Nous sommes actuellement le 28 Mars 2024 16:28

Le fuseau horaire est UTC+1 heure




Publier un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 169 message(s) ]  Aller vers la page Précédent  1 ... 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12  Suivant
Auteur Message
Message Publié : 08 Sep 2017 20:37 
Hors-ligne
Jean Froissart
Jean Froissart

Inscription : 13 Juin 2017 15:04
Message(s) : 1132
--
Milton a écrit :
Si cela peut vous faire plaisir je peux changer le vocabulaire. Il faut regarder de près les publications des historiens. Quand ils parlent du génocide des Hereros, ils considèrent que le massacre résulte d'une volonté de détruire (en partie ou en totalité) une population.

Pas grave mais pas de chance car,
détruire. Démolir quelque chose, le mettre à bas, l'abattre, le raser ; anéantir...
J'avais compris. :wink: bref, occire en grand nombre ou autant que faire se peut, massacrer...
Exterminer est à éviter pour le plaisir grand public. :wink:
--

_________________
"... we shall fight on the seas and oceans, we shall fight ... whatever the cost may be ... we shall never surrender...." (W. L. Churchill)
"... The ship is anchor’d safe and sound, its voyage closed and done, ... From fearful trip the victor ship comes in with object won ..." (W. Whitman Jr)


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Message Publié : 08 Sep 2017 23:53 
Hors-ligne
Modérateur Général
Modérateur Général
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 20 Juin 2003 22:56
Message(s) : 8153
Localisation : Provinces illyriennes
Milton a écrit :

Est-ce le mot "idéologie" qui vous semble inapproprié ?
Il y a certainement une pensée raciste des colons européens, notamment les colons allemands.

"Certainement" est relativement imprécis pour étayer une idée...
Vous n'avez rien d'autre, car la discussion risque fort de tourner en rond ?
:arrow: je demande des sources et travaux au sujet de velléités européennes "racistes" et, surtout, génocidaires :arrow: vous répondez par : "cela doit exister"... :rool:
Bref, votre intervention ne fait pas avancer la discussion, si tant est qu'il en demeure une.

_________________
Un peuple sans âme n'est qu'une vaste foule
Alphonse de Lamartine


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Message Publié : 09 Sep 2017 22:52 
Hors-ligne
Jean Froissart
Jean Froissart

Inscription : 13 Juin 2017 15:04
Message(s) : 1132
--
Je relis le premier post qui ferait de Kotek, un historien à l'origine d'une théorie.
Depuis il est démontré que ce concept d'une colonisation matrice des massacres de masse du XXè était déjà théorisé par Arendt.
La discussion a continué avec Arendt en fond, en référence, unique, incontournable.
Et pourtant il y a eu d'autres théories, au moins une qui est assez interpelante :

[ De la souveraineté à l'autodestruction

Si l'on ose condenser trois siècles en quelques lignes, on dira qu'au commencement des Temps modernes régnait l'idéal d'une Raison souveraine. Cette faculté unique était jugée capable de guider les vies individuelles, de veiller aux constitutions politiques comme aux décisions collectives.
Telle est la grande affaire du XVIIIème siècle : garante de la certitude des principes aussi bien que de la véracité des connaissances expérimentales, la Raison préside en même temps à la moralité des choix et à la justesse des sentences.

L'âge suivant voit les Lumières se ternir. Entre Empires et industries (faut-il y voir l'origine d'empire industriel, une fois les Empires éteints, faut-il croire que nous ayons un besoin viscéral de nous accrocher à ce qui fut ?), machinisme et lutte des classe, scientisme et utopie ... la Raison n'est qu'une pièce dans un ensemble. Facette parmi d'autres des situations humaines, elle n'est plus leur source originaire ni leur mesure ultime (aurions-nous perdu la Raison ?).

