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Message Publié : 01 Juin 2006 17:01 
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Hérodote
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Bonjour,

Je suis très marqué par la phénoménologie du philosophe Michel Henry cf. http://www.michelhenry.com/ . Cet auteur fait une critique implacable de l'ensemble des sciences humaines, que se soit l'histoire, la sociologie, la psychanalyse, etc. La voix de michel henry quand elle vous touche, devient inoubliable. Si bien que je ne crois plus guère à nos pratiques historiennes de recherche. Je vais peut-être commencé un master 2 sur le thème " La critique de l'histoire chez M. Henry. Comment continuer à penser l'historicité à travers la phénoménologie matérielle de M. Henry " :? ba... un truc du genre. Quelqu'un connaitrait-il un historien qui a réfléchi sur les propositions de ce philosophe ? Un étudiant ou chercheur aurait il dégager des éléments de refondation de la pratique historienne à partir du continent que nous ouvre ce grand philosophe ?

merci d'avance

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" Les marxismes sont l'ensemble des contre-sens qui ont été faits sur Marx " (Michel Henry)


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Message Publié : 01 Juin 2006 18:48 
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Inscription : 10 Avr 2002 17:08
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Formidable! Comme tu l'aura peut-être remarqué, mon avatar est précisément une photo de Michel Henry, un philosophe effectivement très stimulant pour les historiens par le défi radical qu'il leur lance mais auquel ils peuvent je pense tenter de répondre pour s'en sortir par le haut. Je serai très heureux d'en discuter avec toi, même si je n'en ai pas le temps ce soir. Pour tout dire, je travaille moi-même sur des questions très proches de celles que tu poses ici. Je suis même frappé de voir que quelqu'un se pose à peu près les mêmes questions que moi!

A suivre donc...

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"Il est plus beau d'éclairer que de briller" (Thomas d'Aquin).


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Message Publié : 01 Juin 2006 19:23 
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Eginhard
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J'ai vraiment du mal à comprendre l'écriture philosophique (si j'ai réussi à venir au bout du Tome 1 de Temps et Récit de Paul RICŒUR, j'ai échoué pour sa Mémoire, l'histoire, l'oubli), mais ce que vous dites m'intéresse vivement. Je viens d'aller sur http://fr.wikipedia.org/wiki/Michel_Henry, qui renvoie aussi au site que vous évoquez, mais je n'ai rien trouvé sur la critique qu'il fait particulièrement aux sciences humaines et surtout à l'histoire. Pourriez-vous nous en proposer un résumé accessible (si c'est possible...) ?

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« Le luxe [...] corrompt à la fois le riche et le pauvre, l’un par la possession, l’autre par la convoitise ; [...] il ôte à l’État tous ses citoyens pour les asservir les uns aux autres, et tous à l’opinion. »


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Message Publié : 01 Juin 2006 19:31 
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Inscription : 10 Avr 2002 17:08
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Localisation : Paris
Michel Henry est un philosophe à l'écriture tout à la fois limpide et vertigineuse dont la lecture vaut vraiment le détour: c'est une expérience qui se vit charnellement.

Pour résumer très brièvement sa critique de l'histoire, pour lui, tout se résume à l'auto-donation de l'être à lui-même. En clair, cela veut dire que fondamentalement, la définition la plus pure et la plus simple de l'humanité et même du vivant en général, c'est qu'il se donne à lui-même, c'est-à-dire que par exemple quand j'ai mal quelque part, c'est d'abord parce que je m'affectionne moi-même, parce que je me sens sentant, la douleur est donc secondaire et vient après ce premier constat. Je me sens sentant, je m'auto-affecte, donc je suis.

Cela rejette toute l'histoire aux orties précisément parce que c'est poser un invariant universel premier totalement anhistorique: l'histoire vient nécessairement après l'auto-donation charnelle qui me constitue en sujet historique.

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Message Publié : 01 Juin 2006 20:10 
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Toujours cette obstination de la philosophie à vouloir absolument définir l'Homme ! Serait-ce là un cartésianisme mâtiné de stoïcisme ? Ou l'inverse ?

Ou, plus simplement, une manière parmi d'autres d'expliquer en quoi l'histoire est subjective ?

