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 Sujet du message : L'approche anthropologique
Message Publié : 06 Déc 2005 21:33 
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Eginhard
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Quelles sont les spécificités, les caractéristiques, de l'approche anthropolgique en histoire?
De quand date ce courant historiographique? Quels en sont les grands noms?
Quel rôle a joué l'approche anthropologique dans le renouvellement de l'histoire?


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Message Publié : 09 Déc 2005 23:19 
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Grégoire de Tours
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Que de questions ! :)

L'anthropologie historique me semble être un courant plutôt mineur. J'en connais une branche allemande, d'approche comparativiste. Cf. Christoph Wulf et al., Traité d'Anthropologie Historique, par ailleurs excellent -à mon humble avis.


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Message Publié : 12 Déc 2005 6:17 
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C'est une question très large à laquelle il est difficile de répondre dans la mesure où, au sens large du terme, une bonne partie de la "Nouvelle histoire" relève d'une approche anthropologique, à savoir qu'elle s'intéresse aux populations du passé comme à des "autres" dont elle tente d'observer les moeurs sans préjugés.

Ceci dit, parrallèlement à cela, les rapports entre historiens et anthropologues n'ont jamais été très bons (cf la querelle entre Braudel et Lévi-Strauss) et peu d'historiens se réclament ouvertement de l'anthropologie.

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"Il est plus beau d'éclairer que de briller" (Thomas d'Aquin).


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Message Publié : 14 Déc 2005 14:32 
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Grégoire de Tours
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Inscription : 23 Avr 2005 10:54
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Mouais, mais cela s'adressait plus au structuralisme de Levi-Strauss qu'à l'anthropologie.
Mauvais procès, d'ailleurs, je pense. Levi-Strauss a écrit un article intitulé Ethnologie et Histoire, qu'on retrouve dans Anthropologie Structurale I, et qui me parait éclairant sur les rapports entre ces deux disciplines, tel qu'il les considérait lui-même. Toutes les perspectives de recherche ne peuvent pas être génétiques et intégrer l'histoire, auquel cas c'est un procès qu'on pourrait faire à nombre de perspectives et d'auteurs en sociologie, économie, sans parler de la physique, de la biologie, et je ne pense même pas aux mathématiques :)

Enfin, ça n'invalide pas votre conclusion, et effectivement, il faut bien constater que l'interdisciplinarité entre anthropologie et histoire n'est pas excessivement développée.


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Message Publié : 14 Déc 2005 17:09 
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Il faut dire que les deux disciplines ont tendance à s'exclure, l'histoire travaillant sur les évolutions, l'anthropologie (surtout sous l'influence du structuralisme) tendant à chercher des continuités. Ce faisant, je ne suis pas d'accord pour dire que c'est le structuralisme que rejettait Braudel car précisément, toute l'histoire de Braudel tend à rechercher le continu plutôt que le conjoncturel. En ce sens, il avait tout pour s'entendre avec l'anthropologie structurale.

Du côté des anthropologue, certains critiquent aujourd'hui ce refus de l'évolution et de l'histoire prédominant dans l'anthropologie (cf Hors du temps, Histoire et évolutionnisme dans le discours anthropologique de Nicholas Thomas, Belin 1998).

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Message Publié : 14 Déc 2005 22:59 
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Grégoire de Tours
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Inscription : 23 Avr 2005 10:54
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Mais l'anthropologie a été fondé sur des bases évolutionnistes ! :) De Morgan à Frazer, les grands anciens approchent des sociétés "primitives" au sens propre, c'est-à-dire comme représentant une sorte de stade premier de l'évolution. C'est en opposition à ce schema que Malinowski, Radcliffe-Brown élaborent le programme fonctionnaliste, dont Levi-Strauss est une sorte d'héritier, et c'est à partir de cette époque qu'on préfère parler de sociétés "an-historiques".

J'aimerais bien vous demander la référence exacte de cette critique de Braudel, Florian.
Oui, c'est vrai qu'à la réflexion, Braudel ne devrait pas être l'historien le plus hostile au structuralisme. J'avais noté cette phrase dans La Dynamique du Capitalisme : Braudel y disait que le monde attendait encore son historien de l'inconscient.


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Message Publié : 15 Déc 2005 7:55 
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Pour le débat Lévi-Strauss - Braudel, deux sources principales:

Histoire et ethnologie de Claude Lévi-Strauss, in Revue de métaphysique et de morale, 1949 (repris dans Anthropologie structurale). Et la réponse de Braudel dans La longue durée, in Annales ESC 1958, repris dans Ecrits sur l'histoire.