Le XXème siècle, pour sa part, affolé de massacres inconcevables, étourdi d'inventions incessantes, pourvu de théories à foison, ne se contente pas de douter de l'ancienne Raison souveraine. Il veut trouver dans son règne même, la source de nos maux. Discerner dans les Lumières l'engendrement des ténèbres, telle est la démarche de la première génération de théoriciens de l'Ecole de Francfort, illustrée par les travaux d'Adorno et de Horkheimer.
Hitler fils de Kant ? Le nazisme, rejeton de l'Encyclopédie ? De tels raccourcis sont évidemment monstrueux. Adorno et Horkheimer oeuvrent de manière autrement plus subtile. Mais ils attribuent effectivement à la pensée des Lumières un large rôle dans la genèse des massacres contemporains. Pas simplement en rappelant que l'on a pu asservir au nom de l'Egalité, tuer en vue du progrès, torturer par souci du bien suprême ... mais bien en suggérant qu'au sein même du projet des Lumières une forme d'oppression totalitaire agit déjà. La Terreur n'est jamais loin de l'égalité. ]

Ceci ne répond pas au sujet initié mais j'ai été étonnée de cette lecture. Non pas que j'e considère une autre piste mais il apparaît que certaines références sont faites pour être dépassées, élargies, recreusées, revisitées dont celle d'HA.
Les philosophes allemands voient dans les Lumières, la source du chaos. Ils ne font que reprendre Burke et ses Réflexions sur la Révolution de France avec le fameux : Qu'est-ce que la liberté sans la sagesse et la vertu ? à leur sauce.
HA devant le problème de certains totalitarismes (toutes les cases peuvent être cochées) trouvera le concept d'autoritarisme, en faisant fi des charniers.
La colonisation comme matrice de génocide, circonscrite à deux régimes totalitaristes ? Comment l'envisager sérieusement ?

--

_________________
"... we shall fight on the seas and oceans, we shall fight ... whatever the cost may be ... we shall never surrender...." (W. L. Churchill)
"... The ship is anchor’d safe and sound, its voyage closed and done, ... From fearful trip the victor ship comes in with object won ..." (W. Whitman Jr)


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Message Publié : 10 Sep 2017 0:09 
Hors-ligne
Thucydide
Thucydide

Inscription : 11 Août 2016 15:20
Message(s) : 56
Milton a écrit :
Il y a certainement une pensée raciste des colons européens, notamment les colons allemands.

C'est le contraire qui serait étonnant.



Milton a écrit :
Quelle est la part d'idéologie dans les massacres coloniaux ? Vaste débat. En ce qui concerne la tragédie du peuple Hererero en 1904, il ne fait guère de doute que les racines des massacres perpétrés par les des soldats allemands avaient un fondement idéologique.
Moi aussi j'ai lu "Exterminez toutes ces brutes" de Sven Lindqvist. L'auteur révèle une pensée raciste et darwinienne dans les colonies. Il insiste beaucoup sur les colonies britanniques. Il évoque également le massacre du peuple herero par les Allemands.

Un bouquin qui révèle une pensée raciste dans les colonies. Cela n'est guère étonnant. Pouvez-vous satisfaire ma curiosité en donnant quelques précisions sur le contenu du livre de Lindqvist ?
Dans wikipedia j'ai trouvé ce commentaire : "Lindqvist mène une sorte de travail de documentariste dans des ouvrages très originaux où se mêlent dans un même mouvement essai, recherche historique, autobiographie, littérature, critique et carnet de voyage."



Duc de Raguse a écrit :
je demande des sources et travaux au sujet de velléités européennes "racistes" et, surtout, génocidaires

En ce qui concerne le racisme des Européens dans les colonies d'Afrique, il y a probablement des travaux d'historiens. C'est le contraire qui serait étonnant.


