Bonjour, je n'ais encore jamais posté ici, mais je pense pouvoir apporter à ce topic un petit complément qui pourrait éventuellement servir certains membres intéressés par ce sujet :
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Les incursions des tribus lybiennes aux frontières occidentales de l'Egypte prirent un aspect bien plus préoccupant durant la XIXème dynastie des pharaons d'Egypte. Elles furent en outre suivies de l'invasion des Peuples de la Mer, durant le règne de Ramsès III.
Séthi Ier et Ramsès II avaient tous deux combattu les populations Tjéhénou du Désert occidental. A la fin de la XIXè dynastie, l'installation en Egypte de nouvelles tribus, les Méshaouash et les Libou, indique sans doute l'arrivée de population migrant du Cyrénaïque et de ses terres intérieures. Formées surtout d'éleveurs, ces populations se révèlent armées et gouvernées par une royauté structurée. La menace ne fut réellement perçue que par Ramsès II, qui construit une série de forts le long de la route côtière dans les franges occidentales du Delta, pour doubler le dispositif présent dans le Sinaï. Néanmoins ces gens s'installent, généralement de manière pacifique, et formeront bientôt une importante population immigrée. Bon nombre d'entre eux, surtout parmis les Méshaouash, entretiennent de vastes réseaux commerciaux qui bénéficient sans doute au négoce égyptien.
Ce statu quo est brutalement remis en cause lorsque les armée du pharaon Merènptah repoussent une incursion lybienne massive et massacrent entre 7000 et 10 000 personnes, et en font prisionières près de 9000 autres. Son propre récit de la guerre, inscrit sur la fameuse stèle d'Israël, laisse penser que ces mouvements de populations peuvent avoir été provoqués par une famine. Bon nombre d'envahisseurs ne sont pas lybiens : Shardan (de Sardaigne), Sherkesh, Touresh ou Loukki, ils auraient très bien pu devenire des mercenaires ou des partenaires commerciaux, aptes à remodeler le futur politque et commecial du Delat central et occidental. Un mouvement tout aussi inquiétant est repoussé à nouveau an l'an V du règne de Ramsès III, puis une fois de plus en l'an XI ; les femmes et les enfants représentés sur les bas reliefs des parois du temple de Médinet Habou indiquent qu'il s'agit probablement de nouvelles tentatives d'immigration massive. Les rois d'Egypte sont alors sur la corde raide, les avantages apportés par l'installation de populations libyennes étant contrebalancés ar la mencace pesant sur la sécurité du pays, dans une région devenant de jour en jour plus instable.
La frontière orientale, bien établie, est à son tour mise à mal en l'an VIII : une confédérations tribale originaire du Hatti et de la Syrie, dénommée hâtivement "peuples de la mer", pénètre dans le Delta. Souvent décrits commes des maraudeurs renversant de puissants empires, il s'agit sans doute plutôt de réfugiés, accompagnés de femmes et d'enfants, victimes de l'effondrement soudain de l'empire hittite... Ce mouvement de population ne semble pas avoir affecté l'Egypte outre-mesure, mais, consistant en raids contre les ports levantins et d'autres cités importantes, il a pu avoir des retombées considérables sur la géographie ethnique et politique de la Syrie-Palestine et sen ce sens avoir des implications majeures pour l'Egypte (à noter, par exemple, la destruction de la ville libanaise de Byblos, qui a entretenu des relations très étroites avec l'Egypte avant même l'avènement de l'Ancien Empire). Les sources concernant cet épisode bien sombre de notre histoires, limitées et équivoques, exigent cependant la plus extrême prudence
A XIIème siècle, une vague de destruction se répandit dans toute la Méditerranée orientale. La raison de cette catastrophe n'a toujours pas été élucidée.
La crise qui toucha la Méditerranée orientale vers l'an 1200 cause la chute des grands empires de l'âge de bronze. Thèbes, Lefkandi, Tirynthe, Mycènes et Pylos, en Grèce continentale, ainsi que la Canée en Crète, furent sacagées et parfois entièrement détruites. La plupart de ces villes et leurs palais ont, semble-t-il, été incendiés. En Anatolie, on retrouve sur les sites les plus importants un niveau archéologique anéanti de façon similaire, et qui date de la même époque. Hattousa, la capitale Hittite, fut pillée e brûlée, tout comme les villes principales de Chypre. Sur la côte nord de la Syrie, la florissante cité d'Ugarit fut devastée et jamais plus habitée par la suite. Au sud, on trouve aussi les traces de semblables dégâts. La Mésopotamie fut préservée car cette vague de saccage be s'étendit pas à l'est, et ce furent les Egyptiens qui, seuls, purent l'arrêter.
Parmi toutes les explications possibles, la plus probable est celle des mouvements de population venues principalement du Nord. En Grèce, il s'agit de l'invasion des Doriens, au Proche et au Moyen Orient, des Phrygiens et des Peuples de la Mer, identifiés grâce aux bas-reliefs égyptiens. Certains de ces noms mettent ces groupes en relation avec des lieux connus. Par exemple, les Chardanes ont longtemps été associés à la Sardaigne. Le pharaon Ramsès III avait repoussé leur invasion, aussi pensa-t-on que ceux-ci avaient continué leur route pour s'établir finalement en Sardaigne.
De nos jours, la théorie des Peuples de la Mer est remise en cause. Le fait qu'on attribue ces catastrophes à des mouvements de populations est lui-même l'objet de débats. Une nouvelle interprétation suggère que les destructions massivent furent le résultat d'autres conflits. Il est possible par exmple que des groupes tels que les Chardanes aient été des mercenaires tout simplement venus de Sardaigne. De même, on considère que la date et la nature de l'invasion Dorienne en Grèce sont sujettes à caution. S'il y eut sans aucun doute des bouleversements en Méditerranée orientale, les migrations en furent peut-être une conséquence et non une cause. Quoiqu'il en soit, on ne sait toujours pas ce qui causa la chute du royaume de Mycènes et des empires du Proche et du Moyen Orient.
CARTE par @lankazame, © 2006.
TEXTES par Bill Manley et Robert Morkot, publiés dans les ouvrages "Atlas de l'Egypte Ancienne" et "Atlas de la Grèce Antique" aux éditions "Autrement". © 1996-2006 tous droits reservés.