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 Sujet du message : L'Assyrie de Tukulti-Ninurta
Message Publié : 13 Juin 2005 11:36 
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Eginhard
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Je constate avec surprise que, bien que de nombreux sites couvrent la période 750-612 de l'Assyrie, c'est à dire sa "deuxième" apogée, bien peu traitent (ni même évoquent) la "première" apogée, qui se passa environ entre 1350 et 1200, dont le zénith se trouve sous le règne de Tukulti-Ninurta (1244-1208 environ).
Que sait-on sur cette période, au juste ? Pourquoi le petit pays assyrien prit-il une telle ampleur à cette époque, pour brusquement retomber dans l'insignifiance à la fin du XIIIème siècle av. J.C. ?
______________
"Candida pro causa ense candido" Carl Gustav Emil Mannerheim, héros national finlandais (1867-1951)


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Message Publié : 13 Juin 2005 12:42 
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Jules Michelet
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Sujet fort intéressant, il est vrai hélas rarement abordé.

D'abord sur l'historiographie de la période. Comparé à la période néo assyrienne (911-609), et surtout la dynastie sargonide (722-612), la période médio-assyrienne dans sa globalité (1365-911) a livré beaucoup moins de sources, et surtout elle est moins intéressante à étudier que la période des Sennacherib, Assurbanipal et cie, avec leur gigantesques palais, qui ont été les premiers monuments mésopotamiens fouillés. Tout au plus la période médio-assyrienne a livré des monuments à Assur, la capitale, avec des archives dans cette cité et dans d'autres villes provinciales (Dur-Katlimmu, Qattara etc.). On a donc moins de choses à dire sur cette période que sur la suivante. Et puis si ce n'est pas très accessibles pour les Français, c'est que ceux qui étudient cette période sont surtout des Allemands (comme pour la période contemporaine en Babylonie, celle des Kassites). On parle généralement plus des Assyriens à cette période dans le cadre de leurs relations avec l'Egypte et les Hittites surtout.

Il n'en demeure pas moins que l'Assyrie est à partir d'Assur-uballit I une des plus grandes puissances de son temps. Ce souverain réussit à se faire accepter parmi le club des grands rois de l'époque (comme ses homologues hittite, égyptien, kassite et alashiyen). Il profite de l'affaiblissement du royaume du Mittani (qui s'était fait battre par les Hittites avant de se déchirer dans des guerres civiles) pour le subjuguer, alors qu'auparavant Assur était dans l'orbite de celui-ci. On ne saît pas vraiment comment cette montée en puissance a pu se produire. Assur était déjà une ville riche, sans doute qu'elle s'est déjà émancipée de la tutelle du Mittani plus tôt pour ensuite prendre plus de puissance dès avant le règne d'Assur-uballit I (qui fait jeu égal avec les Hittites, ce qui n'est pas rien), mais comme on ne sait rien sur les règnes précédents, on en est réduit à émettre des hypothèses. Après cela, le Mittani se retrouve déchiré entre les Hittites et les Assyriens, avant de disparaître. L'Assyrie se retrouve aussi dans des conflits avec les Babyloniens. Tukulti-Ninurta I connaît d'ailleurs des succès sur ces deux fronts, avec comme point d'orgue la prise de Babylone.

Pour ce qui est de la chute de l'Assyrie, elle est à resituer dans le cadre de l'effondrement des grands royaumes proche-orientaux au XIIè siècle, avec les invasions des Peuples de la Mer dans la partie occidentale, et celles des Araméens dans la partie orientale, donc face aux Assyriens, à partir du règne de Teglet-Phalasar I (à la fin du XIIè siècle). Les attaques répétées des tribus nomades finissent par faire perdre aux Assyriens la plupart de leurs conquêtes dans le courant du Xè siècle. Mais contrairement au Hatti ou à Babylone, l'Assyrie réussit à se maintenir tant bien que mal, et au début du Ier millénaire c'est le dernier des anciens grands royaumes encore debout (l'Egypte étant elle aussi au point mort, et de toute façon elle est trop loin). C'est sur cette base que les rois assyriens vont repartir à la conquête des territoires perdus, puis aller encore plus loin, puisque cette fois-ci ils n'ont plus personne de leur taille en face.