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Message Publié : 10 Sep 2017 7:33 
Hors-ligne
Jean Froissart
Jean Froissart

Inscription : 26 Août 2008 7:11
Message(s) : 1339
Localisation : Corsica
Donc, si les colons avaient l’exclusivité du racisme et de la discrimination, logiquement avec leur départ on aurait du constater une tendance à l’avènement de sociétés exemplaire exemptent de :
- discrimination religieuse et raciale
- d’esclavage
- d’idéologie exterminatrice
Si ce n’est pas le cas on pourrait toujours démontrer que ce sont les colons qui ont pervertis de façon pérenne les indigènes qui sont par essence des être purs, ce serait des séquelles post coloniales. En cherchant bien on devrait aussi y trouver quelques juifs qui tirent les ficelles.
Bref, dans tous les cas les colons seraient tous des êtres impurs et nocifs, pas tous, les européens uniquement, le monde des mécréants, pas les Ottomans par exemple, bien évidement.
Il y aurait les bons colonisateurs et les mauvais selon leur race et leur religion.

Tout cela relève d’une idéologie religieuse discriminatoire, il n'y a pas de bons ou de mauvais colonisateurs, il n'y a pas de bons ou de mauvais colonisés, il y a des colonisateurs et des colonisés qui sont tour à tour colonisateurs et colonisés.


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Message Publié : 10 Sep 2017 7:52 
Hors-ligne
Marc Bloch
Marc Bloch

Inscription : 10 Fév 2014 7:38
Message(s) : 4404
Localisation : Versailles
Je ne suis absolument pas un expert de ce sujet et je n'ai pas pris le temps de lire tous les débats qui précèdent mais je tiens à signaler que la question a déjà été examinée par des historiens sérieux.

Par exemple cet article de la revue d'histoire de la Shoah qui semble conclure à une parenté intellectuelle entre les doctrines antisémites allemandes et le "racialisme" développé par les Allemands avant 1914 :
https://www.cairn.info/revue-revue-d-hi ... ge-177.htm

La revue XXe siècle conclut cependant à l'opposé :
https://www.cairn.info/revue-vingtieme- ... ge-143.htm

Outre la manie des Teutons de tout théoriser, on peut noter aussi que Berlin manquait, à la différence de Londres et Paris, de recul historique et de savoir faire colonial.

La conclusion est convaincante à mes yeux

" L’examen de tels transferts nécessite une approche qui pourrait comprendre à la fois la construction d’un colonial archive européen commun et son application spécifique dans les différents contextes géographiques. Une telle approche devrait prendre en compte l’extrême violence intra-européenne des années 1914 à 1923 qui a eu des retombées immédiates sur les protagonistes de la guerre d’extermination nazie. Seule cette perspective pourrait expliquer la raison pour laquelle les pays qui possédaient la plus longue expérience de violence coloniale ne furent pas ceux qui développèrent le plus grand potentiel de destruction après 1918.
...
Hannah Arendt n’a jamais fait de distinction catégorique entre le colonialisme et les vastes empires en Europe, mais l’Allemagne de 1918 a certainement souffert de la désintégration des deux formes impériales .

À ce travail s’ajouterait une grille d’interprétation qui mettrait l’accent sur un modèle de violence coloniale commun aux empires coloniaux européens, sur les discontinuités dans l’histoire allemande entre 1904 et 1941 et sur les expériences différentes des puissances coloniales européennes en 1918. Une telle approche serait moins offensive que la conceptualisation de la guerre d’extermination nazie comme « conflit colonial » et apogée d’un chemin génocidaire qui commencerait en Afrique pour aboutir à Auschwitz. Une telle interprétation aurait aussi l’avantage d’être démontrable d’un point de vue empirique."


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Message Publié : 10 Sep 2017 8:31 
Hors-ligne
Marc Bloch
Marc Bloch

Inscription : 10 Fév 2014 7:38
Message(s) : 4404
Localisation : Versailles
À titre personnel, je ne partage pas la thèse d Hannah Arendt pour une raison majeure et très simple. De 1933 à 1945, les Juifs européens n'ont à aucun moment représenté une menace même superficielle pour l'ordre hitlérien. L'extermination n'a donc pas été le sous produit d'un conflit (en gros des représailles contre une population rebelle) mais une démarche tout à fait consciente, volontaire et indépendante de la part de Hitler et son entourage. À l'extreme limite on pourrait même soutenir que la Shoah fut sinon la cause du moins le but (ou l'un des bruts principaux) de Hitler et son régime.

