Pédro a écrit :
En Histoire on travaille sur une donnée temporelle qui induit les transformations et qui suit l'évolution de ce que l'on nomme civilisation.
Exactement, aucune des catégories historique que l'on étudie ne doit être considérée d'un point de vue statique. Les études récentes sur "l'archéologie des empires" ont bien mis en évidence cet aspect et notamment le fait qu'on ne peut jamais penser la relation centre/périphérie dans un seul sens au cours du temps, la civilisation motrice intégrant elle-même des traits des cultures des territoires dominés, au point de souvent changer de substance.
Un cas flagrant est celui de l'empire assyrien : il se forme en grande partie sur la lutte contre les Araméens qui menacent le cœur de l'empire, et quelques siècles plus tard on se rend compte que les Assyriens sont devenus un peuple parlant l'araméen tout en ayant même donné leur nom à un territoire syrien situé hors de l'Assyrie (la Syrie). Il y a eu fusion entre ceux qui sont en théorie les dominants et les dominés, prouvant que la réalité a été plus complexe (et brouillée pour nous par le fait que les textes en assyrien ont été conservée parce qu'écrits sur de l'argile alors que ceux en araméen ont disparu parce qu'écrits sur des parchemins ou du papyrus).
L'expérience impériale ne laisse donc personne inchangé, elle est en mesure d'avoir un impact sur tous les territoires qu'elle domine, ce qui change donc les civilisations affectées et peut donner naissance à une civilisation que l'on peut considérer comme nouvelle parce que suffisamment différente d'un état "pré-impérial". Cela est dû au fait qu'elle crée des potentiels d'échanges matériels et immatériels mais aussi de mouvements humains considérables, qu'ils soient contraints ou volontaires.