La difficulté avec les textes bibliques c’est que l’on demeure dans les conjectures. Le premier temps consiste à mettre de côté la tradition telle qu’elle ait rapportée depuis toujours car on a très vite compris ses limites. Incohérences, contradictions, répétitions inexpliquées etc. Par contre, en y regardant de plus près on comprend bien qu’il existe, tout comme en archéologie, des strates au récit biblique. Cette ainsi que, en décortiquant le texte, et mettant bout à bout ce qui se ressemble(pattes stylistiques, états d'eprit etc) tout en écartant provisoirement ce qui dissonnait clairement pour les garder sous le coude histoire de voir si on peut les replacer dans un récit parallèle qui aurait été mélangé. Et ça marche ! On se retrouvait, à la fin du 19e siècle, avec quatre récits distincts et mélangés mais tout à fait cohérents après analyse. Ainsi, le grand savant allemand Wellhausen à synthétisé ce qu’il est convenu d’appeler «
l’hypothèse documentaire ». Se dégagent quatre grandes sources : P comme prètres (sacerdotale) de D comme deutéronomiste, J pour yahviste et E pour Eloiste. Néanmoins, nombre de tensions demeuraient dans le texte, ce qui a conduit les chercheurs à construire
l’hypothèse des fragments.Parallèlement à cela, l’archéologie tend à montrer qu’il n'y aurait pas vraiment eu de royauté unifiée (nous en avons longuement parlé ici) alors que la source yahviste était censée remonter à cette époque. Il n'y a toujours pas consensus mais pas mal de grosses têtes commencent à vouloir la fondre avec la source sacerdotale.
Voici quelques ouvrages sur lesquels je m'appuie sur pour dire ceci, ils datent un peu mais ça fait un moment que les lignes ont bougé :
J. Van Seeters,
Abraham in Tradition and History New Haven/London 1975 (« Abraham dans la tradition et dans l'histoire »).
H.H. Schmidt,
Le soi-disant yahwiste. R. Rendorff,
Das überlieferungsgechichtliche Problem des Pentateuch Berlin, 1975 (« Le problème de la transmission des traditions du Pentateuque »).Et encore là, on se cantonne à la critique textuelle ; mais il y a les énormes apports archéologiques qui ont montré, de manière désormais incontestable des emprunts mythologiques et autres de divers endroits.
Pour revenir à Jérémie et Baruch ben Neria , je n’ai jamais rien lu remettant en question leurs histoticités mais d’expérience, on a a une reticence à admettre que les auteurs soient des personnages de la bible. En tout cas, et je le répète, les croire auteurs n'est pas impossible, mais c'est loin d'être retenu en priorité en France comme ailleurs.
au fait, detail semantique :
-(« deutéronomique » : noyau de Josias/deutéronomiste = post-Josias)
- tradition deutéronomiste : recomposition du deutéronome
Jean R a écrit :
Friedman suppose donc qu'il a non seulement (avec Baruch) écrit le gros des 8 livres (si on compte Ruth) dans une perspective optimiste (on appliquait enfin le programme de Moïse après moults errements), mais complété avec la triste fin (et introduit des modifications des passages précédents pour expliquer la catastrophe, Dieu n'avait jamais digéré les offenses de Manassé, grand-père de Josias, d'où 2 Rois 23:26-27, ajout manifeste).
Pour Ruth, tout porte à croire quasiment sans le moindre doute qu'on est même plus à l'époque perse, mais qu'on est sous les diadoques.Il y a assez large consensus là dessus ici comme ailleurs, pareil.
Bien à vous.