Il me semble à l'inverse clair que les Américains ou les Allemands n'ont pas envahi les Philippines ou le sud ouest africain dans le but d'en massacrer les habitants !

Les méthodes brutales mises en œuvre outre mer ont deux sources à mon sens. D'une part la survie de méthodes qui étaient appliquées en Europe jusqu'au début du XIXe siècle mais ont été rapidement oubliées avec la période de paix qui a commencé en 1815 : pour notre pays rappelons la guerre des camisards, la Vendée et la campagne dl'Espagne ! D'autre part que ces méthodes brutales correspondaient (comme l'esclavage) aux cultures archaïques des peuples colonisés.


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Message Publié : 10 Sep 2017 10:07 
Hors-ligne
Modérateur Général
Modérateur Général
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 20 Juin 2003 22:56
Message(s) : 8153
Localisation : Provinces illyriennes
Astori a écrit :
Milton a écrit :
Il y a certainement une pensée raciste des colons européens, notamment les colons allemands.

C'est le contraire qui serait étonnant.



Milton a écrit :
Quelle est la part d'idéologie dans les massacres coloniaux ? Vaste débat. En ce qui concerne la tragédie du peuple Hererero en 1904, il ne fait guère de doute que les racines des massacres perpétrés par les des soldats allemands avaient un fondement idéologique.
Moi aussi j'ai lu "Exterminez toutes ces brutes" de Sven Lindqvist. L'auteur révèle une pensée raciste et darwinienne dans les colonies. Il insiste beaucoup sur les colonies britanniques. Il évoque également le massacre du peuple herero par les Allemands.

Un bouquin qui révèle une pensée raciste dans les colonies. Cela n'est guère étonnant. Pouvez-vous satisfaire ma curiosité en donnant quelques précisions sur le contenu du livre de Lindqvist ?
Dans wikipedia j'ai trouvé ce commentaire : "Lindqvist mène une sorte de travail de documentariste dans des ouvrages très originaux où se mêlent dans un même mouvement essai, recherche historique, autobiographie, littérature, critique et carnet de voyage."



Duc de Raguse a écrit :
je demande des sources et travaux au sujet de velléités européennes "racistes" et, surtout, génocidaires

En ce qui concerne le racisme des Européens dans les colonies d'Afrique, il y a probablement des travaux d'historiens. C'est le contraire qui serait étonnant.


C'est pénible. Pourriez-vous éviter d'intervenir pour ne rien dire ?
Vous polluez le fil de discussion et écrivez comme Milton. A croire qu'il s'agit de la même personne... :rool:

Merci à Jérôme pour les deux travaux cités (Lindqvist n'est pas historien... :rool: ).
Les sources et auteurs ne sont pas les mêmes et la revue du XXème siècle - qui est un gage de sérieux incontestable - me parait bien plus proche de ce faible degré de parenté que nous évoquions plus haut.