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Message Publié : 13 Juin 2005 14:53 
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Eginhard
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Merci de la réponse. J'avais aussi tenté de me faire une idée la dessus, sans grand succès. Je n'avais quasiment rien, si ce n'est une date, celle de la prise de Babylone: en -1227, et une carte de l'empire de Tukulti-Ninurta. D'ailleurs, j'hésite quant à sa dénomination: doit-on les appeler Proto-Assyriens ou Assyriens tout court, ce dernier cas faisant de l'Empire d'Assurbanipal celui des "Néo-Assyriens" ?
Quant à la carte, la voici:
Image
C'est vrai qu'on doit se forcer un peu pour voir que Babylone est dans le premier empire (c'est vraiment à la limite), mais je pense que la carte dans sa globalité est précise.
En revanche, je n'ai jamais entendu parler de ce que le premier empire assyrien ait sombré sous les coups des Peuples de la Mer... à chaque fois, je lis "quelques siècles de gloire, puis une retombée dans l'inimportance", "l'Assyrie brilla quelques siècles, pour finalement sombrer dans l'oubli", ou encore "après le règne de Tukulti-Ninurta, l'Empire Assyrien perdit sa prépondérance en Mésopotamie et disparut de la carte des grandes puissances"; à chaque fois, les causes sont inexpliquées, et il semble qu'après la mort du derniers des grands souverains, en 1208, tout le monde oublia brusquement qu'il y avait eu pour près d'un siècle et demi un immense empire (pour l'époque) centré sur Assur et Ninive...
______________
"Candida pro causa ense candido" Carl Gustav Emil Mannerheim, héros national finlandais (1867-1951)


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Message Publié : 13 Juin 2005 19:10 
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Jules Michelet
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Kevin_scaevola a écrit :
j'hésite quant à sa dénomination: doit-on les appeler Proto-Assyriens ou Assyriens tout court, ce dernier cas faisant de l'Empire d'Assurbanipal celui des "Néo-Assyriens" ?


On peut appeler cette période "médio-assyrienne" (suivant le cycle paléo-, médio-, néo- que l'on utilise aussi pour Babylone ou l'Elam).

Citer :
C'est vrai qu'on doit se forcer un peu pour voir que Babylone est dans le premier empire (c'est vraiment à la limite), mais je pense que la carte dans sa globalité est précise.


Babylone n'est pas à proprement parler une possession assyrienne. Tukulti-Ninurta réussit à y installer des souverains fantoches, mais des expéditions menées par le roi élamite en Babylonie ainsi que le révoltes de la noblesse locale lui font perdre pied, et sa fin de règne est catastrophique : il s'épuise à tenter de récupérer Babylone, et finalement une révolte en Assyrie aboutit à son assassinat, puis à une série de guerres civiles qui affaiblissent le royaume assyrien. Et un des ses successeurs immédiats se fait ensuite battre par le nouveau roi de Babylone.

Citer :
En revanche, je n'ai jamais entendu parler de ce que le premier empire assyrien ait sombré sous les coups des Peuples de la Mer...


Tant mieux que vous n'ayez jamais lu ça, parce que c'est faux : ce sont les Araméens les responsables de l'effondrement du royaume médio-assyrien. Le dernier grand souverain assyrien de la période, Teglat-Phalasar I (c. 1111-1077) doit les affronter de nombreuses fois, et chaque fois ils fuient devant lui pour repasser à l'attaque une fois qu'il a le dos tourné. La pression est tellement forte que les Assyriens perdent tous les territoires occidentaux du royaume, et à un moment ils doivent même évacuer Assur pour se réfugier temporairement dans les montagnes situées à l'est de la ville, à l'abri des offensives araméennes. Mais le royaume ne disparaît pas, et subsiste durant cette période très troublée. Ce n'est que dans le courant du Xè siècle que les rois assyriens vont avoir à nouveau les moyens de soumettre les Araméens. De cette période très noire est sortie la machine de guerre assyrienne : ce pays s'est transformé en nation en lutte permanente pour sa survie, et cet espèce de traumatisme a accouché du royaume militariste néo-assyrien.[/quote]


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Message Publié : 14 Juin 2005 10:14 
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Merci pour ces réponses. :wink:
Zunkir a écrit :
Tant mieux que vous n'ayez jamais lu ça, parce que c'est faux : ce sont les Araméens les responsables de l'effondrement du royaume médio-assyrien.
Les Araméens étant les "Barbares de l'Est" (ou plutôt du Sud) du XIIème siècle avant J.C., à l'instar des Germains du Vème siècle de notre ère ?

