Salut à tous !
J'aurais aimé avoir des informations sur les gestes utilisés par les peuples antiques orientaux pour prier. Je ne me fixe pas sur un seul peuple ni sur une seule région (si vous connaissez les façons de prier des arabes pré-islamiques je suis preneur aussi).

En fait, je fais un mémoire sur les gestes et postures utilisées par les grecs pour prier. J'essaie entre autres de repérer quelles peuvent être les origines de ces gestes et cela me ferait des points de comparaisons.

Merci d'avance

Mallo

PS : si vous connaissez des ouvrages généralistes qui regroupent de tels informations, je serai content de les connaître !

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Mallö_Ô
_La Procrastination, J'arrête demain !_

Les gestes de prière peuvent se voir dans les statues d'orants en Mésopotamie : on peut être assis ou debout, les mains sont soit jointes à hauteur de la poitrine, soit une main peut être levée. Un type de prière (au sens littéraires) est d'ailleurs appelé "prière à main levée", récitée dans le cas de conjurations.

Vous trouverez quelque chose sur le sujet dans l'article "Prière" du Dictionnaire de la civilisation mésopotamienne publié chez Robert Laffont sous la direction de F. Joannès, ou encore dans l'introduction de l'ouvrage de M.-J. Seux, Hymnes et prières aux dieux de Babylone et d'Assyrie, Paris, Le Cerf, 1976. Les ouvrages d'histoire d'art comme ceux de la collection Citadelles et Mazenod écrit par P. Amiet ou encore de L'Univers des Formes de A. Parrot, ainsi que celui de la collection Art et archéologie de l'Ecole du Louvre écrit par A. Benoit vous fourniront des exemples de statues d'orants dans tout le Proche-Orient ancien. Ils sont tous facilement trouvables en BU, sauf celui de Seux qui est plus spécialisé.

Intéressant comme sujet.
Tu pourrais nous donner un aperçu de tes recherches, Mallo ?

Zunkir, saurais-tu ce qu'il en est chez les Hittites et les peuples anatoliens postérieurs (Phrygiens et Lydiens en particulier, peut-être mieux documentés que les autres) ?

Pour la Mésopotamie, est-ce qu'on repère une évolution ? La position des mains sur la poitrine est assez variable. Par exemple celui-ci, dynastie de Lagash, v.2350-2000, exposé au Louvre :

La position des mains n'est pas du tout naturelle, très recherchée. Dommage qu'il manque un bras...
Par rapport à celle-ci, de Mari (v.2500-2400), plus conventionnelle peut-être :

Etc. J'ai fait un petit tout sur le site du Louvre, j'ai l'impression qu'il y a vraiment une abondance de position (superposé l'un sur l'autre à l'horizontale, croisés doigts tendus, etc). Faut dire, sur trois millénaires et trente-six civilisations, et quelques centaines de divinités (milliers ?), difficile de généraliser la Mésopotamie...

Si l'un ou l'autre dispose d'images pour illustrer (je songe surtout aux Anatoliens qui m'intriguent), ce serait sympathique.

Bon dans ce cas on passe aux exemples visuels, à peu près tous tirés des collections du Louvre.



L'adorant de Larsa de la première moitié du IIe millénaire adopte une position "à main levée" décrite précédemment.



Pour le groupe de statues du règne de Gudéa, de la fin du IIIe millénaire, la position de prière est celle des mains jointes avec la droite qui enveloppe la gauche.



Une statue plus ancienne, vers 2700-2600 a.C., mains jointes de la même façon.



Encore une "main levée", de la seconde moitié du IIe millénaire.



Et enfin l'une des plus célèbres prières "à main levée", celle de Hammurabi devant le dieu Shamash sur la stèle du Code.

Donc sur plus de mille ans on a quand même quelque chose de cohérent, il ne faut pas s'attendre à avoir des conventions de représentations trop rigides non plus. Je n'ai pas mis des exemples du Ier millénaire mais il y en a.

Je ne peux parler, en ce qui me concerne, que de la Mésopotamie concernant la posture de l'adorant.

Généralement, on à un même modèle identique à peu de choses près d'un site à l'autre: un personnage, masculin ou féminin, debout, en tunique ou en jupe, les mains jointes sur la poitrine, le visage de face, parfois légèrement relevé. Ce type de figure est ébauché dès le VIè millénaire (figures de terre cuite). Je ne sais plus quel archéologue britannique avait suggéré que ce geste particulier était peut-être la forme archaïque des mains jointes des adorant des époques extérieures.
Cce "modèle" se voit développé à l'époque des dynasties archaïques (donc vers 2800 je crois). D'ailleurs beaucoup de mésopotamiens commandaient des statues à leur image destinées à être placées dans les temples pour prolonger leurs prières. Il me semble qu'on peut voir une des ces statuettes, provenant de Suse, au Louvre. Le personnage représenté est doté d'épaules droites et anguleuses, et l'absence de cou accentue l'aspect... "trapu" du corps. Les bras présentent un modèle sommaire: les mains jointes surplombent le cylindre qui figure la jupe. Une autre statuette est conservée au Metropolitan et le site d'Eshnunna (je ne connais pas son nom actuel) nous à aussi livré quantité de statuettes d'adorants.

Il faut tout de même dire qu'en Mésopotamie il y avait une grande diversité de style. Si le motif de l'adorant connut une large fortune en Mésopotamie au IIIè millénaire, le traitement diffère cependant d'un site à l'autre. On pourrait presque reconnaitre plusieurs écoles:
Une à Nippur par exemple, où la forme des personnages parait plus synthétique et moins anguleuse et où il n'est pas rare que, sur un même personnage, nous constations de grands écarts de proportions.
Cependant, le modèle des corps est parfois plus détaillé, et les proportions se rapprochent de la réalité; les mains jointes paraissent le plus souvent trop petites, mais tout porte à croire que cela était volontaire, dans la mesure où il s'agissait d'un signe de dévotion et d'humilité (qu'il aurait donc été fort peu opportun de souligner, même si ce motif faisait l'objet d'une grande attention de la part des artistes). Du reste, l'histoire de la sculpture mésopotamienne ne peut se réduire à une simple progression vers ce que nous appellerions le "réalisme"; preuve en est une statuette de femme aux mains jointes, conservée au musée de Baghdad; qui présente une anatomie bien plus crédible que ses ancêtres adorants.

Je vous remercie vraiment pour tout ce que vous m'avez trouvé. J'avoue que c'est d'une grande aide. Je vous tiendrait au courant de mes recherches !

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