Citer :
"Bien que les meurtres de masse de la population civile autochtone dans le contexte de la conquête de nouveaux territoires et la violente suppression de la résistance aient constitué un motif récurrent dans l’histoire du colonialisme occidental, il serait erroné de prétendre que « colonialisme » fut synonyme d’extermination. Pendant la guerre allemande « à l’Est » la politique d’extermination des populations « racialement inférieures » ne fut pas un moyen de triompher ou de « rétablir l’ordre » mais bien un des objectifs principaux de toute l’opération Barbarossa et du Generalplan Ost.
Une différence supplémentaire entre le colonialisme et l’Allemagne nazie réside dans le rôle crucial joué par les communautés de colons et le déplacement des conflits militaires dans un décor extra-européen. Les guerres et les massacres coloniaux, y compris ceux des peuples Herero et Nama, ont été particulièrement fréquents et brutaux là où l’existence d’une petite communauté de colons blancs se trouvait menacée par la rébellion indigène contre leur domination. [...]
Les partisans de la thèse des parallèles structurels entre colonialisme et fascisme ont tenté d’expliquer les nombreuses différences quantitatives et qualitatives entre la violence de 1904 et celle de 1939-1941, en soutenant que la divergence principale résidait dans l’appareil de terreur plus sophistiqué du Troisième Reich. Cette perspective néglige l’absence d’un « public critique » et des institutions civiles sous le Troisième Reich, alors que les massacres des populations autochtones dans les colonies furent fréquemment critiqués dans la presse contemporaine ou au Parlement de Londres, de Paris et de Berlin. Même si ces interventions – par exemple dans le cas du Sud-Ouest africain – ne pouvaient pas sauver la vie des victimes, on doit reconnaître l’existence d’institutions civiles bénévoles et capables d’intervenir dans les affaires coloniales. Lothar von Trotha, dont les ordres militaires furent à l’origine de l’escalade de la violence dans le Sud-Ouest africain, a été la cible de blâmes émanant du parti socialiste, des missionnaires, des cercles de colons et même de l’état-major allemand."


C'est assez net, la majorité des historiens dont fait état Astori et/ou Milton pour qualifier le massacre des Hereros de génocide avec un aspect intentionnel proche de la Shoah dit exactement... le contraire.
CQFD.

_________________
Un peuple sans âme n'est qu'une vaste foule
Alphonse de Lamartine


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Message Publié : 10 Sep 2017 10:31 
Hors-ligne
Marc Bloch
Marc Bloch

Inscription : 10 Fév 2014 7:38
Message(s) : 4404
Localisation : Versailles
En fait il faudrait sans doute distinguer deux questions. Tout d'abord, sur le plan des idées, l'inégalité raciale de droit ou de fait aux colonies a-t-elle un lien avec les théories nationales socialistes ?
D'autre part sur le plan pratique, est-ce que la brutalité de la répression outre-mer n'a pas préparé les Allemands aux crimes du IIIè Reich ?

La réponse la plus crédible consiste à souligner que les pays ayant accumulé la plus large expérience coloniale (Britanniques et Français) ne se sont jamais engagés sur la voie de massacres à grande échelle en Europe à la différence de l'Allemagne nationale-socialiste et de l'URSS communiste !


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Message Publié : 10 Sep 2017 11:18 
Hors-ligne
Administrateur
Administrateur

Inscription : 15 Avr 2004 22:26
Message(s) : 15790
Localisation : Alsace, Zillisheim
Jerôme a écrit :
En fait il faudrait sans doute distinguer deux questions. Tout d'abord, sur le plan des idées, l'inégalité raciale de droit ou de fait aux colonies a-t-elle un lien avec les théories nationales socialistes ?


Il est compliqué de répondre à cette question dont la réponse serait plus philosophique qu'historique. Il semble que la volonté de classer les hommes selon divers critères soit aussi vieille que la volonté de ne les juger que sur leurs qualités intrinsèques. Dit autrement, on peut considérer qu'un romain se jugeait supérieur aux membres des peuples assujettis par Rome parce qu'il était romain. Mais, on a un tas d'exemples où des non-romains, passés du coté de la romanité ont pu accéder à des postes élevés et prestigieux.

Après, il est facile de noter que ces classements ont évolués au fil des siècles selons divers critères. A certaines époques, c'est le fait d'être ou de ne pas être un barbare qui détermine votre place initiale dans la société. Place initiale parce que certains ont su développer diverses qualités pour aller au-delà de leur condition initiale. A d'autres époques, ce fut le fait d'être un bon chrétien (ou perçu comme tel). Ou d'être catholique ou réformé, riche ou pauvre, noble ou roturier... On pourrait continuer ainsi pendant longtemps, mais chaque époque, chaque société a tenté de classer les gens selon des critères qui leurs semblaient pertinents. Ils furent raciaux, philosophiques, culturels, social... L'historien peut constater qu'à certaines époques la bonne étiquète est telle ou telle. Il peut constater qu'il y a des évolutions et noter ces évolutions.

