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Message Publié : 14 Juin 2020 16:08 
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De nombreuses voix s'élèvent pour dire que plus qu'un problème de racisme, la France a un problème d'ignorance :
https://www.linkedin.com/pulse/lignorance-lo%C3%AFk-le-floch-prigent/

Et Kofi Yamgnane dit des paroles très jsutes :
Citer :
Kofi Yamgnane : Oui la mémoire historique, il faut en parler. Comment peut-on imaginer raconter l'Histoire de France sans parler de l’esclavage, de la colonisation, de l'Empire colonial français, de l'immigration qui en sont une partie prenante décisive? En effet, comment peut-on imaginer raconter l'Histoire de France sans parler de sa population dont un membre sur trois est issu de parents, grands-parents ou arrière-grands-parents eux-mêmes issus de l'immigration ? Mais tout cela, c’est l’Histoire et nous sommes en train de bâtir demain ! C’est pourquoi je n’ai jamais demandé aucune repentance à la France: l’Histoire, c’est l’Histoire… Je ne demande à personne de mettre un genou à terre! Quant à moi, j’ai choisi la France pour vivre, grandir, m’épanouir et la France m’a tout donné: élu par les Bretons, accepté par la France. Aujourd’hui, c’est moi qui invite la France à se tourner avec moi vers l’avenir. L’islam trouvera sa place, tout comme le judaïsme a trouvé la sienne avec... le temps.

Les problématiques de l’immigration et de l’intégration ne datent pas d’hier et font partie des questions que toute société et toute bonne gouvernance ont le devoir de traiter. Dès le 14e siècle, le Pape installé en Avignon, Jean XXII, décide d'expulser les juifs du Comtat Venaissin, ces allochtones immigrés de l'intérieur, assassins du Christ, traficotant l’argent réputé “sale”. Ils ne sont pourtant pas plus de 2000 personnes alors que la France comptait alors 15 millions d'habitants et constituait la troisième population au monde... Il faut attendre la Révolution de 1789 et la proclamation de la République en 1792 pour qu'être étranger en France ne soit plus une raison suffisante d'être discriminé. L’islam trouvera sa place, dès lors qu’il aura lui-même fait sa révolution culturelle, admis et adhéré à la morale, à l’éthique et à l’organisation républicaines... et il n’y a pas besoin d’attendre une deuxième révolution pour cela.

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Une théorie n'est scientifique que si elle est réfutable.
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Message Publié : 14 Juin 2020 16:17 
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Notons que les Juifs furent autorisés à revenir dès le début du pontificat de Clément VI (1342) et qu'ils restèrent dans le Comtat définitivement. L'attitude de Jean XXII est incompréhensible puisqu'il avait protégé les Juifs lors de la croisade des Pastoureaux de 1320.

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Il n'est pas nécessaire d'espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer (Guillaume le Taciturne)


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 Sujet du message : A
Message Publié : 14 Juin 2020 16:27 
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Rebecca West a écrit :
.

J'ai été bien autrement choquée de voir avec une récurrence assez inconsidérée voire obscène, les images de têtes portées sur des piques, la reconstitution de guillotines au pays des droits de l'homme qui a oublié tout devoir dès que ses pulsions ou ses besoins le mènent. Les besoins sont considérés comme un dû immédiat -un "droit"- auquel le pouvoir doit -par "devoir"- céder.

Ces macabres défilés n'exprimaient alors qu'un haine arbitraire et un déni de la vie des personnages en effigie mais nul commentaire en ce sens, bien au contraire : le tapis rouge était déroulé.
Ceci ramenait à une période glorieuse -ou considérée comme telle- de notre histoire. On y voyait le bonnet phrygien, on y braillait la Marseillaise.

Je mise sur le retour du foot, des mercatos, des bars ouverts, des 3ème mi-temps afin de calmer le jeu. Sinon, il sera bien temps de prendre ceci au sérieux avec des interlocuteurs sérieux.
:wink:.


Avant de revenir pour des résultats plus positifs (sur Fureix) je m'énerve encore :mrgreen:
Pitié, mais alors pitié !
La seule obscénité c'est celle qui caractérise ceux qui ont le niveau de connaissance adéquat et se murent dans le déni.
Petit exemple de cours d'histoire en prépa si vous me permettez : Nous parlions justement de la révolution de 48 (je ne sais plus sur quel point en particulier). Voilà que les échos d'une manifestation menée tambours battant des GJ remonte l'avenue bordant notre lycée. Notre professeur poursuit tnat bien que mal et chacun tente de se concentrer sans donner dans le parallèle trop facile. Dans le vacarme, nous finissons (très brièvement) par évoquer ces évènements - l'une des très rares fois où nous nous sommes permis de parler actualité politique cette année là et de perdre du temps sur le programme...
Quelqu'un intervient finalement, au comble de la panique, pour dire qu'il ne comprend pas "toute cette violence" (sic.) et pourquoi ces gens sont là dehors à hurler. Très honnêtement, s'est peint sur le visage de mon professeur l'exacte expression de l'enseignant qui a échoué !
Que voulez-vous : on en parlait, tout le monde suivait sur 48, mais certains ne pouvaient pas ensuite se figurer un seul instant que ce qui se passait dehors comportait aussi des motifs réels avec de la colère bien palpable !