En fait, comme André, je dois avouer que "j'ai vraiment du mal à comprendre l'écriture philosophique". :cry:

PJ


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Message Publié : 01 Juin 2006 21:22 
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Hérodote
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Inscription : 31 Mai 2006 15:04
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Bonjour à vous,

Ravi d'apprendre qu'il y a comme moi, un historien manifestement très intéressé par ce dialogue entre l'histoire et henry. ça fait plaisir. En effet je pense que nous pourrions échanger passionnement et stimuler nos propres réflexions respectives.

j'ai commencé à découvrir les textes d'henry à sa mort en 2002, quand quelques profs de l'université de montpellier où il avait enseigné, décidèrent de lui rendre hommage. Un sociologue jean-marie brohm nous parlait passionnément dans ces cours de cet auteur qui avait été son ami. Et puis henry... c'est un peu comme l'histoire de la marmite de potion magique, vous y mettez seulement le doigt, et hop vous voilà tout entier dans le chaudron, sans aucun véritable bagage " philosophique " préalable. Sans vraiment vous en rendre compte voici que vous cotoyer des étudiants en philo et que vous parcourez la France pour aller écouter dans un séminaire ou un colloque, une belle brochette de sages dissertant indéfiniment sur la vie auto-affective. Mais cette lecture m'a surtout permis de garder un regard décalé, critique voire sceptique sur l'épistémologie de notre discipline.

Mais comme j'aime toujours l'histoire, comment faire de l'histoire avec henry ? peut-on seulement continuer à faire de l'histoire ?

Henry n'a hélas engagé un dialogue plein et complet qu'avec une seule des sciences humaines : la psychanalyse (Généalogie de la psychanalyse). Avec les autres disciplines, il n'a rien développer du type de l'ouvrage que Ricoeur a écrit sur l'histoire (que je n'ai pas lu). Il y a donc juste des chapitres d'ouvrages ou des sujets de conférences.

Si je devais résumer (certainement maladroitement) le propos d'henry sur les sciences humaines, je dirais que pour lui ce sont des sciences qui ne connaissent pas leurs fondements ontologiques. Elles ne savent pas de quoi elles parlent ni d'où elles proviennent, elles ne savent pas de quelle réalité elles parlent car elles ne restent dans une attitude naturelle face aux choses, aux " faits ". Henry fait en effet une distinction majeure entre les savoirs aprioriques (ceux qui n'ont besoin d'aucun empirisme) et les savoirs apostérioriques (déterminés par l'empirisme - hypotético-déductif ou pas). Les savoirs apostérioriques (qui sont les sciences humaines mais aussi les sciences dites dures) ne savent pas véritablement dire de quelle réalité relèvent l'économique, la socialité, l'historique, le politique, le psychique, la matérialité des choses. La force de la philosophie d'henry (pour faire court), c'est de dire que le fondement de l'économique est méta-économique, que le fondement du politique est méta-politique, etc, etc. Et il dit cela à travers une critique sans concession de la représentativité. Les fondements de nos sciences sont irréprésentables, inénarrables, indicibles, invisibles. Ce fondement commun à notre activité vivante (manger, se mouvoir, sentir, lire, apprendre, aimer, souffrir...) provient d'une expérience invisible à la conscience mais toujours présente et la déterminant : l'auto-affectivité de la vie en nous. Sentir, c'est toujours et d'abord l'expérience de se-sentir soi-même. Et il n'y a là nullement de transcendance. Car ce s'éprouver soi-même de la vie en nous-même, expérience singulière et plonger à jamais dans sa nuit abyssale, est conçu dans une immanence pleine et entière au sujet.

Pour ramener à l'histoire, toute approche biographique et même historiale est donc radicalement écartée par henry. Ce qui nous détermine véritablement, n'apparait pas à la surface des phénomènes, n'est pas conscientisable, n'est pas représentable. Henry utilise cette métaphore, nous sommes portée par la Vie, comme un nageur est porté par l'eau d'une rivière. Si la pratique historienne est d'abord l'histoire des " contenus conscientisés ", alors l'Histoire décrite dans nos livres, est déjà l'histoire des représentations, du langage, des phénomènes appartenant à l'extériorité du monde de la vie immanente. Comment devant une source judiciaire du Moyen Age, percevoir la Réalité de l'activité vivante qui n'est que là, que conscientisée ? Si seul le vécu fonde, alors ce que l'on croit décrire et dégager à travers nos sources, c'est déjà de la mort, du déjà (et irrémédiablement) passé. Jamais la mise en place d'une quelconque grille d'interprétation objective, nous permettra de comprendre, car le comprendre n'existe que dans le vivre du présent vivant. Finalement faire de l'histoire est un projet impossible. Mais alors ? que faire ?