Zunkir a écrit :
Mais le royaume ne disparaît pas, et subsiste durant cette période très troublée.
C'est donc à l'époque un état sous contrôle araméen. Ses rois n'ont-ils plus aucun pouvoir ?

Zunkir a écrit :
De cette période très noire est sortie la machine de guerre assyrienne : ce pays s'est transformé en nation en lutte permanente pour sa survie, et cet espèce de traumatisme a accouché du royaume militariste néo-assyrien.
Mais il ne me semble pas que le royaume néo-assyrien, si puissant qu'il fût, ne se soit retourné contre les Araméens qui l'avaient autrefois vaincus. Ces derniers venaient de l'Arabie du Nord, il me semble, et l'Empire assyrien de Sargon II et d'Assurbanipal ne s'étendaient pas dans cette direction... non ?
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Message Publié : 14 Juin 2005 10:57 
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Jules Michelet
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Kevin_scaevola a écrit :
Les Araméens étant les "Barbares de l'Est" (ou plutôt du Sud) du XIIème siècle avant J.C., à l'instar des Germains du Vème siècle de notre ère ?


En quelque sorte. Pour recadrer dans l'histoire de l'Orient Ancien, c'est comme les Gutis, les Amorrites, les Kassites, les Chaldéens. La spécificité des Araméens (et des Chaldéens dans une moindre mesure) est qu'ils devinrent une ethnie dominante, et prirent une place majeure dans l'Orient Ancien, alors que les autres furent assimilés. Il y a beaucoup à dire sur eux, mais ce n'est pas le sujet de notre discussion.


Citer :
C'est donc à l'époque un état sous contrôle araméen. Ses rois n'ont-ils plus aucun pouvoir ?


Non, les Assyriens demeurent indépendants, et c'est justement là que réside leur force. Ils peuvent se reconstruire sur ces bases, pour ensuite repartir à l'attaque. En revanche, à Babylone la situation est beaucoup plus anarchique.

Citer :
Mais il ne me semble pas que le royaume néo-assyrien, si puissant qu'il fût, ne se soit retourné contre les Araméens qui l'avaient autrefois vaincus. Ces derniers venaient de l'Arabie du Nord, il me semble, et l'Empire assyrien de Sargon II et d'Assurbanipal ne s'étendaient pas dans cette direction... non ?


Les Araméens venaient sans doute du désert syro-arabe, effectivement. Mais après leurs conquêtes, ils établissent des royaumes en Syrie, jusqu'au Levant d'un côté, et à la frontière avec l'Assyrie de l'autre. La première tâche des souverains néo-assyriens est d'imposer leur domination à ces royaumes. Ce qui leur prendra à peu près deux siècles (jusqu'au règne Sargon II, sans parler des révoltes qui ont lieu par la suite)...

Voilà ce lien pour un aperçu historique des périodes dont on a parlé (c'est de mon site, je n'ai pas trouvé grand chose d'autre concernant les médio-assyriens sur le net) : http://www.geocities.com/esagil1/assyrie.htm


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Message Publié : 14 Juin 2005 11:11 
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Jules Michelet
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Comme vous êtes en anglophone, en voici un autre très bien (et plus court), qui vient d'un excellent site : http://www.gatewaystobabylon.com/introd ... ssyria.htm