Je ne verse pas dans la polémique. Juste pour dire que la résurgence des guillotine, des bonnets rouges, des mannequins et de certaines atteintes iconoclastes ne m'a pas choqué outre-mesure. En fait j'ai plutôt été désespéré par le manque de repaires historiques et d'inventivité. Quelque chose de pas assez français dans ce [url]bis repetita[/url] qui donnait tête-baissée dans les stéréotypes que serinaient certains médias.
Et je vais vous dire que quand on a eu sur la façade de l'ENS (avec numéro d'acrobatie en pleine nuit pour l'accrocher !) "La démocratie est morte, Vive le Roi", j'ai d'abord salué le coup d'audace, tout différent politique mis de côté. Et qu'au lieu de faire celui qui n'avait pas vu je montrais le slogans à mes camarades. Cela ne m'a pas beaucoup étonné, non plus. Mais le "pas de vague" a frappé, bien entendu et on en a plus parlé.

Je suis atterré par la nunucherie de certaines remarques. Surtout que ces intervenants ont un niveau de connaissance et une finesse d'analyse que j'ai plaisir à retrouver dans d'autres fils.
Que voulez-vous, pour avoir les Droits de l'Homme et les "valeurs de la République" (pour ce qu'on en fait et ce qu'elles recouvrent désormais, mais passons !) il en a fallu du bonnet rouge et du juron.

Le "mercato, le foot" avec cette once de mépris que vous assumez totalement , opposé aux "débats sérieux avec des gens sérieux" : c'est vraiment donner du grain à moudre à de l'anti-intellectualisme primaire. Et de même que j'ai eu d'excellents professeurs de latin fans de football (pour la beauté du geste, s'entend ; dans l'esprit des Anciens), de même j'ai pu voir des interlocuteurs sérieux pas capable de faire des liens élémentaires cause / effet et jouer les ahuris ...
J'aimerai pouvoir vous dire qu'il suffit de "frayer" un peu avec certaines personnes de ces cortèges macabre pour espérer en dire quelque chose de tangible, mais fallait y être sur le moment. Il n'est jamais "bien temps" comme vous dites ; il n'est parfois "que temps" de comprendre et de prendre les problèmes à bras le corps.
Enfin que le premier devoir qui nous incombe se nomme "honnêteté intellectuelle".



"Ils ont des oreilles mais n'entendent pas !" disait un très vieux révolutionnaire et l'un des premiers commandements du livre qui donne l'aventure de cette révolution dit un peu la même chose au sujet d'idoles et de veaux d'or ! lol Mais je m'abstiens d'appeler à les briser comme lui - ce serait trop mauvais genre ...

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Message Publié : 14 Juin 2020 16:47 
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Champollion a écrit :
Je suis atterré par la nunucherie de certaines remarques. Surtout que ces intervenants ont un niveau de connaissance et une finesse d'analyse que j'ai plaisir à retrouver dans d'autres fils.
Que voulez-vous, pour avoir les Droits de l'Homme et les "valeurs de la République" (pour ce qu'on en fait et ce qu'elles recouvrent désormais, mais passons !) il en a fallu du bonnet rouge et du juron.


Oui, il faut des bonnets rouges et des jurons. Un certain nombre de statues seront remises en place ou restaurées. Comme elles l'ont été suite à d'autres destructions. Après, il faut une réflexion pour savoir s'il faut les laisser en place pour une prochaine destruction, mettre un panneau explicatif.

Ensuite, dans certaines manifestations, certains détruisent pour le plaisir de détruire, d'autres détruisent en ayant des arguments faux ou vrais pour justifier cette destruction. D'ailleurs souvent des arguments qui reposent plus souvent sur une analyse erronée. Mais surtout, comme le dit Eric Naulleau : ça sert à quoi ? Détruire un symbole peut être intéressant si cela interpelle les gens et les fait réfléchir. Mais, c'est vrai si le symbole est pertinent. Si cela démontre juste une ignorance de la réalité, hé bien, cela démontrera juste que ceux qui ont fait cette destruction étaient des ignorants. Mais, le vrai but est-il de détruire des symboles ou de changer la réalité ? Le fait de censurer "Autant en emporte le vent" va-t'il réduire d'un iota le nombre de racistes aux USA ? Au contraire, cela a entrainé une ruée sur le DVD pour en avoir un avec la version originale. Bref, cela a été plutôt contreproductif.

L'un des problèmes qu'on rencontre souvent en histoire est cette bataille des symboles. J'ai souvent vu le débat sur le fait de savoir s'il fallait bombarder Auschwitz. Alors, pas mal de gens qui ont bibéronné à l'ère des médias et de la communication disent : "Comme cela les nazis auraient su qu'on savaient et que nous y étions opposés". Les nazis savaient que les gouvernements des alliés avaient été informés. C'est pour cela qu'ils ont cherché a effacer les traces du génocide partout où ils ont pu le faire. Il y a des discours de Churchill et de Roosevelt, mais aussi d'autres qui préviennent les dirigeants nazis que tout ce qu'ils font de pas conforme au droit sera jugé après guerre. Mais surtout, il y a des déclarations où les dirigeants de l'époque disent que ce qu'il y a de mieux à faire pour faire cesser les crimes des nazis, c'est de gagner la guerre le plus vite possible. Donc, utilisez des moyens pour bombarder Auschwitz aurait détourné une partie de l'effort de guerre. Cela aurait pu retarder la fin de la guerre, peut-être de quelques jours. Cela aurait permit aux nazis de tuer quelques dizaines de juifs en plus.

