Dédé a écrit :
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Les mensonges des autorités concernant l'amplitude et le danger du nuage radioactif suite à la catastrophe de Tchernobyl -> alors ?? complot ou pas complot ??
Je pencherais plutôt pour l'irresponsabilité : les conséquences d'un accident nucléaire sont tellement énormes que :
- on nie totalement cet accident (éventuellement de bonne foi), même si on a des éléments factuels et qu'on est un responsable. (1) Aveuglement par l'énormité de la chose.
- ou on "sur-panique" accusant les responsables de mensonge.
Rien à voir, mais il m'est arrivé, comme président d'une association, de nier des faits (malversations de la part de membres) qui me crevaient les yeux car incroyables, ce qui m'a bien normalement rendu complice (du complot). C'est pour ça que, me mettant à la place des responsables, j'envisage cette hypothèse incroyable (1).
Pour m'être bien penché sur la question, de mon avis, l'irresponsabilité n'est pas du coté des fonctionnaires français. Pour les hommes politiques en place au moment, je retiendrais qu'ils n'ont pas sû expliquer leurs décisions. Il y a une grosse irresponsabilité des médias et une certaine irresponsabilités des mouvements écolos qui ont joué sur les peurs du public pour augmenter leur audience.
Pour entrer dans le détail, tous les pays occidentaux avaient mis en place des systèmes avec des seuils d'alertes et des seuils d'actions. Mais, ces systèmes étaient formatés pour des retombées radio-actives suite à un bombardement nucléaire, situation où on aurait été dans l'urgence absolue. Rien de prévu pour un "simple" accident nucléaire.. SI on veut bien comprendre ce qui est en cause, il faut tenir compte que les essais nucléaires atmosphériques qui ont eu lieu durant les années 60-63 ont entrainé en France des niveaux de radioactivité environ 10 fois supérieurs à ceux de Tchernobyl ... Essais atmosphériques qui eurent lieu pour la plupart dans l'hémisphère sud... Juste histoire de bien mettre les choses en valeur. Je sais, il est pratiquement impossible de trouver une courbe qui remonte plus loin que le début de l'année 1986.... Mais comme je le dit souvent, pourquoi masquer une partie de la vérité si on prétend défendre notre santé ...
Donc, vers le 30 avril 1986, l'est de l'Autriche se retrouve un tout petit au-dessus des seuils d'alertes. Le gouvernement autrichien prend, fort logiquement la décision de restreindre la consommation de certains aliments. En fait, si le SCPRI français avait déjà démontré par diverses mesures qu'il s'agissait d'un accident d'une centrale nucléaire en URSS, les autorités soviétiques étaient encore dans un certain déni et il y avait un doute sur la cause de cette augmentation de la radioactivité. Donc, le fait que les autrichiens décident d'interdire la consommation de certains aliments alors qu'on n'a pas encore atteint le seuil d'intervention, peut se comprendre.
Le pays occidental suivant à être touché est l'Allemagne, si on ne tient pas compte des pays scandinaves qui furent les premiers à percevoir le nuage. Or, en Allemagne fédérale de telles décisions sont prises au niveau des länder. Donc, le ministre de l'écologie du land de Bavière prend dans la foulée une mesure identique. Il y a eu une discussion après coup, car la Bavière était aux limites des seuils préalablement fixées par leur réglementation. Par effet-ricochet, le land de Bade-Wurtenberg prend une décision similaire. Là, on est nettement en-dessous des seuils pré-établis.
En France, les hommes politiques au pouvoir à l'époque décident de laisser les fonctionnaires gérer la crise. Il faut préciser que la marge de manœuvre de ces fonctionnaires est strictement limitée par les lettres de missions qui leur donnent les droits nécessaires pour gérer la mission de service public dont ils sont détenteurs. Les seuls qui peuvent changer quelque chose, ce sont les ministres et le chef de l’État. Or, nous sommes nettement sous les seuils d'alertes... Donc, en France on applique les règlements (alors qu'on s'attendrait de l'inverse) et on interdit la consommation d'aucuns aliments.
La nuit du 30/04 au 01/05 1986, le nuage pénètre en France. Le SCPRI fait son boulot et annonce par fax aux médias, aux préfèts et aux membres des administrations et du gouvernement l'entrée du nuage en France. Dans ce fax, ils signalent que l'on est en-dessous des seuils d'alerte. Le premier mai est un jour férié, comme vous le savez tous et à l'époque cela voulait dire : pas de journaux qui paraissent. Le 02 mai, tous les journaux titrent sur le nuage qui survole la France. Mais, la plupart des français étaient déjà au courant, car cela avait été annoncé par les radios et les télévisions. En parlant de télévision, le 03 mai la miss météo de France 3 présente une carte de France avec un panneau stop car il y a un régime de hautes pression qui se met en place (le fameux anticyclone des Acores) qui donc va repousser le nuage hors de France. Cette carte est la meilleure preuve qu'ont les tenants du complot du nuage qu'il y aurait bien eu un travestissement de la réalité. Or, cela fait 3 jours que les français qui suivent l'actualité savent que le nuage a déjà survolé la France.
Durant la semaine suivante de nombreux écolos alsaciens, mais pas seulement, s'étonnent que l'on trouve certains produits sur les étals alsaciens, produits qui sont interdits de l'autre coté du Rhin. Ces militants tirent la sonnette d'alarme. Sonnette très bien entendue chez Libération. Ce qui les conduit à la fameuse une du 12 mai où ils dénoncent le fait que le nuage se serait arrêté à la frontière. Mais, on peut constater que les rédacteurs du journal ont la mémoire courte... car la une du 02 mai du même journal titre sur le fait que le nuage est en train de survoler la France ... Mais, je sais que pas un seul journaliste ne peut résister à l'envie de faire une belle une.
Ensuite, les médias font monter la sauce petit à petit... à tel point que la plupart des français sont convaincus que le gouvernement de l'époque a tout fait pour cacher le fait que le nuage avait survolé la France. Ce qui est faux et il est très facile de démontrer que c'est faux, il suffit de chercher la une du 02 mai du journal Libération.
Effectivement, la vraie question est plutôt de savoir s'il aurait fallu faire comme les allemands et interdire la consommation de certains aliments. A postériori, il est facile de discuter sur la pertinence des seuils qui avaient été pré-établis. Sauf qu'à ma connaissance les allemands n'ont pas baisé leurs seuils depuis. Malgré le fait qu'à quelques kilomètres de chez eux il y a la plus ancienne centrale nucléaire européenne en exploitation... je parle de la centrale suisse de Beznau qui est 10 ans plus vieille que la plus vieille centrale nucléaire française.
Après, on peut se poser la question de la pertinence de l'interdiction, car même si on avait interdit la consommation de ces aliments, le sol français aurait été tout aussi contaminé, car il fut contaminé par les pluies qui tombèrent ce week-end là et les pluies qui eurent lieux dans les semaines qui suivirent. D'ailleurs, il y a eu plusieurs catégories d'aliments qui furent interdites par la suite car elles sont passées au-dessus des seuils d'interventions : il s'agit des champignons dans certaines forêts et des animaux sauvages qui ont brouté ces champignons ou de l'herbe contaminée.
Et, au fait, personne n'a jamais dénoncé le scandale qui a consisté à vendre le lait allemand interdit de vente en Allemagne en Afrique ... Peut-être dangereux pour les allemands, mais bon à la consommation pour les africains ...