Pour ne faire que reprendre le résumé du chapitre de la Barbarie consacré au sciences humaines (le site sus-mentionné) " Les idéologies de la barbarie " contenu dans La Barbarie : " Il s’agit essentiellement des sciences humaines dont l’éclosion caractérise la culture moderne. Théoriquement c’est l’homme qu’elles prennent en vue : langage, historicité, socialité etc. Toutefois elles font abstraction de l’Individu transcendantal que nous sommes, mettant hors jeu sa subjectivité, au mépris de leur finalité réelle. Leur traitement de type mathématique appauvrit le fait humain. Devant le suicide, la sexualité, l’angoisse, que valent des statistiques ? Plus on accumule de connaissances positives, plus on ignore ce qu’est l’homme. Et pourtant la vie, écartée à notre époque, n’en subsiste pas moins sous une forme élémentaire, vulgaire, voire dans son auto négation. "

quelques textes qui peuvent interpeller l'historien :

- une conférence " Phénoménologie et sciences humaines. De Descartes à Marx ", dans Auto-donation. Entretiens et conférenres, Beauchesne. (idéal, et facile à lire)

- dans le même recueil, " Le temps phénoménologique et le présent vivant " (vraiment très beau).

- Le chapitre " Les idéologies de la barbarie ", dans La Barbarie. Directement sur les sciences humaines. (facile à lire)

- Et bien sûr, l'ouvrage qui pour moi est le plus important pour l'historien, c'est les 2 volumes du Marx de M.H. Vraiment extraordinaire, une interprétation très très originale. (déjà plus dur)

- Dans Phénoménologie matérielle, il y a un très beau texte qui interpelle directement l'historien : " Phénoménologie de la communauté " (mais de ces textes c'est il me semble le plus complexe).

- Une élève sociologue de brohm a également passé en 2000 sa thèse avec dans son jury henry (et morin aussi). Sa thèse est très influencée par les thèmes henryens. La première partie de sa thèse seulement a été publiée : Magali Uhl, Subjectivité et sciences humaines. Essai de métasociologie, Beauchesne. C'est un travail, qui me semble donner des pistes importantes sur le type de recherche a mener entre henry et l'histoire.

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Message Publié : 01 Juin 2006 22:19 
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Inscription : 09 Mai 2006 18:17
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Là, j'ai l'impression qu'Henry nous emmène plus loin que la psychanalyse. Celle-ci nous enseigne que l'individu est partie soumis à des forces qui le dépassent tout en soutenant qu'il est possible, dans une certaine mesure, d'en faire fi. Mais Henry, lui, nous dit que c'est peine perdue !

On aurait presque l'impression que tous les progrès intellectuels, depuis l'aube de l'Humanité, n'ont été que mirages.

PJ


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Message Publié : 02 Juin 2006 12:04 
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Eginhard
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Inscription : 09 Mai 2006 21:43
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Florian et à Clément, merci beaucoup pour votre travail d'explication pour néophyte.

Ma première réaction après la lecture de vos messages : pfffft... Impressionnant. Difficile à saisir, difficile à admettre, difficile à digérer. Et déprimant pour l'historien ! Cela voudrait-il dire que l'Autre ne nous étant pas accessible, on ne peut pas écrire sur lui ?

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Message Publié : 03 Juin 2006 15:33 
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Hérodote
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Inscription : 31 Mai 2006 15:04
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Bonjour,

Citer :
Cela voudrait-il dire que l'Autre ne nous étant pas accessible, on ne peut pas écrire sur lui ?


Oui en effet, mais pas seulement l'Autre, soi-même également. Si l'essence de la vie c'est son auto-affectivité, et que celle-ci se fait dans son invisibilité hors de tout phénomène conscientiel, alors comment narrer son propre pathos ? Comment parler de la réalité la plus réelle du réel ? De cette archi-réalité fondatrice de la perception de la réalité qui nous entoure, dès nous nous sentons vivre ? C'est là la question fondamentale. Donc comment non seulement parler de ce que vit ou a vécu l'Autre, mais également comment narrer sa propre réalité (littérature, poésie... ? ). On sait que souvent les choses qui nous tiennent le plus à coeur, sortent difficilement par exemple par la bouche, alors que le corps - M.H. parle d'un " corps subjectif " - peut s'exprimer parfois plus directement (empathie, sympathie, mais aussi violence physique, etc). Le trop plein d'affectivité empêche (voire interdit) toute mise en langage (ou mise en symbole, ou mise en chiffre, ou mise en notes de musique) de la réalité vécue (auto-affectivement) en nous. Henry va par exemple reprendre le concept de " praxis " chez Marx. La praxis d'un individu (son activité vivante) s'oppose à l'activité consciente de l'individu. Si bien que pour essayer de comprendre la praxis de tel individu, on ne peut se fier à ce que dit cet individu sur ses propres agissements, sur ses propres motivations. On ne peut également considérer ces agissements par un questionnement apostériorique (comme on le fait en histoire). Il faut également voir les conditions de possibilités internes de naissance de tels agissements (transcendantales - et pas transendants, c'est différent). Donc un questionnement de type apriorique. Et ce type de questionnement, henry propose sa phénoménologie matérielle.