S'attaquer aux symboles ne sert pas à grand chose si le reste ne change pas. On peut retirer toutes les statues de Colomb de toutes les villes des Amériques, est-ce que cela améliorera la vie des Amérindiens ? On peut retirer toutes les statues de Colbert de nos villes sans que rien ne change à la situation dans nos banlieue. Faire la guerre aux symboles n'apporte rien si rien ne change sur le fond. ELle permet juste à certains de prétendre qu'ils ont fait changer les choses alors que rien n'a changé dans les situations qu'ils dénoncent.

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Message Publié : 14 Juin 2020 16:50 
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Ne cliquez pas sur le lien si vous êtes étanche à l'ironie et à la parodie ;)
Lion de Belfort vandalisé : un groupe activiste vegan revendique « la destruction d’un symbole humiliant de la tyrannie carnivore »

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 Sujet du message : Re: A
Message Publié : 14 Juin 2020 17:10 
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Narduccio a écrit :
S'attaquer aux symboles ne sert pas à grand chose si le reste ne change pas. On peut retirer toutes les statues de Colomb de toutes les villes des Amériques, est-ce que cela améliorera la vie des Amérindiens ? On peut retirer toutes les statues de Colbert de nos villes sans que rien ne change à la situation dans nos banlieue. Faire la guerre aux symboles n'apporte rien si rien ne change sur le fond. ELle permet juste à certains de prétendre qu'ils ont fait changer les choses alors que rien n'a changé dans les situations qu'ils dénoncent.



Je suis bien d'accord. Surtout que mon ironie ne laisse pas à penser que je valide cette idée.
Comme le fais remarquer Fureix, l'acte en lui-même est nul. Son résultat, purement négatif arrive bien souvent trop tard dans le procès révolutionnaire ou contestataire pour être à l'origine de quoi que ce soit. Le vide laissé, faute de temps ou de réflexion se retourne fatalement contre le premier mouvement.
Reste que, sur le temps long, les historiens qui analysent ces évènements remarquent que l'on se presse pour combler ce "vide". L'obélisque de la Concorde est un exemple frappant, mais de façon plus modeste, quelques éléments redessinés, des appliques remodelées vous donnent une statue à la mesure des changements que vous espérez porter. La chasse et la guerre aux symboles désignés à tout va comme coloniaux me choque pour son manque d'arguments et surtout pour ce qu'elle dit de l'Etat de l'idée et de l'incarnation républicaine. On veut supprimer, effacer pour mettre quoi à la place. force est de constater que ceux qui ciblent ces statues ne proposent rien d'autre.
Il ne le font pas car il ne le savent pas eux-mêmes...

Debray qui intervenait chez Finki sur "Réplique" le dit à sa manière (parlant de sa génération) : nous savions parfaitement vers 68 ce que nous visions, ce que nous voulions voir venir et par où y aller. Certes ils "croyaient" le savoir, mais sur le moment quelle différence. Et de constater avec H. Weber dans la discussion que ce n'est plus le cas aujourd'hui ni le leur.
Par là je n'espère pas chanter leurs louanges, mais souligner que cette clarté ou, au moins, la volonté d'y voir clair manquent dans les entreprises que vous évoquiez.
Je reste convaincu que dans l'histoire, ces actions signifiantes peuvent servir de déclencheur ou même s'inscrire dans un renouvellement concerté des images. Mais, effectivement, ceux qui prient pour qu'on déboulonne Lee de son piédestal ne savent pas par quoi le remplacer. Ils créeront un vide mémoriel, l'un de ces socles comme on en voit en Ukraine et qui se transformera en autel !


J'ajoute que vos petits exemples décalés apportent de la fraîcheur à la discussion un peu grinçante, Narduccio, et j'y souscrit pleinement ! :P

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Message Publié : 14 Juin 2020 17:15 
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Champollion a écrit :
Narduccio a toutefois bien fait de souligner qu'on devrait a minima se soucier du sens qu'ont ou qu'ont perdu ces statues. Le mal vient souvent du fait que, laissées en place, on a pas moyen de savoir ce qu'elles représentent et pourquoi elles ont été élevées. Il est aisé de clamer n'importe quoi à leur propos ensuite !

C'est ce qui me fait répondre à Artigas que la présence d'une statue sur une place ne vaut pas hommage de la République. Bien souvent une statue est là parce qu'on n'a jamais eu de raison particulière de l'enlever, alors même qu'on a oublié les raisons de la conserver ! :mrgreen:

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 Sujet du message : Re: A
Message Publié : 14 Juin 2020 18:54 
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.
La vue d'une acrobatie ne me met pas dans une liesse profonde car j'y vois, là encore, une irresponsabilité qui peut se terminer droit aux urgences où, des nunuches telles que moi, devront se farcir en plus des beuveries du jeudi soir, un éclopé dont les parents vont venir hurler leurs convictions politiques et demander réparation avec avocats s'il vous plaît.

Je ne pense pas que ces oripeaux aient été choisis au hasard mais simplement parce-que ceci allait valider les revendications et se mettre dans la poche certains partis extrêmes (gauche comme droite).

Champollion a écrit :
Que voulez-vous, pour avoir les Droits de l'Homme et les "valeurs de la République" (pour ce qu'on en fait et ce qu'elles recouvrent désormais, mais passons !) il en a fallu du bonnet rouge et du juron.

Oui et ?
Ceci est su depuis le CM1...
J'entends par débats sérieux avec gens sérieux des débats qui débouchent sur du constructif.

