Savinien a écrit :
L'Histoire est simplement racontée par ceux qui la raconte à l'auditoire qui veut bien les écouter. Le raconteur a ses intérêts propres qu'il défend.
je trouve le thème de cette question fort intéressant ; mais l'affirmation ci-dessus me semble être un peu forte...
Tout d'abord, qu'est-ce que l'histoire ?
Est-ce l'histoire en tant qu'objet, ce à quoi les historiens aspirent tous, historique, objective, totale, ne souffrant pas de trous dans les sources, de biais des points de vue, des pressions politiques ?
Est-ce l'histoire faite par les historiens ? Oui, mais les historiens eux-mêmes sont soumis à des méthodes différentes (en fonction des pays), des sources, des financements qu'ils obtiennent, et de leurs avis personnels...
Où est-ce l'histoire de tous les jours, celle racontée par Monsieur tout le monde qui cite 1515 parce que deux 15 à la suite, c'est drôle, ou parle de Jeanne d'Arc parce que Michelet ce jour là n'avait pas vraiment autre chose à dire ? ou encore l'histoire apprise aux enfants, à l'école, qui a environ un siècle de retard sur l'histoire "scientifique" (ou "professionelle" ?) (oui. Les gaulois habitent toujours dans des huttes, pour l'école. Et non dans des villes, commes les oppidums le montrent).
Néanmoins, il est évide3nt que si le nez de Cléoptare avait été plus long, il en serait autrement. Et je pense que la destruction des documents qui est intervenue pendant longtemps (ou plus simplement, leur perte) pour les systèmes déchus fait que de faco en se tournant vers ce qu'il reste (i.e. les archives de ceux qui on vaincu), ici, on a un biais évident et inévitable dans les sources.
D'un autre côté, qui se souvient des batailles que les romains ont perdus sur les peuples autochtones d'Europe ? Personne. Car seuls les romains prenaient des notes, et l'on préfère parler des victoires et taire les défaites.
Pour revenir à la citation du dessus, sur l'auditoire, je suis d'accord, mais j'irai même jusqu'á dire : "oui, mais quel auditoire ?".
L'historien recherche, écrit, et parle... devant des salles vides, personne ne l'écoute, et ceux qui l'écoutent le font d'une oreille distraite à la télévision entre deux et trois heures du maitn.
Je pense qu'à l'heure actuelle, l'histoire est un produit dans la société de consommation, et l'on consmme de l'histoire et de la culture comme l'on consomme (et non "écoute") de la musique, ou mange de la salade : c'est une addition dans la volonté d'obtenir du loisir. Et non plus une volonté profonde tendant vers une nécessité personnelle...
"Sans passé, pas d'avenir". Oui, c'est vrai, et Orwell (dont la citation est encore mieux) l'avait encore mieux décrit ; d'un autre côté, tu ne peux pas forcer les gens à apprendre. Donc ils n'ont que le passé que l'on veut bien leur donner, et ils n'en prennent que ce qu'ils veulent bien entendre. Je crains qu'à la fin, il n'en reste pas beaucoup.
On vit dans des temps où le taux (en occident) d'alphabétisation n'a jamais été aussi haut, et l'accès à la connaissance, par les bibliothèques et internet, n'a jamais été aussi facile et presque gratuit. Et pour autant, est-ce que ca change la volonté des publics d'apprendre ?
Pour s'en convaincre, il suffit de comparer les chaises vides d'une bibliothèque un samedi après-midi à au parking d'un centre commercial de 180 boutiques...
@edit : je viens de me relire, et suis désolé pour les fautes, mais j'ai la sainte flemme de me corriger.
Pour terminer, je serai vraiment intéressé de voir un film sur la seconde guerre mondiale du côté nazi (en temps qu'historien. ne rien y voir de politique). Par exemple. "Il faut sauver le soldat ryan" du côté nazi, ou encore "Stalingrad" du côté allemand. Ou même "Platoon" ou "Apocalypse Now" du côté Viet-Kong... mis à part les films de propagande des tournés par les régimes durant les conflits, j'ai bien peur qu'il n'y en ait pas beaucoup... Même "Opération Walkyrie" (ou "Walkyrie" tout court) est orienté à ce titre, non, puisque c'est le gentil nazi qui a tourné sa cutille contre le grand méchant Adolf...