En fait, Braudel reprend à Lévi-Strauss le concept de structure tout en en modifiant considérablement le sens.

Quant à l'évolution de l'anthropologie de l'évolutionnisme au fonctionnalisme, l'histoire a suivi exactement le même mouvement (comme toutes les sciences humaines et sociales).

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Message Publié : 27 Avr 2006 19:00 
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Hérodote
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Inscription : 27 Avr 2006 18:10
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L'approche anthropologique en histoire représente le grand tournant des années 70, et fonde la "Nouvelle Histoire" (titre aussi d'un ouvrage qui rassemble une série d'article sur le sujet).
L'un des ouvrages fondamentaux de cette troisième génération des Annales est celui de Le Goff "Pour un autre Moyen-âge" (1977) dans lequel il s'agit d'introduire l'anthropologie totalement dans l'histoire, notamment dans l'histoire du fait religieux (appelée anciennement histoire religieuse): " les médiévistes pures sont ceux qui se refusent à intégrer l'anthropologie à l'histoire" Le Goff. Il s'agit aussi d'introduire les mentalités (aujourd'hui on parle de représentations sociales) dans le champs des études historiques.
Mais cette démarche d'une histoire des mentalités a été critiqué par l'école de Boudieu et a suscité un débat sur la notion de religion populaire. A l'affirmation que le tympan d'un portail de cathédrale était une bible en image qui intégrait des éléments populaires, la Nouvelle Histoire a répondu en montrant que les aspects représentés sur le tympan relèvent d'un discours de clerc qui vise à instruire le peuple; il n'y a donc rien de populaire là-dedans. Cependant il existe bel et bien des éléments populaires que l'on trouve dans les rites d'inversion déjà identifiés sous l'Antiquité. Ce sont les carnavals, les charivaris...ces rites d'inversion s'inscrivent justement dans un moment où la critique sur les innovations de l'Eglise peut se faire, comme l'invention par l'Eglise d'Occident (pas de catholiques ni d'orthodoxes au Moyen-Age, il n'est question que de chrétiens d'occident et d'orient dans les représentations des uns et des autres!) du Purgatoire au 12 et 13ème siècles à partir des sources orientales grecques de l'Antiquité (Origène). Sur ce sujet, on peut se référer au chapitre intitulé "Le triomphe du Purgatoire" dans "Un autre Moyen-Age" Le Goff (1999 pour l'édition la plus connue).[/i]

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Homo sum: humani nihil a me alienum puto (Térence)


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Message Publié : 27 Avr 2006 19:52 
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Grégoire de Tours
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Inscription : 23 Avr 2005 10:54
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Intéressant.

delysman a écrit :
Mais cette démarche d'une histoire des mentalités a été critiqué par l'école de Boudieu et a suscité un débat sur la notion de religion populaire.


Vous voulez dire "école de Bourdieu" ? Vous faites référence à un auteur ou à un ouvrage en particulier ?


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Message Publié : 01 Mai 2006 8:30 
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Il y aurait tout une discussion à lancer sur les rapports entre Histoire et Sociologie dans la mesure où cette dernière, dès sa naissance, avec Simiand notamment, s'est clairement posée en rivale de l'histoire, critiquant pied-à-pied toutes ses méthodes. Les sociologues ont donc toujours tenu un discours beaucoup plus intransigeant vis-à-vis de l'histoire que les anthropologues. Cela va effectivement jusqu'à Bourdieu qui n'hésitait pas à dire que la seule histoire qui vaille serait une histoire sociologique ou une sociologie de l'histoire, bref, que l'histoire telle qu'on l'entend habituellement était dépassée et devait donc laisser la place à la sociologie.

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"Il est plus beau d'éclairer que de briller" (Thomas d'Aquin).


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Message Publié : 01 Mai 2006 9:14 
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Plutarque
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Un auteur que l'on ne doit pas oublier quand on évoque l'anthropologie historique, celui de Louis Grenet. Il initia en ce domaine Jean-Pierre Vernant et il peut être considéré comme un maillon majeur dans la généalogie de cette effort pour rapprocher sociologie et anthropologie dans les études classiques.

_________________
"... à cent lieues de la Bastille, à l'enseigne de la liberté."


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Message Publié : 02 Mai 2006 10:35 
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Jules Michelet
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Inscription : 29 Déc 2003 23:28
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Florian a écrit :
Cela va effectivement jusqu'à Bourdieu qui n'hésitait pas à dire que la seule histoire qui vaille serait une histoire sociologique ou une sociologie de l'histoire, bref, que l'histoire telle qu'on l'entend habituellement était dépassée et devait donc laisser la place à la sociologie.


