Pédro a écrit :
Donc je ne pense pas qu'il faille trop attacher d'importance à une véritable idéologie structurante aujourd'hui. Vous avez sans doute raison de voir cette évolution politique... même si elle n'est pas tout à fait exact compte tenu de la monté de l'extrême droite par exemple.
Si on lit la NRH on a une vision assez singulière des grands débats historiographiques de notre temps, mais quand même ce sont parfois des débats importants. Il est d'ailleurs intéressant d'observer la revue l'
Histoire, qui est censée être plus proche des tendances de la recherche universitaire, et dont les choix sont tout de même guidés par les attentes du public. Je pense qu'il doit y avoir un certain décalage entre les deux, un amateur d'histoire pas forcément au fait des grands débats historiques sera peut-être surpris de la façon dont les historiens cherchent à dépassionner certains sujets houleux.
D'ailleurs Cuchlainn a bien mis le doigt sur le problème (et des approximations de mon précédent message, même si je le maintiens pour l'histoire universitaire) :
Cuchlainn a écrit :
Je trouve qu'un certain extrémisme idéologique existe largement à notre époque, tout comme la quête éperdue dans la tourmente d'information, de vérités bien simples et découpées à la hache. L'historien évolue dans ce monde et lorsqu'il est question de vulgariser son travail, c'est ce qu'on va lui demander... Quant à la politisation, il suffit de voir la querelle des lois mémorielles, du génocide arménien...
Du coup je ne suis vraiment pas sûr que le contexte soit bien plus favorable à une pratique plus "raisonnée"...
Il y a une éternelle tension entre l'histoire scientifique et la nécessaire vulgarisation historique, ce qui est le sujet d'autres débats que celui-ci. D'ailleurs certains débats qui intéressent une partie du grand public peuvent s'imposer aux historiens qui autrement n'auraient pas été amenés à se prononcer dessus, je pense au cas de la couleur de peau des Égyptiens antiques qui est à l'origine de plusieurs discussions d'anthologie sur ce forum (au point que c'est l'une d'elle qui a le privilège d'être la discussion où j'ai posté le plus de messages alors qu'elle est loin d'être la plus intéressante et argumentée).
En tout cas cela revient invariablement au fait que les plus grands débats historiographiques sont bien liés à des considérations politiques actuelles, notamment ceux où l'"extrémisme idéologique" peut se manifester le plus, qu'il soit lié à des questions identitaires ou même à une défense des droits de l'homme, qui rentrent en compte dans les cas des lourds débats sur l'esclavage (un gros débat historiographique pas encore mentionné ici sauf erreur de ma part) ou les génocides, voire même à la question des
gender studies qui est liée à l'affirmation d'un mouvement de revendication des droits des femmes ou des homosexuels.