J'habite en milieu classé "sensible". Un quartier très chouette dans les années 90 et qui a basculé.
Dans ce quartier, les difficultés sont telles que la plupart des voisins n'ont pu s'offrir le luxe de porter un GJ.
Pour hurler il faut un minimum de calories et vous seriez étonné de constater que ce minimum n'est pas atteint dans certains endroits urbains où le nec plus ultra est le kebab du coin.
Le cosmopolite, c'est mon quotidien et je retrouve ceci au travail (ben oui, il faut des cortex calcifiés -classés "nunuches"- comme le mien pour agir en fonction et relativement vite pour shunter les fonctionnaires d'Etat qui eux n'ont pas d'états d'âme).

Sur un rond point à 35 kms de chez moi était érigé une guillotine.
Les dégâts faits chez les enfants, les ados -dont certains parents inconscients se servaient pour brailler plus fort- ont fait que des enfants sont encore suivis par des psychologues (bien sûr : 100%, le département n'est pas chien) pour ce qui vous semble le sujet d'une grande réflexion sociétale.
Les nunuches étaient occupés à éviter des placements d'office.

Alors oui, j'assume mon dégoût fasse à ce style de totale irresponsabilité qui a duré un bon bout de temps. Avec un budget qu'il a fallu voir et revoir. Il a fallu, durant ce temps, ne pas compter ses heures, faire fi de sa vie familiale etc.

Ces enfants ont manqué l'école. Dans ce cas, au-dessus de 3 jours et sans explication venant des parents : les allocations ne sont plus versées.
Là encore, il a fallu pallier à l'irresponsabilité et songer à des secours d'urgence pour éviter des problèmes pécuniaires qui se seraient ajoutés aux problèmes sociaux.
Je vous le donne en mille : nul besoin ! Il était donc évident que le budget familial suffisait.

Mais votre monde est imperméable à ceci.

Citer :
"Ils ont des oreilles mais n'entendent pas !" disait un très vieux révolutionnaire

Sans se fouler, le révolutionnaire, en reprenant Jérémie. Pour l'honnêteté intellectuelle on repassera.
:rool:
.

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"... we shall fight on the seas and oceans, we shall fight ... whatever the cost may be ... we shall never surrender...." (W. L. Churchill)
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 Sujet du message : Re: A
Message Publié : 14 Juin 2020 19:23 
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Rebecca West a écrit :
.
La vue d'une acrobatie ne me met pas dans une liesse profonde car j'y vois, là encore, une irresponsabilité qui peut se terminer droit aux urgences où, des nunuches telles que moi, devront se farcir en plus des beuveries du jeudi soir, un éclopé dont les parents vont venir hurler leurs convictions politiques et demander réparation avec avocats s'il vous plaît.

Je ne pense pas que ces oripeaux aient été choisis au hasard mais simplement parce-que ceci allait valider les revendications et se mettre dans la poche certains partis extrêmes (gauche comme droite).

Champollion a écrit :
Que voulez-vous, pour avoir les Droits de l'Homme et les "valeurs de la République" (pour ce qu'on en fait et ce qu'elles recouvrent désormais, mais passons !) il en a fallu du bonnet rouge et du juron.

Oui et ?
Ceci est su depuis le CM1...
J'entends par débats sérieux avec gens sérieux des débats qui débouchent sur du constructif.

J'habite en milieu classé "sensible". Un quartier très chouette dans les années 90 et qui a basculé.
Dans ce quartier, les difficultés sont telles que la plupart des voisins n'ont pu s'offrir le luxe de porter un GJ.
Pour hurler il faut un minimum de calories et vous seriez étonné de constater que ce minimum n'est pas atteint dans certains endroits urbains où le nec plus ultra est le kebab du coin.
Le cosmopolite, c'est mon quotidien et je retrouve ceci au travail (ben oui, il faut des cortex calcifiés -classés "nunuches"- comme le mien pour agir en fonction et relativement vite pour shunter les fonctionnaires d'Etat qui eux n'ont pas d'états d'âme).

Sur un rond point à 35 kms de chez moi était érigé une guillotine.
Les dégâts faits chez les enfants, les ados -dont certains parents inconscients se servaient pour brailler plus fort- ont fait que des enfants sont encore suivis par des psychologues (bien sûr : 100%, le département n'est pas chien) pour ce qui vous semble le sujet d'une grande réflexion sociétale.
Les nunuches étaient occupés à éviter des placements d'office.

Alors oui, j'assume mon dégoût fasse à ce style de totale irresponsabilité qui a duré un bon bout de temps. Avec un budget qu'il a fallu voir et revoir. Il a fallu, durant ce temps, ne pas compter ses heures, faire fi de sa vie familiale etc.

Ces enfants ont manqué l'école. Dans ce cas, au-dessus de 3 jours et sans explication venant des parents : les allocations ne sont plus versées.
Là encore, il a fallu pallier à l'irresponsabilité et songer à des secours d'urgence pour éviter des problèmes pécuniaires qui se seraient ajoutés aux problèmes sociaux.
Je vous le donne en mille : nul besoin ! Il était donc évident que le budget familial suffisait.

Mais votre monde est imperméable à ceci.

Citer :
"Ils ont des oreilles mais n'entendent pas !" disait un très vieux révolutionnaire

Sans se fouler, le révolutionnaire, en reprenant Jérémie. Pour l'honnêteté intellectuelle on repassera.
:rool:
.


Tout d'abord, je vous présente mes excuses pour vous avoir froissé.
Je m'en vais vous dire que pour l'acrobatie.