Au moment de la montée en puissance du NSDAP, il y a eut des jeunes officiers nationalistes pour s'opposer à se vision raciale. La raison était simple, en réduisant le nombre de bons allemands, on réduisait le nombre de personnes susceptibles de porter l'uniforme et de se battre pour l'Allemagne. Et, il est ironique de constater que dans les faits, ils ont eu raison.


Jerôme a écrit :
D'autre part sur le plan pratique, est-ce que la brutalité de la répression outre-mer n'a pas préparé les Allemands aux crimes du IIIè Reich ?


Là-aussi, j'ai du mal à comprendre votre "plan pratique". SI on ne parle que du plan pratique des solutions. Il n'y a pas 10 000 manières d'exclure des groupes sociaux d'une société constituée, de regrouper ces gens dans des camps de concentration, puis de les exterminer. Il est donc normal que les solutions utilisées par le NSDAP pour remplir ces missions soient en fait des solutions pratiques qui avaient déjà faits leurs preuves. Si on veut avoir un peu de pertinence, il faut noter que les nazis se sont trouvés face à des réalités qui n'avaient pas encore été appréhendées.

Lors des massacres coloniaux, on ne rapporte pas de cas de soldats qui jettent leurs fusils ou refusent de participer à des pelotons d'exécutions. On ne rapporte pas de cas d’exécutants perturbés par les bains de sangs auxquels ils ont participé. On peut objectivement se poser la question de savoir si de tels cas n'ont pas été rapportés :
- parce qu'il n'y en a pas eu;
- parce qu'on n'a pas jugé digne de les rapporter ...

Dans le premier cas, il faudrait noter que certains des tueurs nazis ressentaient quand-même une certaine forme de compassion pour leurs victimes. Forme qui n'aurait pas été connue à l'époque coloniale...

Tout ceci a eu une incidence, car on a dû créer les chambres à gaz et les crématoriums. La première Shoah, la "Shoah par balles", c'est déroulée "à l'ancienne". On a regroupé des gens, on leur a fait creuser des fosses et on les a fusillés en les faisant tomber dans les fosses qu'ils venaient de creuser. Mais, suite aux problèmes psychologiques soulevés, on a cherché d'autres solutions. Ce furent les camions de la mort, puis les chambres à gaz qu'elles fussent alimentés par des moteurs diesels réglés pour produire beaucoup de CO et de CO2 ou à l'aide de Zyklon B.

Il y a une autre différence. Lors des massacres coloniaux, on a souvent exposés les corps. Le but était de terroriser les populations asservies en leur faisant comprendre qu'il n'y avait aucun espoir dans la révolte. Les nazis ont cherché a faire disparaitre le maximum de preuves, et de corps. De faire en sorte qu'il n'existe aucune preuve de leurs méfaits, mais aussi aucune preuve de l’existence et de la disparition des "races" qu'ils voulaient faire disparaitre ...

Ces différences me paraissent très significatives, et il faudrait en tenir compte

_________________
Une théorie n'est scientifique que si elle est réfutable.
Appelez-moi Charlie


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Message Publié : 10 Sep 2017 11:33 
Hors-ligne
Salluste
Salluste
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 11 Nov 2010 13:22
Message(s) : 289
Localisation : lorraine
Jerôme a écrit :
La réponse la plus crédible consiste à souligner que les pays ayant accumulé la plus large expérience coloniale (Britanniques et Français) ne se sont jamais engagés sur la voie de massacres à grande échelle en Europe à la différence de l'Allemagne nationale-socialiste et de l'URSS communiste !


L'absence de preuve n'est pas un preuve. La prise du pouvoir par un groupe suffisamment extrémiste aurait peut-être amené des conséquences similaires.

Jerôme a écrit :
En fait il faudrait sans doute distinguer deux questions. Tout d'abord, sur le plan des idées, l'inégalité raciale de droit ou de fait aux colonies a-t-elle un lien avec les théories nationales socialistes ?