Sinon, par exemple, même si l'historien croit être métaphysiquement neutre en considérant a posteriori des soit-disant " faits " , il ne voit non seulement que ses propres types de questionnements apostérioriques sont déterminés par des impensés d'ordre métaphysique (et pas seulement le présentisme dont parle Henri Irénée-Marrou), mais également que le domaine d'explication qu'il se donne n'est en rien un domaine originaire. Il reste à la surface des apparences visibles, qu'il décrit, qu'il classifie, qu'il objectivise, etc.

Le mythe de l'historien, son illusion (que l'on apprend dès notre première année en deug), c'est que la distance du temps d'avec son objet de recherche est un élément de meilleure compréhension de sa réalité. Or henry, prend totalement à revers ce type de postulat. Au contraire, à l'instant où vous finirez de lire cette phrase le présent vivant déjà évanoui, sera plongé dans une nuit abyssale, si bien qu'un évènement qui s'est passé il y a 10000 ans et un évènement passé il y a une minute, sont tout autant éloigné du monde-de-la-vie. Le monde originaire de la vie auto-affective est comme une fusée ou une étoile qui passe dans le ciel de la " temporalité ". La réalité réelle, originaire, ne peut être connue, " qu'en première personne " (dirait jankélévitch, c'est-à-dire vécue directement) mais également que dans le temps du présent vivant, seul existant véritablement. Je ne sais pas ce qu'en pense Florian, mais la temporalité historienne (historique), me semble pour henry, largement une abstraction produite par la conscience.

Oui, il faut prendre un café là. :wink: J'ai pas vraiment l'habitude de m'exprimer clairement sur M. H., alors que comme le fait très bien remarquer Florian, ce qui est paradoxal chez Henry, c'est qu'il exprime des choses très profondes sans un langage philosophique jargonnant (j'ai pour ma part pas fait d'études de philo). Son écriture quasi " magique ", dépasse le cercle étroit de la philosophie hermétique, et semble être une écriture naturelle qui fait rassembler en soi des choses jamais véritablement claires dans notre conscience, des choses que l'on a souvent qu'entre-aperçu aux détours de sentiments d'une confusion totale. Si bien que dès qu'on parle de la philosophie d'Henry on a déjà l'impression de la trahir.

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Message Publié : 20 Nov 2008 16:47 
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Inscription : 14 Déc 2007 13:07
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Bonjour,

Tout d'abord je dois m'excuser de ré-activer un sujet si ancien et pour lequel, peut-être, les participants n'ont plus d'intérêt.

En fait, je pense ne pas avoir tout compris dans ce sujet, à propos de ce penseur que je ne connais pas (mais qui m'intrigue). En effet, il semble que j'ai du mal à voir en quoi sa pensée est incompatible avec une pratique "raisonnée" de l'histoire (par là, j'entends une histoire qui ne se considère pas comme purement objective).

Clément h. a écrit :
Au contraire, à l'instant où vous finirez de lire cette phrase le présent vivant déjà évanoui, sera plongé dans une nuit abyssale, si bien qu'un évènement qui s'est passé il y a 10000 ans et un évènement passé il y a une minute, sont tout autant éloigné du monde-de-la-vie.


Par exemple, je ne vois pas en quoi cela remet en cause les conditions d'existence d'une réflexion historique.

Il est certain que seul le présent existe. Par essence, il EST. Et rien d'autre ne peut ETRE. Mais on peut, pour autant, se faire une idée sur les représentations qui existaient dans ces "présents-morts" (= "le passé" ?) non ? Bien sûr, il convient de ne pas confondre ces représentations avec la réalité, de ne pas croire que les reflets que nous ont laissés ces "présents-morts" correspondent rigoureusement avec le présent ressentit alors...