C'est dans le(s)quel(s) de ses nombreux ouvrages que l'on peut trouver cela ?


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Message Publié : 02 Mai 2006 11:50 
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Grégoire de Tours
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Oui, en effet, je serais aussi intéressé par des références exactes.
Parce que Bourdieu a plutôt tendance à reprocher aux sociologues de, justement, occulter l'histoire.
Mais il a parfaitement pu critiques les historiens également -s'il y a une chose que Bourdieu savait manier, c'est bien la critique :)

Sur Simiand, il me semble que c'est un raccourci, pas très juste.
Ce qui serait juste, c'est de dire que l'école durkheimienne était sans doute... un peu impéraliste, sur le plan intellectuel. Il y avait effectivement une tentative de subsumer les sciences humaines et sociales dans une épistémologie, et conséquemment une méthodologie, communes.

Ou pour être plus précis, il y a eu de la part des "durkheimiens" des tentatives pour créer des courants au sein de disciplines connexes, qui puissent être compatibles avec la sociologie telle qu'ils l'avaient fondée.
C'est le cas de M.Mauss avec la psychologie par exemple. Mauss, qui, par ailleurs, a été déterminant dans l'évolution de l'éthnologie sous des auspices durkheimiennes, créant en quelque sorte le courant français de la discipline, dont bien évidemment, le disciple le plus célébre sera Lévi-Strauss.

C'est donc aussi le cas avec l'histoire. Mais puisque vous citez Simiand, que fait-il, Simiand, en fait ? Il incite à ouvrir l'étude historique sur d'autres approches et d'autres thèmes, ainsi que d'autres méthodologies, que celle qui est alors couramment enseignée. L'objectif est alors clairement, du côté de la sociologie, de trouver une complémentarité : Simiand l'écrit explicitement, il aimerait que l'histoire produise des données qui soient ensuite intégrables dans l'analyse sociologique.
Or, l'histoire se cantonne trop, à son goût, soit à des monographies, des récits de vie qui se rapprochent de la littérature -et donc très éloignés de l'analyse "scientifique" qu'ils défendent pour les sciences humaines et sociales- soit à des comptes-rendus pointilleux d'évènements microscopiques inutilisables. Vous trouverez l'article de Simiand ici, si vous le souhaitez :

http://classiques.uqac.ca/classiques/si ... stoire.doc

Mais concrètement, ce que je veux dire est que Simiand et les durkheimiens s'attaquent à la critique d'une certaine manière de faire de l'histoire, l'approche académique représentée à l'époque par Seignobos. Mais prenez en exemple un des moments de ce débat, celui qui est retracé dans ce compte-rendu :

http://classiques.uqac.ca/classiques/Du ... _socio.doc

Vous noterez que Bloch, lui, adopte plutôt les positions des durkheimiens (Durkheim lui-même et Bouglé).
Et effectivement, lorsque Bloch et Febvre fondent les Annales, c'est bien à l'article de Simiand qu'ils font directement référence.
Et lorsque Febvre, 20 ans plus tard, fustige encore "l'histoire historisante" dans Combats pour l'histoire, c'est toujours à Simiand qu'il se référe.
Et après Febvre et Bloch, on pourrait aussi parler de Braudel, bien entendu, qui lui aussi, a bcp à voir avec la sociologie.
Et du côté sociologie, on pourrait par contre parler de l'école allemande, Weber évidemment en première ligne, qui, lui, a beaucoup à voir avec l'histoire.

Donc tout ça pour dire que "rivalité" ne me semble pas un terme adéquat. Enfin, sur le plan institutionnel, en France, il y a eu, et il y a rivalité, c'est certain.
Mais, sur le plan intellectuel : d'un côté la discipline histoire a considérablement profité de l'apport sociologique, et en particulier, a profondément bénéficié, à l'intérieur, de la critique que la sociologie lui a adressé à un moment donné de l'extérieur.
Et de l'autre côté, ni Weber certainement, ni sans doute Durkheim -même si c'est dans une moindre mesure que son homologue allemand- n'auraient existé sans l'histoire.
(D'ailleurs Weber, entre nous, c'est peut-être plus un historien qu'un sociologue, en fait, mais c'est un autre sujet).


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Message Publié : 02 Mai 2006 20:18 
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Grégoire de Tours
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Inscription : 23 Avr 2005 10:54
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Voila ce que c'est que de faire confiance à sa mémoire. C'est pas celui-là, l'article de Simiand qui a fait date auprès des historiens, c'est celui-ci :

http://classiques.uqac.ca/classiques/si ... c_soc2.doc

On peut directement aller à la conclusion et la critique des "Idoles de la tribu des historiens", c'est ce qui en est resté.


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