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Message Publié : 14 Juin 2005 14:24 
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Eginhard
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Félicitations pour votre site ! Il est excellent ! :D
Dites, vos études portent sur les civilisations mésopotamienne en général, ou juste sur une d'entre elles ? Votre site est si complet qu'on ne peut pas le dire... :wink:
Mais je crois que vous vous étiez qualifié d' "étudiant en assyriologie" quelque part sur ce site, non ?
En revanche, une chose me surprend sur l'autre URL que vous m'avez fait parvenir: ils parlent d'un certain "Tukulti-Ninib", qui succède à son père Salmanasar Ier... est-ce une erreur, ou les Anglais nomment-ils Tukulti-Ninurta autrement que nous ?
Je constate, après recherche, qu'on le nomme également ainsi sur ce site (partie 4, 121) et sur celui-ci (1ère ligne du paragraphe où se trouve la 30ème note), tous deux en anglais, ainsi que sur certains sites allemands....
Aussi, je lis sur le site anglais que les Assyriens nommaient leur rois "Ishshaku", alors que je vois sur le vôtre qu'ils étaient appelés "ishi'ak Assur". Est-ce le même terme écrit de 2 façons différentes ?
Sinon, le site est très intéressant. Je crois que vous avez à peu près réussi à épuiser mes (nombreuses) questions ! :wink:
Merci beaucoup, Zunkir. :)
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Message Publié : 14 Juin 2005 14:55 
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Jules Michelet
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Kevin_scaevola a écrit :
Mais je crois que vous vous étiez qualifié d' "étudiant en assyriologie" quelque part sur ce site, non ?


Pour l'instant je suis simplement étudiant en Histoire. Pour l'assyriologie, on verra plus tard, et puis j'ai d'autres périodes et sujets qui m'intéressent. Je ne suis encore qu'un passionné (très passionné, mais je fais quand même d'autres trucs de ma vie je vous rassure).

Citer :
En revanche, une chose me surprend sur l'autre URL que vous m'avez fait parvenir: ils parlent d'un certain "Tukulti-Ninib", qui succède à son père Salmanasar Ier... est-ce une erreur, ou les Anglais nomment-ils Tukulti-Ninurta autrement que nous ?


Normalement c'est Tukultî-Ninurta, du nom du dieu Ninurta. Cela veut dire "Ninurta est mon secours". Ils ont du se tromper, ou peut-être qu'il y a plusieurs manières de lire le nom tel qu'il est écrit en cunéiforme, je ne sais pas. A mon avis il se sont plutôt trompés.
Les adresses que vous fournissez sont très intéressantes. Mais l'ouvrage qui date de 1900, c'est trop vieux, la recherche a énormément progressé depuis 105 ans.

Citer :
Aussi, je lis sur le site anglais que les Assyriens nommaient leur rois "Ishshaku", alors que je vois sur le vôtre qu'ils étaient appelés "ishi'ak Assur". Est-ce le même terme écrit de 2 façons différentes ?


Là, pour bien expliquer je suis obligé de rentrer dans la grammaire assyrienne : ishshak est l'état construit de ishshaku (qui est le nominatif singulier, désinence en -u). Quand une forme à l'état construit est suivie par un nom au génitif, cela veut dire littéralement "le x (à l'état construit) de x (au génitif) ". ishi'ak Assur veut donc dire "le vicaire d'Assur" (ici, Assur est à une forme qu'on appelle état absolu, il ne se décline pas ; normalement le génitif singulier a une désinence en -i : par exemple roi (sharru) du pays (matu) se dit shar mati). Donc en résumé on veut dire la même chose, simplement en disant ishshak Assur on est plus précis (je suis très pompeux, je vous l'accorde).


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Message Publié : 13 Avr 2011 14:39 
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Pierre de L'Estoile
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Citer :
Sujet fort intéressant


C'est justement pour ça, qu'avec votre coopération, je vais essayer de le ranimer. Un sujet aussi captivant ne peut rester éternellement dans le coma sans que personne n'y touche, ce serait proprement scandaleux. ;)

Citer :
On a donc moins de choses à dire sur cette période que sur la suivante.