C'est un évidence. Les théories raciales mènent à la déshumanisation. La déshumanisation est nécessaire à la guerre et, d'autant plus, à l'extermination d'un peuple.

Jerôme a écrit :
D'autre part sur le plan pratique, est-ce que la brutalité de la répression outre-mer n'a pas préparé les Allemands aux crimes du IIIè Reich ?


C'est la thèse du premier article mais les 2 articles se rejoignent dans le rejet de l'hypothèse de la transgression du tabou. Le second est explicite alors que le premier montre les liens et ne parle que de préparation.

Sur la question, traitée depuis 8 pages, il apparaît, à mon sens, l'échec des théories purement essentialistes et mécanistes (ce n'est pas le peuple allemand, ni le colonialisme qui mènent systématiquement aux génocides).
On voit qu'aucune explication simple n'est suffisante.
On ne peut alors que rejoindre que rejoindre Hannah Arendt : la dérive apparaît avec le totalitarisme et le totalitarisme peut se fonder sur de nombreuses origines comme le racisme, nationalisme, religion, lutte des classes ... dans tous les cas on déshumanisera l'opposant de par son essence.

_________________
Omnia disce, videbis postea nihil esse superfluum


Dernière édition par YetAnotherYves le 10 Sep 2017 11:44, édité 1 fois.

Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Message Publié : 10 Sep 2017 11:34 
Hors-ligne
Marc Bloch
Marc Bloch

Inscription : 10 Fév 2014 7:38
Message(s) : 4404
Localisation : Versailles
Pour compléter les éléments apportés par Narduccio, je crois que la différence entre l'Europe et l'outre mer se trouve dans le but poursuivi.

En Europe les Allemands poursuivent un but "idéaliste" (ou fanatique si idéaliste choque) : construire un monde sans Juifs (sans Tziganes ou sans d'autres groupes mis au ban). On peut soutenir aussi qu'en URSS Staline veut construire un monde sans bourgeois ! On cherche à bâtir un monde nouveau et parfait.

Aux colonies, on est dans le réalisme le plus strict. On cherche des méthodes pour empêcher les révoltes. Et le meilleur moyen de décourager des gens de se rebeller c'est de réprimer sans pitié les rebelles. C'est ce réalisme qui a justifié bien des représailles contre les populations civiles y compris en Europe avant 1815. Si les hereros ne s'étaient pas révoltés (et n'avaient pas tué des colons civils), il n'y aurait pas eu de représailles. C'est la mentalité de l'epoque!

Autre chose, les pratiques de Trotta ont été dénoncées très vite par d'autres Allemands : les missionnaires et les journalistes présents sur place.


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Message Publié : 10 Sep 2017 11:51 
Hors-ligne
Administrateur
Administrateur

Inscription : 15 Avr 2004 22:26
Message(s) : 15790
Localisation : Alsace, Zillisheim
YetAnotherYves a écrit :
Jerôme a écrit :
En fait il faudrait sans doute distinguer deux questions. Tout d'abord, sur le plan des idées, l'inégalité raciale de droit ou de fait aux colonies a-t-elle un lien avec les théories nationales socialistes ?


C'est un évidence.
Les théories raciales mènent à la déshumanisation. La déshumanisation est nécessaire à la guerre et, d'autant plus, à l'extermination d'un peuple.


Puisque ce serait une évidence, comment interprétez-vous les différences que j'ai mis en exergue ? Comment expliquez-vous que les exécutants nazis des premières phases de la Shoah eurent des réticences qui ne sont pas apparus lors des massacres coloniaux ?

La déshumanisation, et la dé-sociabilisation furent bien 2 conditions de la Shoah, mais les faits montrent que certains des exécutants de la Shoah par balles avaient conscience de ne pas faire quelque chose de licite. Alors que les participants aux massacres coloniaux ne semblent pas avoir eut ces états d'âmes .... Ces différences montrent bien que les participants à ces différents évènements ne ressentaient pas les mêmes choses...