Je relève chez vous l'emploie de "constructif ; sociétal ; partis extrêmes (gauches comme droite) ; votre monde". je comprends donc - et on en va pas faire durer pour les autres - que nous ne pouvons pas être d'accord.
Nous n'allons pas non plus opposer nos expériences sociales dans un combat ad hominem. Quand à ma dernière remarque c'était un petit trait d'humour un peu bébête, mais passons.

Je vais vous dire que je défend des irresponsables comme vous dites peut être trop naturellement. C'est un premier mouvement parce que je suis d'une génération où la perte des repaires politiques, l'infantilisation, la perte des repaires historiques donne des esprits aseptisés. On doit la jouer "efficace" pour trouver une place et un emploi et pas le temps pour la réflexion politique.
On peut passer les concours d'école de commerce, amis on peut ou non avoir le discours qui va avec ... C'est l'ère de la victimisation où la cellule psychologique remplace la cellule politique. Non que la seconde vaille mieux que la première et elle a farci bien des cerveaux. Mais on pleure sur ce qui est fragile et en images.

Les responsable faces aux irresponsables, jouer les uns contre les autres. Dire que les uns ne peuvent pas revendiquer quelque chose parce que les autres le revendiquent pour eux. Puis dire que s'ils revendiquent ils mettent en danger les autres... Comment dire.

Et puis un dernier trait qui vient du cœur (et la modération peut enlever). Quand toute la journée c'est le véganisme, l'écologie des responsables, la tolérance de tous les types de droits revendiqués et l'obédience aux prêches de nouvelles égéries féministes révolutionnaires d'amphithéâtre on bouillonne et il faut se contenir pour rester sérieux et ne pas s'emporter.
On a donné du grain à moudre à quelques collectifs de faqueux mais les vrais soucis dont le massacre de la recherche française (pour ne pas citer des choses qui n'ont rien à voir avec le forum) on s'en balance pas mal.
"Mon monde" - c'est vous qui dessinez la frontière - et celui où on a un peu de sens et d'éducation politique et du répondant. Laissez nous nous emporter, être un peu rêveurs et enthousiastes. Laissez nous dire qu'on aime la verve de Barrès mais aussi lire Jaurès.

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Message Publié : 14 Juin 2020 19:59 
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Merci de revenir au sujet.

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Message Publié : 14 Juin 2020 20:08 
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Pour celles et ceux qui n'auraient pas écouté le Président ce soir : la France ne déboulonnera aucune statue. C'est clairement dit.


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Message Publié : 14 Juin 2020 21:05 
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Pierma a écrit :
Merci de revenir au sujet.


Il est temps en effet.

Je voulais juste revenir sur les travaux dirigés par Fureix sur ces questions. J'ai parcouru une bonne partie de l'ouvrage qu'il a dirigé "Iconoclasme et révolutions" (de 2014) extrêmement précieux, tant pour le travail conceptuel et épistémologique que pour la richesse du tour d'horizon qu'il offre. Comme les bibliothèques sont encore fermées, vous pourrez le trouver en cherchant un peu sur internet.
Dans le contexte assez flou du débat que vient - du moins pour l'heure - de clore le président, c'est une lecture plus que souhaitable.

J'essaierai (si cela peut être utile ici) de donner demain un petit résumé de cette lecture, mais je tombe de fatigue...

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Bien à vous tous !

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Message Publié : 15 Juin 2020 16:49 
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Pour commencer voici le sommaire, avec les contributeurs:

INTRODUCTION
Emmanuel Fureix

PRÉAMBULE
La mort des statues.
Imaginaires archaïques et usages politiques de l’iconoclasme
INTRODUCTION
Emmanuel Fureix

PRÉAMBULE
La mort des statues.
Imaginaires archaïques et usages politiques de l’iconoclasme
Bertrand Tillier
PREMIÈRE PARTIE
Iconoclasme et régénération sous la Révolution française

Introduction
Pierre Serna

L’iconoclasme et le temps en Révolution
Lynn Hunt

Hercule sans-culotte. Une figure de l’iconoclasme révolutionnaire
en France (XVIIe-XIXe siècles)
Yann Lignereux

Iconoclasme et violence : la transformation des signes
dans le Paris révolutionnaire, 1789-1794
Richard Clay

Révolution et construction de l’espace public.
L’iconoclasme à Paris en 1790
Guillaume Mazeau

Destruction, conservation et création sous la Révolution française :
une question de style
Philippe Bordes

L’iconoclasme révolutionnaire au village :
exemples du sud de l’Île-de-France
Serge Bianchi
DEUXIÈME PARTIE
Iconoclasme, révolutions et dé-révolutions du XIXe siècle

Introduction
Emmanuel Fureix

Sacrer la République : enjeux de l’iconoclasme révolutionnaire
en Colombie bolivarienne au début du xixe siècle
Clément Thibaud

Le trône brulé : un imaginaire iconoclaste
dans la Révolution de février 1848
Rolf Reichardt

Quarante-huit au miroir de Trente : Révolution du signe
et révolution de papier dans une société d’obéissance
Laurent Le Gall

Faut-il détruire une statue pour rétablir l’ordre ? Lyon, 1848-1849
Vincent Robert

Entre délit politique, sacrilège et droit commun :
l’iconoclasme révolutionnaire en procès (Rome, 1849-1850)
Catherine Brice

Évincer Dieu de l’espace public : l’iconoclasme religieux
pendant la Commune de Paris
Quentin Deluermoz

L’iconoclasme singulier de la Commune de 1871 :
combattant et monumental
Éric Fournier
TROISIÈME PARTIE
Iconoclasmes et instrumentalisations :
le palimpseste des révolutions (XXe-XXIe siècles)