Ce qui ne nous empêche pas de faire un petit point de contexte général :
La côte méditerranéenne du Proche-Orient, au XIIIe siècle avant Jésus-Christ, est déjà et depuis longtemps le centre des attentions politiques des puissances locales. En effet, elle est l’objet de convoitises de par sa proximité avec l’île de Chypre et ses richesses en cuivre (qui allié avec l’étain compose le bronze lui-même nécessaire à la fabrication d’ustensiles ou d’armes etc.) et son ouverture sur la Méditerranée qui a valu à des cités comme Ugarit ou Byblos leurs heures de gloire dans le commerce. De plus, et entre autres raisons, cette région est célèbre pour deux richesses naturelles : le cèdre et le cheval. Le cheval que les Hourrites domestiquaient fort habilement.
Les Hourrites composaient l’essentiel de la population du royaume de Mitanni (dont les élites étaient indo-aryennes) ; royaume qui lui-même exerçait son influence de puis le Zagros jusqu’à la région qui nous préoccupe. Notons que Le Mitanni est alors divisé en deux : à l'ouest, Shattiwazza soutenu par les Hittites du roi Arnuwanda II et à l'est Shuttarna III soutenu par l'assyrien Assur-uballit I. Donc le Nord de la côte méditerranéenne est sous influence hittite alors que le sud connaît, depuis l’ouverture du Nouvel Empire l’influence égyptienne. Deux influences antagonistes dont la crise paroxystique fut la bataille de Qadesh (aux environs de 1274) alors que l’issue reste discutée.


Citer :
Ce souverain réussit à se faire accepter parmi le club des grands rois de l'époque (comme ses homologues hittite, égyptien, kassite et alashiyen).



En fait cette histoire est assez cocasse. On voit Assur Ubalit servir du « mon frère »au pharaon. Entre-temps, le roi de Babylone – dont j’ai oublié le nom – écrit au même pharaon (Amenophis IV ?) qu’Il ne faut surtout pas reconnaître l’autorité de ce pseudo roi car il est en fait son vassal.Ce qui est largement faux, mais c’est ce qu’il veut faire croire. Après il y a un trou dans la communication mais, voyant que le pharaon lui redonne du « mon frère », on sait qu’il a effectivement été reconnu comme grand roi. Je crois que vous pourrez retrouver ses échanges épistolaires dans les lettres d’Al Amarna.

Citer :
Il profite de l'affaiblissement du royaume du Mittani (qui s'était fait battre par les Hittites avant de se déchirer dans des guerres civiles)
[/quote]

En voici d'ailleurs quelques éléments issus de ce sitehttp://www.antikforever.com/Syrie-P ... estine.htm :


Les Rois d'Amourrou ne sont connus qu'à partir de la fin du XIVe siècle, pendant la période Égyptienne que l'on nomme période Amarnienne (XVIIIe dynastie), période allant jusqu'à la disparition du royaume d'Amourrou. Le premier dirigeant dont nous avons des traces est Abdi-Ashirta (ou Abdi-Aširta, v.1385-1344). Beaucoup de spécialistes pensent qu'il n'était qu'un Prince dans la plaine côtière de la Syrie. Il était un ennemi juré du Roi de Byblos, Rib-Addi (ou Rib Hadda ou Ribaddi ou Rib-Addu, v.1345-v.1335) allié et vassal de l'Égypte. Il sera enlevé et assassiné par les troupes Égyptiennes sur l'ordre du Pharaon Amenhotep IV (Aménophis ou Akhénaton, 1353/52-1338) dont les avertissements n'avaient pas réussi à arrêter ses complots. Ce dernier avait répondu favorablement à son allié de Byblos, Rib-Addi qui sollicitait son aide suite aux attaques incessantes d'Abdi-Ashirta. Il est parmi les dirigeants étrangers mentionnés dans les Lettres de Tell el-Amarna. Il est possible que la capitale de l'Amourrou au cours des dernières années d'Abdi-Ashirta et les premières années d'Azirou est été Ardata.





Guerrier Hittites



Azirou (ou Aziru, v.1344-v.1315) son fils aîné lui succède. C'est un Prince d'Amourrou dans la plaine côtière de la Syrie. Azirou va s'avérer tout aussi peu scrupuleux que son prédécesseur. Il est mentionné dans les Lettres de Tell el-Amarna. Il est certainement le plus important souverain de la région. À peine au pouvoir, avec ses frères il commence une campagne visant à rétablir l'autorité de leur père sur la région d'Amourrou. À cet égard, Azirou en sera le principal bénéficiaire. Tout en étant un vassal de l'Égypte, il essaye d'étendre son royaume vers la côte méditerranéenne et prend la ville de Sumur (Simyrra). Il prend ensuite le contrôle des ports Phéniciens et de la région de Damas. Il passe un traité avec le Roi Niqmaddou II (ou Niqmadu, v.1360-v.1340 ou 1353-1318) d'Ougarit dans lequel celui-ci lui demande sa protection militaire, en lui versant une contribution. Il passe aussi alliance avec le Roi de Kadesh Etakkama (ou Aitakama, v.1355-1312) qui va le trahir et rejoindre le camps des Hittites.