_________________
Une théorie n'est scientifique que si elle est réfutable.
Appelez-moi Charlie


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Message Publié : 10 Sep 2017 12:11 
Hors-ligne
Salluste
Salluste
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 11 Nov 2010 13:22
Message(s) : 289
Localisation : lorraine
Narduccio a écrit :
YetAnotherYves a écrit :
Jerôme a écrit :
En fait il faudrait sans doute distinguer deux questions. Tout d'abord, sur le plan des idées, l'inégalité raciale de droit ou de fait aux colonies a-t-elle un lien avec les théories nationales socialistes ?


C'est un évidence.
Les théories raciales mènent à la déshumanisation. La déshumanisation est nécessaire à la guerre et, d'autant plus, à l'extermination d'un peuple.



Narduccio a écrit :
Puisque ce serait une évidence, comment interprétez-vous les différences que j'ai mis en exergue ? Comment expliquez-vous que les exécutants nazis des premières phases de la Shoah eurent des réticences qui ne sont pas apparus lors des massacres coloniaux ?


Nos messages ont-été posté en même temps et se sont croisés.

Un réponse optimiste est qu'il restait suffisamment d'humanité à quelques exécutant nazis.
Une réponse pessimiste serait que le travail de propagande n'était pas suffisamment avancé pour identifier totalement le juif comme un autre.

Pour les massacres coloniaux on dispose de moins de témoignages, sans doute du fait de la distance temporelle mais peut-être aussi de l'écart culturel entre les exécutants. Cependant le premier article en relève quelques-uns et note les réactions de l'opinion publique allemand.
D'autres part, il existe divers modes de racisme. Le racisme "paternaliste" qui pense apporter la civilisation supérieure s'offusque certainement des massacres. Il n'en reste pas moins un racisme qui légitime également le processus de déshumanisation.

_________________
Omnia disce, videbis postea nihil esse superfluum


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Message Publié : 10 Sep 2017 12:26 
Hors-ligne
Modérateur Général
Modérateur Général

Inscription : 20 Déc 2008 14:01
Message(s) : 5112
Localisation : Bourgogne
Mais ce processus de déshumanisation colonial n'a pas plus d'importance que celui qui s'opère dans les tranchées en 1914-1918. Ce n'est pas un hasard si les "proto-nazis" sont membres des Freikorps d'anciens combattants les plus nationalistes et les plus nihilistes (je pense à la Brigade "Erhardt" ou aux Freikorpskämpfer du Baltikum en particulier).
C'est bien plus la conjonction d'une fièvre ultranationaliste qui caractérise certains milieux de l'Allemagne révolutionnaire puis républicaine avec le militarisme prussien et la volonté réactionnaire d'une partie importante des élites conservatrices par la suite qui favorise l'apparition du nazisme et de ses principes raciaux, puis de ses "solutions" sur le sujet.

Y voir l'origine du nazisme me paraît extrêmement excessif, même si oui, c'est un symptôme. Comme une infinité d'autres...

CEN EdG

_________________
"Sicut Aquila"/"Ils s'instruisent pour vaincre"/"Par l'exemple, le coeur et la raison"/"Labor Omnia Vincit"/"Ensemble en paix comme au combat"/"Si Vis Pacem Para Bellum"/"Passe toujours !"


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Afficher les messages publiés depuis :  Trier par  
Publier un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 169 message(s) ]  Aller vers la page Précédent  1 ... 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12  Suivant

Le fuseau horaire est UTC+1 heure


Qui est en ligne ?

Utilisateur(s) parcourant ce forum : Aucun utilisateur inscrit et 22 invité(s)


Vous ne pouvez pas publier de nouveaux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas éditer vos messages dans ce forum
Vous ne pouvez pas supprimer vos messages dans ce forum
Vous ne pouvez pas insérer de pièces jointes dans ce forum

Recherche de :
Aller vers :  





Propulsé par phpBB® Forum Software © phpBB Group
Traduction et support en françaisHébergement phpBB