Narduccio a écrit :
+1 Actuellement, sauf cas particuliers, l'histoire reste une science nationale. Les français et les allemands ont tenté de rédiger un manuel d'histoire en commun ... Je n'ai plus de nouvelles du projet, je présume donc qu'il a échoué. Bref, les principaux travaux des divers chercheurs concernent "leur" histoire et intéressent donc relativement peu la communauté internationale. Donc, effectivement, les historiens des pays les plus peuplés seront donc plus cités que les historiens des petits pays. D'ailleurs, qui connait ici un historien serbe, ou ukrainien, ou malien, ou afghan ? Si vous faites le bilan, vous connaissez une masse d'historiens français, quelques historiens "internationaux" spécialistes de certains sujets de la SGM ou de la PGM, peut-être quelques historiens spécialisés dans des secteurs techniques comme la marine, la navigation, archéologie, l'histoire romaine, ...
Aujourd'hui, à l'échelle mondiale, un historien universitaire sur deux est nord-américain. Cela signifie qu'un médiéviste sur deux enseigne dans une université américaine ou canadienne, idem pour les antiquisants, philologues des textes latins ou grecs, archéologues, etc... Lesquels ne travaillent pas à faire de l'histoire nationale, bien évidemment, sauf quelques exceptions assez anecdotiques (archéologie précolombienne). Dans ces conditions, soit il travaille à partir de sources imprimées, et là les universités nord-américaines ont des bibliothèques d'une richesse inégalée, soit il doit obtenir des financements (généralement des bourses privées) pour se rendre sur les lieux de conservation des sources dont il a besoin. Il en ressort qu'ils travaillent généralement dans le domaine de l'histoire culturelle à partir d’œuvres imprimées et d'une vaste bibliographie, comme le montre par exemple le sommaire de la revue des médiévistes américains
Speculum. Cela implique que certains, sans doute une minorité, viennent travailler dans nos archives à l'exemple d'un Steven Kaplan pour le XVIIIe siècle français par exemple, d'un Robert Paxton ou d'un Stanley Hoffmann. Ces derniers sont-ils connus nationalement, en dehors de certains cercles académiques et de leurs universités ? Pour la majorité d'entre eux, on peut en douter, d'autant que l'histoire est une discipline qui tend de plus en plus à se cloisonner et que les traductions d’œuvres étrangères restent très exceptionnelles, ce qui ne favorise pas la diffusion de leurs travaux.
Dans ces conditions, Hormis quelques rares mastodontes, hyper médiatisés, les historiens mondialement connus semblent une espèce en voie d'extinction.