Ses conquêtes vont inquiéter ses proches voisins en particulier le Roi de Byblos, Rib-Addi (ou Rib Hadda ou Ribaddi ou Rib-Addu, v.1345-v.1335) à l'origine de la mort de son père. Rib-Addi avait quitté sa ville de Byblos pour quatre mois pour conclure un traité avec le Roi de Beyrouth, Ammunira, mais quand il veut rentrer chez lui, il apprend que son frère Ilirabih l'avait détrôné. Il cherche temporairement refuge auprès d'Ammunira sans succès et lance un appel au secours au Pharaon Amenhotep IV pour qu'il le rétablisse sur le trône. C'est Azirou qui est chargé de cette mission par le Pharaon, mais il trahi l'expédition et livre Rib-Addi entre les mains des dirigeants de Sidon où il trouve presque certainement la mort.



Quelques sources disent qu'Azirou aurait massacré Rib-Addi. Azirou étend de ce fait encore son royaume en se proclamant Roi de Damas et de Byblos (v.1335). L'événement de sa trahison est mentionné dans la lettre de Tell el-Amarna (EA 162) d'Amenhotep IV à Azirou, dans laquelle le Pharaon exige qu'Azirou vienne en Égypte pour expliquer ses actes. Azirou une fois dans le pays est arrêté pendant au moins un an avant d'être libéré pour faire face à l'avancée des Hittites, qui ont déjà conquis la ville d'Amki, ce qui constituait une menace pour l'Amourrou (Lettre EA 170). Une fois dans son royaume Azirou prend contacts avec l'Empereur Hittite Souppilouliouma I (ou Suppiluliuma, 1382-1342). Il change alors son allégeance et restera fidèle aux Hittites jusqu'à sa mort, dont on ignore la date exacte. À partir de cette époque l'Amourrou restera fermement Hittite jusqu'au règne des Pharaons Seti I (1294-1279) et Ramsès II (1279-1213, XIXe dynastie). Suivent deux Rois dont on ne sait presque rien Ari-Teshub (ou Ari-Teššup ou Ari-Teshup, v.1315-1313) et Tuppi-Teshub (ou Tuppi-Teššup ou Tuppi-Teshup, 1313-v.1280) peut-être des frères d'Azirou. Le souverain suivant dont on a une bonne connaissance est Benteshina.





Ramsès II à la bataille de Kadesh



Benteshina (ou Bentešina ou Pendishena, v.1280-v.1274, puis de v.1260-v.1230) est le fils de Tuppi-Teshub. À son arrivée au pouvoir est pris entre les zones d'influences Hittites et Égyptiennes, dont les royaumes sont alors dirigés respectivement par Mouwatalli (ou Muwatallish ou Moutallou, 1310-1269) et Ramsès II (1279-1213, XIXe dynastie). Il choisit finalement de se rallier au second, alors que depuis Azirou l'Amourrou était vassal des Hittites. Il rompt de ce fait le traité passé par son prédécesseur avec les Hittites. Benteshina apportera un soutien décisif au Pharaon Ramsès II lors de la bataille de Kadesh (ou Qadesh) en 1274. Ses renforts vont permettre à ce dernier de se dégager de l'armée Hittite qui était entrain de l'écraser puis de leur faire battre en retraite.



Cependant du fait de ce recul des Égyptiens, Benteshina se retrouve isolé et abandonné aux Hittites. Ils le capturent sans problème et donnent son royaume à un homme de leur confiance, Shapili (ou Šapili, v.1274-v.1260) qui est nommé Roi d'Amourrou. En dehors de sa nomination par Mouwatalli on ne sait rien à propos de cet individu, ni quoi que ce soit au sujet de sa possible relation avec la maison royale d'Amourrou. Le récit de la nomination de Shapili est brièvement décrit dans le traité de Shaushga-Muwa et dans des textes parallèles.



