Je signale la reparution récente d'un "classique" de l'étude de la religion sumérienne,
Le Mariage sacré de Samuel Noah Kramer, qui avait été traduit en français par Jean Bottéro en 1983, celui-ci augmentant l'ouvrage d'une présentation des survivances du thème du Mariage sacré à l'époque "akkadienne", en fait au IIe millénaire et au Ier sous la domination babylonienne. Un très bon ouvrage donc et une réédition opportune, si ce n'est que l'éditeur Berg international s'est senti obligé de le renommer
L'érotisme sacré, de Sumer à Babylone, et de mettre en couverture une scène de copulation d'un bas-relief mésopotamien, histoire de bien faire racoleur. En plus le nom de Bottéro est mis en avant par rapport à celui de Kramer qui en est pourtant l'artisan principal, sans doute pour profiter de la notoriété de l'auteur français décédé récemment ... C'est bien triste que les éditeurs tombent dans ce genre d'excès, en tout cas pour ceux qui le rencontreraient dans les rayons d'une librairie ou d'une bibliothèque ça vaut le coup d'autant plus qu'il s'agit de deux très grands auteurs qui ont beaucoup fait pour les études sur la religion mésopotamienne.
Présentation de l'éditeur a écrit :
Parmi les milliers de tablettes cunéiformes en langues sumérienne ou accadienne, remontant quelquefois aux environs de 3 000 ans avant J.-C., exhumées par les archéologues du sous-sol de l'Iraq actuel, figurent des « chants d'amour » qui évoquent le rite de la hiérogamie, c'est-à-dire de l'union du souverain du pays, émanation du Dieu, avec une prostituée sacrée substitut d'Inanna, la déesse de la fécondité, pour assurer à son peuple d'abondantes récoltes et la multiplication des espèces.
Si cette nuptialité religieuse n'avait pas pour but ultime le désir sexuel et l'érotisme, ils n'y étaient pas moins prégnants comme le montrent certains textes écrits dans un langage parfois cru, mais toujours animé d'un puissant souffle lyrique, pour dire dans sa sensualité la pérennité de l'amour et de ses jeux.
Après une introduction générale sur l'histoire, tant sociale que religieuse et culturelle de Sumer et de Babylone, ainsi qu'une étude sur la « naissance de l'écriture » qui eut ce pays pour berceau, les auteurs nous donnent à lire, en la replaçant dans son contexte, une littérature érotique qui n'a rien à envier aux textes connus en ce domaine.
L'ouvrage est de plus abondamment illustré de photographies de la statuaire sumérienne et babylonienne ainsi que de tablettes d'argile comportant les textes traduits. Il comporte en « appendice » un article de Jean Bottéro comparant Le Cantique des cantiques biblique à ces textes qui l'ont indéniablement inspiré, quel que soit le sens allégorique qui lui a été donné par la suite.