Narduccio a écrit :
Robert Spierre a écrit :
M'étant fait reprendre par Jean-Claude à propos de l'interdiction de rire sous le "règne" de Calvin à Genève, ce qui s'avère être un "cliché", je me suis interrogé quant à l'existence de tous ces préjugés concernant l'Histoire.
Je me suis permis de fusionner votre discussion avec cette discussion plus ancienne où certains des thèmes avaient déjà été abordés.
Il est vrai qu'il perdure de nombreuses contre-vérités en ce qui concerne l'histoire. Pire, il s'en crée sans cesse, continuellement.
Qui sont ces "créateurs" de mauvaise vision historique. Pour commencer, un peu tout le monde, vous et moi y compris. J'ai été étonné lors d'une discussion récente de l'interprétation qu'il était faite d'évènements qui ont eu lieu il y a une vingtaine d'année. D'après mes souvenirs, ils s'étaient passés autrement. Mais, avant de lancer une polémique, et comme j'avais oublié certains détails, je me suis lancé dans une recherche, dans des livres que j'ai à la maison, mais aussi sur le net. Sur le net, je tombais très vite sur une ou 2 versions plus ou moins divergentes montrant la vision de l'évènement par ceux qui y étaient favorables ou par ceux qui y étaient opposés. Normal, quoi ! Plus une troisième version qui se voulait consensuelle, mais qui ne me semblait pas correspondre à certains faits. Si on cherche un peu, il y a un web "scientifique" où l'on va plus loin que l'écume médiatique. Là, j'ai retrouvé pas mal d'écrits ou de statistiques concernant l'évènement en question.
Aucune des 3 versions citées au-dessus ne correspond vraiment à la réalité des faits tels qu'ils peuvent en être déduit des documents de l'époque ou de la réalité statistique vécue !Il faudrait que je retrouve cette vidéo fort impressionnante sur l'histoire, l'information, l'image et la manipulation. A partir des mêmes images (un petit film de quelques minutes sur une ville soviétique des années 50, si je ne me trompe pas), on montre 3 fois le même film (avec le même montage, etc.) sauf que la musique et le commentaire changent à chaque fois.
Exemple : musique un peu triste, le commentaire explique les difficultés économiques, la dureté de la vie, etc. et on
ressent vraiment cette supposée tristesse.
Ensuite, une musique enjouée, qui signifie la vie, et un commentaire qui évoque le développement économique, les progrès scientifiques... et on ne voit plus le film de la même façon.
C'est bluffant !
Histoire de ne point m'éparpiller je vais plutôt revenir à des exemples précis. J'ai évoqué des images lors de ma première intervention (Charlemagne, Saint Louis), parce qu'il est bien question d'images soit des périodes de l'Histoire de France résumées ou traduites par des... images, en tant qu'idée ou représentation (souvent très simpliste), mais aussi des images en tant qu'illustrations :
http://www.henriiv.culture.fr/medias/co ... 0/38_4.jpgCopyright : Bibliothèque municipale de
PauLégende : Henri chez des paysans (Job et L. Bordier), A. Hermant, Le Bon roy Henry, Tours, 1894, cat. n° 426u, Bibliothèque municipale de Pau, fonds Réserve (reprint).
Si j'ai choisi Henri IV, c'est qu'il emblématique : c'est un des rois de France les + connus (et populaire !) et on connait tous les "clichés" associés au personnage. Clichés qui font bien sûr "images d'Epinal" :
http://www.henriiv.culture.fr/medias/co ... /493_4.jpgCopyright : © Archives départementales des Vosges
Légende : Nouvelle imagerie d'Epinal. Scènes de l'histoire de France, n° 670 (entrée de Henri IV à Paris)
Il faut dire qu’en cette fin de XIXe siècle, son personnage est à nouveau plébiscité. Sa figure – aisément reconnaissable avec sa barbe, son chapeau, son panache – et son personnage – le père du peuple, le Vert-Galant, sa poule au pot et son fidèle Sully – sont partout reproduits. Des contes pour enfants à l’imagerie d’Épinal en passant par les « réclames » et les images de Job, la légende du bon roi perdure en se faisant moins politique et plus « populaire ». Même les manuels scolaires de la IIIe République, pourtant si prompts à stigmatiser les monarques du passé, épargnent Henri IV.http://www.henriiv.culture.fr/fr/uc/05_ ... ion=mobileQuand on lit le commentaire ci-dessus, on a l'impression que cette image n'a pas changé + de 100 ans après.
Pourquoi ? Est-ce si ancré dans l'histoire de la nation, nation qui a certainement besoin d'icônes/de héros pour "croire" à une sorte de destin national ? Les "légendes" (le terme est évoqué + haut) sont-elles + "charmantes" que la "vraie" histoire ?
Je parle d'Histoire de France mais je pense que chaque pays vit les mêmes choses : Attila qui est vu comme une sorte d' "horreur" "ici" n'est pas vu de la même manière en Hongrie où le prénom Attila est porté. Cela inciterait à croire qu'il y a les faits, d'une part, et une création de l'histoire, d'autre part, donc une réalité et une description de cette réalité par des gens extérieurs, des observateurs.