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Ensuite quand je parle d'amateurs, il y a certes une modification profonde du tissus social de ces historiens là. De même on ne fait pas l'histoire de la même manière. l'apport de la généalogie a grandement contribué à libérer l'oral et à en faire une source à part entière. Et l'on tombe parfois et souvent trop de fois dans le racontard, la légende sans la vérification à la source ou l'utilisation du conditionnel.
Je ne sais pas, je n'ai aucunes sources sur le sujet. Que n'importe qui puisse "aujourd'hui" éditer un ouvrage d'historien autoproclamé, je n'en doute pas. Est-ce réellement plus facile qu'aujourd'hui, et est-ce que cela fait baisser la qualité moyenne des travaux amateurs publiés, je n'en ai aucune idée. On pourrait tout aussi bien dire qu'il est plus facile à celui qui a fouillé des sources pendant des années de franchir le pas de livrer au public des recherches faites dans le seul but initial de satisfaire sa propre curiosité. Et encore, sur pages14-18, pas mal de spécialistes d'un domaine précis de la Première guerre, connaissant sur le bout des doigts leur sujet à force d'éplucher les documents du SHAT et d'ailleurs, hésiter à se lancer dans l'aventure toujours complexe de la publication (trop souvent convaincus de n'intéresser personne). Sur ce forum-là, vous avez pléthore de chercheurs amateurs qui se livrent à des échanges prouvant amplement leur rigueur face aux sources, leurs recherches de données fiables et recoupées.
Quant aux journalistes, je pense aussi qu'il est difficile au grand public de voir en quoi leur métier diffère de la démarche historique; eux aussi sont censés vérifier les sources, les recouper, avoir du recul et de la capacité d'analyse, etc. Qui plus est, il existe ce culte du "briseur de tabous", ce mythe d'une recherche constituée de mandarins jaloux de leurs prérogatives, édictant une "vérité officielle" figée, qui crée un préjugé positif en faveur du "journaliste qui est allé enquêter", n'hésite pas à prendre des "positions anticonformistes", etc etc. Si bien qu'avec l'étiquette de journaliste, on se mitonne facilement une image d'historien encore plus fort que les historiens "officiels", car soi-disant indépendant et sans concession.