Introduction
Johann Chapoutot

Détruire les croyances en dévoilant des reliques :
un épisode de l’iconoclasme bolchevique après 1917
François-Xavier Nérard

L’iconoclasme dans la révolution hongroise de 1956
Paul Gradvohl

Iconoclasme et instrumentalisation :
la révolution culturelle chinoise
Lucien Bianco

Au-delà de la chute : Le Mur de Berlin cassé et concassé
Thomas Serrier

Iconoclasme et syncrétisme en Russie post-soviétique
Irène Herrmann

Autour de l’iconoclasme taliban.
Politiques de l’image et du patrimoine en Afghanistan
Pierre Centlivres

Les réformateurs musulmans contre la mauvaise image :
de la société à l’État et retour
Omar Saghi
CONCLUSION
Annie Duprat et Emmanuel Fureix


Je précise juste que je donne ici quelques idées intéressantes tirées du livre (dont je n'ai pas eu le temps de lire tous les articles) et non une revue exhaustive.

Dans l'introduction, l'auteur insiste d'abord sur le rôle générateur de la Révolution française. Dans les deux sens, car, d'une part, les destructions de signes, de blasons, de symboles et de statues s'opèrent à très grande échelle et sur plusieurs années, mais aussi parce que les historiens ont beaucoup plus étudié cette période. Ainsi, on oublie trop vite d'autres évènements très important, comme la destruction systématique d'images pieuses et de reliques pendant les guerres de religion au XVIe. L'iconoclasme, d'abord religieux n'est pas non plus, dans sa déclinaison politique, une création de 89-94. On peut penser à ce qui se produisait lors des "émotions populaires" ou lors des perceptions d'impôt où la livrée royale fut déchirée et des scènes carnavalesques tournaient en ridicule les détenteurs de l'autorité.
Je ne peux aussi m'empêcher de citer les chroniques et bas-reliefs des palais assyriens comme exemple extrême d'un iconoclasme non seulement religieux (au nom d'Assur, parce que c'est le seul souverain légitime de droit divin), mais aussi politique. Le roi est le grand destructeur de ses ennemis et de l'image de ses ennemis mais c'est aussi le bâtisseur génial d'un monde à son image, dont les palais sont le microcosme parfait. Les bas-reliefs alternent de manière saisissante destructions et constructions (à Ninive, notamment).

D'un autres côté, la Révolution voit s'opérer un certain nombre de phénomènes radicalement nouveaux.

Il faut souligner que la destruction, en grande partie orchestrée par l'Etat s'accompagne presque simultanément d'un souci de préservation et, de fait, des premières politiques patrimoniales à l'échelle nationale. Le 16 août 1793 naît la "Commission temporaires des arts du Muséum national". Les historiens ont fort à faire pour démêler dans ces entreprises ce qui à trait au véritable souci pour le beau, l'ancien et l'historique et ce qu'il y a de stratégies politiques. Jamais, en effet, l'iconoclasme (considéré ici sur le temps long) n'a de portée sans réévaluation de ce qui a été jeté à bas.
Dès cette époque, les contre-révolutionnaires ne s'y trompent pas, loin de saluer le souci patrimonial des musées révolutionnaires du peuple ils jugent qu'en "préservant les destructions les objets intéressant l'art, l'histoire et l'instruction nationale, les révolutionnaires auraient dépouillé ces objets de leur sens initial et de leur aura" (Fureix). La relégation au musée vaut la mort de l'efficace du symbole enclos dans la relique.
La révolution bolchévique d'octobre se concentre en 1919 sur les icônes et les sépultures de saints embaumés, afin de détruire à l'aide de fouilles "matérialistes" le mythe des pouvoirs prêtés à ces objets ou ces lieux. Mais le pouvoir a eu soin de préserver certains monuments pour les besoins de sa contre-histoire. Les objets du passé religieux et du tsarisme seront exhibés comme autant de repoussoirs. Même dans le cadre de la "révolution culturelle" de 1966, Mao finit, au comble du cynisme, par décréter avec l'aide de Zou que certaines des 4 vieilleries pourraient en fait être gardées dans des musées sur "l'oppressions féodale". Evidemment, dans le cas chinois, le patrimonialisme intervient deux ans après le début du saccage et sa part et infime, là où la Révolution française décide presque simultanément de détruire et de conserver.

La Révolution de 89 est fondamentale aussi parce qu'elle motive (plutôt au début du XIXe) les premiers grands débats sur le sens à donner aux actes destructeurs, tant à Paris qu'en province. Avec Thermidor se met en place le clivage dont nous parlions dès les premiers posts entre tenant du "vandalisme" et défenseurs de "l'iconoclasme". L'abbé Grégoire est à l'origine du terme vandalisme pris comme concept désignant le goût immodéré pour le saccage gratuit, perpétré par des individus intrinsèquement violents et méprisables.

Ainsi, le vocabulaire naît avec l'évènements. petit récapitulatif donc :
-le terme d'iconoclaste existe de façon courante depuis le XVIe (justement lié au contexte des menées protestantes)
- on parle d'iconoclasme pour la première fois en 1832, à une époque où la destruction du symbole et les "transferts de légitimité" s'opèrent à un rythme effréné depuis 1815-1816 et la terreur blanche.
- Fureix signale aussi "iconoclastie", plus adapté à l'acte lui-même (1869), quoique peu retenu par les historiens.