Est-ce que j'ai manqué quelque chose svp ?

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Message Publié : 20 Nov 2008 17:16 
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Plutarque
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Inscription : 24 Août 2008 16:03
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Bonsoir,

je suis content de voir que je ne suis pas le seul à m'être posé cette question ! ;) En effet, j'ai découvert M. Henry grâce à ce fil et j'ai terminé de lire hier soir La Barbarie ! Dans ce texte M. Henry s'appuie sur l'Histoire - soit comme élément structurant de son argumentation (le moment galiléen qu'il identifie comme celui où le monde bascule inéluctablement vers la barbarie), soit comme exemple. Pour autant, mais je ne parviens pas à retrouver la citation exacte, il écrit une phrase approchant de "Il n'y a pas d'Histoire possible". Mais après ma première lecture d'un seul de ses textes, je me garderai bien de répondre à la question posée par Aspasia.
Si Clément H. ou Florian pouvaient préciser ce point plus en détail, ce serait vraiment plaisant de pouvoir relancer ce sujet que je trouve - et je ne suis donc pas tout seul :P - passionnant.
En tous les cas, je conseille vivement de lire La Barbarie, texte on ne peut plus actuel et lucide sur la situation de l'homme contemporain.

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Message Publié : 20 Nov 2008 18:42 
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Inscription : 14 Déc 2007 13:07
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Bonsoir,

& merci à Tristan car c'est grâce à l'un de vos posts que je suis arrivé sur ce sujet.
Effectivement si Florian pouvait nous éclairer se serait superbe :wink:

En fait sur le plan humain, ce que je lis ici m'interpelle et rejoint les enseignements que je suis en yoga. Mais pour le moment je ne vois pas où il y a une contradiction avec l'Histoire.

Merci à ceux qui peuvent m'éclairer.

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Message Publié : 20 Nov 2008 19:20 
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Plutarque
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Inscription : 24 Août 2008 16:03
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Localisation : Le Mans
De rien Aspasia :wink: Si vous voulez commencer à lire quelques textes de Michel Henry, en voilà deux en ligne (qui ne portent pas nécessairement sur la question de sa critique des sciences humaines) :

http://www.decroissance.info/Ce-que-la- ... it-pas-par (un texte qui reprend la problématique de La Barbarie, sans doute y croise-t-on quelques réflexions sur les sciences humaines, mais je n'ai pas pris le temps de le lire)

http://www.erudit.org/revue/philoso/197 ... ml?lang=en ("Qu'est ce que cela que nous appelons la vie" : pour télécharger le texte, cliquer sur "off-print...", à gauche - le téléchargement est un peu long). Texte quelque peu ardu mais, comme le disait Florian, une expérience charnelle, un penseur qui nous fait sentir ce qu'est la vie... Henry est impressionnant dans cette explication.

Bonne lecture... et sans doute à bientôt pour la poursuite de ce débat !

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Message Publié : 14 Fév 2009 22:51 
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Plutarque
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Inscription : 24 Août 2008 16:03
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Localisation : Le Mans
Je tente une deuxième relance de ce sujet en signalant la parution, dans la collection "Les dossiers H" chez L'âge d'Homme du volume Michel Henry. Dans la partie "Contributions", une section s'intitule "Michel Henry devant l'Histoire" (elle comprend 8 articles). Mon emploi du temps m'empêche de me plonger dans ces analyses dont le titre générique fait écho au présent sujet, mais ceux qui sont intéressés par la question pourront toujours s'y reporter. Ci-dessous le lien vers la page de présentation de l'ouvrage chez l'éditeur :

http://www.lagedhomme.com/boutique/fich ... fr&num=181

Bonne lecture !

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Message Publié : 21 Fév 2009 18:11 
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Salluste
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Inscription : 28 Déc 2006 20:25
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Localisation : Paris
Bonsoir!
Je suis comme Aspasia, totalement ignorante de ce philosophe. Ma question est très simple : n'y a-t-il pas un lien entre Henry et le linguistic turn ?

Je reste dubitative sur le discours de Henry, car au fond, ce qu'il dit, sauf si j'ai tout compris de travers, c'est qu'il y a une barrière entre nous et la connaissance, cette barrière étant construite par nos affects... Bon je raccourcis affreusement...

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Le satanique ennemi de la véritable histoire : la manie du jugement (Marc Bloch)


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