Tout cela est bien confus. Manifestement il vous manque un peu de pratique de la physique, pour la confondre avec une simple application des mathématiques.
Polycarpe de M. a écrit :
Le jour où on me prouvera que les sciences dites dures, ne sont pas que des interprétations humaines basées sur des conventions humaines appelées mathématiques, alors je concéderai la "supériorité" des sciences dites dures.
C'est pas demain la veille....
Je ne crois pas que les sciences dures revendiquent une "supériorité" sur les sciences humaines.
Elles n'ont pas le même objet, et les méthodes qui s'appliquent en physique (à commencer par l'expérimentation) ne sont pas toujours, et même rarement utilisables dans les sciences humaines.
Pour autant la physique ne prétend pas avoir le dernier mot sur tous ses sujets d'étude. Je ne vais pas vous refaire toute l'histoire de la physique, mais on sait qu'elle fonctionne en mettant en place une explication de certains phénomènes, qui fait apparaître une "loi physique", laquelle est considérée comme valable jusqu'à ce que d'autre phénomènes physiques viennent la remettre en cause.
Un exemple très connu est celui de la "loi d'attraction universelle" de Newton. newton fait la synthèse des observations astronomiques et des mesures connues sur la rotation des planètes pour dire : tout se passe comme s'il y avait entre deux masses M1 et M2 une force d'attraction (disons un élastique) qu'on peut exprimer par F= k.M1.M2/d^2
A l'usage, cette loi semble s'appliquer parfaitement, elle va permettre la prédiction du mouvement des planètes et sera suffisamment pertinente pour permettre les calculs de puissance et de trajectoire permettant d'aller poser un homme sur la lune.
Pourtant, en 69, quand Armstrong marche sur la lune on sait déjà que cette loi est fausse. En fait, elle est fausse à la 8ème ou 10ème décimale : on a détecté depuis le début du siècle un écart de 2 secondes d'arc par siècle dans la trajectoire de Neptune. Ecart infime avec la théorie, qui demandera un moment pour être confirmé (pour être certain de cet écart, il faut d'abord être certain qu'il ne provient pas de l'imprécision des instruments de mesure) et amènera Einstein à postuler la théorie de la relativité.
Au pasage, Newton savait parfaitement que sa loi était descriptive mais n'expliquait rien. Autrement dit, elle mesurait bien la force de l'élastique, mais ne donnait aucune explication sur son origine. Pendant plus de 2 siècles les physiciens se sont demandés comment cette force se transmettait, sans trouver d'explication.
Aujourd'hui la loi de Newton reste valable pour la plupart des applications cinématiques. Par contre la mise en place du système GPS, par exemple, aurait été impossible sans la théorie de la relativité, parce que les satellites concernés se déplacent à des vitesses qui commencent à devenir non négligeables par rapport à la vitesse de la lumière, surtout si on considère leurs vitesses cumulées pour les échanges d'informations de synchronisation entre eux. Sans corrections relativistes les mesures échangées par ces satellites seraient incohérentes.
La théorie de la relativité a donc trouvé des domaines d'application.
Pour autant, si une loi physique reste en théorie toujours sujette à caution, il en existe quelques unes qui sont tellement fondamentales qu'il est douteux qu'elles soient un jour contestées. On appelle ça des "principes" plutôt que des lois. Par exemple, la loi qui relie une force avec l'accélération qu'elle produit : F=Mg est un corolaire qui vérifie le principe d'inertie.
Cela dit on peut toujours imaginer que nous ne voyons qu'une face de l'univers et que nous pourrions être victimes d'une illusion générale, ce qui reste une possibilité théorique mais n'empêche pas les physiciens de continuer à examiner l'univers. "non, disait Einstein, le vieux est subtil, mais il n'est pas méchant."
Au passage, dans des loi du style F= k.M1.M2/d^2 la présence d'une constante k, dite constante d'attraction universelle, pose question. Les physiciens sont parfaitement conscients que de nombreuses lois incluent des "constantes" de ce genre, ce qui fait un peu bricolage (surtout celle-ci, qui dépend du système d'unités de mesure utilisé pour exprimer F, M et d. On les exprime aujourd'hui respectivement en Newton, Mètre, et Kilos, mais la présence de cette constante indiquait dès le début qu'il s'agissait d'une loi imparfaite.)
Bref la physique tâtonne, se pose des questions sur la validité de ses lois, se reconfronte sans cesse à la réalité, et il faut une bonne dose de manque de culture scientifique pour s'imaginer qu'il pourrait s'agir d'une pure construction mathématique sortie de l'imagination des physiciens et considérée comme intangible.
(Excusez-moi de le dire si durement, mais je ne vois pas comment le formuler autrement.)
L'interprétation des phénomènes physiques reste au coeur de la problématique de cette science, même si aujourd'hui on peut raisonnablement considérer qu'il existe des lois physiques qui ne seront jamais remises en cause. Ou alors on rentre dans la métaphysique, comme dans cette réflexion d'Einstein :"le plus étonnant est bien qu'il puisse exister des lois physiques !"
Hé oui, l'univers semble répondre à des principes d'organisation, on le constate. Quant à savoir pourquoi... Adressez-vous à votre prêtre favori ou émerveillez-vous des coïncidences du hasard, mais là on n'est plus dans la physique.
Citer :
Parce qu'on confond toujours méthode et interprétation !
Une méthode peut-être scientifique et une interprétation pas du tout....
C'est la différence entre la technique scientifique et l'art interprétatif.
Douuucement !
Tout d'abord c'est exact. Il y a un passage de l'observation à l'interprétation qui n'est pas toujours univoque, c'est une vraie question. Certains phénomènes ont le bon goût de ne permettre qu'une seule interprétation, évidente, mais c'est plutôt l'exception. Pour autant on ne va pas jeter au feu tout ce qu'on sait en physique.
La rigueur de l'interprétation est le coeur du débat sur la validité des conclusions scientifiques.
Il existe un domaine où les interprétations caricaturales foisonnent, c'est la génétique. Certains "scientifiques" passent leur temps à identifier le gêne de la délinquance, de l'alcoolisme ou du commérage en utilisant la mise en évidence de corrélations.
Le problème c'est qu'on est bien incapable de dire si c'est le gêne qui fabrique l'alcoolisme ou l'alcoolisme qui active le gêne, ou toute autre explication plus sophistiquée. Dans ce domaine je pense que si on veut être honnête il faut considérer qu'on en est aux constats. (Mais ces constats permettent déjà de fabriquer des médicaments, ce n'est donc pas seulement de l'entomologie gratuite.)
La corrélation présente un intérêt, évidemment, mais il faut s'en méfier comme de la peste. Vous connaissez peut-être la corrélation qui prouve l'existence centenaire du réchauffement climatique ? Hé bien depuis un siècle les maillots de bains féminins couvrent de moins en moins toutes les parties du corps, preuve que le climat se réchauffe !
(la preuve par le string !
)
Oui, il existe une part de conclusions "scientifiques" qui est bonne à jeter au feu. On sait en sciences humaines que l'interprétation des données est plus problématique que dans les sciences dures. Au delà d'ailleurs de cette séparation sciences molles/sciences dures, qui ne signifie pas grand chose, le problème est l'interprétation de la complexité.
Sur un sujet complexe, il faut admettre qu'on ne peut pas tout savoir tout de suite, et pire encore, qu'on va difficilement éviter les tâtonnements et les erreurs d'interprétation.
Ainsi va la science. on est très loin du fantasme que vous décrivez : une construction mathématique parfaite extrapolée une fois pour toute de la réalité, et intangible. Les scientifiques sont plus modestes que cela.