En fait, il est difficile aux historiens de se reposer sur les dérivés "d'iconoclaste", précisément parce que ces vocables renvoient au combat contre l'image religieuse et le sens divin qu'on lui donne ou non. Ainsi, l'altération du sens sémantique d'une image (l'Hercule royal représentant le peuple, auquel on veut enlever la perruque louisquatorzienne pour le coiffer à la titus, par exemple) requiert un terme moins chargé. A côté d'emprunt au vocabulaire de la sémiotique (syntagmatique / paradigmatique) on a pu aussi parler "d'iconocrise" ou "iconoclash". Fureix explique qu'on pourra parler d'iconoclasme quand les motifs, le déroulement et les finalités sont connues (exemple : abattage des statues de Charles X aux Tuileries), mais "d'iconoclash" dans des cas plus troubles (exemple : le drapeau tricolore est tombé de tel bâtiment public après 1830 : naturel ou volontaire ?).
En contexte révolutionnaire, le terme de "sémioclasme" désigne "l'altération intentionnelle d'un signe visuel, symbole ou emblème dont le référent est abhorré". C'est un concept assez utile pour décrire la véritable "guerre des signes" qui dure de 1815 à 1871.
En effet, la Révolution est un point nodal en ce qu'elle a "laïcisé l'expérience iconoclaste". Plus précisément, elle a laïcisé la pratique systématique de l'iconoclasme, jusque-là impliquée à grande échelle dans des querelles religieuses.

Cependant, avant de poursuivre, il faut signaler que les contributeurs de l'ensemble du livre signalent un problème : le transfert de ces "bris rituels" au champ séculaire de la politique doit-il pour autant écarter tout rapport religieux ? Ce n'est pas le cas. Même les entreprises les plus laïcardes de la Commune s'opèrent dans une effervescence messianique d'une communion du peuple. Encore en 1871, on conjure (au sens quasi religieux) la défaite et un culte du peuple trouve sa place dans le langage que tente d'élaborer la Commune. Parfois même, le retour du religieux est assez spectaculaire. Ainsi la Colombie révolutionnaire de 1813 efface le monogramme royal pour y substituer le visage du Christ sur fond azuré. L'instrumentalisation du discours aniconique chez les talibans ou les forces de daesh témoigne, d'une autre façon , de cette imbrication entre buts politiques et sens religieux supposé.
Avec la statuomanie qui commence avec le Second Empire et s'impose avec la IIIe, la banalisation de l'image monumentale implique une certaine accoutumance chez le spectateur. De cette façon, les satues sont plus banales et de moins en moins chargées d'un sens fort et quasi-religieux.
Les historiens signalent que c'est paradoxalement avec la Commune que cesse l'iconoclasme révolutionnaire français, hérité des Jacobins. je me demande si l'essor parallèle de la presse et de l'image lithographié n'y est pas pour quelque chose. la disparition de la profanation matérielle ne signifie pas que la violence civile décroît, bien au contraire puisqu'on connaît la verve incroyable et l'outrance qui caractérisent les journaux des débuts de la IIIe.

Une dernière idée importante de l'intro concerne la dialectique de : l'enlèvement du monument - vide créé - tentative de réinvestissement de symboles (ou échec).
L'iconoclasme révolutionnaire "crée d'abord un vide (...). Un vide généralement vite comblée, fût-ce par du provisoire [effigie en glaise et plâtre, faute de temps et de moyens]. Il est assez risqué en effet d'abandonner au regard le socle vide d'une statue susceptible de devenir un stigmate victimaire. Et de nourrir par la-même le fantasme de la reconstruction à l'identique. La transformation des signes ne devient complète que lorsque de nouveaux signes viennent parachever le geste iconoclaste. (...). faute de quoi l'iconoclasme n'est que damnatio memoriae".
C'est une remarque fondamentale car elle implique déjà (ce qui est bien développé dans les divers articles) la référence à la temporalité.
Les révolutionnaires veulent arrêter le temps pour fonder une nouvelle ère - signe ces coups de fusils donnés aux horloges publiques en 1830-1831. On veut aussi faire durer et donner de la substance à la période révolutionnaire ou contestataire. Il ne faut pas oublier, par exemple, que le "l'iconoclasme monumental" de la Commune (expression de l'article d'E. Fournier) nécessite une longue planification et une certaine maîtrise technique. Les grands incendies qui durent plusieurs jours aux Tuileries, à l'Hôtel de ville ou au domicile de Thiers sont des moments d'union très forte. Il nous paraît incroyable, à présent, que nombre des anciens communards se disent volontiers plus fiers des incendies que de l'abattage de la Colonne. Dans le contexte du siège de Paris et du sentiment de la capitale menacée de tous les côtés, les communards prennent le temps de s'instaurer en unité politique. Signe fort que dans les phases les plus mouvementés où les acteurs ont peur d'être dépossédé de l'histoire qu'ils "font" (au sens du "faire historique" chez un Castoriadis), ceux-ci investissent leur temps dans des actes d'abord symboliques. Les contributeurs remarquent aussi que ce qui a été saisi dans ces destructions est immédiatement censé aider à défendre Paris et élever les barricades.