Shapili a probablement disparu de la scène politique Amourrite avec la nouvelle désignation de Benteshina au trône d'Amourrou par son nouveau protecteur l'Empereur des Hittites Hattousili III (ou Hattushili, 1264-1234). Benteshina à la suite de son éviction trahit les Égyptiens et rentra dans l'entourage de celui-ci, le frère de Mouwatalli qui l'avait détrôné et il le suivait dans ses campagnes. Quand Hattousili III renversa son neveu Ourhitechoud (ou Urhi-Teshub ou Urhi-Teššup ou Moursil III ou Mursili, 1269-1264) et monta sur le trône Hittite, Hattousili III récompensa Benteshina pour sa fidélité en lui restituant la couronne d'Amourrou. Ce dernier restant un vassal obéissant. L'accord fut scellé par un traité et un accord réciproque de mariage entre les maisons royales du Hatti et d'Amourrou. Benteshina donna une de ses filles en mariage à un autre vassal des Hittites, le Roi d'Ougarit Ammistamrou II (v.1260-v.1230). Cependant celui-ci divorça de la fille de Benteshina. Elle aurait apparemment effectué une "faute" à son encontre, dont la nature exacte nous est inconnue. Il la répudia et la renvoya chez elle, avant d'exiger son retour, sans doute pour l'exécuter.







Char de guerre Hittite

Shaushga-Muwa (ou Šaušgamuwa ou Shaushgamuwa, v.1230-v.1210) le fils de Benteshina lui succède. Il refuse dans un premier temps de livrer sa sœur au Roi d'Ougarit. Interviennent alors le souverain de Karkemish Ini-Teshub et celui des Hittites Tudhaliya IV (ou Touthalija ou Duhalijas, 1234-1220), dont il est à la fois neveu et le beau-frère, qui le forcent à livrer la jeune femme. Celle-ci est probablement exécutée plus tard par Ammistamrou II. Dès son arrivée au pouvoir, les relations entre Shaushga-Muwa et sa famille du Hatti étaient régies par un traité. À la même époque Tudhaliya IV signe la paix avec l'Assyrie, mais celle-ci rompt le traité et attaque la rive Ouest de l'Euphrate, qui appartenait aux Hittites.



Dans les conditions du traité, Shaushga-Muwa était contraint de lever une armée et une unité de chars pour aider Tudhaliya IV dans la guerre contre la montée en puissance de l'Assyrie et contre la révolte de l'Arzawa et l'Ahhiyawa. En 1230, avec son aide, Tudhaliya IV contre-attaque, mais ils sont écrasés à la bataille de Nihriya. Tudhaliya IV change alors de tactique, avec l'aide de ses vassaux, l'Amourrou, Karkemish, Ougarit etc..., il impose aux Assyriens un blocus économique maritime. Shaushga-Muwa est chargé d'empêcher les marchands Amorrites de se rendre en Assyrie et à l'inverse d'arrêter les marchands Assyriens avant et de les envoyer à Tudhaliya IV. Il existe aussi des indications que Shaushga-Muwa devait empêcher les navires d'Ahhiyawa de prendre de contact avec le souverain d'Assyrie. Le blocus s'avère très payant car les Assyriens se voient obligés de signer un traité de paix et redonnent aux Hittites les territoires conquis. Shaushga-Muwa est le dernier Roi d'Amourrou dont nous ayons une trace. Le royaume à sans aucun doute suivit l'histoire de la région après la chute des Hittites vers 1200 et l'invasion des Peuples de la mer.



en espérant que vous serez partants pour reprendre cette discussion,
à vous et bien à vous.

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et tout le reste n'est que littérature


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Message Publié : 13 Avr 2011 19:27 
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Jules Michelet
Jules Michelet
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Inscription : 29 Déc 2003 23:28
Message(s) : 3091
Je veux bien reprendre ce sujet, mais dans ce cas il faut suivre les règles du forum : il est intitulé "L'Assyrie de Tukulti-Ninurta", là ce vers quoi vous nous dirigez est plutôt du style "Les relations internationales au Moyen-Orient au Bronze récent" ou "le royaume d'Amurru". Je n'ai pas de problème pour en discuter longuement, mais il faut faire ça bien ...


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