nico86 a écrit :
De plus la dimension raciale est imparable, car elle exclue de facto une population ne pouvant s'extraire de sa condition.
En revanche, tout les moyens étant bons pour mettre les Juifs "hors champ" l'argument religieux, au même titre que l'argument racial, était utilisé pour justifier leur incompatibilité sociale et culturelle.
Ce type d'argument a très bien fonctionné auprès d'une population de catholiques traditionnels davantage attachée à des questions d'ordre théologiques qu'eugéniques. Je suis vraiment désolé de ne pouvoir remettre, actuellement, la main sur le livre traitant de ce dernier point.
Et si les deux étaient étroitement mêlés ?
Les Juifs sont vus comme déicides par l'Eglise et comme tels depuis l'avènement du christianisme, ils sont mis au ban de par le fait d'avoir fait périr le Messie.
Mathieu (27) : "
Et tout le peuple répondit: Que son sang retombe sur nous et sur nos enfants!"
L'Eglise s'appuie sur cette revendication assumée de l'acte et revendication qui s'inscrit sur le temps, jusqu'à la fin des temps. Ceci laisse donc une marge pour expliciter tout ce qui sera le parcours juif dans ses avanies.
Ces avanies ont été le lot du peuple "juif" avant ; plusieurs fois le
peuple élu a transgressé et de nouveau une alliance a été passée entre lui et Dieu, aussi n'a-t-il pas la même vision. Cette mise à mort est peut être été une erreur mais pas au point de lui enlever le statut de
peuple élu.
Ce statut, l'Eglise n'a jamais pu en venir à bout car il est dans les Ecrits, il le paradigme de l'AT. Ce qui explique le pardon du Père aux errances de ses enfants (parabole du fils prodigue dans le NT). Il existe donc toujours cette
épine dans le pied du christianisme.
J'ai bien lu tout le post de Narduccio. J'ai simplement beaucoup de mal avec une notion qui me parait très subjective :
l'intégration.
L'intégration est quelque chose d'artificiel puisque l'on est obligé de légiférer afin qu'elle existe.
La législation devient une sorte de couvercle qui termine l'esthétique d'une marmite maintenant ce qui se passe à l'intérieur est loin d'être idyllique.
Nous avons une intégration reconnue mais non ressentie et comment le pourrait-on ? Côté législatif, les lois sont belles et bonnes mais chez le tout venant l'opinion personnelle reste libre, on échange entre personnes du même avis et le tout fermente. Lorsque le couvercle législatif est enlevé par une force issue du peuple, reconnue par lui, vue comme une prolongation et une renaissance non seulement vous n'avez plus à subir
l'Etranger mais vous êtes à même d'organiser un tri.
Il y avait qu'une apparence d'intégration.
L'intégration ou égalité me semble une utopie née dans les cerveaux de penseurs bien loin des contingences de la vie en société. Les données sont donc biaisées entre le penseur et l'acteur. L'acteur peut penser tant qu'il n'est aucunement mis en cause, cependant que soudain il devienne débiteur ou créditeur d'un autre, pire d'un autre qui lui est
étranger en tout et plus rien ne va. Débiteur il s'insurge, créditeur : il exige.
L'allemand moyen (on peut d'ailleurs décliner) ne comprend pas cette minorité juive qui vit un pied dans le pays en ressassant ses racines d'ailleurs, il fut un temps tout en gardant l'aura de
peuple élu. Tout comme le juif ne comprend pas que sa judéité -qui l'entraîne dans l'espoir d'un demain à Jérusalem- puisse renvoyer l'image d'une personne qui mange à tous les râteliers, qui n'est que de passage, ne peut s'investir franchement puisque son bonheur est ailleurs avec tout ce que ceci promène de négatif.
Chacun revendiquant des racines fantasmées et divergentes, haut et fort ou bas et en petit comité, il ne peut y avoir d'intégration en profondeur.
Tant qu'il sera impossible d'admettre qu'une minorité ne pourra s'intégrer qu'à force de lois et que cette intégration n'en est que plus fragile, ces faibles garde-fous législatifs ne feront jamais le poids face à ce qui est traduit par
racines et ressenti comme plus profond encore lors de moments difficiles qui demandent un peuple soudé sur un passé commun.
L'étranger est la fissure qui fait s'effondrer tout édifice parfais.
La leçon a tirer est évidente.
J'ai repris un fil sur Révolution et Empire : Les Juifs au travers des écrits des mémorialistes militaires et c'est très instructif ; ces hommes étaient-ils tous de mauvaises foi ? Tous dans le fantasme ? Certains semblent étonnés des coutumes et un problème revient souvent : l'apparence extérieure. On peut comprendre, on peut donc aussi comprendre que cette apparence hors la coutume du pays puisse donner une image négative, des faits hors bornes données par le forum nous montrent que ceci est encore de mise et peut être largement discuté. L'Etat peut là encore légiférer mais qu'en est-il en profondeur ?
Après les grandes convulsions du XIXème et du début du XXème, avec l'ascension d'AH, il ne peut plus y avoir de modus vivendi.
Il ne peut exister deux peuples élus et on va s'employer à démontrer que l'un n'était qu'une usurpation et peut
per fas et nefas ne plus poser problème à qui que ce soit.
Pour ce qui concerne Dieu, qu'à ceci ne tienne on reviendra aux dieux des ancêtres, ceux-là mis à mal par l'Eglise, elle-même usurpatrice, elle-même coupable d'exiger des autres de suivre une parole non unanimement acceptée puisque ce ne sont que schismes tout au long de l'Histoire.
Coupons donc les liens qui ne sont qu'un joug d'artifice et retournons à nos racines.
Un homme incarne ce renouveau. Ce renouveau parle à la masse, au peuple dans ces moments tourmentés, pouvait-on nier celui qui paraissait être le
messie...
Toutes mes excuses car j'ai dû faire vite et ceci ne vaut qu'à travers vos critiques et vos analyses.
Merci.
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