que les notions qu'on aborde sont complexes !
Comme plusieurs intervenants, j'ai des chouchouxxx : Vernant, Vidal-Naquet et Veyne, le premier se distinguant par une écriture lumineuse tellement elle est claire et donne l'impression au lecteur d'être intelligent (c'est un peu comme avec Duby, on se dit : "mais oui, bien sûr, je l'ai toujours su !"); le deuxième est plus ardu, mais très rigoureux et sans fioritures. Avec Veyne, l'humour est toujours présent et c'est un régal.
J'ai découvert récemment Nicole Loraux, qui est d'un abord difficile à cause du vocabulaire très technique qu'elle emploie et auquel il faut se faire, ce qui la laisse hors de portée d'un non-familier de la culture grecque antique (enfin, au moins de la littérature et de bribes d'histoires). Mais l'écriture est directe, jamais gratuite (elle ne jargonne pas pour jargonner), elle sait dégager l'essentiel dans son propos, plaisante aussi à ses heures et surtout, surtout, le contenu est toujours passionnant. Malheureusement seuls quelques-uns de ses ouvrages sont encore publiés.