J’oubliais bien sûr, dans la catégorie coup d’état, celui des bolcheviks en octobre 1917.
Narduccio a écrit :
L'échec de certains complot tient au fait que certains des comploteurs se cachent à peine, voire se pavanent dans les salons en exposant leurs plans à diverses oreilles qu'ils croient sûres ... Mais qui en fait jouent double jeu en espérant en tirer des bénéfices personnels. La formule mathématique trouvée tient compte d'un comportement complotiste "normal" où les fuites sont somme toutes limitées : les confidences que l'on fait à des familiers, un manque de discrétion "minime", ... Comme tout ce qui concerne des statistiques, c'est un temps moyen à un ou deux iota près. Mais, si les comploteurs ne respectent pas les règles de bases d'un complot réussi ... la durée avant divulgation peut se retrouver très réduite.
Mais, s'il y a des "infiltrés" ou des agents doubles, le complot peut être éventé très vite.
Dédé a écrit :
Sauf votre respect, vous faites une erreur de raisonnement, entre condition nécessaire et suffisante
La théorie dont on parle ici se résume par : "si un certain nombre de personnes est au courant, le secret ne peut pas être gardé plus d'un certain temps". Çà dit une condition suffisante pour l'échec du complot. Mais un complot peut, bien sûr, échouer même si cette condition n'est pas remplie : il suffit, par exemple, qu'un seul des conjurés "crache le morceau"
Votre argument est intéressant et m’a incité à aller voir l’article originel.
On voit que M. Grimes a établi une équation donnant la probabilité que le complot soit découvert, en fonction de 3 paramètres :
Le temps t écoulé depuis le début du complot (en effet le modèle se base sur une probabilité annuelle de découverte)
Le nombre N de personnes dans le secret (pouvant varier avec le temps)
La probabilité p intrinsèque de fuite, par personne et par période de temps.
A noter que ce p est pris comme représentatif uniquement des fuites internes, ce qui correspond bien, uniquement, à une personne qui « crache le morceau », qu’elle soit imprudente ou infiltrée (par opposition à une détection du complot de l’extérieur). Donc ces éléments que vous citez, Dédé et Narduccio, sont bien pris en compte dans l’équation.
Par ailleurs le tableau repris plus haut (si j’ai bien compris) donne le nombre maximum de personnes pour que le complot ait moins de 5% de chances d’être découvert au bout du temps T (avec un N supposé constant). On pourrait se dire que la plupart des complots qui ont échoué avaient bien plus de 5% de chances d’être découverts et auraient donc pu admettre un nombre de comploteurs bien plus important, ce qui renforce encore mon interrogation initiale.
L’explication est bien sûr dans la délicate estimation de la valeur de p, qu’on pourrait appeler le calage du modèle.
L’article de M. Grimes se fonde sur 3 cas réels de « complots » qui ont échoué, tous concernant les USA au 20ème siècle : le scandale de la NSA révélé par Snowden (2013) ; une étude des Services de Santé américains sur des populations noires exposées à la syphilis (1932-1972) ; et un scandale sur les méthodes de médecine légale du FBI (1998). Sur ces bases il aboutit à des valeurs de p de l’ordre d’une chance sur 100000 à 1 million par personne et par an qu’il y ait une fuite.
Or ces 3 cas sont bien adaptés pour traiter l’objet de l’auteur (les théories du complot qui seraient menés aujourd’hui par des institutions gouvernementales), mais manifestement pas du tout pour « nos » complots historiques.
Les populations concernées dans les cas de Grimes sont toutes constituées de fonctionnaires d’un Etat bien organisé et moderne, avec ce que cela suppose d’organisation, de moyens, d’autorité et de discipline. C’est là où je vous rejoins Dédé et Narduccio : nul doute que nos conjurés d’Amboise, nos Pazzi et consorts étaient bien moins organisés et disciplinés. Déjà, ils n’avaient pas pour eux l’appareil d’Etat, puisqu’ils l’avaient contre eux. Et ensuite, ils devaient certainement être moins obéissants envers leur chef que ne l’est un employé d’un gouvernement moderne. Quelle était la probabilité moyenne que l’un d’eux parle dans une année ? Sans doute plus d’une sur 100000…
Grimes s’interroge d’ailleurs sur le biais que cela peut induire d’estimer p à partir des complots éventés (et fait notamment référence au Watergate révélé rapidement malgré sont petit nombre de participants)
Ci-dessous le dessin extrait de l’article de Grimes qui donne la probabilité de découverte en fonction du temps pour 5000 personnes, pour différentes valeurs de p. La rouge en pointillés correspond à 1 chance sur 2000 par personne et par an.