Le temps de détruire et le temps d'édifier s'imbriquent bien souvent, mais nombre de phases révolutionnaires ne parviennent pas à imposer leur marque. Ainsi 1848 et 1871 échouent à orchestrer un "iconoclasme régénérateur"(Fureix), comme cela s'était produit en 1792-1793. Une esthétiques et des symboles nouveaux peinent à s'imposer, faute de temps. Dans les deux cas, les grands vainqueurs sont les acteurs d'un "contre-iconoclasme", d'abord du Prince-Président en 1849-1850, puis celui de l'Ordre moral de Mac-Mahon.
Je signale qu'un des meilleurs articles ("Faut-il détruire une statue pour rétablir l'ordre ?", par Vincent Robert) traite du destin mouvementé de la statue quarantuitarde de "l'Homme du Peuple", siège d'une bataille des symboles à Lyon entre 1848 et 1850.

En 1830-1831, les révolutionnaires se dépêchent de fortifier l'image du nouveau régime, dont on sent qu'il est en grand péril. Pris de cours, on ne décide pas de régénérer les symboles, mais de préserver ceux que l'on juge dignes de la nation (le drapeau tricolore, la cocarde, le coq...). On détruit le legs contre-révolutionnaire dans une certaine hâte, sans édifier un langage fondamentalement nouveau. Là encore, l'arbre de la liberté s'opposait au calvaire.
Dans l'article consacré aux déboulonnage de statues soviétiques en 1991, on comprend que le nouveau régime d'Eltsine a peiné à trouver de nouveaux symboles et de nouveaux héros "démocratiques" pour remplacer le rouge manteau de l'art soviétique. On a relevé certains monuments du passé tsariste et sélectionné ceux des monuments bolcheviques qui signifiaient quelque chose de la grandeur nationale. Ainsi, l'étude du paysage monumental moscovite insiste sur l'aspect "patchwork" et volontiers syncrétique. Il reste (en 2014, date de publication) 70 000 effigies de Lénine ; 60 % des noms de rues moscovites renvoient au communisme.


Le premier article de B. Tillier offre un vaste panorama sur la "mort des statues". Sa première remarque globale est intéressante : Qu'en 2013, comme en 1792 on souille et brise des statues, à rebours de l'iconophobie poseuses de certains intellectuels. Il n'est pas vrai du tout que l'image incarnée relève d'une sensibilité des masses propre au XIXe et au XXe. On l'a bien vu dès le début de ce fil - l'image qui trône constitue encore aujourd'hui un point de crispation, quand bien même la plupart ignorent (ce que disait Pierma) tout de son contexte intrinsèque et de celui extrinsèque présidant à son érection.
A de rares exceptions, le consensus est davantage du côté de l'indifférence que de la mémoire et c'est bien la mémoire blessée qui peut engendrer de la violence à l'encontre des effigies.
Il y a des exceptions : je pense surtout aux mémoriaux et aux monuments des deux guerres - les profanations qui se produisent parfois nous sont très difficilement supportables, de même que le manque d'égard. Par exemple, dans ma ville je remarque qu'on s'assoit sur le Berlioz, mais certainement pas (ou beaucoup moins) sur les monuments aux morts.
La question est bien : pourquoi continuer à abattre ou mutiler les statues pour un résultat (en lui-même) nul ? Une partie de la réponse se trouve dans l'acte, pris du début à la fin. C'est un moment d'expérience collective très lourd de sens, il vaut une leçon. Le regard, celui des spectateurs plus ou moins investis a été trop négligé au profit de l'acte profanateur. La destruction de la Bastille est à ce titre un évènement paradigmatique, de la même façon que la chute du Mur.


(N.B : je continue dans un message suivant pour ne pas rendre le tout indigeste ! Je suis désolé pour le sommaire qui tient trop de place B) )

_________________
Þat skal at minnum manna
meðan menn lifa


Cela restera dans la mémoire des hommes
tant qu'ils vivront (pierre de Runby, Upland)


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Message Publié : 15 Juin 2020 16:55 
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Inscription : 10 Fév 2009 0:12
Message(s) : 9062
Je tombe un peu par hasard sur une citation de Philippe Muray, qui reprochait à la civilisation moderne sa haine du passé :
"A tout moment, les artistes d'autrefois sont susceptibles de se voir inculper pour des crimes ou des délits qui n'existaient pas de leur vivant.
Nous sommes si fiers de nos "valeurs" que nous les avons rendues rétroactives : c'est ce qui les différencie des lois ordinaires qui, comme le dit le Code Civil, "ne disposent que pour l'avenir".

_________________
Les raisonnables ont duré, les passionnés ont vécu. (Chamfort)


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Message Publié : 15 Juin 2020 17:59 
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Eginhard
Eginhard

Inscription : 01 Déc 2007 12:34
Message(s) : 899
Pierma a écrit :
Artigas a écrit :
Juste une question en passant: Au nom de quoi la République française devrait-elle rendre hommage à certains personnages historiques qui ne représentent plus/ pas ses valeurs via des places publiques?

D'abord qui vous dit qu'elle leur rend hommage ? Est-ce qu'une statue sur une place publique est en fait et en droit un hommage de la République ?

Ensuite, si vous adoptez cette approche, vous allez devoir renverser partout la statue de Lyautey (entre cent autres exemples) qui n'a jamais prétendu servir la République. Est-ce vraiment ce que vous voulez ?
La présence de statues sur des place publiques en France ou ailleurs n'est pas équivoque. Lyautey ne s'est pas comporté comme Bugeaud, ce dernier s'est comporté comme un boucher alors qu'il était gouverneur général de l'Algérie. Lyautey ètait monarchiste et légitimiste mais a servi la République de manière honorable.

_________________
''L'histoire, je le crains, ne nous permet guère de prévoir, mais, associée à l'indépendance d'esprit, elle peut nous aider à mieux voir.'' Paul Valéry


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